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Swan Song [Seul]

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Anonymous

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MessageSujet: Swan Song [Seul] Swan Song [Seul] EmptyMar 22 Déc 2015 - 21:10

« Yours Is An Empty Hope »

La nouvelle était arrivée à ses oreilles il y a quelque temps. Minutes ? Heures ? Jours ? Semaines ? Aucune idée. Il ne le savait pas. Il ne comptait plus. Il ne s’en rendait plus compte. Et il s’en foutait.
Le couple de geôlier le lui avait annoncé sans flancher malgré leur intonation désolée.
Il avait reculé de quelques pas, titubant en s’imaginant ce que représentait un tel événement. Il s’était affalé contre le mur, son dos ripant contre les aspérités de la pierre humide. Il était demeuré là, au sol, membres las comme ceux d’un mort et expression dissimulée dans l’ombre de la monotonie.
Encore une blague de la justice, encore un petit rebondissement dans ce roman dramatique. Le Conseil aimait ça, apparemment. Il ne posa même pas la question du « pourquoi ». La réponse l’aurait déçu, il le savait d’avance. Un mensonge, une excuse bidon…
Mais après tout, la raison de ce sympathique retournement de situation, il la devinait d’une manière aussi claire qu’avait été sa glace.
Ah… La glace…
Mine de rien, il tenait beaucoup plus à cet élément qu’il le pensait lui-même… Modeler des objets divers lui manquait. Ne pas avoir à se soucier du froid lui manquait. Refroidir les bouffons lui manquait.
Il se manquait lui-même.
Un mage sans magie… On  lui avait arraché un membre. Parfois, il avait comme une impression de vide insatiable au fond de ses entrailles. Une sorte de trou noir émotionnel latent. Une sensation d’angoisse sans angoisse. Le corps réclamait ses pouvoirs, son entièreté.  
Mais la conscience ne pouvait pas lui fournir, toute aussi désespérée.
Au final, la nouvelle n’était pas si mauvaise.
Il avait souri.
Un sourire las mais épanoui.
Avancer, avancer… Il est bien beau d’avancer. Mais à quoi bon s’obstiner à avancer dans une boîte impénétrable et indestructible ?
La peine lui apparaissait moins grave, tout compte fait. Les Conseillers avaient eu raison de revoir leur jugement.
Erial Alternost avait été condamné à mort.
Et Erial Alternost préférait une fin rapide à une lente agonie. Au moins goûterait-il à l’air de l’extérieur une dernière fois…
Une seule inspiration pour une définitive expiration.
Erial Alternost avait été condamné à mort.


• • •

Toujours aucun repère temporel. Néanmoins, Erial sentait l’imminence de l’application de la sentence. Son corps frémissait, réflexe physiologique. Son âme, elle, était plutôt paisible, réaction illogique. D’un côté, il y avait cette philosophie fataliste lui intimant de lâcher prise. De l’autre, c’était une frustration corruptrice qui lui rongeait les intestins.
Physique contre spirituel.
Restait le mental, tiraillé par cette opposition.
Erial enrageait mais était soulagé. Il se lamentait tout en étant pressé. Pourtant, rien ne lui arrachait ce sourire incrusté dans son faciès. Un sourire perdu... La situation l’égarait complètement. Plus rien n’avait d’importance : ni les gens qu’il avait connus, ni ceux qu’il avait tués ; ni ce qu’il avait fait, ni ses projets. Tout était vide, tout avait été balayé par cette simple annonce. Ne subsistait que la conscience de ce présent… L’issue contentait l’Ice Maker, mais l’attente jusque là lui paraissait insupportable. Durant un temps indéterminé, il resterait là, assis, à attendre la fin. Une fin qu’il avait sûrement méritée…  
Dire que même la Fortune donnait raison au Conseil.
Bah.
Après tout, comme Erial l’avait dit à Flame, la Fortune, il l’avait tuée. Pas étonnant qu’elle veuille l’entraîner avec lui. Peut-être que tous deux se retrouveraient là-bas, d’ailleurs. De l’autre côté. S’il y en a un…
Le mage déchu ne croyait pas en ce genre de chose, cela dit. Pour lui, surtout pour des cas tels que le sien, il n’y avait rien après la mort. L’on naissait, l’on vivait, l’on mourait. Fin de l’histoire. Fin définitive. Peut-être que de rares personnes pleines de vertu accèdent à un autre monde… Mais, dans tous les cas, le jeune homme n’en faisait pas partie.
La vie est un don précieux… Voilà pourquoi il faut en profiter, accomplir un maximum de choses et profiter de son existence pour faciliter l’atteinte de ce but aux autres.
Alternost n’était pas un grand altruiste, certes… Mais, au fond, l’utilité se définit par une somme d’actes dont chacun peut bénéficier. Le but est de se rassurer, de se sentir comme un rouage clé dans un grand mécanisme cosmique. C’est un but égoïste… Pourtant, le seul moyen de satisfaire cette ambition requiert de l’altruisme. Paradoxal, paradoxal…
Alors, à quoi avait-il servi, lui ?
A pas grand-chose, finalement… Ses seuls actes bienfaiteurs avaient été des meurtres. Voilà qui confirmait un peu plus cette impression de sacrifice immodéré et à toutes échelles qu’il subissait, malgré lui. Erial avait connu une telle malchance, de telles désillusions, qu’il en était venu à se placer en victime d’un principe plus grand. Impression désagréable mais réconfortante d’être une marionnette… Sûrement cela le gardait-il de la folie.  


- Ca va ?


