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Chapitre IV - Amphitrite, Loué Soit-Elle [SOLO]

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MessageSujet: Chapitre IV - Amphitrite, Loué Soit-Elle [SOLO] Chapitre IV - Amphitrite, Loué Soit-Elle [SOLO] EmptyDim 14 Juin 2015 - 22:15



Chapitre IV - Amphitrite, Loué Soit-Elle
"La croyance est une pureté... Comme la mort..."
Précédemment - Chapitre III - La montagne de Kirlhé



Nylam et les voyageurs arrivèrent au temple Amphitrite après une longue et pénible marche, et ce qu’il découvrit mit fin aux dires qu’il avait reçu sur ce temple. L'atmosphère était pesante dans les geôles. La fumée des lampes, l'odeur âcre de la sueur et la puanteur des prisonniers étaient une chose presque insoutenable. Il y avait à l’intérieur de temple immaculé de blanc, une prison. Une prison qui était déjà pleine et voilà que d'autres prisonniers arrivaient encore. Trois chariots étaient arrivés, portant les symboles d'allégeance à Poséidon, prêts à verser leurs flots de "pourritures". Les prêtres et les gardes se rejoignirent dans la cour sous un soleil de plomb. Dans l'ombre, un prêtre observait la scène avec un sourire malfaisant. À ses côtés, son second examinait les nouveaux venus avec une certaine impatiente. Il l’avait déjà vu, il se nommait Schwarz, c'est ainsi qu'on l'appelait, l'on disait de lui qu'il ne pouvait mourir. Tous ceux qui crurent aux Dieux dans ces régions connaissaient ou avaient entendu des rumeurs sur lui, de sa façon dont il tuait ses ennemis.
 
Nylam était bouche bée, horrifié par les horreurs qui se passaient devant lui. Il regarda les voyageurs qui l’accompagnaient et aperçut le visage sombre et honteux de Célia. Les esclaves semblaient plus proches d’elles, comme si ils la protégeaient d’un mal qui allait arriver prochainement. Seul la jeune femme et le garde du corps Ilan marchaient fièrement. Au fur et à mesure qu’ils avançaient, les fidèles leurs laissaient la place et leurs pas les amenèrent jusqu’au prêtre qui était dissimulé dans l’ombre. Celui-ci était sorti de sa cachette et s’afficha à la lumière du jour. Son visage balafre et dur montrait la cruauté d’un homme qui n’avait plus rien d’humain.
 
- Prêtre, finit par parler Ilan, je me nomme Ilan, chevalier de la Reine Van Heiling.
 
Le jeune O’Byrn manqua de s’étrangler lorsqu’il entendit le nom de la Reine. Van Heiling, une famille qui s’est proclamée royale, il y a de cela moins d’un siècle à la cité portuaire de Kirlhé. Ils étaient dorénavant reconnus et respecté dans toute la cité, et chacun des sujets de la ville avaient prêté allégeance à cette famille royale.

Plus que le prestige, cette famille était connue pour sa sévérité et son autorité implacable. Quiconque osait défier la Reine, subirait la mort, pour d’autres méfaits, la sentence qu’ils reçurent n’étaient rien comparé au doux repos de la mort.

 
Malgré cette cruauté, c’était une femme juste qui avait mis de l’ordre dans la cité et avait apaisé les délits intérieurs. Néanmoins, jamais Nylam n’aurait pensé qu’un chevalier de la Reine s’aventurerait dans ces contrées pour rencontrer des êtres de la pire espèce. Sans compter que le jeune mage était persuadé avoir entendu que la famille royale cherchait à mettre fin aux cultes barbares de l’esclavage et de leurs rites douteux.
 
Tout cela était encore plus suspect que ce que n’osait imaginer le jeune garçon. Quant à Célia, son visage était davantage sombre, et les tremblements qui parcourraient tout son corps dévoilait une lutte contre elle-même pour ne pas pleurer. Cette image lui avait brisé le cœur, et il souhaitait à présent plus que tout la réconforter. Mais il n’en fit rien face à la barrière de ses quatre esclaves et sa servante qui l’époussetait, comme pour la présenter. Ce qui fut le cas :
 
- Voici la fille de George Van Heiling, fille de sa majesté la Reine Jana Van Heiling, la princesse en titre Alice Van Heiling.
 
Ilan fit un pas sur le côté après sa proclamation et les esclaves et la servante suivirent son geste, pour laisser place à Célia, ou du moins… Alice. Elle enleva le capuchon blanc qui recouvraient ses cheveux et laissa son visage complétement découvert. Le jeune mage fut un instant ébahis par une telle beauté. Elle semblait très jeune mais cela ne l’empêchait pas d’être ravissante. Son visage clair ressemblai à la porcelaine d’une poupée et ses long cheveux blonds ressemblaient à un reflet de la lumière du soleil sur l’océan, quant à ses yeux vairons vert et bleu, ils ajoutaient une nouvelle part de mystère dans cette jeune fille.
 
Néanmoins, un des mystères disparut quant à son identité, en apprenant son titre, Nylam s’empressa de légèrement s’incliner solennellement devant la princesse de la cité Kirlhé.
 
Cela expliquait la raison pour laquelle elle cachait son identité, la raison pour laquelle elle était si bien protégé, et aussi pourquoi elle traitait si bien ses gens. C’était un des traits particuliers de la famille royale. Néanmoins, cela n’expliquait pas sa venue à Elle. Il aurait bien compris s’il n’y avait que le chevalier qui s’était présenté au nom de la Reine pour mettre fin aux pratiques de ce temple douteux, mais envoyé sa propre fille n’avait aucun sens.
 
Le prêtre resta un moment silencieux à observer chacun des membres de cette troupe. Il finit par regarder Alice attentivement. Il avança vers elle en trainant ses pieds, comme si le simple fait de les soulever lui serait fatal. Son dos courbé, il se mit à tournoyer autour d’elle, faisant glisser son regard de haut en bas, tel un rapace prêt à fendre sur sa proie. Lorsqu’il eut finis de l’observer, il hocha la tête lentement vers son second Schwarz. Celui-ci se tint brusquement droit comme un militaire en armée, et saisit sa lance accroché à son dos, la fit tournoyer tel un acrobate avant de l’abattre au sol et d’y frapper trois fois.
 
Le son résonna dans tout le temps et s’en suivit un bruit de porte qui s’ouvre. Dans le fond du temple, une immense porte en marbre s’ouvrit lentement. En y regardant plus attentivement, on pouvait y voir les esclaves qui poussaient la porte discrètement et difficilement. Ce spectacle était horrifiant, et Nylam ne se rendit même pas compte que ses mains tremblaient de colère.
 
Ce comportement attira l’attention du prêtre qui commença à regarder le jeune garçon d’un air soupçonneux. Il s’avança, presque à vouloir le toucher. Ilan, le garde se mit à parler d’un air gêné de n’avoir pas fait cela avant :
 
- Voici…
 
- Voici Steven, Steven Maldrick, coupa Alice soudainement, se mettant face à Nylam, il est l’apprenti de Ilan depuis peu. S’il n’est pas habitué aux coutumes, veuillez le pardonner, il apprendra vite. Je vous le garantie.
 
Son geste montrait une envie de le protéger, et c’était d’ailleurs la première fois qu’il l’entendit parler si vite et si fermement. Elle était déterminée et cette détermination toucha énormément le jeune O’Byrn qui décida de jouer à son jeu.
 
- Steven Maldrick, Ô prêtre, dit alors le jeune mage en courbant solennellement le dos, veuillez pardonner mon comportement étrange. Je promets que ceci ne se reproduira plus.
 
Il n’était certes pas convaincu, mais cela suffisait et il devait certainement ne pas vouloir créer des ennuis alors que la princesse était présente. Elle avait définitivement un rôle important puisque de nouveau, le prête acquiesça d’un signe de tête, et… tout en tournant les talons, il se dirigea vers la porte qui menait vers une autre salle du temple.
 
Alors que la troupe se mit à le suivre, le jeune mage sentit son bras tiré en arrière. Il se retourna vivement et aperçut le visage d’Alice soucieuse. Ils se mirent en retrait, et profitèrent de l’écart entre eux et la porte pour parler. Les esclaves semblaient coopérer, quant à la servante et au chevalier, ils étaient trop occupés à regarder en face d’eux.
 
