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La neige et le sang [Solo]

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Arno Morlusenn

Arno Morlusenn

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Date d'inscription : 06/08/2015

Feuille du Mage
Surnom: Mist
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MessageSujet: La neige et le sang [Solo] La neige et le sang [Solo] EmptyJeu 18 Aoû 2016 - 21:26




Je resserrais ma capuche autour de ma tête, en espérant échapper au terrible blizzard qui m’asseyait. Il était loin, le climat doux et humide de mon enfance. Ici, la température était glaciale, et le vent n’arrangeait rien. Une épaisse couche de neige ralentissait ma progression, qui devenait un véritable calvaire. Je détestais vivre ici.

Pourtant le cadre était magnifique. Au creux des montagnes s’étendait la sublime cité de Yuyama, véritable merveille d’architecture. Celle ville respirait le bon vivre. La guerre n’avait pas frappé cette région, et ses habitants y prospéraient au nez et à la barbe de ces stupides puissances du Sud. Ici, la contrebande était monnaie courante et personne ne cherchait à l’arrêter. Tant que vos activités n’étaient pas dangereuses pour les citoyens du conglomérat du Nord, vous pouviez faire ce que vous voulez. Il soufflait ici un délicieux vent de liberté. Chaque homme avait sa chance de vivre sa vie comme il l’entendait, avec l’assurance d’être en sécurité. Tout ce que le conseil magique avait toujours échoué à faire. Oui, j’aurais dû être heureux ici. Les valeurs de ce pays étaient les miennes, et j’étais fier de me battre pour lui. Néanmoins, je ne pouvais cesser de voir ma vie ici comme un exil.

Je n’avais ici ni famille ni amis. Ceux qui n’étaient pas mort tués dans cette stupide guerre m’étaient inaccessibles, séparés par des frontières vides de sens. Les responsables de ce chaos… J’allais leur faire payer. Ces incapables de l’ancien conseil magique et des guildes blanches, toujours en train de rejeter la faute sur les autres sans rien faire, et ces utopistes de mages noirs, prêts à abandonner leur liberté et leur humanité pour atteindre un but inaccessible. Ces barrières qu’ils avaient érigés pour me séparer des miens au nom de quelques stupides idéaux, j’allais les mettre en pièce. Ils n’avaient aucun droit d’imposer leur vision au peuple. Cette liberté qu’apportaient les vents du nord, j’allais la faire souffler au sud. Le plus loin possible. Jusqu’à ce qu’elle atteigne les miens, et qu’enfin ces conflits qui ravageaient des terres et brisaient des vies cessent. Il fût un temps où j’aurais fui les combats. Où l’idée d’attaquer le premier m’aurait écœuré. Où j’aurais pris le temps de connaître chaque homme, et d’être seul juge pour décider de qui était un ennemi ou non. Ce temps était révolu. Disparu avec mon innocence, lors de la bataille de Kaiso.

Pénétrant dans la ville gelée de Yuyama, j’en parcourais les artères. Ancienne, la citée avait des ruelles étroites et sombres, faîtes de bâtiments en pierre, aux toits fortement inclinés pour permettre à la neige de s’écouler. Des stalactites y pendaient, provoquant régulièrement des accidents. J’hâtais le pas. Je devais faire mon rapport de mission auprès des anciens membres de Rising Wolves, et je n’avais nulle intention de m’attarder dans ces rues glaciales.


Kaiso… C’est là que tout avait changé pour moi. Au début de cette guerre, lorsque les faiblards du conseil étaient tombés, je m’étais battu aux côtés de Wave Stream. A l’époque déjà, je combattais d’avantage pour contrer la cruelle guilde de Dark Dragon que pour défendre les guildes légales. En somme, j’avais choisi le moindre mal. La guerre avait durée plusieurs mois, au cours desquelles nous étions forcés de reculer. Désorganisés et démoralisés, nous perdions inéluctablement du terrain, et la fin semblait proche. C’est alors que l’alliance des guildes légales, qui plus tard devint la fédération d’opale fit son apparition. Ses dirigeants décidèrent que la progression des guildes noires s’arrêterait à Kaiso. Quel que soit le prix à payer.