Le jeune homme releva ses yeux opalescents sur le visage désolé de sa geôlière. Elle était plutôt jolie, même enlaidie par deux barreaux rouillés hachurant sa peau.
Pour toute réponse, il éclata de rire.
On lui demandait si ça allait. Autant questionner un cadavre. L’absurdité de l’acte aurait été la même.


- On vient te chercher demain… Je… Non… On… Est désolés, vraiment désolés… Si ça ne tenait qu’à nous…


L’intensité de l’hilarité baissait progressivement. Erial les aimait bien, ses geôliers. Ils n’étaient pas dupes. Ils avaient conscience de l’injustice provoquée par leurs supérieurs.
La femme le fixa avec son air navré.


- Bref, dit-elle simplement en s’éclipsant.

Mais ils étaient militaires. Et un militaire ferme sa gueule, gentil toutou qu’on musèle avec le devoir.
Alternost regarda l’ombre d’une des seules personnes le comprenant s’éloigner et se recroqueviller hors de son champ de vision. Qui d’autre s’était soucié de lui ? Sa guilde ? Fairy Tail ? Nan. Eux, ils étaient venus une fois ou deux et puis, plus rien. Il se demandait si Master Icefield avait reçu la nouvelle… Bah. Qu’aurait-elle fait, de toute façon ? Même en se battant, elle n’aurait rien obtenu.


- Merci…,
murmura-t-il à la geôlière qui, il le savait, était restée près de sa cellule, son mari l’épaulant dans sa besogne de l’autre côté.

Les sons, au fond des prisons, semblaient être des chuintements, des sifflements serpentins. Ils semblaient vouloir se faufiler en dehors de la forteresse de pierre.
Mais finissaient par être étouffés par cette dernière.
Inutile de lutter.
Erial s’était résolu à mourir.


• • •
Clang. Clang. Clang.
Les pas du loup métallique firent sursauter Erial. Il se mit à marcher doucement, rasant les murs du labyrinthe urbain plongé dans la nuit. Des gouttes de transpiration perlaient sur son front alors qu’il tentait de se faire le plus petit possible.
Clang clang. Clang clang. Clang clang.
Plus proche. Erial pressa le pas, n’osant même pas se retourner pour voir la gueule de cette bête sûrement assez effrayante pour le faire mourir sur place.
Clang, clang, clang, clang, clang...
Merde… Merde… Elle s’était mise à trottiner… Meeeerde… Elle l’avait vu. Il sentait son regard tueur sur son dos, comme si on le visait avant de lui tirer dessus. Trop tard. Il fallait courir.
Clang clang ! Clang clang ! Clang clang !
Voir une cible courir attise l’esprit chasseur de tout prédateur. Putain. Erial ferma les yeux, se maudissant avant d’accélérer, se secouant comme une chenille tentant d’échapper au bec d’un oiseau. C’est alors que l’atmosphère changea. Des volutes de brumes apparurent devant le jeune homme, dessinèrent un sourire carnassier devant lui et se dissipèrent. L’air devint écoeurant, épais. Il était saturé d’une odeur sucrée qui rappelait pourtant celle de la chair morte. Vomitive. Le mage déchu reprima un haut-le-cœur alors qu’il se démenait pour se mouvoir à travers ce qui lui semblait être des kilomètres-cubes de gélatine.
Mais ça n’arrêtait pas la bête…
CLANG CLANG ! CLANG CLANG ! CLANG CLANG !
A chaque pas, des vibrations parcouraient le sol humide et moussu avant de faire frissonner Erial. Celui-ci produisait plus de fumée qu’un haut-fourneau, respirant bien trop vite dans un milieu bien trop froid.
CLANG, CLANG, CLANG !
Il écarquilla les yeux quand il sentit la chaleur de la bête, figé dans un mouvement de course immobile.
CLANG…
Les mâchoires de la bête se refermèrent sur lui.


• • •

Clang, clang, clang !
Erial se redressa en sursaut, déboussolé, jetant des coups d’œil apeurés partout autour de lui.
Tout était normal. Sa cellule était toujours aussi sombre, toujours aussi inutilement grande, toujours aussi faiblement illuminée, toujours aussi silenc…
Clang, clang !
Erial riva son regard vers la source de ce bruit. Derrière les barreaux, un homme était accroupi, la forme d’un plateau dans les mains. P’tit déj’ ?
C’est cet enfoiré qui l’avait réveillé… ? Pour son dernier jour ? Il allait l’entendre.
Grognant, le jeune homme s’étira avant de se lever et de se rapprocher lentement des barreaux. Réprimant un bâillement, il se préparait à susurrer diverses insultes au dérangeur quand celui-ci l’arrêta :


- Prêt pour le grand jour ?


Ce n’était pas la pique de l’homme qui l’avait stoppé. Non, il n’était pas à ça près…
Ce qui l’avait surpris, c’était sa voix. Erial ne la connaissait pas. Grave, sympathique. Rien à voir avec le rongeur en rut coincé dans la gorge de celui qui avait l’habitude de lui porter sa pitance. Il fronça les sourcils, plissa des yeux encore endormis et se rapprocha du mec pour se mettre à sa hauteur, juste de l’autre côté des barreaux.
Sous la capuche de l’uniforme du conseil était un visage inconnu. Yeux rouges et cheveux blancs. Ca ne lui rappelait rien.


- T’es qui ?
demanda Erial sans se départir de l’observation des traits du nouveau venu.