- Vous avez mentis, commença Nylam en lui souriant.
 
La jeune princesse se mit aussitôt à rougir, honteuse d’un acte aussi peu honorable de sa part. Mais rapidement, elle reprit un visage, serein, confiant et joyeux et répondit :
 
- Excusez-moi de vous avoir entrainé dans une telle situation. Mais… vous aussi vous mentez… Steven Maldrick.
 
Le jeune mage écarquilla légèrement les yeux, surpris de voir qu’une simple princesse avait deviné qu’il mentait sur son nom. Oui, il ne pouvait s’agir que de son nom, surtout avec la manière dont elle avait insisté sur la prononciation de son faux nom. Elle n’était pas ordinaire. Il était curieux de savoir comment elle avait deviné et finit par répondre à sa question posé intérieurement :
 
- J’ai l’habitude d’entendre des mensonges depuis ma plus tendre enfance, alors je sais en reconnaître un plus facilement que d’autres.
 
Elle était décidément impressionnante, et évidemment, elle répondait aux rares préjugés des princesses. Celles qui endossaient leur rôle malgré le vice caché dans la royauté. Et malgré toute sa splendeur, sa maturité, elle semblait faire un appel de détresse.
 
- Que se passe-t-il ? Finit-il par demander.
 
Alice manqua de s’arrêter un court instant sous cette question, et de nouveau son visage sombre et honteux apparut sur son doux visage. Elle prit le temps avant de parler, mais alors qu’elle les voyait s’approcher de la porte, elle finit par répondre :
 
- Ma mère, sa majesté Jana Van Heiling, a été contrainte d’accepter un marché avec le Grand Prêtre du temple Amphitrite, Cester. Il est à l’origine de ce nouveau culte qui existe maintenant depuis quelques années, et les adorateurs n’ont cessés d’augmenter et de contester la grandeur de sa majesté. On craignait la rébellion, lorsqu’un jour le Grand Prêtre envoya un messager pour nous proposer un marché… Que nous avons accepté.
 
Il était sur le point de demander davantage lorsqu’il remarqua qu’il venait d’entrer dans la salle. Son cœur manqua de s’arrêter face à l’horreur qui lui faisait face.
 
Un spectacle de leur culte… de sacrifice.
 
- Pitié, ne fait rien, pour la survie du peuple, fait-moi confiance, murmura la princesse à ses oreilles.
 
Il ne bougea pas un instant mais se remit à marcher lorsqu’il vit le visage du prêtre balafré, prêt à contester son dégout pour le temple. Il ouvrit sa bouche pâteuse et d’une voix étouffée provenant d’outre-tombe, il dit d’un ton animé :
 
- Voici en votre honneur, votre majestré Alice Van Heiling, la cérémonie du Grand Sacrifice pour Amphitrite, et pour la Grande Union.
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MessageSujet: Re: Chapitre IV - Amphitrite, Loué Soit-Elle [SOLO] Chapitre IV - Amphitrite, Loué Soit-Elle [SOLO] EmptyDim 14 Juin 2015 - 22:15

Nylam inspira profondément, et ses sens furent légèrement étourdis par les bouffées âcres que l'on sentait dans l'air. L'odeur entêtante de l'encens spécifique que l'on utilisait dans le temple était envoûtante pour quiconque la respirait plus de quelques minutes, et elle avait pour effet de détendre l'âme et le corps. Mais lorsqu'on pénétrait dans la salle réservée à la prière et aux fidèles de moindre rang, on avait l'impression qu'il y avait un incendie, qu'on avait fait brûler des corps. Pourtant, l'objectif de cet encens était tout autre : il était là car il cachait l'odeur désagréable du sang que l'on déversait joyeusement, au rythme des sombres incantations reprises en chœur par une foule en transe. Et lui, le Père Supérieur du Temple Amphitrite, le Grand Prêtre, était là pour leur donner la curée. Ils le regardaient tous dévotement, les yeux grands ouverts, les mains jointes, le corps tremblant comme s'ils allaient s'évanouir.

On commença à jouer du tambour, d'abord lentement, puis de plus en plus fort. La grande cérémonie hebdomadaire était toujours très spectaculaire, et bien plus depuis qu'un nouvel apport de fidèles était venu grossir les rangs des habitués du Temple. La mélodie fut reprise par les chants des zélotes, qui se transformèrent bientôt en cris dont certains n'avaient plus rien d'humain. Tous, petits ou grands, puissants ou miséreux, pour peu qu'ils crussent en Amphitrite, convoquaient la puissance ténébreuse du Roi des Océans, du dieu des mers, de leur véritable suzerain. Poséidon, soutenu par deux immenses colosses au torse nu parcouru de cicatrices, s'approcha d'un pupitre qui lui était réservé, et depuis lequel il pouvait profiter de l'acoustique effrayante des lieux pour haranguer la foule de fidèles, et galvaniser les âmes pieuses de ces hommes et de ces femmes qui se prosternaient devant lui. Lorsqu'il s'éleva devant eux, ils tombèrent à genoux, et certains mirent même le front au sol dans un signe de dévotion extrême. Le Grand Prêtre avait peut-être un corps brisé, abîmé par la vie, mais son regard était brillant et sa voix de stentor s'éleva pareille à celle d'un monstre de cauchemar, résonnant sur les murs du Temple :

- Loué soit Amphitrite, béni soit Son nom !

La foule reprit cette prière, et les fondations du bâtiment ancien parurent trembler. Le Grand Prêtre eut un sourire, alors que devant lui il avait la démonstration de la puissance de la religion qu'il défendait, qu'il incarnait. Il parla alors de la vie, de la foi en Amphitrite, du retour prochain de leur maître à tous qui était annoncé. Il parla du sang qu'il fallait encore verser pour le faire revenir, de la puissance que le sombre Seigneur accumulait ainsi, et de la gratitude qu'il éprouverait envers les fidèles qui l'auraient aidé à revenir à la vie. Grâce à leur soutien, grâce à leur dévouement, grâce à leur or aussi - il ne fallait pas oublier la réalité -, ils seraient épargnés au retour du maître, et ils pourraient accéder à une vie meilleure, à une vie de rois. Chacun croyait dans les promesses qui l’intéressaient, et chacun s'investissait à la hauteur de ses convictions personnelles. Mais la vérité était que la religion Amphitrite prenait de plus en plus d'importance à Ca Elum, et que le discours sur Poséidon était de plus en plus suivi.
Il ne prêta pas une seule attention aux voyageurs. Il était clair que cela était volontaire. Il voulait une maîtrise sur eux, c’était clair. Eclari était écœuré et ne cessait de rappeler à Nylam de ne rien faire, qu’il n’était pas prêt et qu’il n’était pas en position de force. Tout de même, il voulait faire quelque chose.

- Et maintenant mes frères, offrons du sang à notre Seigneur ! Amenez-les !

