L’automne approchait, annonçant prochainement la fin de l’été. Je pouvais déjà imaginer voir disparaître les rayons solaires privant ainsi la végétation de leurs couleurs verdâtres laissant place aux nuances chaudes de la prochainement saison. Certes, l’automne n’était que vers la fin du mois prochain. Pourtant, le climat donnait parfois l’impression du contraire. Si proche, et si loin à la fois ! Le mois touchait à sa fin apportant avec lui de nombreuses corvées ; l’état des comptes de la guilde pour la taverne et le paiement des loyers
(ma chambre et celle de Yuûko) n’étaient que deux tâches ingrates auxquelles je devais faire face. J’arrivais, certes, à payer toutes mes dépenses personnelles, mais mon maigre salaire à la taverne n’en payait qu’une très mince partie. C’est pourquoi, nous, les mages, devions braver le danger et répondre aux exigences des clients ; vivre. Et, tout cela, en tentant d’éviter le plus possible la guerre et les problèmes qu’elle engendrait. Certaines missions, par exemple, demandaient aux preneurs de franchir les lignes ennemies. C’était dangereux, surtout si l’on se faisait prendre. Je souris intérieurement à cette idée. J’avais tout de même vécue cette situation sans réellement le désirer un mois plus tôt, en me faisant soigner à Cliver, lieu de résidence de mon ancienne guilde désormais sous la juridiction de ceux ayant brûlé mon ancienne maison. La coalition de Kusa était de vrais monstres.
J’avais, ensuite, passé la majeure partie de mois d’août à aider Kelvin, un mage solitaire, à « sauver » sa fille des griffes de Kusa. Nous fîmes aidés par Bomerie, un membre d’Undine’s Tears, et d’Arno, un ancien membre de Wave Stream désormais au service du Conglomérat du Nord. J’avais eu beaucoup de difficulté à le voir comme un allié, lui qui avait trahi sa famille pour en rejoindre une autre. Pourtant, j’y fis face, laissant de côté ce sentiment de trahison pour le bien de la mission. Le tout dura la quasi-totalité du mois, me laissant peu de temps pour trouver de quoi payer toutes mes dépenses.
Ainsi, nous étions le dernier jour du mois. À l’extérieur, un soleil radieux et une température clémente offrait aux visiteurs de la ville et à ses habitants un temps idéal pour marcher, prendre l’air et … être enfermé dans la taverne de la guilde à devoir servir des ivrognes. Heureusement, les rayons solaires traversaient, encore, les carreaux poussiéreux me donnant ainsi un petit aperçu des joies extérieures. J’étais donc derrière un fourneau préparant le petit déjeuner de mon petit protégé, haut comme trois pommes. Des pancakes (pour une fois qu’il ne mange pas de biscuits).
- Grande sœur, c’est bientôt prêt ?
- Laisse-moi le temps de cuire tout ça tu veux ?
- Ok !
L’enfant balançait ses pieds tout en fredonnant un air joyeux. Il devait, après son repas, avoir son tout premier cours de magies. J’étais si heureuse de le voir dans cet état. Lui qui me demandait souvent QUAND il allait enfin pouvoir faire comme les grands de la guilde. Je souhaitais tout de même qu’il comprenne qu’il fallait du temps, et de la volonté, pour devoir maîtriser une magie.
- Et toi grande sœur … qui t’as enseigné ta magie ? Tu t’en rappels ?
Non, je ne m’en souvenais pas. Cela faisait partie de cette réminiscence, ce fragment de moi-même que j’avais perdue, il y a longtemps de cela.
- Non …
- Comment tu fais alors si tu as jamais appris ta magie ? C’est pas l’inverse de ce que tu viens de me dire ?
Trop intelligent pour son si jeune âge. Il n’en avait peut-être pas conscience. Pas encore en tout cas, mais il était prometteur dans ce domaine. Je fis demi-tour, face désormais à mon jeune interlocuteur déposant devant lui une assiette contenant trois pancakes garnis de sirop.
- Mange ! Et fil à ton cours !
- T’as pas répondu, me répondit l’enfant avant de prendre sa première bouchée.