Nous avions été rassemblés en masse. Mages de Wave Stream, Fairy Tail, ancien conseil magique… même l’armée du royaume avait été mobilisée. Toutes les forces de Fiore étaient présentes pour ce qui promettait d’être la plus grande bataille de ce continent depuis des siècles. Au vu de ma magie, j’avais été affecté aux forces chargées de la reconnaissance. Le hasard voulu que je me retrouve dans la même section que mon meilleur ami, Maelan. Devenu Lieutenant de l’armée régulière, il avait fier allure. Nos retrouvailles furent joyeuses, malgré les circonstances. Les combattants non-mages étaient souvent affectés aux missions de reconnaissances et d’approvisionnement, les mettre en première ligne étant du suicide. A peine une nuit passée à se raconter nos nouvelles depuis cette année sans contact, nuit au cours de laquelle j’eu pour la dernière fois des nouvelles de mes parents, et nous fûmes envoyés en mission au front.

Le temps était couvert. Sombre et menaçant. Nous étions partis peu avant l’aube. L’objectif était de repérer les positions ennemies dans la ville fantôme, afin de permettre à nos troupes de lancer l’assaut. Notre groupe ne comptait que cinq personnes. Trois soldats entraînés pour la discrétion et le combat rapproché, et deux mages. L’un avec des capacités de camouflage et d’évasion, moi, et l’autre avec des capacités d’espionnage. Maelan était le plus haut gradé des soldats. Il était le responsable officiel de la mission. Le mage qui nous accompagnait, Eolin, était un homme d’à peine vingt ans, maîtrisant Beast Soul. Ses yeux d’aigles étaient notre atout, nous permettant d’observer à une distance de sécurité l’ennemi. Assez bavard, il cachait sa peur derrière des blagues pas toujours drôles, mais qui avaient le mérite d’alléger légèrement l’atmosphère. Nos deux autres compagnons étaient des soldats choisis personnellement par Maelan.  Elana et Sven, deux frère et sœur, étaient des compagnons de longue date de mon ami. J’avais eu vent de leurs exploits au sein de l’armée par les lettres que Maelan m’avaient envoyés. A l’en croire, ils étaient à la fois fiables, courageux, et compétents. Combattre des mages ne les effrayait pas. Ils maîtrisaient un large arsenal d’armes allant de l’arbalète au couteau de lancer en passant par les dagues et les épées courtes. Peu loquaces, ils avaient visiblement eu leur lot de malheur dans cette guerre. Leurs traits tirés et leurs mines fermées reflétaient les horreurs qu’ils avaient vécues.

Notre progression fut lente. Ma magie nous camouflait dans la brume du matin, mais nous aveuglait également. J’étais le seul à pouvoir me repérer. Il avait été convenu d’utiliser mon brouillard pour atteindre les premières ruines de la ville. Ensuite, il nous faudrait renoncer à cette protection pour permettre à Eolin d’utiliser sa vue. Une tour en partie écroulée, aux abords de la cité fantôme, était censée nous servir de point d’observation. Une mission en apparence simple et rapide.

Tout commença à déraper lorsque la tour fut en vue. Située à l’entrée de la ville, elle faisait jadis partie du corps de garde surplombant la porte d’entrée Est de la citée. Une lueur orangée sortait de l’une des fenêtres. Nous n’étions pas seuls. Maelan me fit signe de maintenir mon brouillard et d’avancer. Elana et Sven dégainèrent, prêts au combat. Je sortais mon pistolet, et continuais d’avancer jusqu’au pied de la tour.

« Ils sont peut-être nombreux là-dedans.» chuchotais-je.  « On ne peut pas engager à l’aveugle. »

« Je sais. » Me répondis Maelan.  “Mais maintenant qu’on est là, on ne peut plus repartir non plus. Si nous ne prenons pas cette tour, toutes les autres escouades seront exposées. Eolin, tu peux améliorer ton ouïe et entendre ce qu’il se passe à l’intérieur? »

« J’ai l’air d’une chouette ? Je peux me transformer en aigle, c’est déjà pas mal. »

Les mains du mage tremblaient. Il était visiblement le moins entrainé d’entre nous.

« Merde! » Jura Maelan. “Bon, Elana, escalade le mur et jette un coup d’œil. Ne te fais pas repérer. Arno, prépare ta magie, on va avoir besoin de toi pour l’effet de surprise. »

Elana rangea sa dague et s’empara d’une prise sur le vieux mur en pierre. Elle s’éleva de trois bons mètres en quelques secondes. Ses déplacements étaient fluides et assurés. Elle escalada ainsi jusqu’à atteindre la fenêtre allumée, au deuxième étage de la tour en ruine. Plaquée contre le mur, elle écoutait et jetait des regards discrets à l’intérieur. La tension était palpable. Si un seul des ennemis avait des capacités sensorielles, nous étions fichus. Notre seul avantage était l’effet de surprise. Au bout d’un temps qui nous parut infiniment long, Elana redescendit habilement jusqu’à nous.