L’inconnu lui répondit sans hésitation :

- Un ami, un ennemi. Quelle importance ? Quoi que je dise tu n'y croirais pas.

Hum. Le prisonnier arqua un sourcil à la fois perplexe et sarcastique, moqueur et incrédule. Disons qu’il avait pas vraiment le temps pour les devinettes. Quand on se prépare à crever dans la journée, c’est pas forcément ce dont on a envie. Erial soupira, ouvrit la trappe et récupéra le plateau. L’homme ne réagit pas.
Alternost considéra sa pitance. Son dernier repas serait bien dégueulasse. Comme d’hab’. Ils auraient pas pu lui filer un truc un peu meilleur qu’une espèce d’omelette grisâtre… ?
Soudain, l’ancien Ice Maker repensa à ses geôliers. Même si l’Armée Runique était composée de bien des gens tordus, il lui paraissait quand même louche que ce type en fasse partie... Histoire de confirmer ses intuitions, il colla chacune de ses joues, tour à tour, sur les barreaux glacés de la prison, frissonnant de plaisir à ce contact froid.  
D’un côté comme de l’autre, la moitié du buste des gardes dépassait, inerte. Erial fut, l’espace d’un court instant, pris de peur… Jusqu’à ce qu’il voie les poitrines des deux parties du couple se soulever régulièrement. Assommés. Ou endormis.
Hum…
Que penser de tout cela… ?
Le condamné à mort freina ses élans d’optimisme avant même qu’ils ne naissent. Il devait garder la tête froide. Qui sait sur qui il était tombé… ?
Interdit, il plongea de nouveau son regard dans celui de son charmant visiteur.

- Ouais, pas faux... Mais j'ai pas trop l'habitude de me réveiller devant des parfaits inconnus qui ont manifestement envoyé au pays des rêves mes geôliers. Donc si tu pouvais parler un peu plus...

En gros : « commence pas à m’emmerder avec tes énigmes, j’ai vraiment pas que ça à foutre ». Mais en plus poli. Prudence, prudence. Prudence due à l’espoir, ce petit feu-follet farceur qui embrase les âmes avant de les laisser se consumer tristement.

- Pas le temps pour ça. Je suis venu pour t'offrir une porte de sortie. Elle n'est pas sans danger. Et je peux t'assurer d'une chose: Erial Alternost mourra. Reste à savoir si quelqu'un de meilleur ne pourrait pas voir le jour à sa place.

L’instant d’après, il déposa un objet derrière la trappe, tourna la tête vers les corps des geôliers et s’en fut sous les yeux sceptiques de l’intéressé. Celui-ci, captant des mouvements de chaque côté de sa cellule, récupéra rapidement le petit cadeau de l’inconnu. Sans regarder de quoi il s’agissait, il la glissa dans sa poche, prit son plateau et s’assit dans un coin de sa cellule pour manger la merde qu’on lui servait en râlant, comme d’habitude.
Des grognements se firent entendre, rapidement suivis de bruits de froissements. Les uniformes du Conseil qui frottaient sur la pierre, au rythme de la précipitation de ceux qui les portaient.
Avoir l’air naturel.
Erial ne savait même pas ce qui le poussait à agir de la sorte, comme complice avec l’autre mec bizarre. Il ne savait même pas ce qu’il lui avait donné ni ce qu’il entendait par « une porte de sortie »…
« Quelqu’un de meilleur »… « Voir le jour à sa place »… Alors que l’intéressé allait crever pour de bon ?
C’était quoi le deal ? Récupérer son cadavre et s’en servir pour faire des greffes ?
Il en savait foutrement rien, bordel. Un tic nerveux fit frémir sa joue.


- Erial ? se hasarda une voix angoissée.


Le prisonnier releva la tête pour voir la silhouette de l’un des gardes assignés à sa cellule.


- Ouais ? Ca y est, vous vous êtes réveillés ? J’sais pas ce qu’il s’est passé, mais j’avoue que ça m’a stressé…