C'était un peu le clou du spectacle, le moment que certains attendaient avec une impatience presque morbide, celui que d'autres redoutaient comme la peste. C'était de cela qu'on parlait quand on évoquait les cérémonies Amphitrite, et de rien d'autre. Les sacrifices. Une porte s'ouvrit, et on fit avancer une longue file de créatures qui avaient un jour été humaines, mais qui ne ressemblaient plus à rien. C'étaient de pauvres morceaux de chair, d'anciens esclaves rachetés à leurs maîtres alors qu'ils ne servaient plus à rien. Beaucoup, parmi eux, attendaient la mort avec impatience, et certains - rares, certes - étaient même heureux de partir ainsi, avec l'espoir de servir Amphitrite dans une vie future. Il y eut un frémissement perceptible dans les rangs de la foule quand le premier individu fut approché d'un autel sacrificiel, et que sa gorge tranchée prestement par un poignard consacré se mit à vomir un flot de sang. Alice avait détourné les yeux et lâchait de chaudes larmes, alors qu’elle restait immobile. Elle continuait à sonner Nylam de ne rien faire, alors que celui-ci gardait les yeux écarquillés face à cette horreur. Les poings serrés, refusant de répondre à chaque fibre de son corps qui lui commandait de mettre un terme. Mais son esprit fit confiance à la princesse. Il le devait. Mais… ce sacrifice était le premier d'une longue série. Une très longue série.
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MessageSujet: Re: Chapitre IV - Amphitrite, Loué Soit-Elle [SOLO] Chapitre IV - Amphitrite, Loué Soit-Elle [SOLO] EmptyDim 14 Juin 2015 - 22:19

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Cester Van Verdammten ôta sa tenue de cérémonie, et s'assit sur son lit. Son corps était atrocement mutilé, parcouru de cicatrices et de brûlures qu'il ne pouvait pas s'être infligé tout seul. Il avait probablement été torturé dans le passé, à moins qu'il n'eût volontairement placé son corps sous les coups et les flammes, pour rendre hommage à son dieu. De son passé, on ignorait tout, et cette aura de mystère qui l'entourait contribuait à sa réputation terrible et cruelle. Il était l'impitoyable prêtre d’Amphitrite, l'incarnation de Sa volonté. Trois femmes apparurent de nulle part, le visage et les cheveux voilés. Elles ne dirent pas un mot, comme d'habitude, et déployèrent le matériel qu'elles utilisaient quotidiennement pour traiter les blessures du Grand Prêtre. Contrairement à ce que l'on pouvait croire, les onguents et les plantes qu'on frottait méticuleusement sur sa peau n'étaient pas destinés à endiguer la douleur, et il assumait pleinement la souffrance sans jamais s'en plaindre. On s'arrangeait simplement pour qu'il ne contracte pas d'infections ou de nécroses qui l'auraient emportée en quelques jours à peine.

Les mains glacées des guérisseuses lui tirèrent une grimace qu'il chassa bien vite de son visage sombre, pour retourner à ses pensées tortueuses. En effet, plus qu'un simple religieux isolé, Cester était devenu un des individus les plus puissants de la cité Kirlhé, et il devait désormais considérer ses options, les mouvements qu'il pouvait faire. C'était d'ailleurs pour discuter de ces choses qu'un représentant de la Reine venait le voir aujourd'hui. Oh certes, ce n'était pas la raison officielle pour laquelle on avait demandé à le rencontrer. Et ce n'était pas non plus un homme mandaté par les Van Heiling. Cela ressemblait à une simple visite de courtoisie de la part d'un riche et puissant Seigneur de Ca Elum... mais le Grand Prêtre était loin d'être stupide, et il savait lire entre les lignes, derrière les faux-semblants.

On frappa à la porte, et une des servantes alla l'ouvrir, s'inclinant profondément devant le nouveau venu. Il pénétra dans la pièce avec une attitude royale, tout drapé qu'il était dans son apparente noblesse. Mais pour le représentant d’Amphitrite, la richesse était bien plus intérieure. On pouvait avoir de l'or à ne plus savoir qu'en faire, et ne pas pouvoir donner sa vie pour son dieu quand il le réclamait. C'était ainsi et seulement ainsi que l'on jugeait de la valeur d'un homme. Le nouveau venu eut un signe de tête discret qui avait valeur de salut, et il s'approcha d'un siège qui se trouvait là :

- Je peux ?

Le Grand Prêtre eut un geste évasif de la main, qui avait valeur d'acceptation. Les deux hommes paraissaient ennuyés de se trouver dans la même pièce, et on sentait bien qu'ils n'étaient là que pour remplir un devoir. Il y avait une constante chez les gens qui désiraient voir Cester Van Verdammten, c'était qu'ils devaient assister à la grande cérémonie qu'il donnait, comme pour reconnaître son autorité religieuse. Comme Amphitrite était l’une des déesses imposées à tous les sujets de la cité de Kirlhé, il n'était pas possible de refuser une telle demande, présentée comme un véritable honneur - on offrait même une place de choix aux invités de marque, bien visibles de la foule qui leur adressait un salut respectueux au cours de la cérémonie. Une façon comme une autre de rallier à lui tous ceux qui n'étaient pas d'absolus fidèles, de les afficher publiquement comme de bons et orthodoxes croyants. De toute évidence, l'intéressé n'avait pas apprécié, et il ne souhaitait pas s'en cacher :

- Merci pour cette ovation publique, Grand Prêtre. Je suppose que c'était absolument nécessaire...

- Naturellement, nous souhaitons toujours la bienvenue à ceux qui viennent de loin pour rendre hommage à notre déesse Amphitrite, Loué soit-Elle.

L'homme du Nord eut une moue contrariée, et il grogna comme le voulait l'usage :- Loué soit-Elle. Mais ne pensez-vous pas que tous ces sacrifices auraient pu être évités ? Ils auraient pu être utilisés pour bien d'autres tâches plus utiles à la cité, non ?

Cester haussa les épaules, et cela lui tira une grimace de douleur. Ses cicatrices se tordirent bien malgré lui, et les onguents ne purent dissimuler le pus qui coulait d'une plaie mal traitée à son épaule. L'invité plissa le nez, et ne put s'empêcher de détourner le regard. Rares étaient ceux qui pouvaient se targuer d'avoir supporté la vision du corps incroyablement meurtri du Grand Prêtre d’Amphitrite sans éprouver une nausée indescriptible. Il savait l'effet que produisait la vision de son torse abominablement scarifié, et il n'avait aucune honte à l'employer pour prendre l'ascendant psychologique sur ses interlocuteurs. Il était ainsi.

- Vous voudriez confier une tâche d'importance à des esclaves décharnés, sans la moindre force ? Et dans quel but ? Nous avons des hommes qui remplissent leur rôle à merveille, pour leur Seigneur Amphitrite loué soit-Elle.

- Loué soit-Elle, oui... Mais ces hommes dont vous parlez, d'où viennent-ils ? On raconte que ce sont d'anciens soldats... Des hommes qui auraient servi les gu...

Le Grand Prêtre leva la main. Il n'aimait pas qu'on insinue des choses déplaisantes au sujet de son culte, et encore moins que l'on essaie de le discréditer. Il savait très bien pourquoi cet homme était là : pour le confondre, et lui faire admettre qu'il avait effectivement mis la main sur un réservoir de troupes de grande ampleur. Il préférait couper court à cette conversation :

- Je sais ce que l'on dit, je sais ce que les gens pensent. Mais ce ne sont que des racontars, des mensonges. Nous récoltons simplement les fruits de notre travail auprès de la population, et nous remercions pour cela la Reine. Ses efforts pour faire reconnaître notre déesse comme seul vraie déesse commencent à payer, et nous voyons arriver chaque jour de plus en plus de fidèles désireux de nous assister au temple. Après tout, comment des hommes en armes venus de l'étranger auraient-ils pu s'introduire sur le territoire sans être arrêtés par les troupes de Sa Majesté ? Si ces hommes vivent à Ca Elum, c'est que la Reine l'a autorisé, ne croyez-vous pas ? Ilan !

Ilan eut un geste de la tête qui indiquait qu'il n'en croyait rien, mais il comprenait que cet entretien était terminé. Cester lui avait prouvé qu'il était un politicien retors et compétent, et qu'il n'était pas question de jouer double jeu avec lui. Il nierait tout en bloc, et renverrait la faute sur la Reine Van Heilising. Après tout, si on apprenait que des membres des guildes de Fiore avaient stationné des troupes à Kirlhé, on commencerait à poser des questions, et à chercher des responsables. La Reine ne pouvait décemment admettre leur présence, et donc ils n'existaient officiellement pas. Et s'ils n'existaient pas, alors personne ne pouvait les récupérer, et en reprendre le commandement.

- Quoiqu’il en soit, la princesse, dit alors le chevalier, Alice Van Heiling est arrivée. Comme convenue.
 
- Ah… fit le Grand Prêtre ravi et feignant de n’avoir pas remarquée sa présence, voilà là une bien sage décision de la part de sa majesté.
 
- Quand procéderons-nous à la cérémonie ?
 
- Dès que nous aurons accosté à Cliver, nous nous rendrons dans un lieu sacré. Nous partons à l’aube.
 