- C’est … je ne sais pas. L’instinct.
Yuûko me regarda, sans réellement comprendre ce que je venais de lui dire.
- Disons que … perdre la mémoire … et être forcée de se défendre … aide à se souvenir de COMMENT se défendre.
L’instinct. Je ne pouvais pas le dire dans d’autres mots. J’en n’étais incapable. La mémoire des gestes et des paroles. Tout m’étais revenue par instinct le jour où je dû utiliser pour la première fois ma magie après mon
« réveil ».
- Je suis grand … mais pas encore assez pour te comprendre !
Je lui souris. Visiblement, cet enfant grandissait trop vite.
- Dépêche-toi et va à ce cours que tu n’arrêtes pas de me parler depuis mon retour.
L’enfant termina son repas, me remercia et pris congé, l’air heureux en poussant les portes de la guilde. La guilde, toujours tiraillée entre de vieux conflits de rivalités. Wave Stream et Fairy Tail s’étaient toujours disputés la première place par le passé. Qui aurait cru, deux ans plus tôt, que nous serions un jour réuni sous la même bannière. Enfin, réuni était un bien grand mot, car nous devions tout de même faire face aux enfantillages internes. Comme Sô, se trouvant dans le coin « Wave Stream » de la taverne, passant son temps à insulter les anciens membres de Fairy Tail pour toutes les raisons qu’il jugeait utile. Enfin, être bourré plus de la moitié de sa journée n’aidait pas non plus.
Au tableau, un jeune mage, balayait de l’index les différentes missions. Au moins, il y en avait un qui désirait travailler. C’est alors que Sô se leva, trébuchant vers l’inconnu aux cheveux d’ébène. Enfin, c’était la couleur que je semblais distinguer avec l’éclairage typiquement sombre de la taverne.
- Hey !
*hic*, commença l’ivrogne, tu penses vraiment pouvoir
*hic * partir en mission tout seul ? T’as quoi ? treize balais ? Et ça se pense meilleur
*hic * que les vétérans. Et puis quoi encore ?
Sô bouscula le jeune mage pour le faire reculer du tableau d’affichage. Des flammes commencèrent doucement à se former à l'intérieur de ses paumes de mains. Il regardait du regard son futur opposant. Bon là, c’en était trop. Il n’allait tout de même pas partir une bagarre aussi tôt dans la journée pour aucune raison. Si ?
Sô lança
son attaque qui stoppa netCréer un bouclier de type « mur » permettant d’arrêter une attaque. Dès qu’une attaque, ou objet, touche le mur, le bouclier est rompu et celui-ci peut tenir un maximum de 5 minutes. Utile notamment pour stopper une attaque en plein vol. Maximum de 3 murs simultanés.
À noter qu'une attaque avec une multitude de projectiles compte pour plusieurs attaques. entre les deux mages. L’ivrogne me regarda déconcerté.
- Encore ?
Je m’étais approchée du
« combat » désormais entre Sô et le jeune mage.
- Si tu arrêtais, aussi, de provoquer les autres sans raison, peut-être que je n’aurais pas à intervenir à chaque fois. Et, au lieu de l’insulter, tu devrais suivre son exemple le
« VÉTÉRAN ». Lâche ton alcool, prend une mission et gagne ta vie ! Même Yuûko comprend plus vite que toi!
L’homme acquiesça et fonça dans un nouveau mur, faisant ainsi rire l’assistance. Sô me regarda d’un air méprisant. Tout comme les enfants, on ne pouvait faire comprendre à ce pyromancien que par l’exemple. Difficile de croire qu'il avait trente-huit ans.
Je fis face au jeune mage en lui souriant.
- Si tu as besoin d’aide, je suis au comptoir,
lui dis-je avant de retourner à mon point d’origine.
Je devais le faire. Je veux dire, sourire aimablement aux gens comme ne cessait de me le répéter Aaron, l'ancien maître de la guilde de Wave Stream et co-maître actuel de la guilde d'Undine's Tears. Je devais accepter de mettre ce masque. Ne serait-ce que pour
"plaire" aux autres. Même ... même si je n'en avais pas réellement envie.