« Ça se présente mal. Il y a quatre mages à l’intérieur. De ce que j’ai entendu au moins l’un d’eux maîtrise le feu. C’est tout ce que j’ai pu glaner. »

« Bon travail. Nous avons l’avantage du nombre, mais contre autant de mages on ne peut pas faire de faux-pas. Arno, combien d’ennemis peux-tu éliminer avant qu’ils réagissent ? » M’interrogea Maelan.

« Un sûr. Deux si j’ai de la chance. Mais si je fais cela, vous ne verrez rien à cause de ma brume. »

« Tu m’as dit que tu pouvais faire apparaître des illusions non ? Fait les apparaître devant nous, dans la direction des ennemis. Ça sera suffisant pour nous guider. »

Je restais stupéfait. En une nuit, Maelan avait trouvé comment enlever l’inconvénient de ma magie, celui d’affecter aussi mes alliés. Cet homme était un génie tactique. Je comprenais ce qu’il faisait là maintenant.

Après avoir vérifié nos armes, nous pénétrèrent le plus discrètement possible dans la tour, et commencèrent notre ascension. J’ouvrais facilement les portes verrouillées en transformant le loquet en brume, si bien que nous arrivâmes au deuxième étage sans encombre. La porte était entrebâillée. On entendait clairement les mages noires de l’autre côté. Sven me fit un signe de la tête, comme pour me donner du courage.

J’inspirais un grand coup, mon cœur battant à vive allure. Je canalisais ma magie autant que possible. Après un dernier coup d’œil à mes compagnons, je jetais toute ma magie en avant à travers la pièce. Celle-ci fût immédiatement envahie d’une purée de pois. Je compris rapidement que me déplacer tout en guidant mes compagnons n’avait rien de facile. Je guidais tant bien que mal chaque soldat vers une cible, avant d’utiliser mon sort de téléportation pour arriver derrière la mienne. Un coup de dague entre les côtes régla vite l’affaire. Des sorts fusaient un peu partout dans la salle. Les mages paniqués lançaient leur magie au hasard, risquant par la même des tirs alliés.

Sven fut le premier sur sa cible. Vif et précis, il lui lança un couteau en pleine tête. Elana et Maelan arrivèrent presque simultanément sur leurs cibles, et mirent fin au combat. J’étais surpris de leur efficacité. Toute menace écartée, je levais mon brouillard. C’est là que nous découvrîmes notre monumentale erreur. Concentré uniquement sur les soldats pendant la bataille, j’avais complètement négligé Eolin. Le jeune mage gisait au sol, le corps calciné par un sort perdu. Encore une victime de la guerre, mort trop jeune. Un silence de tombe régnait dans la pièce tandis que nous réalisions la gravité de notre échec. Maelan fut le premier à rompre le silence.

« C’est ma faute. Si seulement je lui avais dit d’attendre en bas… C’était un chic type, il ne méritait pas ça. Sven, enterre-le pendant que je réfléchis à un plan. Il mérite une sépulture correcte. On lui doit au moins ça.»

C’était une mauvaise idée. S’épuiser inutilement en mission était dangereux. Nous en avions tous conscience. Pourtant, personne ne trouva rien à redire, et Sven souleva le pauvre corps pour l’emmener en bas, vers sa dernière demeure. A peine fut-il sortit, Maelan donna un coup de poing dans le mur.

« Bordel, comment j’ai pu merder à ce point-là ? Cette tour ne nous sert à rien sans lui ! »

« Du calme Lieutenant, on a réussi à vaincre quatre mages, c’est déjà un exploit. On aurait très bien pu tous y passer. » Ajouta Elana.

La jeune femme réagissait avec un calme exemplaire. Plus qu’une véritable force de caractère, c’était le triste signe d’une vie dans laquelle ces événements étaient devenus monnaie courante.