Le garde du corps Ilan se leva, et prit congé sans attendre, prétextant qu'il avait à faire, et qu'il ne souhaitait pas importuner le Grand Prêtre plus longtemps. Celui-ci haussa les épaules, et laissa son interlocuteur partir, conscient qu'un autre invité lui succéderait bientôt pour obtenir de précieux conseils, une bénédiction, ou bien un quelconque avantage. De toute façon, avec l’offrande que cet envoyé avait ramenée… Il avait grandement gagné.

Toutefois, quand la porte s'ouvrit à nouveau, ce ne fut pas un dignitaire de la haute aristocratie de Kirlhé qui franchit le seuil de la porte, mais bien un homme du peuple, tout de noir vêtu. Il ressemblait à un combattant, à un mercenaire, et il portait une arme au côté. Cester aurait dû avoir peur de voir un tel individu pénétrer dans ses appartements, là où il recevait ses ouailles, mais il n'esquissa même pas un mouvement, et ce fut le nouvel arrivant qui posa un genou au sol, sans même y avoir été invité :

- Grand Prêtre, mes hommages. Je voulais vous transmettre les nouvelles personnellement.

- Allez-y, capitaine.

L'homme ne portait pas l'uniforme de la troupe royale, et il n'avait pas du tout l'air d'un soldat des Milices. De toute évidence, il appartenait à une toute autre organisation, et il reconnaissait le Grand Prêtre comme son chef légitime. Personne, à part les trois jeunes femmes qui s'occupaient de l'homme au corps brisé, ne pouvait voir ce qu'il se tramait derrière les lourdes portes du temple Amphitrite, mais il était désormais clair que Cester était un bien plus fin manipulateur qu'il ne le laissait penser. Non seulement, il avait récupéré les hommes qui appartenaient jadis aux guildes de Fiore, et qui avaient été privés de chef, mais en plus il s'était arrangé pour prendre possession des armées à Kirlhé. C'était une armée qui n'existait pas officiellement, mais dont l'organisation interne était toujours vivace. La discipline militaire implacable, associée aux idéaux religieux fanatiques du premier prêtre d’Amphitrite... cette alliance avait de quoi faire froid dans le dos. Le soldat, hochant la tête avec un air martial, annonça :

- Trois bataillons sont partis vers les trois principaux temples de la région, afin de les sécuriser. Nous essayons de déployer nos hommes le plus discrètement possible, pour ne pas attirer l'attention. Le gros de nos forces est, conformément à vos ordres, demeuré au Temple, où ils commencent à prendre leurs fonctions. Nous avons fait exécuter deux déserteurs que nous avons repris, et il semble qu'aucun autre n'ait envie de nous abandonner.

- Hmm... Fort bien. Je viens d'avoir la visite d'un envoyé de la Reine. Comme elle se pavane à l'étranger, cette idiote imagine qu'en envoyant un dignitaire pour me poser des questions, elle maintiendra la pression sur moi, pour me forcer à faire une erreur. Assurez-vous que personne ne se dévoile, et que tout le monde reste bien confiné à l'intérieur du temple. Nous ferons installer des lits supplémentaires, et nous acclimaterons les étrangers à notre langue, nos coutumes. En attendant, je veux un minimum de contact avec l'extérieur, et surtout de la discipline.

Le capitaine hocha la tête de nouveau. C'était un homme compétent et obéissant, typiquement le genre d'hommes dont il raffolait. Efficace, discret, et peu bavard, il n'avait pas eu beaucoup de difficulté à changer de maître. En effet, il avait conservé le même statut, et avait simplement changé d'employeur... et encore. Il était un serviteur d’Amphitrite, et il avait désormais le privilège de servir le Grand Prêtre: y avait-il véritablement une différence ? Si oui, il ne la voyait pas. Il lança donc :

- Ce sera fait, Grand Prêtre. Mais ne vous inquiétez pas, personne n'entendra parler de nous, et nous ne ferons que nous occuper du temple. Les armes demeureront cachées, les hommes seront irréprochables. Je m'en porte garant. Toutefois, si je puis me permettre... Quelle sera notre prochaine mission ?

- Vous nous escorterez à Fiore, pour Cliver. Gardez un œil sur la princesse et le valet de ce chevalier Ilan. Il m’intrigue, il dégage quelque chose d’ancien. Quoiqu’il en soit, je suis certain que votre rôle sera grand au service d’Amphitrite... Loué soit-Elle.




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MessageSujet: Re: Chapitre IV - Amphitrite, Loué Soit-Elle [SOLO] Chapitre IV - Amphitrite, Loué Soit-Elle [SOLO] EmptyDim 14 Juin 2015 - 22:20

La troupe et Nylam quittèrent la cérémonie de sacrifice, les esclaves restaient auprès de leur maîtresse, mais semblait terriblement choqué. Deux d’entre eux cachait leurs larmes qui coulaient le long de leurs joues. Ils étaient désemparé et ne savait plus comment agir.
 
Le chevalier Ilan quitta la troupe pour rejoindre une salle à l’étage, apparemment, menant à la chambre du Grand Prêtre, la servante l’accompagnait. Un visage froid et glacial dessiné sur elle, montrait une insensibilité au déroulement de ce carnage publique. Sur qui, diable, venait-il de tomber ? Il avait entendu parler d’une secte qui était néfaste à la cité de Kirlhé, et à sa royauté, mais jamais il n’aurait pu imaginer une telle horreur.
 
L’image de ces vies qui disparaissaient une à une, restait gravé dans sa mémoire et ne semblait vouloir s’effacer. Il voulait déglutir à plusieurs reprises, mais il devait se montrer fort face à eux. Il n’avait pas le choix… Ou il serait le prochain.
 
Il se tint de nouveau droit, et s’approcha discrètement de la princesse Alice, les esclaves qui l’accompagnaient, lui avaient accordé sa confiance et laissèrent avancer près d’elle.
 
- Expliquez-vous.
 
Il n’avait demandé rien d’autre. Il avait foi en cette jeune âme innocente, mais il ne pouvait lui pardonner qu’elle tolère une telle barbarie. Il lui fut un moment pour répondre. Elle avait de nouveau baissé la tête et son visage sombre apparut. Elle était sur le point de répondre, mais quelqu’un les invita à les suivre pour aller à leurs appartements. Cela était parfait pour obtenir une réponse sans être écouté par des oreilles trop curieuse. Elle semblait avoir saisi l’occasion également et finit par parler :
 
- Je suis navré que vous ayez à vivre cela par ma faute… Le Grand Prêtre Cester est un homme cruel, sa passion pour son culte l’a aveuglé sur la valeur de l’humanité. Tellement qu’il serait prêt à anéantir tous ceux qui feront face à sa foi. Malheureusement, le peuple de Kirlhé en fut le premier témoin…
 
Ils étaient arrivés de nulle part, disant être arrivé grâce à la lumière de la déesse Amphitrite, et ils clamèrent l’autorité religieuse sur notre cité. Il est vrai que nous ne sommes pas la cité la plus exemplaire pour ce qui est des valeurs d’une société mais… Nos lois respectent beaucoup la liberté de chacun. Sa majesté la Reine est certes sévère avec chacun de ses sujets, mais elle n’en demeure pas moins juste.
 
Malheureusement, l’influence du culte d’Amphitrite n’a cessé d’augmenter, et les fidèles devinrent plus nombreux, plus agressifs, mettant en danger de nombreux de nos concitoyens, et risquant même de troubler l’ordre.
 
Nous voulions y mettre un terme, mais leur force était devenue plus forte que nous aurions pu l’imaginer, et nous risquions de perdre beaucoup trop d’hommes pour pouvoir nous relever plus tard.
 
C’est ainsi que vint le marché du Grand Prêtre. Il cesserait de troubler l’ordre, assura la sécurité de chacun, et laissera le droit à quiconque d’apprécier toutes divinités qu’il souhaite, à condition… à condition d’unir le Grand Prêtre et l’héritière au trône… Moi.
 
Le jeune garçon manqua de tomber à terre, il n’en croyait pas ses oreilles. Cette jeune princesse, cette jeune fille, d’environ quatorze ans, allait devoir se marier avec ce rustre et abominable prêtre sans cœur ? Cette fleur de pureté devra être tachée par ce monstre ? Comment une mère, qui quelle soit, puisse laisser son enfant dans les mains d’un tel être ?
 