Un soupir de soulagement parvint à ses tympans.
Rassurés par le fait qu’il ne soit rien arrivé à leur protégé, si l’on pouvait ironiquement le désigner ainsi, les deux militaires s’engagèrent dans des spéculations, bruit de fond interminable qui permit à Alternost de regarder ce que l’inconnu lui avait donné. Un objet cylindrique, plutôt petit. En verre. Il le tint du bout des doigts devant ses yeux, le faisant pivoter à la chiche lumière qui lui parvenait grâce au système de miroirs installé par le Conseil pour éclairer les cellules.
Une fiole grossièrement bouchée contenant un liquide violet tirant sur le vert. Aucune inscription ne venait agrémenter cette vision. Rien.
Bref, rien qui fasse vraiment envie au jeune homme.
Une vie pathétique, une mort prévue qui s’annonçait à sa hauteur et une énigme accompagnée d’une substance ressemblant plus à du poison qu’autre chose.
Et il était censé faire quoi avec ça… ? Le lancer pour provoquer une explosion ? Le verser sur ses menottes pour qu’elles fondent… ? Tout était possible.
Erial se perdit quelques minutes dans la contemplation de la fiole, dissimulé par les déblatérations de ses geôliers.
Son regard gris passa et repassa sur le verre. Parfois en y glissant, parfois en appuyant dessus. Des yeux, il tentait de goûter la substance violette, de la toucher… Il imaginait ses effets possibles tout en la secouant gentiment, comme de peur qu’elle explose. Il le retourna quelques fois, pour voir s’il contenait des éléments plus solides, des résidus, quelque chose comme ça…
Bon.
Et maintenant… ?
Désemparment…
Erial se demandait comment il allait mourir… Pendu ? Décapité ? Exécuté par magie ? En tout cas, il espérait que cela se ferait à la vue de tous, juste pour que le monde soit dégoûté des agissements du Conseil.
M’enfin…
Une amertume bien dérisoire face à ce qu’on allait lui prendre en retour… Un demi-sourire redescendit avant même d’être monté.
Des regrets ?
Peut-être, peut-être pas. Alternost ressentait cette drôle de sensation de plénitude. Une plénitude creuse. Ou un vide pesant. Cette drôle de sensation qui s’empare de nous lorsque la fatalité nous frappe. L’on ne se soucie plus de rien si ce n’est de sa survie. Tout apparaît dérisoire, tout perd sa saveur. Tout.
Ni joie, ni tristesse. Ni peur, ni confiance. Ni amour, ni haine. Ni dégoût, ni plaisir.
Tout.
Seuls des sentiments neutres, petits et triviaux demeurent. Confusion, mépris… Nostalgie, des fois. Nostalgie du temps de Fairy Tail. Nostalgie du bonheur juste goûté. Du pain que l’on voit être enlevé de sa bouche.
Mais nostalgie déformée. Nostalgie d’un bonheur pourtant insignifiant. Ridicule nostalgie.
Confusion, mépris, nostalgie et écœurement.
Ceux qui lui avaient appris la magie, il les avait tués.
Elen, il l’avait trahi.
Isalia, il l’avait trahie.
Irina, il l’avait tuée.
Les autres n’avaient été que secondaires. Il avait combattu Rei Bunkatsu, Minoru Takuma, Ryuku Yamiko, Akira Greyster. Il avait aidé Sky Crazy et Flame Honotora. Il avait…
Il avait…
Pff…
Il n’avait rien fait si ce n’est trahir et tuer.
Le reste était négligeable.
En bref, mourir lui paraissait être un événement sans grande importance. La suite logique. Ou pas. Y avait aucune logique, de toute façon. En quoi c’est logique de se faire tuer pour avoir sauvé des innocents ? En quoi c’est logique d’être condamné à la peine capitale alors que des soi-disant représentants de la justice ont déjà fait bien pire ?
Pas de logique, pas d’ordre, pas de justice. Le hasard, le chaos, l’arbitraire. Rien d’autre.
Alternost avisa la substance violette. Ce liquide qui semblait vouloir lui sauter dans la gorge. Cette connerie douteuse refilée par un type plus que suspect.
Alternost avisa les ombres de ses geôliers qui continuaient à parler, parler, parler… Ces gens qui lui avaient tenu compagnie. Ces gens qui avaient été pourtant compréhensifs.
Il le savait, maintenant. Il en était persuadé. C’était là, l’évidence même, sensible, inscrite au plus profond de ses tripes.

- J’ai rien à perdre, chuchota-t-il.

Sans une once d’hésitation, il avala tout le contenu de la fiole.

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MessageSujet: Re: Swan Song [Seul] Swan Song [Seul] EmptyJeu 24 Déc 2015 - 15:59

« Martyr of the Free Word »


Bouleversés, les deux gardes l’emmenèrent à la surface. Ils présentèrent le corps à leur superviseur. Celui-ci les congédia avec promptitude, prétendant qu’il allait s’occuper de leur prisonnier mort prématurément. Il pesta un moment, s’assura de la mort du jeune homme en vérifiant ses signes et vitaux et, d’un soupir, manda ses sous-fifres.
Huit hommes firent irruption dans la salle et soulevèrent Erial Alternost après l’avoir recouvert d’un tissu. Le cortège passa à travers de longs couloirs austères, puis par des salles décorées de nobles ornements et enfin par de spacieux halls.
Des murmures montèrent régulièrement du personnel de la prison qui, comme une nuée d’insectes autour d’une source de lumière, s’agglutinèrent sous l’effet d’une force invisible autour du groupe d’hommes. Ils spéculaient, lançaient des rumeurs…
Et les huit hommes les ignoraient royalement.
Les rumeurs n’ont aucune importance pour les morts.

Vint le moment où le cortège sortit de la prison. Le soleil printanier, doux et gai, caressa du bout des doigts Erial, comme pour ne pas le déranger dans son sommeil. Comme pour ne pas le casser.
Lui, sous son suaire improvisé, restait désespérément froid.
On le déposa sans ménagement sur une surface en bois. Un claquement de fouet et la charrette fila à travers Era comme à travers les vents chargés d’espoir et d’odeurs florales d’avril. Cahoté par les rues irrégulières de la vieille ville, le tissu glissa du visage du corps, laissant le visage sarcastique de ce dernier à l’air libre sourire bêtement. Il semblait rire au nez du Conseil depuis l’outre-tombe, puéril, fier de les avoir emmerdés jusqu’au bout.
Il souriait à ce ciel bleu qu’il n’avait pas vu depuis plus d’un mois et qu’il ne voyait d’ailleurs toujours pas. Il souriait aux rires des gens qu’il ne connaîtrait pas, aux effluves de nourriture qu’il ne goûterait jamais.
Il souriait au monde et le monde lui souriait.

