Le Mont Hakobe. De loin. Je devais avouer qu'il était assez impressionnant. Mais aussi connu pour ne pas abriter que des bons hommes de coeur. Mais bon, je n'étais pas exactement sur ce mont, mais dans le seul village qui se trouvait au pied de la montagne. Et explications, peut-être ?

~ Flash-back ~

Matin. Taverne. Ennui. Sommeil. Bonjour, Flame Honotora, pas réveillée. Bon, voilà comment je me présentais : affalée sur le bar, à moitié en train de dormir. Je fixai sans vraiment le regarder, le tableau de quêtes, jusqu'à ce que ça fasse tilt. Ca faisait un bon bout de temps que je n'étais pas partie en mission, et si ça continuait, mon porte-monnaie allait le sentir. Je me levai donc et commençai à observer les différentes missions proposées. Une en particulier attira mon attention : un village martyrisé par des voyous. Ca me branchait bien. Mais problème : j'avais pas du tout envie de m'y mettre toute seule. "Bon, le premier mage que je vois, je lui demande." Je me retournai et vis... euh... Ryû je crois. Je ne l'avais vu que récemment et j'avais entendu son nom, je ne savais plus où. Qu'à cela ne tienne, je partis lui demander, et il accepta tout de suite.

~ Come-back ~

Voilà ce qu'on faisait là. Le village était vraiment désert, presque fantôme. Il fallait maintenant trouver la personne qui avait envoyé la mission. Mais bon, si tout le monde restait terré, on allait pas avancer. En même temps, quelle idée d'habiter aussi près du Mont Hakobe... On avait pas le choix, fallait toquer à toutes les portes si on voulait trouver la dite personne. Mais on dirait qu'on en avait même pas besoin, et pour cause : la porte de la maison proche s'ouvrit à toute volée, et une petite mémé sortit en trombe. Elle nous attrapa un bras chacun et courut dans la maison d'en face. Autant dire qu'être trimbalée sur les fesses, c'est pas agréable... Fallait vraiment que je tombe tout le temps sur des vieux déjantés, moi... Finalement, la vieille dame nous balança dans le salon et on atterrit péniblement, lui couché sur le canapé, et moi à l'envers sur le fauteuil. Après le vieux maire déjanté, c'est la mémé musclor... Ca promettait...

Alors que je rentrai de mission, une jeune femme de ma guilde vint m’aborder, me demandant de l’accompagner en mission. Ne voyant pas de raisons de refuser, j’acceptai de la suivre, après tout, libérer un village opprimé pouvait être intéressant. Mais lorsqu’elle monta dans une voiture, je refusai de monter aussi.

-J’ai le mal des transports. On se retrouve sur place, dis-je avant d’utiliser le même sort qu’à l’aller. J’apparus ainsi au pied de la montagne

Quelques heures plus tard, Flame m’y rejoignait. Prenant ensuite la direction du village, nous nous aperçûmes que les environs de celui-ci étaient déserts. Légèrement tendu, je suivais Flame dans les ruelles lorsque je sentis quelque chose me tirer en arrière.

Le fait est qu’une demi seconde plus tard, je me retrouvais projeté sur un truc moelleux, qui s’avéra être un canapé ou un truc du genre. Faisant rapidement un tour d’horizon, j’aperçu Flame renversée sur en fauteuil ainsi qu’une petite vieille. Cette dernière nous dit d’un air détaché :

-Voulez-vous du thé ? Ou des petits gâteaux ? Avant d’aller débarrasser les environ du gang de voyous qui nous opprime ?

-Non, merci, par contre, où se trouvent ces idiots en ce moment ? Je me ferai un plaisir de les écraser, dis-je en me redressant.

Flame eut l’air de s’avancer pour parler :…

Une fois que ma vue se soit stabilisée, je peux voir la mémé -à l'envers- sourire tout gentiment en nous disant :

- Voulez-vous du thé ? Ou des petits gâteaux ? Avant d’aller débarrasser les environ du gang de voyous qui nous opprime ?

J'avais les yeux ronds, elle faisait flipper la vieille... Je me demandai si les voyous étaient si forts que ça pour que même cette bonne dame n'ait pas réussi à les faire partir. Mais si c'était des mages noirs, ça devenait moins étonnant. D'autre part, je voyais mal avoir appeler des mages pour s'occuper de simples bandits.

- Non, merci, par contre, où se trouvent ces idiots en ce moment ? Je me ferai un plaisir de les écraser.

Ryû m'avait devancé pendant que je pensais à des choses pas très utiles pour le moment. Il avait raison, on avait pas vraiment le temps de goûter, on avait des bandits à latter.

- Il a raison. Vous n'auriez pas quelque précisions à nous donner les concernant ?

La dame semblait réfléchir. Peut-être avait elle peur de nous parler d'eux ? Mais ce n'était pas vraiment logique.

- D'abord, tenez vous correctement !