« Non. J’ai laissé mourir un homme que j’aurais pu sauver. Et maintenant la mission est foutue… Je sais ce que je dois faire. Elana, Arno, aidez Sven à enterrer Eolin puis défendez la tour. On doit la tenir jusqu’à ce que les renforts arrivent, en début d’après-midi. Envoyez l’un de vous faire un rapport d’ici une heure. Je vais m’approcher et faire cette reconnaissance moi-même. »

Je ne pouvais pas le laisser faire cela. C’était clairement du suicide. Quel intérêt y avait-il à risquer sa vie ? Aussi beaux soient les idéaux de la toute nouvelle Fédération d’Opale, et encore personnellement je les trouvais dépassés et ridicules, les morts n’en avaient plus rien à faire.

« Hors de question. Cette mission est finie Maelan, on ne peut rien faire de plus. Inutile de risquer notre vie. »

« Je ne vous demande pas votre avis. Je pars. Faites ce que je vous dis, c’est un ordre. »
Je reconnaissais bien là mon meilleur ami. Courageux, prêt à prendre le poids du monde sur ses épaules, et têtu comme une mule. Je savais qu’il ne changerait pas d’avis, aussi changeais-je de stratégie.

« Très bien, mais je viens avec toi. »

« Moi aussi » ajoutai immédiatement Elena.

« Hors de question, j’ai besoin d’au moins deux personnes pour tenir cette tour. Toi et ton frère vous restez ici. Arno, j’accepte volontiers. Avec toi à mes côtés on a peut-être une chance de survie. »

Nous abandonnâmes donc nos deux compagnons à leur sombre besogne, et partir plus profondément dans la ville maudite. Je nous enveloppais d’un épais nuage. Certes, cela n’avait pas l’air naturel, mais cela avait le mérite de cacher notre position exacte.

« Dirigeons nous vers le centre-ville. Si on atteint l’ancienne basilique, on pourra monter à l’une des tours pour avoir un point d’observation. On sera assez prêt pour voir tout ce qu’il se passe. A condition que le bâtiment ne soit pas déjà contrôlé. » Me chuchota Maelan.

« Qu’est-ce qu’on fait s’ils sont déjà à l’intérieur ? A deux on ne va pas pouvoir faire grand-chose. »

« On aura déjà l’une de leurs positions. L’idéal, ce serait de capturer l’un d’eux et de le faire parler… »

Un bruit de voix nous interrompit.

« Ce brouillard n’a vraiment rien de naturel. »

« Restez sur vos gardes, il y a probablement des ennemis non loin. »

Des voix d’hommes. Je sentais la présence de quatre… non cinq personnes.

« On ne ferait pas mieux de se replier ? Vous êtes le seul mage de notre groupe. Notre mission est de signaler les activités anormales, pas les gérer.»

« Un peu froussard hein ? C’est ta première mission après tout. Cela dit tu as raison, je ne suis pas du genre à mettre en danger la vie de mes hommes plus que nécessaire. Laisse-moi juste lancer un éclair pour signaler notre position aux équipes de combat, et nous retournerons au camp. »

On ne pouvait pas les laisser faire. Je jetais un coup d’œil à mon partenaire, qui avait déjà dégainé son épée. Il me fit signe d’y aller. Un combat à mort venait de s’engager. Je saisis ma dague et m’élançais. Si le mage avait le temps d’appeler des renforts, nous étions morts. Je parcourais sans difficulté la distance me séparant de ma cible, camouflé dans la brume. Me jetant en avant, je portais un coup d’estoc… qui traversa complètement le corps de mon adversaire. Je ressentis une vive douleur tandis que déséquilibré, je tombais au sol.
« La fédération d’Opale doit être désespérée pour envoyer des gamins combattre. Cette attaque était si prévisible… »

Le mage de foudre avait anticipé mon attaque, et transformé son corps en foudre. Ma brume ne me protégeait pas contre les éclairs, bien au contraire. Je m’étais fait avoir. Je tentais de rouler sur le côté pour me relever, mais un éclair me traversa à nouveau le corps, paralysant mes membres. Je laissais échapper un cri de douleur.

« Désolé gamin, je ne prends aucun plaisir à faire ça, mais la vie de mes hommes passe avant le reste. Ne t’inquiètes pas, je ne vais pas te tuer. Je laisse à mes supérieurs le soin de décider de ton sort. Maintenant retire ton brouillard, ou je t’assomme.»

Mes nerfs me tiraillaient, parcourus par des décharges électriques. Ce type était juste trop puissant. Et sa magie contrait trop bien la mienne.