Le cheval renifla. Là, près de cette clairière à quelques kilomètres de la ville, la carriole s’était arrêtée. Plutôt chaud pour la saison, le soleil déformer la pierre grise qui bordait le grand orifice.
Une puanteur brûlante et agressive infusait les lieux, donnant la nausée au chauffeur d’Erial qui descendit de son véhicule. D’un rayon d’environ vingt mètres, le trou semblait repousser même les arbres de la forêt environnante. Seuls quelques oiseaux de malheur, vautours et autres corbeaux, se plaisaient à voleter autour, guettant quelque nourriture.
Le chauffeur souleva le cadavre, le passant par-dessus son épaule en grognant. Alternost n’avait jamais été un poids plume, bien qu’il n’avait non plus jamais prétendu être un colosse.
L’homme fit quelques pas sur le gravier avant de lâcher son fardeau.
La chute ne dura quelques secondes et Erial tomba atterrit tête la première sur un terrain irrégulier, tantôt dur, tantôt plus souple. Mais un terrain qui semblait chauffé à blanc… Et, surtout, qui empestait comme rien d’autre. Un bourdonnement terrible agrémentait ce paysage, accompagné de quelques croassements. Mais, mis à part ceci, aucun bruit ne venait déranger le silence de mort dont était imprégné l’endroit.
Oui, de mort…
Un terme bien choisi pour une fosse commune dans laquelle s’entassaient les corps de centaines d’autres personnes…
Os blanchis par le temps, chairs en décomposition, torses sans jambes, jambes sans torse… Blanc cassé, gris sale, marron passé, bordeaux fade…
Charognards et insectes festoyant, corps s’entassant. Il y en avait là au moins cinq bonnes couches.
C’était la grand monstre de l’Enfer qui, ne pouvant plus contenir tous les morts que les Hommes faisaient, se mettait à les régurgiter dans le monde des vivants, incapable de tenir la cadence et de tous les engloutir à la fois.
Et Erial nouvel arrivant tout frais, commençait déjà à attirer les petits agents de cette gueule de cauchemar…

Il avait terminé au milieu des ossements, anonyme, oublié de tous. Il avait terminé dans ce petit bout d’Enfer sur Terre. Il avait terminé de la manière la plus misérable possible, sans honneurs, sans sépulture, sans aucune sorte d’hommage.
Naissance, vie, mort. Rien d’autre. La vie d’un animal primitif, pas celle d’un Homme.
Personne ne viendrait le chercher dans ce charnier empestant à des dizaines de mètres à la ronde… Non, personne.
Finalement, peut-être qu’il aurait préféré la potence…
Comme pour réconforter ce malheureux cadavre, le souffle de la créature tapie sous les corps lui frotta le visage de ses infernales odeurs râpeuses, comme pour lui dire que, en bas, quelqu’un s’occuperait bien, très bien de lui…

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MessageSujet: Re: Swan Song [Seul] Swan Song [Seul] EmptyMar 29 Déc 2015 - 22:22

« Elan »


Le flou total. Des couleurs inconnues… Vert, jaune, marron... Des couleurs qui se mélangeaient. Des couleurs que l’on ne pouvait distinguer individuellement dans la mélasse qu’elles formaient.
La lumière faisait briller toute chose, les rendant impossible à fixer plus d’une seconde. Le mode tournait, tournait comme un pauvre bâton balloté par les rouleaux de la mer. Chaotique, vomitif. Incompréhensible. Comme si les couleurs dégorgeaient les unes sur les autres.
Et puis il y avait cette douleur, cet insupportable engourdissement qui étreignait tout. Se mouvoir était impossible. Bouger, c’était suffoquer. C’était s’exposer au risque de tomber dans l’inconscience, s’exposer au risque de ne plus jamais voir aucune couleur.
Une minute. Deux, peut-être. Trois, sûrement.
Le monde revenait lentement à la normale, les images se superposaient pour ne former qu’une à nouveau. Le flou disparaissait peu à peu, laissant place à une netteté supérieure quoique restant médiocre.
Quand la douleur se dissipa assez, le monde bascula enfin de quatre vingt-dix degrés, dévoilant son sol et ses arbres. Puis, après avoir été incliné d’un côté et de l’autre, il se fit un peu plus bas. Là, encore quelque peu tremblotant, il dévoila deux formes. La première, humanoïde, était en retrait. La seconde, une masse blanche, devenait de plus en plus grosse.
Une voix inconnue retentit alors :


- To-ARGH !

La masse blanche, un griffon en réalité, venait de plaquer le jeune homme au sol, l’écrasant de tout son poids. Paniqué, celui-ci lâcha un chapelet de jurons avant de se taire, frappé par le son qui sortait de sa propre gorge.
C’était plus grave, plus rocailleux qu’à l’accoutumée. Moins aigu, moins grinçant. Une voix rauque, bien que toujours teintée d’une pointe de moquerie latente, comme dissimulée par ces nouvelles intonations rugueuses. Une voix qui semblait exprimer une lassitude teintée d’assurance. Un peu traînante, un peu intimidante. Une voix digne du plus grand des fumeurs, en tout cas.
Erial resta ainsi un instant ; interdit, les deux énormes serres d’un griffon sur la poitrine et des pensées allant à ce changement fort singulier.
Il leva ses yeux gris vers la bestiole qui le considérait de toute sa hauteur, ses deux yeux perçants aux airs rieurs dissimulés par son bec. Il grimaça.


- Mais casse-toi, le piaf…, dit-il plus bas qu’il ne l’aurait voulu, en position de faiblesse.

La bestiole ne réagit pas. Au contraire, elle rapprocha sa tête duveteuse du visage du soi-disant mort.

- Mais c’est qu’il va me becqueter ! Eh, le mec bizarre de la prison, fais un tr-…


Il se tut quand il reçut un petit coup de bec sur la joue.