Aïe ! Elle venait de m'envoyer dans la tête un... bâton ?! Je m'empressai de me remettre à l'endroit en me tenant le nez. Fallait vraiment que je tombe sur des cas sociaux à chaque fois...

- Bien. Tout d'abord, sachez que ces bandits sont des mages noirs qui ne font partie d'aucune guilde. Nous ne les voyions jamais la journée, ils ne viennent que le soir, pour pillez nos récoltes et réclamer l'impôt qu'ils ont mis en place.

C'était bien ce que je pensais... Au moins, nous étions tranquille sur le fait qu'ils soient totalement indépendants. Ca aurait été problématique si des alliés se seraient ramenés... Mais une petite chose m'intriguais encore :

- Sur quoi porte cette impôt ?

La dame prit un air sombre et se retourna. Puis elle lâcha d'un air dramatique :

- La vie.

D'accord, je voyais mieux le genre. Je me tournais vers mon coéquipier. Il semblait réfléchir. Peut-être avait-il l'intention d'aller les chercher pour leur flanquer une rouste ? Je ne pensais pas que cette approche allait être fructueuse...

- Je pense qu'on devrait "préparer le terrain" pour ces chers bandits, si tu vois ce que je veux dire.

J'accompagnais cette phrase d'un sourire sadique. Le village était boisé aux alentours, parfait pour une embuscade. Mais le mieux serait d'avoir le soutien de tous les villageois, ce qui ne serait pas une mince affaire...

Je pris mon menton dans ma main et me mis à réfléchir aux possibilités que nous avions.

- S’il vous plait, pourrais-je savoir si parmi les habitants, vous auriez quelques mages ?

Je tournai la tête vers Ryû. Sa question était loin d'être idiote, un coup de pouce magique nous serait vraiment utile. Surtout que comme les bandits étaient des mages noirs, on ne pouvait pas se permettre de négliger un moindre détail.

- Pardon mon petit mais non, personne ne maitrise la magie ici. Cependant, l’un de mes concitoyens s’y connais en pièges retors allez le voir de ma part. Je pense qu’il sera ravi de m’aider. Hihihi ! Sa maison est juste à gauche.

Voilà qui était plutôt une bonne nouvelle, même si je m'inquiétais du cas sur lequel on allait tomber, connaissant ma chance légendaire en ce qui concernait les rencontres. Je me levai en remerciant la dame pour ses renseignements et pour l'hospitalité -même si elle était franchement à désirer- et je reçus pour réponse une pomme dans la poire. En grognant, je rejoignis le mage de foudre devant la maison du piégeur. Il frappa à la porte. Je n'eus même pas le temps de dire ouf qu'une trappe s'ouvrit sous les pieds de mon coéquipier, avec évidemment de gros pics en bas. Un éclair, et plus rien. Quand je disais que j'avais la poisse pour ce genre de choses...

- Mais ils sont tous tarés dans ce village ou quoi !?

Je lui répondis d'un sourire entendu. Je ne pus pas lui dire que je le rejoignais complètement sur ce point qu'un rire retentit. C'était un rire de fillette, assez hautain. D'ailleurs, une gamine aux cheveux blonds courts apparut de derrière un mur.

- Bien joué. Nous sommes venus voir le spécialiste des pièges. Pourrais-tu nous amener à lui ?

Elle s'arrêta de rire et me regarda de haut en bas de ses yeux violets pourpres. On aurait dit qu'elle me passait au scanner pour voir si je ne portais pas de choses dangereuses, comme mon katana d'ailleurs, mais elle ne dit rien. Je ne dis rien, ça n'aurait pas été une bonne idée d'énerver une gamine qui savait se servir des pièges et à qui on était en train de demander de l'aide.

- Il est absent mais je suis son élève. Que voulez-vous ?

Je regardai Ryû du coin de l'oeil. Je me demandai si c'était une bonne idée de mêler une gamine à notre mission. Je préférais le laisser parler.

- Ma petite, pourrait-on voir ton maître ?

Je me frappai le front. Il n'avait rien trouvé de mieux. On passait pour de parfaits imbéciles aux yeux d'une fillette imbue d'elle-même maintenant. Suuuuper ~

- Mais tu es sourd ou juste idiot ? Je viens de dire à ta copine que mon maître est absent. Que lui voulez-vous ?

Bon, au moins, y avait que lui qui passait pour un idiot... Je chassai ces pensées de ma tête, ce n'était pas très gentille pour mon coéquipier. Je me demandai un moment si je ne ferais pas mieux de prendre la parole à sa place... Oh et puis, qu'est-ce que ça changerait ? Mais je voyais bien que les précédentes paroles de la fillettes avaient énervé Ryû. Je sentais qu'il allait dire quelque chose de déplacé qui allait complètement gâcher cette opportunité. Je toussotai, faisant comprendre au mage de foudre qu'il fallait qu'il se calme et qu'il se montre diplomate.