- Ne t’inquiètes pas, poursuit-elle, saisissant son manche, je vais bien. Je suis heureuse, car je suis prête à tout sacrifier pour les autres, pour mon peuple.
 
A ces mots, ils furent séparés, afin que chacun rejoigne les chambres qui leurs furent attribués. Il se retrouva dans une vulgaire petite chambre avec suffisamment de place pour y avoir deux lits. Il se serait bien allongé pour se reposer, et dormir tout de suite, essayant d’oublier tout ce qu’il venait de passer, mais il ne voulait pas oublier. Il était furieux et ne savait quoi penser de tout cela. Il ne connaissait pas Alice après tout, il pourrait s’exécuter tout de suite au lieu d’attendre un acte de sa part. Il pourrait même l’aider, qui sait ? Mais son cœur lui disait de lui faire confiance, une petite part de lui, lui disait qu’elle avait une raison d’enduré tout cela. Il avait besoin de savoir, s’il savait pourquoi, il serait capable de l’aider. Non, il devait l’aider. Le regard soutenu d’Eclari montrait qu’elle approuvait ce choix. Il s’apprêta à se lever pour en apprendre plus, lorsque soudain le chevalier Ilan entra à son tour dans la chambre. Il avait le visage sombre, épuisé, comme si son entretien avec le prêtre ne semblait pas être allé dans le sens qu’il souhaitait. Il bouscula légèrement le jeune mage pour passer et se posa sur un lit, sûrement celui qu’il avait jugé le plus confortable. Il lança un regard noir au jeune garçon avant de sortir une petite bouteille de son sac en cuir posé à sa hanche et en bu une petite lampée. Nylam s’apprêta à partir quand soudain il dit :
 
- Il est temps de parler, voyageur.
 
Le jeune O’Byrn se stoppa net. L’agressivité dans cette voix ne lui disait rien qui vaille. Il posa délicatement une main sur sa hanche, près de sa dague qu’il avait soigneusement cachée, et l’autre sur la poignée de la porte.
 
- Demain, nous partons pour Cliver,  à Fiore, annonça le chevalier, que comptes-tu faire ?
 
Nylam tourna les talons aussitôt, ravis, c’était l’occasion rêvé :
 
- Je vous accompagne ! Je comptais justement m’y rendre !
 
Le chevalier leva un sourcil intrigué, et se releva pour se positionner devant le jeune garçon et affiché toute sa grandeur. Il était vrai qu’il était impressionnant, mais Nylam ne se laissa pas démonter pour autant. Il pouvait lui faire face et son visage impassible montrait sa détermination.
 
- Pourquoi ? Questionna Ilan.
- Pourquoi allons-nous à Cliver ?
 
Il avait répondu aussitôt, presque comme s’il s’attendait à cette question. C’était d’ailleurs que le chevalier semblait apprécier, car son sourire carnassier n’avait rien de menaçant cette fois-ci.
 
- T’as l’air d’un bon p’tit. Bon, écoute, va annoncer à la princesse qu’on part demain à l’aube.
 
Sur ces mots, le jeune O’Byrn s’inclina en remerciement et s’exécuta aussitôt, il sortit de la pièce et se retrouva nez à nez avec deux prêtres aussi effrayant que celui qui les avait accueillis.
 
 - Tout va bien, je l’ai autorisé à sortir. Il a un message à délivrer à la princesse.
 
La voix du chevalier se fit suffisamment forte pour qu’ils entendent et le laisse passer. Le jeune garçon resta un instant perdu dans ses pensées face à cette surprise. Il se retourna pour remercier le chevalier qui finit par lui dire :
 
- Prend soin d’elle…
 
C’était presqu’un murmure, mais Nylam avait parvenu à le comprendre, et sa voix rustre et brisée faisait sentir un sentiment de tristesse. Une tristesse tellement profonde qu’elle perça le cœur du jeune mage. Cette histoire s’éclaircissait et s’assombrissait davantage. Pourquoi le destin l’avait fait prendre un rôle dans l’histoire de cette Alice ? Il n’y avait jamais de hasard avec le destin, mais il trouvait cela trop dur pour lui. Beaucoup trop pour qu’il puisse rester aussi calme, et aussi longtemps. Mais il devait poursuivre ainsi.
 
Il se dirigea vers la chambre de la princesse d’un pas lent et prudent. Il ne savait pas où il était précisément. Ce territoire lui était définitivement un territoire ennemi. Lorsqu’il approcha de la porte, il y avait une demi-douzaine de prêtre qui gardait une immense porte ornée de symboles. Il en avait remarqué des similaires dans la salle de culte du sacrifice. Ca le perturbait que des symboles qui mettaient honneur un lieu pour un carnage humain, étaient également sur la porte d’une jeune petite princesse.
 
Sans s’en rendre compte, il vint frapper à la porte de manière assez précipitée, lorsque soudainement, les six gardes se mirent devant la porte, comme des êtres sans vie. Sans la moindre arme, ils ne faisaient que barrage de leur corps.
 
- Vous devez vous moquer de moi !? S’exclama le jeune mage désespéré par les coutumes de ce temple, je viens voir la princesse par ordre du chevalier Ilan.
 
Ils restèrent un moment ainsi, jusqu’à ce que Nylam entendit la porte s’ouvrir, apparemment, on l’aurait entendu. Mais l’ouverture de cette porte laissa passer le son d’un petit gémissement. Le gémissement d’une petite fille, triste, qui essayait de retenir ses larmes. Face à cet appel de détresse le jeune garçon voulut se précipiter à nouveau à l’intérieur, mais la main d’une femme vint à l’arrêter. Il s’agissait de la servante d’Alice. Apparemment la chambre était destinée à elle et à la princesse. La servante sortit, dissimulant l’intérieur de la chambre par son corps, mais le jeune garçon put apercevoir la princesse vêtue d’une tenue de soie blanche, ses mains recouvrant son visage, essayant d’étouffer ses pleurs.
 
- Que voulez-vous ? Demanda sèchement la servante, l’interrompant son contact visuel avec la chambre.
 
- Je… Balbutia un instant le jeune mage, je viens vous dire que nous partons pour Cliver à l’aube.
 
- Très bien, elle se retourna brusquement.
 
Elle coupa la conversation nette, retournant dans la chambre, mais avant qu’elle ne rentre, elle ajouta :
 
- Restez loin de la princesse.
 
Elle claqua la porte et laissa Nylam seul, avec les six gardes qui ne lui prêtèrent pas la moindre attention, comme s’il n’existait pas. Perdu dans cette pensée, il resta un long moment à réfléchir. Il voulait agir, maintenant, plus que tout. Mais il ne pouvait pas. Il allait certainement avoir la chance de récolter davantage d’informations. Il le devait. Grâce à cela, il pourrait certainement sauver d’autres vies et quitter cette place pour se rendre à Fiore. Il devait penser à lui après tout. Qui sait ? Peut-être avait-il des ennemis dans ce même temple.

Sur cette pensée, il pensa à sa magie, cette ancienne magie dont il ne comprenait pas tout. Quand soudain, il se sentit appelé. C’était différent d’un appel simple, par la voix. Non, c’était comme une attirance, une sensation qui lui disait de se déplacer.
 
Il se laissa guider par la voix et laissa les six gardes seuls, qui reprirent place correctement sur le long du couloir. Leur manière d’agir laissait penser qu’ils n’étaient même plus humains. Après tout, c’était ce que faisait ce culte.
 
Il s’avança lentement, appelé par cette voix… Mais plus il avançait et plus il sentait son cœur se brisé. C’était comme si plus il avançait, plus il ressentait cette étrange peine à son cœur, mais plus il avançait, plus il remarquait qu’il allait vers le lieu de culte du sacrifice. Ce n’était pas un hasard, il tourna ses yeux vers Eclari qui lui fit une moue triste et compréhensive.
 
- Tu comprendras, dit-elle.
 