Ok, il venait de se faire gifler par un griffon.
Silence gêné.
Finalement, avec un grognement plus grave qu’à l’accoutumée, Erial leva une main peu assurée et vient caresser la  bête entre les deux yeux. Lorsqu’il vit que celle-ci se laissait faire, il se fit plus insistant, en relative confiance.
Une fois sa dose de papouilles obtenues, le griffon consentit enfin à se déplacer, redonnant à Alternost le plein accès à ses fonctions respiratoires.
Ni une ni deux, il se releva, époussetant ses vêtements. Il poussa un gémissement de dégoût en remarquant l’odeur de laquelle il était infusé. Ca puait la mort. Au sens propre. Erial sentait la vieille charogne, la viande pourrie. Ecœurant.
Après un réveil mouvementé, les questions inhérentes à ce qui était arrivé au condamné à mort surgirent dans son esprit, le noyant rapidement sous une brume de points d’interrogation.
Il se situait dans une sorte de petite clairière. Une cascade miniature alimentait un bassin d’eau claire, à sa gauche, point de départ d’une rivière. Autour de lui, de l’herbe grasse et une végétation plutôt aérée. Le soleil balançait lentement ses rayons sur l’endroit, prodiguant une agréable douceur à l’environnement.
Enfin, devant lui était assis le mec qui lui avait donné la fiole dans sa cellule. Chevelure blanche aux reflets bleutés dépassant de sa capuche, un éclat rouge qu’il était à peine possible de distinguer dans l’ombre couvrant son visage et le même air affable, visible au niveau du bas de son visage. Ouais, c’était bien lui. Sur une large pierre au bord du bassin, il semblait attendre, en tailleur.


- Qu’est-ce que j’fous là ?


Première question. La plus logique. Elle était sortie toute seule.

- Pour le moment, je dirais que tu reviens à la vie après une mort clinique de plusieurs heures.

Erial manqua de s’étrangler. C’aurait été bien drôle, tiens. S’étrangler à l’annonce de sa survie…
Quoi qu’il en soit, il tituba quelque peu, comme si la nouvelle avait été un bélier qui l’avait frappé. Mort…
D’un côté, ça se tenait. Il n’avait aucun souvenir depuis sa consommation de la fiole que lui avait donné ce mec.
M’enfin, quand même… Mort… ? Crevé ? Pendant plusieurs putains d’heures ?! Et il venait de revenir…
Erial frissonna à cette pensée.
Revenu d’entre les morts.
Plutôt cool quand on doit chercher du boulot…
Mais surtout terriblement effrayant quand on vous l’annonce.


- Attends, attends…, fit-il en se massant les tempes. C’était quoi le truc que j’ai bu ? Pourquoi tu m’as récupéré ? Qu’est-ce que tu veux de moi ? Mais, d’abord, qui es-tu au juste ? Et énigmes interdites, cette fois-ci.

Erial marqua une pause avant d’être pris d’un tic nerveux.


- Et puis, pourquoi je pue la charogne ? J’me suis pas décomposé en quelques heures, nan… ?

L’homme ne se laissa pas impressionner. Faisant preuve d’un flegme assez impressionnant, il se contenta de décroiser les jambes avant de répondre :

- Vas-y doucement sur les questions et calme-toi. Des restes du poison circulent certainement dans ton corps, ça serait bête de mourir maintenant, non ?


Le mot « poison » fit tressaillir imperceptiblement le jeune homme revenu à la vie. Et puis, bon, depuis quand parler pouvait réagir des substances… ? Sans être un apprenti chimiste, Erial avait tout de même assez de jugeote pour en conclure que ce chic type lui avait simplement intimé de la fermer.

- Pour l'odeur de charogne, tu peux dire merci à tes copains de la fosse commune. Comme je viens de te le dire, tu as bu un poison de ma concoction, et je suis d'ailleurs content de constater que je ne me suis pas trompé dans les dosages. Sans ça, nous n'aurions pas cette discussion... Quand au pourquoi de la récupération, disons que ton profil est intéressant...


Sur ce, il se leva et entama un exposé assez longuet. Il parlait d’un groupe qu’il entendait créer. Un rassemblement de mages destiné à éliminer, en gros, tout ce qui entravait de près ou de loin la liberté des Hommes.
Un anarchiste ?
La désignation fit sourciller le condamné à mort. S’il se sentait profondément dégoûté du monde, du pouvoir et des institutions, il ne savait pas réellement si l’anarchie lui aurait convenu pour autant.
Selon son mystérieux sauveur, il s’agissait d’une épuration de la population. En somme, il lui proposait un rôle de justicier transcendant même les lois de la morale, intervenant pour éliminer les oppresseurs de la majorité, peu importe leur camp.
Il fallait dire que l’offre, même si elle tombait comme un cheveu sur la soupe, demeurait alléchante. Après tout, Alternost venait d’échapper de justesse à une peine capitale prononcée sans aucune forme de logique. S’il avait bien compris, le groupe, Rising Wolves de son nom, ne chercherait pas à éliminer toute forme de pouvoir mais sanctionnerait le moindre écart… Et pas qu’un peu.
Le meurtre.
L’homme le lui avait révélé avec toute honnêteté.
Si Erial le suivait, il s’engageait sur un chemin ténébreux. Il devenait fantôme, spectre, ombre parmi les ombres. Voilà ce que l’inconnu avait voulu dire plus tôt par « Erial Alternost mourra ». Ce dernier devrait oublier tout sens moral, devrait ne s’handicaper d’aucune forme d’éthique. S’il le suivait, il tuerait. Et un assassin protège son identité. La fin justifie les moyens. Le jeune homme baissa les yeux.
Malgré le caractère plus que louche de cette proposition, l’inconnu inspirait la confiance au mage de glace. Peut-être était-ce son air aimable ou le bien-fondé de sa franchise. Aussi, la reconnaissance que lui portait Erial devait jouer, évidemment.
Toutefois, voilà. Il n’avait pas été sauvé pour rien.