Maelan se jeta sur lui, épée au clair. Le mage se retourna à une vitesse inhumaine pour asséner un coup de poing renforcer par la foudre dans le ventre de mon ami. De rage, je saisis le revolver à ma ceinture, et malgré la douleur dans chacun de mes membres, tirais vers le mage. La première balle toucha son bras. La deuxième traversa sa tête. La peur et la rage me firent continuer de tirer jusqu’à ce que son corps touche le sol.

Le corps en feu, je me relevais avec difficulté, tout en dissipant mon brouillard. Je révélais ainsi une scène de carnage. Pendant mon duel avec le mage, Maelan avait assassiné un à un les quatre soldats ennemis. Six corps gisaient à terre dans des flaques de sang. Dont celui de mon ami.

Je me précipitais à ses côtés et me laissais tomber à genoux. Ça ne pouvait pas être possible. Il ne pouvait pas mourir ici. Je ne… Non, je devais me calmer. Je pouvais peut-être encore le sauver. Une longue estafilade parcourait son estomac. Ce n’était pas beau à voir. Il avait perdu énormément de sang et ne respirait plus. Par étape, ne pense à rien d’autre. D’abord stopper l’hémorragie. Ensuite faire circuler le sang par un massage cardiaque. Et souffler de l’air dans ses poumons. Je devais faire vite.

Les larmes aux yeux, j’improvisais un bandage de fortune pour son ventre. J’entamais ensuite un long massage cardiaque. A chaque pression, un peu plus de sang ressortait de la plaie. Et si je ne faisais rien, il allait mourir par manque d’oxygène. Merde, ce n’était pas possible ! Reviens Maelan !

J’ignorais combien de temps je restais là, à tenter l’impossible. Il n’y eu pour mon ami aucun miracle. Lorsque ma fatigue me fit m’écrouler, que tous mes muscles refusèrent de répondre et que ne put plus continuer mon combat désespérer, je dû accepter l’inacceptable. Maelan était mort, tué par d’autres hommes tout aussi jeunes, ayant eux aussi péris. Tout cela au nom d’une guerre stupide, tout cela parce que quelques salopards ne pouvaient pas laisser vivre les autres en paix. Tout cela parce que nos dirigeants étaient incapables de remplir leur fonction. Passant mes mains sur le visage de mon ami, je fermais ses paupières. Il ne les rouvrirait plus.

Je venais de perdre mon ami le plus proche. Celui à qui je devais la vie. Celui à qui je devais d’être mage. Sa vie avait été une succession de malheur, mais il avait fait front. Il était bien plus courageux que moi. C’était lui qui me tirait toujours vers l’avant. La mort dans l’âme, je me relevais. Portant son cadavre, je partis vers la sortie la plus proche de cette foutue ville. Je savais que j’aurais dû faire mon rapport, que j’aurais dû aller voir l’état de mes deux autres compagnons. Cela n’avait plus d’importance. Mon monde venait de s’écrouler. J’avais perdu tellement d’amis et d’allier les derniers mois que je n’avais plus personne. J’en avais assez de me battre pour des causes stupides. Défendre un système faible et corrompu contre un système autoritaire et tout aussi corrompu, tu parles d’un choix.

C’en était fini. Maelan avait tout sacrifié pour aider ce pays, et au final, n’en avait récolté que la mort. Arrivé à la sortie de la ville, je montais au sommet d’une petite colline offrant une vue superbe sur la cité abandonnée. Là, au pied d’un arbre. C’est ici que j’allais l’enterrer. Il n’aurait pas voulu que je le ramène chez nous. Il n’avait jamais été du genre à regarder dans le passé. Utilisant ma magie, je transformais la terre en brume, creusant ainsi sa tombe. L’enterrer acheva de me briser le cœur. Un vide venait de se créer en moi, et rien ne semblait pouvoir le combler. Juste un vide, terrible. Et quelque part, au fond de moi, de la colère.