C’était perturbant. Ces simples mots l’inquiétaient plus que le rassurait, mais alors qu’il allait avoir une réponse à ces questions en ouvrant la porte qui ouvrait sur la salle de culte, une voix se fit entendre :
 
- Psst…
 
Le jeune garçon se retourna d’un geste et vit près d’une colonne, deux des esclaves d’Alice. Furtivement, il vint les rejoindre, chacun d’entre eux se mirent dos à la colonne, pour ne pas être vu par qui que ce soit et avoir un champ de vision total pour éviter d’être surpris.
 
- Nous n’avons pas beaucoup de temps, commença l’un.
 
- Il faut faire vite, ajouta l’autre.
 
- La princesse court un grave danger, reprit le premier.
 
- Comment !? S’exclama Nylam prêt à rejoindre Alice.
 
- Non, pas tout de suite, calma le seconde, non… Son danger arrivera quand nous débarquerons à Fiore. A Cliver…
 
- Que voulez-vous dire ? S’énerva le jeune garçon. Expliquez-vous et vite.
 
- Nous avons compris que vous teniez à la princesse, alors nous pouvons compter que sur vous, reprit le premier. Le Grand Prêtre et sa majesté la princesse Alice vont s’unir dans une contrée reculée.
 
- Oui, je suis au courant. Répondit Nylam.
 
- Ce que vous ne savez pas, c’est que cette union consiste seulement à ce qu’elle vint à attendre l’enfant du Grand Prête, et à sa naissance… Ils la tueront.
 
Le jeune mage resta  un instant immobile, pétrifié, dans cette pensée qu’il essayait d’éviter, vint l’image d’Alice… violée, puis… tuée. Il ne pouvait l’accepter.
 
- La princesse est au courant ? Demanda-t-il.
 
- Oui.. Répondit l’un des esclaves, tout le monde l’est, ainsi que la Reine. C’était le seul sacrifice qu’elle pouvait faire pour venir en secours au peuple. Mais nous, nous savons qu’ils ne s’arrêteront pas là. Ils vont la tuer, puis tuer tout le royaume. Nous avons connus beaucoup de maître, et c’est toujours le même cycle qui reprend encore et encore… Mais vous, nous croyons en vous. Vous avez montré de la bonté envers elle alors qu’elle vous était inconnue, sans rien attendre. Puis… Vous êtes un mage.
 
Nylam resta un instant silencieux, et posa sa main sur son arme. Serait-il à son tour en danger ?
 
- Ne vous inquiétez pas, reprit le premier esclave, nous ne vous voulons aucun mal. Nous vous avons seulement vu dans la grotte exercé votre magie. Puis… Vous nous paraissiez différent.
 
- Nous vous confions seulement la vie de la princesse entre vos mains, reprit le second, Nous savons qu’un mage peut faire quelque chose… Il n’y en a pas beaucoup dans ces contrées et si vous faites les choses comme il faut, vous pourrez même sauver la cité… Pendant un instant.
 
Le jeune garçon voulait poursuivre cette conversation, mais ils ne le laissèrent point faire. Ils partirent aussitôt. Le laissant… avec ce terrible fardeau.

Alors qu’il n’était là que pour sauver sa vie, le voilà partit pour essayer de sauver la vie d’une princesse, et le destin d’un royaume reposait sur ses épaules.
 
Quand est-ce que sa vie était devenue aussi compliquée ?
 
Il n’en avait pas la moindre idée, mais elle était compliquée depuis bien plus longtemps qu’il ne le croyait.
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MessageSujet: Re: Chapitre IV - Amphitrite, Loué Soit-Elle [SOLO] Chapitre IV - Amphitrite, Loué Soit-Elle [SOLO] EmptyDim 14 Juin 2015 - 22:20

Perdu.


C’était ainsi qu’il était depuis toutes ces révélations. Pourtant le voilà à réfléchir d’une terrible décision. On lui confiait tellement, qu’il ne savait ce qu’il devait vraiment faire.
Retournant à son premier objectif, il retourna à la salle de culte. Il ouvrit la porte lentement et dû de nouveau respirer cette odeur affreuse, mais cette fois-ci on sentait bien plus le sang des pauvres victimes.
 
L’obscurité tombant sur cette salle, presque non dénaturée, avait quelque chose de maléfique et magique. Respectueusement, il parcourut les allées en adressant quelques prières pour le salut des âmes des personnes mortes ici. Murmures qui lui revenaient d’un temps si lointain qu’il ne se souvenait où il l’avait apprise :
 
- An chuid eile i síocháin, anamacha cráite
Reposez-en paix, âmes tourmentées.
 
A ces mots, la salle s’emplit de lignes blanches, comme quand il pratiquait sa magie et il ressentit une multitude de peine la traversée. Des cris, des peurs, de la colère, de l’amour, de la détresse, tant de sentiments qu’il ne put s’empêcher de lâcher une larme.
 
- Que se passe-t-il Eclari ? Demanda-t-il entre deux sanglots.
- Tu t’y feras, lui répondit-elle.. Quand une personne meurt, elle laisse un esprit derrière elle, cette esprit contient son dernier sentiment le plus fort, parfois ses souvenirs. Cela est rare, mais cela peut se manifester sous une forme physique. Ce qui aurait dû arriver ici, vu le nombre de morts qu’il y a eu.
 
- C’est affreux… Finit-il par dire en plaçant sa main devant son visage, toutes ces personnes… Ils criaient à l’aide, et on ne venait pas les aider. Il y avait des mères, des parents, des enfants… Mais personne n’a rien fait…
 
- Tu peux faire quelque chose… Coupa Eclari, posant son front contre le sien, tu peux leur apporter la paix. Ramène-les aux Limbes…
 
Le jeune garçon se calma aussitôt. De nouveau, il se laissa guider par cette magie en lui.
 
Effectuer un rituel magique était plus difficile qu'on ne le pensait, il ne suffisait pas d'aligner des symboles, de brûler les bons encens et de dire des phrases étranges pour que tout marche, beaucoup de mages l'avaient appris à leurs dépens d'ailleurs. Non, car il s’agissait bien là d’un rituel, ce rituel magique demandait aussi un corps et un esprit sain, et une demande de capacité à accumuler tout le mal libéré par le rituel. En fait chaque fois que l'on faisait appel à cette magie l'énergie libérée dans les Limbes, glissait en partie en nous, et si jamais on en accumulait trop la folie viendrait à nous gagner.

Il lui fallait être prudent, mais le voilà que sans comprendre, vit tous ces fluides blancs et gris converger vers lui avant de former une masse uniforme blanchâtre, comme une fumée qui l’obéissait. Il leva ses deux mains et créa un petit portail de téléportation, sans que celui-ci ne se téléporte ailleurs. Non, celui-ci allait rejoindre les Limbes. Il respira longuement et finit par donner l’ordre à la fumée de s’éxécuter.
 
En un instant, ceux-ci passèrent à travers lui et lui transmirent toute leur peine, leur souffrance, leur détresse, mais également un message :
 
- Ne laisse plus jamais cela arriver.
 
Il resta un instant perturbé, avant que ces esprits sortirent de son corps, pour devenir une fumée complètement grise, argentée, aux reflets de lumières, avant de rentrer dans le portail et de disparaître… A jamais.
 
C’était quelque chose d’intense, le plus intense qu’il n’avait jamais vécu. Il manqua de tomber par terre, et dû retenir sa tête de tomber avec ses mains. Il n’avait même pas finis de revenir à lui qu’il entendit soudainement une voix effrayante se prononcer :
 
- Que fais-tu ici, jeune enfant ?
 
- C’est pas vrai, je peux pas être tranq…
 
Nylam s’arrêta sur ces derniers mots, lorsqu’il fit face au Grand Prêtre Cester Van Verdammnten. Il avait un bras bandé, mais il paraissait toujours aussi maléfique et heureux. Il rejeta sa capuche en arrière, dévoilant son visage. Les mutilations qui s’étaient infligés dévoilaient un joli hématome qu'il avait sur la pommette gauche, qui avait pris une teinte plus sombre. Il semblait lui faire mal quand il le touchait, mais il essayait de ne pas y prêter attention, et la peau lisse de cette blessure montrait qu’il appliquait un onguent supposé accélérer sa disparition pour rapidement s'en débarrasser. Il portait toujours sa tenue traditionnelle, et ne semblait pas accompagné.
 