- Pour ce qui est de mon identité, nous verrons ça plus tard.

- J’imagine que ça a été une aubaine pour toi, ricana le mage de glace. Un mec condamné à mort, plutôt puissant, foutu en l’air à cause des conneries de la justice… Parfait, nan ? ‘suffit d’orchestrer sa mort et le voilà à ta botte, dans l’anonymat le plus complet.

Erial releva les yeux, un air provocateur sur le visage.

- C’vraiment moche, tellement c’est calculé…


Il soupira longuement, se donnant ainsi le temps de réfléchir plus sérieusement à la proposition. Il se remémora ses pensées désabusées dans sa cellule. Il était un déchet de l’Humanité. A grands renforts de cynisme, il en était arrivé à cette conclusion : son cas était désespéré.

- « J’ai rien à perdre… » C’est exactement c’que j’ai dit avant de boire ton poison. Parce que bon, tu sais, j’me traîne un peu partout… Un meurtre par-ci, une trahison par-là… J’aime bien ma vie. Vraiment, hein. J’trouve ça cool, j’me sens un peu poète maudit, tu vois… ?

Le jeune homme marqua une pause. Ses traits se détendirent. Un visage quelque peu préoccupé s’afficha alors, réel reflet de ses pensées.
Une brise printanière soufflait tranquillement, faisant chanter à la Nature une sorte d’ode mystique  à quelque chose d’encore indistinct, dissimulé par la brume de l’avenir.
Petit sourire.

- Alors bon, j’devrais peut-être en faire mon métier, ouais… Passer d’amateur à pro’…

Malgré tout ce que ça impliquait, le jeune homme se sentait capable d’assumer un tel fardeau. Il n’avait rien à perdre. Il devait avancer. Deux maximes lui dictant sa conduite.
Son identité ? Il venait de mourir. Et il ne manquerait sûrement à personne.
Sa guilde ? Elle n’en avait rien à foutre de lui. Sinon, elle l’aurait sorti de prison.
Son innocence ? Déjà massacrée. Aucune chance pour qu’elle se reconstitue.
Sa sensibilité ? Il l’étoufferait.
Ses idéaux, il les partageait avec ce type.
Et c’était là tout ce qui comptait.


- Ah la la… Bon. Tout ça pour dire que t’as réussi ton coup, va…

Pause.

- Par contre ! C’est aussi à cause de toi si ma douce voix chantante s’est changée en une symphonie composée avec des cailloux ? Parce que bon, c’pas que j’apprécie pas la folle virilité qui s’en dégage mais… C’t’un peu bizarre, tu vois… ?

-  Un monologue bien long pour si peu de contenu. Tu sembles avoir mal compris mon offre. Tes conneries d'avant n'auront plus aucune place dans ta nouvelle vie si tu décides de me suivre.

Erial tiqua, prêt à aboyer. Le dédain sous-entendu par cette phrase quant à ses actions l’agaça passablement.

- Cependant, tu as le choix. Je t'ai certes pris ta voix, mais vois ça comme le prix à payer pour ta libération. Pour le reste, tu es libre de partir si cela te semble la meilleure des solutions. Je prône le libre arbitre, alors s'il te plaît, ne m'insulte pas en pensant que j'ai fait tout ça pour te forcer à quoi que ce soit.

Il semblait que le caractère sarcastique d’Erial l’avait desservi. En soi, cela pouvait paraître normal. Le jeune homme en était arrivé à un stade où, quoi qu’on lui dise ou fasse, il répliquait ainsi. Un mécanisme de défense tordu ayant peu à peu grignoté tous les autres modus operandi de celui qui l’employait.

- Alors si tu penses ce que tu viens de dire, tu peux partir, tant que tu ne parleras pas de moi, tu pourras faire ce que tu veux de cette deuxième chance.

Alternost saisit la menace sous-jacente… Il émanait de son vis-à-vis une puissance plutôt impressionnante. Peut-être pas écrasante, mais elle restait suffisante pour que le jeune homme ne puisse se rendre compte que, lors d’un combat, il aurait pris l’avantage. Sa situation le posait en position de faiblesse. Ainsi, l’inconnu avait-il l’ascendant sur le condamné à mort à ce moment-là. Cette pensée blessait sa fierté, mais il fallait se rendre à l’évidence : complètement perdu, Erial était loin, très loin de pouvoir prétendre au contrôle de la situation.

- Maintenant, si tu en as marre de errer sans autre but que d'emmerder le monde avec des pseudo-rebellions aussi futiles les unes que les autres… Marche à mes côtés. Je ne cherche pas un larbin, mais un frère avec qui mener une guerre pour changer la face de ce monde. Alors que décides-tu ?

- Des pseudo-rébellions... Des vies étaient en jeu. Futiles, oui. J'ai failli crever comme la dernière des merdes à cause de « pseudo-rébellions »..., grogna-t-il.