J’en avais assez de me battre pour des guerres qui n’étaient pas les miennes, assez d’être le pantin de quelqu’un d’autre, de jouer selon leurs règles. Je ne pouvais pas échapper à la violence qui parcourait le continent. Mais au moins pouvais-je choisir mon camp. Ces gens qui voulaient décider pour les autres, et qui entraînaient le monde entier dans le chaos, j’allais leur faire payer. Ce pays dont je rêvais, libre et paisible, j’allais le construire moi-même. J’avais assez couru comme cela. Assez subi. Il était temps de rendre les coups.
Je n’ai que peu de souvenir de mon voyage vers le nord. L’âme en deuil, j’étais dans un état second. L’idée de rejoindre le conglomérat du Nord m’était venue simplement. J’avais déjà vu ce que les deux autres camps avaient à proposer. Le conglomérat proposait la liberté, loin de la corruption du conseil, ou de la cruauté des mages noires. J’allais voir si ces mots étaient vrais.

Je fus accueilli assez facilement. Nombreux étaient les mages dissidents, comme moi, qui avaient choisi de rejoindre le nord. On m’interrogea sur mes motivations, mon parcours, et mes capacités. On me laissa ensuite parcourir la ville de Yuyama. J’y découvris ce que je cherchais. Un endroit libre, loin de la guerre. Un endroit rempli de mages puissants et intègres, qui faisaient ce qu’il fallait pour défendre les leur, sans cette stupide naïveté ayant longtemps parasité Fiore. Je rejoignis les rangs de Rising Wolves. Ma marque de Wave Stream fut effacée au profit du loup. Il n’y avait plus de retour en arrière possible.
Je me plongeais corps et âme dans mon travail. Les différentes missions qu’on m’affectait, que ce soit contrebande, espionnage, ou plus rarement assassinat me permettaient d’oublier temporairement mon deuil. Mon enthousiasme ne tarda pas à porter ses fruits. Je fus remarqué par les mages les plus forts du conglomérat, si bien que je fus affecté à l’escouade personnelle de Liam Stratolens, l’un des trois dirigeants de Rising Wolves. J’avais appris mon changement d’affectation récemment.

Si j’étais actuellement dans les rues glacées de Yuyama, c’était pour rendre ma dernière mission avant de rejoindre officiellement cette équipe d’élite, dont je ne connaissais pas encore les membres. J’ouvris la porte de la caserne sud. Un courant d’air froid s’y engouffrait avec moi, accompagné d’un peu de neige. Une femme d’une trentaine d’année aux traits fermés, qui semblait lancer des regards noirs en permanence me regarda avec curiosité. Fait rare, elle m’esquissa même un sourire. Je lui fis un salut militaire.

« Capitaine Azana, j’ai terminé ma mission. Je viens vous faire mon rapport. »

« Relax, Arno. Tu n’as plus à m’appeler capitaine. Comment s’est passé la mission? »

« J’ai pu livrer le colis à notre agent de Crocus sans encombre, il pense pouvoir le vendre dans le mois qui suit pour la somme convenu. Il m’a chargé de ramener l’argent collecter des précédentes transactions. Je suis à nouveau passé par Opale pour mon retour, leur surveillance étant de loin moins efficace que celle de Kusa. J’ai cependant eu plus de mal pour traverser la frontière. Il y avait d’avantage de mage sensoriel qu’auparavant pour la garder. »

Sur ces mots, je posais une imposante bourse remplie d’or sur le bureau de mon ancienne capitaine. Azana la jaugea un instant avant de la ranger dans un coffre scellé par magie.

« Du bon travail, ta magie nous aide vraiment beaucoup. Pouvoir passer la frontière sans le moindre souci est une capacité plutôt pratique. »

Elle s’arrêta un instant de parler pour saisir une cigarette, qu’elle alluma avec sa magie. Elle prit une longue bouffée avant de poursuivre. Dans ce pays glacé, on se réchauffait comme on pouvait.

« Bon, je suppose que le moment est venu de nous dire au revoir. Va te présenter à la caserne centrale, ils te donneront ton nouveau lieu d’affectation. J’ai déjà pris soin de faire déplacer tes affaires. »

Azana se leva et me tendit sa main, que j’empoignais avec respect.

« Ce fut un honneur de travailler sous vos ordres, capitaine. »

« Merci, Arno, j’ai apprécié de travailler avec toi également. Prend le temps de faire des pauses de temps en temps, tu te surmènes trop. Et si jamais tu as besoin de quoi que ce soit, cette porte te sera toujours ouverte. »

Ces mots me touchèrent. C’était peut-être bien les premiers mots d’affection que j’entendais depuis que j’étais arrivé ici. Je ne pus que hocher la tête. Après une dernière salutation, je quittais le baraquement, m’enfonçant à nouveau dans la brume glaciale.



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