Ca aurait été l’occasion rêvé de mettre un terme à la vie de cet homme. Parce que oui, Nylam l’envisageait fortement, de tuer cet homme répugnant. Mais il dégageait quelque chose d’unique, quelque chose qui était intimidant et respirait le danger. Il ne pouvait pas se lancer ainsi du tout.
 
Le jeune garçon s’inclina de manière solennelle et finit par répondre :
 
- Navré Ô Grand Prêtre. Je ne faisais que me recueillir, avant de m’en aller dormir.
 
Sur ces mots, il se releva et s’avança vers le prêtre qui n’avait pas bougé un instant, il caressa lentement la barbe à son menton avant de dire :
 
- Soit, passez une bonne nuit, jeune enfant.
 
Nylam répondit par un signe de tête et passa près de Cester, leurs regards s’échangèrent un instant, et la tension fut soudainement électrique. C’était presque comme si le monde s’était arrêté de tourner à cet instant précis.
 
Il sortit de la pièce et se rendit aussitôt pour sa chambre. En route, Eclari finit par lui demander :
 
- "Que comptes-tu faire ?"
 
Le jeune mage patienta un instant puis finis par répondre :
 
- Je vais… entrechoquer nos mondes.
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MessageSujet: Re: Chapitre IV - Amphitrite, Loué Soit-Elle [SOLO] Chapitre IV - Amphitrite, Loué Soit-Elle [SOLO] EmptyDim 14 Juin 2015 - 22:21

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4 heures du matin. Un gong sonore résonna dans le temple. L’appel à la prière. Comme tous les jours, le temple s’activait de bonne heure. La célébration matinale n’était pas la plus importante de la journée mais elle était essentielle à l’harmonie des disciples. Il s’agissait de la prière la plus méditative. Le prêtre récitait les formules d’usage avant de sacrifier un animal (ce dernier changeait en fonction de la progression du cycle lunaire). En ce jour de nouvelle lune, on réclamait le sang d’un étalon. Les disciples se mettaient en ligne et défilaient devant le prêtre qui les bénissait d’une ligne sanglante sur le front. Chacun devait alors méditer en son for intérieur afin de parvenir à la communication avec Amphitrite. Le deuxième coup de gong marquait la fin de la prière et le début de la journée.

Peu de gens extérieurs au Temple assistaient à cette cérémonie. Cester ne la présidait plus que rarement. Sa santé était vacillante et il devait économiser ses forces afin de diriger les affaires communes du Temple et afin de pouvoir accomplir le voyage pour Fiore.

Ce matin, elle était beaucoup plus longue, elle se composait de psalmodies, de louanges à Amphitrite et des fameux sacrifices humains. Avant la grande Union, la cérémonie la plus importante avait lieu. Les esclaves y étaient sacrifiés en masse. Le sang recouvrait entièrement le sol de la Grande Salle et les fidèles étaient invités à faire couler leur propre sang pour la gloire d’Amphitrite, leur bienfaiteur, et pour hâter son retour vers ses vrais adorateurs.

Les rites étaient ainsi au temple depuis des générations, aussi immuables que les montagnes qui entouraient l’édifice. Trois servantes entrèrent dans la chambre de Cester et l’aidèrent à se préparer après s’être occupées des nombreuses blessures et plaies qui parcouraient le corps du vieil homme. Elles sortirent peu après en silence. Tout le monde savait que le Grand Prêtre appréciait la discrétion et chacun s’efforçait de ne le déranger que si cela s’avérait absolument nécessaire.

Il s’installa à son bureau et fît brûler un peu d’encens, autant pour se concentrer que pour chasser l’odeur désagréable de sang et de corps en décomposition qui semblait ne jamais quitter le Temple. Plusieurs rouleaux de parchemins étaient installés devant lui, couverts d’écritures qui ressemblaient à des lettres de sang. Cela était plus qu’une simple ressemblance. Il avait lui-même rédigé ce texte avec son propre sang. Une fois de plus, il pria longuement Amphitrite de lui donner la force nécessaire à l’interprétation de Sa Divine Parole puis il s’empara du couteau sacrificiel et s’entailla profondément le creux de la main gauche, récupérant le sang dans une petite coupole. Il trempa sa plume dans cette encre sacrée et se remit à écrire.

La tâche qu’il s’était confié depuis plusieurs mois aboutissait à sa fin. Il s’était rendu compte que le culte d’Amphitrite souffrait d’un terrible handicap : l’absence d’un dogme unifié qui aurait permis une meilleure diffusion de la parole de la déesse dans le royaume. Plus d’un an auparavant, il avait lancé une vaste enquête sur les habitudes de prières de ses prêtres au sein de la cité et les résultats s’étaient montrés décevants. Trop de prêtres enseignaient une version appauvrie (et quelques fois scandaleusement déformée) de la véritable foi.

Il lui fallait à tout prix corriger cela. Il ne pouvait laisser la Parole Divine être transformée à la guise de chaque petit prêtre itinérant. Il avait alors décidé de lancer une réforme en profondeur de la façon dont le Culte d’Amphitrite devait être enseigné à chaque homme, femme et enfant de Kirlhé. Et pour cela, il fallait codifier le dogme de la religion. D’où les parchemins qu’il était en train de finir d’écrire. Ces mots, la Parole Divine qu’il avait lui-même retranscrite à l’aide de son sang, définiraient bientôt la nouvelle orthodoxie que chacun devrait respecter.

Des copies seraient réalisées dans le Temple par ses disciples, toutes écrites en lettres de sang bien entendu, et seraient envoyés dans les autres temples du pays. De plus, il avait commencé plusieurs mois auparavant la formation d’une nouvelle caste de prêtres. Ces derniers seraient chargés de faire entendre sa voix dans les autres contrées et de faire respecter le dogme du culte d’Amphitrite en tous points du royaume. Pour l’heure ces fidèles disciples perfectionnaient leur apprentissage au temple de Kirlhé mais bientôt l’heure viendrait où ils répandraient la véritable foi à travers chaque ville, chaque village et chaque demeure de Earthland.

On frappa doucement à la porte et le vieil homme donna l’autorisation d’entrer. Un jeune disciple lui amena deux rouleaux de parchemins frappés de sceaux aisément reconnaissables. Il remercia le messager d’un signe de tête et ce dernier sortit en silence. Cester s’empara des deux lettres portant le sceau de la religion Amphitritite. Ce dernier était constitué de deux attributs d’Amphitrite qui s’entrecroisaient avec le sceau de la royauté Van Heiling, sur un dessin représentant le temple d’où provenait le message. Pour le temple il s’agissait d’une montagne surmontée d’un temple stylisé.

Il brisa le premier sceau, où le symbole d’Amphitrite se trouvait au-dessus d’un palais stylisé, signe que la lettre émanait d’un membre du royaume, et il reconnut l’écriture de son espion, puis commença sa lecture.
 
 
---

A Cester Van Verdammten, Grand Prêtre de la religion Amphitrite et représentant d’Amphitrite elle-même à Earthland.

Monseigneur,

Cela fait désormais trois mois que vous m’avez envoyé au temple de la cité et, conscient de l’honneur et du devoir qui m’incombe de prêcher la parole d’Amphitrite, Loué soit-Elle, il est temps que je vous livre mes conclusions sur la piété des officiels de notre grand et noble royaume.

Je tiens d’abord à préciser que, conformément aux informations que vous m’aviez données avant mon départ, il m’apparaît clairement que mon prédécesseur n’était pas des plus orthodoxes dans sa vision de notre sainte religion. J’ai trouvé le temple bien démuni en terme de disciples et ceux-ci bien tolérants face à l’impiété des rares fidèles. A ma grande consternation, un seul esclave était sacrifié sur l’autel d’Amphitrite, Loué soit-Elle, lors de la grande cérémonie hebdomadaire. Les incantations incitant au retour de la Déesse étaient, de plus, réduites à leur minimum.

Les deux premiers mois, je n’étais qu’un prêtre parmi tant d’autres au sein du temple et j’ai eu de nombreuses conversations avec mon prédécesseur qui m’ont permis de comprendre à quel point ce dernier s’était écarté du chemin de la foi véritable. Si, en son cœur, il restait un fervent croyant, il n’avait pas le courage de froisser l’aristocratie de la cité.