… Pour qui se prenait-il ? Erial ne savait plus trop que penser de ce type. Certes, sa proposition le séduisait mais… Cette… Ce… Rabaissement le faisait enrager.
Le condamné à mort fit claquer sa langue sur ses dents, mécontent. Il avait croupi en prison pendant des semaines (des mois peut-être !) et voilà ce qu’il récoltait. Un mec qui l’en sortait pour mieux l’enfoncer dans son pathétisme.
L’espace d’un instant, Alternost hésita à le planter là, comme le dernier des cons. Il songea à se casser, royal et égoïste, sans aucune forme de reconnaissance. C’aurait été jouissif. Jouissif mais puéril.
Peut-être parce que l’inconnu avait touché un point sensible…
Peut-être parce qu’Erial avait conscience du ridicule de ses actions…
Peut-être parce qu’il était un peu con, aussi…
Toujours est-il que, pour au moins une de ses raisons, il ne départit pas de sa décision précédemment prise.



- J'apprécie pas que tu parles ainsi de c'que j'ai vécu. Mais, finalement, t'as raison en un sens. Pseudo-rébellions car leur ampleur était minime et leur exécution faisait beaucoup de bruit. Au contraire, je veux continuer à « emmerder le monde »... À une bien plus grande échelle. Une guerre, tu dis... ? Ca me paraît être un bon début...

Le visage de l’inconnu se détendit à travers les ombres qui le couvraient.

- Voilà une bien meilleure réponse. Bienvenue à Rising Wolves.


Il consentit enfin à lever le rideau de ténèbres qui couvrait son visage, dévoilant son visage aux airs rieurs contrastant avec ses actes.

- Aldaron, petit herboriste des environs de Shirotsume pour te servir... Enfin presque. Il va de soi que lors de nos missions, nos noms n'existent plus. Il te faudra d'ailleurs t'en trouver un nouveau pour l'utilisation quotidienne, des idées ?


Un petit herboriste. C'en était presque risible dans la différence entre la fonction d'Aldaron et son ambition semblaient être aux antipodes l'une de l'autre.
Mais Erial n'avait pas le temps pour rire.
Car voilà le moment fatidique. Celui qui allait sceller l’engagement entre les deux hommes. Malgré sa résolution, la perspective faisait naître un certain sentiment anxieux chez Erial. Anxiété mêlée d’excitation. Un sac de nœuds s’était formé dans son ventre et ces deux serpents-là, vicieux et affamés, continuaient d’y évoluer.
Il pensa de nouveau à ce à quoi il s’engageait…
Devenir un fantôme, rester mort aux yeux de tous… Tuer. Tuer les puissants, tuer les oppresseurs. Indifféremment de leur affiliation à un groupe en particulier. Peut-être aurait-il à assassiner des mages de Dark Dragon, des traîtres de Thunder Light, des dignitaires du Conseil ou des héros de Fairy Tail.
Tuer pour la justice, tuer pour la liberté.
Sûrement était-ce là son destin. Le meurtre, ombre qui l’avait côtoyé toute sa vie… Sûrement était-ce là sa mission.
Après tout, il n’avait rien à perdre.
Non…
Rien à perdre.
C’est encore cette pensée qui le poussa à l’action.


- Liam…, fit-il d’un air pensif. Liam… Stratolens… Ouais, voilà. J’aime bien.

Il lui semblait avoir soufflé la Mort elle-même en prononçant ce pseudonyme. Car, il le savait. Bientôt, ceux-ci seraient synonymes.
Finalement, le glas final avait tinté pour lui. Il était déjà mort, il avait déjà tué. Il était irrécupérable.
Autant se mettre au service d’une plus grande cause.
Un tissu rouge lui atterrit dans les mains. Aldaron s’était levé. Une cape. Une cape enchantée. Rabattre sa capuche revenait à jeter un voile d’ombre sur son visage. De plus, le tissu était assez rigide pour ne pas tomber au moindre coup de vent.
La Mort est n’a pas de visage.
Erial frissonna.

- Prends ça et suis-moi. A défaut de mieux, tu peux t'installer à la maison. Seule condition, sois discret lors de tes allers retours.

Sourire en coin.
Gros frimeur... En vérité, il était angoissé comme jamais.
Mais Erial Alternost, même sous le nom de Liam Stratolens, même mort, même assassin… Erial Alternost restait Erial Alternost.


• • •

Les jours passèrent.
Fatalement, les premières missions arrivèrent.
Liam se mit à assassiner ses cibles. Toutes ses cibles.
Réticence, dégoût. Ces sensations l’accompagnaient toujours. Et pourtant, jamais il n’envisagea de renoncer.
Aldaron devint rapidement un ami proche. Après tout, ils avaient le même sang sur les mains…
Ils trouvèrent un point de rassemblement au beau milieu du Mont Hakobe, dans une grotte glaciaire qu’ils aménagèrent. Aussi, les anciens geôliers d’Erial quittèrent l’armée Runique pour venir grossir les rangs de Rising Wolves.
La prochaine mission de Liam Stratolens consistait en l’assassinat simultané de deux mages puissants. L’un de Dark Dragon, l’autre du Conseil. A chacun d’entre eux il avait donné rendez-vous au Mont du Fou. Au premier, il promit un combat dantesque. Au second, il avertit de la présence d’un dangereux criminel.
Mais, tombant l’un sur l’autre, ils s’entretueraient.
Et un mage de glace serait là pour les achever.
Vicieux, déloyal, fourbe…
Et pourtant, il n’envisageait toujours pas de renoncer.
La Mort n’a ni visage ni honneur.
Les Loups non plus.
Erial n’avait rien à perdre. Liam devait avancer.

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Swan Song [Seul]

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