Car tout le problème est là. J’ai pu me rendre compte de mes yeux que, si la Reine a déclaré le culte de notre bien-aimée Amphitrite, Loué soit-Elle, religion d’état, rien n’est fait pour encourager les fidèles à la piété. Les conseillers de la Reine sont peu nombreux à être assidus et la Souveraine elle-même ne participe que rarement aux célébrations, encourageant par son exemple ses subordonnés à ne pas se plier aux fondements mêmes de la foi. Vous trouverez à la fin de cette missive une liste des conseillers qui nous sont fidèles et de ceux qui ne sont, de toute évidence, pas religieux. Plus grave encore, j’ai eu vent de cultes non autorisés qui se dérouleraient en privé chez certains nobles, qui suivraient encore les fausses religions qui gangrènent notre pays.

J’ai reçu votre précédente lettre me demandant de reprendre la direction du temple peu de temps après le départ de la Reine pour Joya. Afin d’expier pour son impiété, mon prédécesseur a été le premier sacrifié lors de la Grande Cérémonie. Tous les conseillers avaient été conviés et, rares sont ceux qui ne sont pas venus. J’ai tenu à leur rappeler leurs devoirs envers le Royaume et envers Son Guide Amphitrite, Loué soit-Elle. Certains m’ont paru réceptifs à ce discours et d’autres non.

La Reine n’est pas encore revenue de son voyage mais j’entends bien lui demander audience à son retour afin de lui demander d’appuyer plus ouvertement l’enseignement du culte d’Amphitrite, Loué soit-Elle, à tous les fidèles de la cité. J’ai bon espoir de voir une société plus pieuse à Kirlhé dans les mois à venir.

 
Mais j’ai appris que la Grande Union est très proche, et je vous envoie ici mes félicitations.
 
Quoi qu’il en soit, je reste votre fidèle serviteur et ferai de mon mieux pour répandre la gloire d’Amphitrite, Loué soit-Elle.

Votre dévoué,

Hawk.

 
---

Les nouvelles étaient meilleures qu’il ne l’espérait mais il se doutait bien que tout dépendrait de l’attitude de la Reine lorsqu’elle reviendrait de son voyage diplomatique à Joya. Le grand prêtre n’avait aucune confiance dans la soi-disant piété de Jana. Elle n’avait déclaré l’Amphitritisme religion d’état que par la crainte de la montée du culte dans sa cité. C’était également pour cela qu’elle avait cédé sa fille comme un vulgaire bétail pour le Grand Sacrifice.

Cependant Cester se savait investi d’une mission divine qui transcendait les ambitions politiques quelles qu’elles soient. Il avait pourtant conscience que la Reine risquait d’être un frein à ses projets d’unification du dogme. Il était probable que Kirlhé ne rentre pas tout de suite dans le rang mais cela viendrait en temps et en heure. Une fois que le reste du pays serait fidèle à l’orthodoxie qu’il comptait bien installer dans les mois à venir, la cité n’aurait d’autre choix que de suivre le mouvement.

Il devait pourtant s’avouer que les choses auraient été simplifiées si la Reine et ses conseillers montraient l’exemple à tous. Il étudia attentivement la liste des officiels de la capitale et fût atterré de voir qu’il comptait si peu d’alliés sûrs à Kirlhé. Sans surprise, le conseiller le plus pieux n’était autre que son neveu. Ce n’était pas pour lui faire plaisir qu’Hawk l’avait placé en tête de liste car ce dernier, à l’instar de presque toute la capitale, ignorait leur lien de parenté. Oui, sans aucun doute, il avait au moins un allié en la personne d’Uler. Cependant il ne comprenait pas toujours l’attitude de son neveu et ses apparentes contradictions. Comme tous les autres, il était avant toute chose un politique. Autrement dit un homme de la Reine. Il valait mieux s’en tenir à son plan initial et garder la cité pour plus tard.

Il s’empara de la deuxième lettre, où les attributs d’Amphitrite se trouvaient dessus un dôme surmonté d’une coupole, le symbole du temple dissimulé dans Fiore, non loin de Cliver, là où il allait procéder à la Grande Union.
 
---

A Cester, Grand Prêtre de la religion Amphitrite et représentant d’Amphitrite à Earthland.

Monseigneur,

Conformément à vos attentes, j’ai pris en charge la direction du temple. Vous m’aviez prévenu qu’il ne serait pas aisé de détourner les fidèles de leurs fausses idoles et de les ramener dans le droit chemin mais je ne pensais pas trouver un tel niveau d’impiété dans la cité. Le temple est quasi-désert et même la Grande Cérémonie hebdomadaire n’attire que peu de fidèles. Il est évident que les habitants de la cité ont été corrompus par la politique de Fiore.


Les marchands font la loi dans la ville et leur arrogance et leur irrespect envers le culte d’Amphitrite, Loué soit-Elle, sont sans limite. Aucun des rites traditionnels n’est célébré ici et, tout au plus, les habitants se contentent de quelques louanges approximatifs ici ou là. J’entends bien remettre de l’ordre dans la cité mais je crains qu’il ne faille davantage que des discours afin de faire prendre conscience à ces infidèles de l’erreur monumentale qu’ils font en rejetant la parole de notre bien-aimé Amphitrite, Loué soit Son nom.

Pour l’heure, j’ai remis les disciples dans le droit chemin et puisque la population ne daigne pas assister aux cérémonies, j’entends bien faire en sorte que la Divine Parole d’Amphitrite, Loué soit-Elle, aille jusqu’à eux.

 
Néanmoins, je tenais à vous affirmer que les préparatifs sont prêts pour votre Grande Union, et chaque fidèle sont ravis de la progression de notre culte dans ce monde. Nous vous attendons avec impatience.

A jamais votre serviteur pour la gloire de Son Nom,

Kelinci

 
---
 

Cester resta pensif un long moment. Il se doutait bien que l’impiété menaçait les habitants de Fiore, donc également ce village et c’était pour cette raison qu’il avait envoyé son serviteur le plus dévoué reprendre en main la situation. Kelinci avait été son second à Kirlhé pendant plus de trois ans, une place qu’il avait amplement méritée même si son allégeance à Amphitrite était plus récente que celle de bons nombres de prêtres du Temple.

Même le Grand Prêtre ignorait ce qu’avait pu être la vie de son protégé avant qu’il ne rejoigne le Temple. Tout au plus ce dernier lui avait dit être un soldat dans sa précédente vie. Il était passé très près de la mort et avait fait le serment de dédier sa vie à Amphitrite, si ce dernier lui donnait la force de se relever et de détruire ses ennemis. La Déesse avait accédé à ses prières et Kelinci était resté fidèle à sa promesse. Il avait été complètement défiguré à la suite de la bataille et personne, même Cester, n’avait jamais vu son visage.

Celui qui était désormais le Grand Prêtre du temple du village près de Cliver, avait récupéré les crânes de ses ennemis et les portait en guise de masque. L’effet en était très dérangeant et ceux qui assistaient à ses sermons en restaient souvent marqués par la conviction qui animait le disciple d’Amphitrite. De tous ses fidèles, il était celui en qui Cester avait le plus confiance, celui dont la foi en Amphitrite était la plus pure. Il était dénué de toute ambition autre que celle de participer à la Gloire des anciens. Il était aussi le seul au courant des grands projets que le Grand Prêtre Cester avait mis en place.

Fort heureusement pour lui, le départ d’aujourd’hui pour Fiore marquerait le début de l’expansion de son culte. La Grande Union était parfaite. Il ne lui restait plus qu’à se débarrasser des potentiels gêneurs…
 
- J’ai une mission pour Scharwz, dit-il à l’une des femmes présentes dans ses appartements, va lui dire de se débarrasser de ceux qu’accompagne la princesse Alice, sauf… le valet. Ma rencontre avec lui, hier, n’est pas un signe du hasard. Le destin nous a réunis… Pour un grand projet. Oui, lui et moi, allons un jour changer le monde.
 
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Chapitre IV - Amphitrite, Loué Soit-Elle [SOLO]

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