- Excuse-moi. Votre voisine nous a envoyés ici car ma collègue souhaite tendre des pièges à l’attention des pillards. Nous aiderez-vous ?

Voilà qui était mieux et bien résumé. Maintenant, il ne manquait plus que l'accord de cette fillette... La situation était quand même assez bizarre...

- Non, à moins que…

Je commençai à avoir peur. Le suspense durait, durait... J'allai finir par craquer, la patience n'étant pas un de mes atouts.

- Vous ne me donniez à manger…

Je faillis tomber à la renverse. Tout ça pour ça ?! Qu'on épargne mon coeur enfin ! Il est encore jeune et prêt à faire beaucoup de chose ! Ryû donna une pomme à la fillette qui la pris, toute contente. Puis elle m'attrapa le poignet et m'entraîna dans la maison. Agitée, la gamine dis donc ! A l'intérieur, c'était une véritable caverne d'Ali Baba, avec des pièges en tout genre et des objets un peu étrange. On aurait même pu les confondre avec des outils de torture... Je préférais détourner le regard pour soulager mes nuits à venir. Je me tournai vers la fillette et lui dit :

- Bien, il faut préparer notre plan d'attaque. Il faut installer des pièges tout autour du village, de façon à prendre par surprise les mages noirs. Ryû et moi, nous nous posterons comme derniers obstacles.

J'eus à peine terminer de prononcer ces mots que mon coéquipier se trouva submergés par des objets en tout genre. La petite avait été drôlement rapide, et elle semblait vraiment contente de tester ses nouveaux pièges en situation réelle. Je restais tout de même un peu perplexe. Elle ne semblait pas vraiment mesurer le danger, tout cela ne devait être qu'un jeu pour elle. J'aurais vraiment préféré ne pas avoir d'enfant dans les pattes. Combattre ses voyous était déjà assez laborieux, si en plus je devais protéger une gamine intrépide, j'étais pas encore reposée. Nous partîmes ensuite vers la forêt. Je voulus demander à la fillette par quoi nous devions commencer mais elle avait disparu. Je n'allais quand même pas devoir la chercher maintenant ?! Mais heureusement pour moi, elle réapparut peu de temps après, en nous disant que venait de poser des pièges de flèches empoisonnées et que nous devions faire attention où nous posions nos pieds. Je décidai d'adopter la stratégie "rester avec la gamine parce qu'elle sait où sont les pièges", je préférais préserver ma vie, même si ça voulait dire laisser Ryû creuser plein de trous tout seul. Désolé... Mais nous n'avions pas gaspillé notre temps. Le nombre de pièges installés était impressionnant, je ne pensais que la forêt pouvait avoir la place pour en contenir autant. Quand ce fut finit, nous rejoignîmes le mage de foudre qui semblait aussi fatiguée que moi, et je proposais immédiatement de nous reposer. Je repartis vers le village avec la petite qui me suivait comme un petit chien -ce qui était assez gênant au bout d'un moment-, laissant Ryû dans la forêt. Je peux me doucher et dormir quelques temps. A mon réveil, je remarquais que la nuit commençait à tomber. Je me dépêchais d'aller à l'entrée du village. Le Dragon Slayer arriva quelques minutes plus tard.

- Alors Flame t'es prête ? Les mages noirs ne devraient plus tarder... Mais où est la petite naine ?

- Je suis toujours prête ! Et concernant la gamine, c'est une très bonne question... Elle m'a juste dit qu'elle partait pour une "petite surprise".

Je mimais les guillemets avec mes doigts. Je me demandais ce qu'elle préparait... Rien de dangereux, j'espérais. Mais pour l'heure, nous devions être prêts pour accueillir les mages noirs survivants. D'ailleurs le spectacle avait déjà commencé. Effectivement, des cris émergeaient de tous les coins de la forêt. Je ne pus m'empêchais de rire, j'aurais vraiment tous donner pour voir leur tête... Finalement, deux hommes seulement sortir de la forêt. Ce devait être le chef et son bras droit. Eux seuls avaient réussis à sortir de la forêt, elle était vraiment forte la petite ! Je redescendis sur terre quand je remarquais que le bras droit me regardait bizarrement. Il avait un petit sourire narquois et... me reluquer ?!

- Qu'est-ce que tu regardes, pauvre tâche ?!

Ses mots ne semblèrent pas lui plaire. Il mit sa main au sol et le sol se fissura, me séparant de mon coéquipier. Mais avant d'être totalement éloigné, je lançai à ce dernier :

- Je m'occupe de lui. Je te laisse le chef. Amuse-toi bien !

Cette fois, on était bel et bien séparés. Je souhaitais bonne chance mentalement au Dragon Slayer, mais je ne m'en faisais pas trop. Enfin... il émanait de son adversaire une grande quantité de magie. Je secouai la tête, je devais avoir confiance en lui. Une douleur soudaine se fit ressentir à mon flanc. Le bras droit m'avait pris en traître pendant que je rêvassais. Ca m'apprendra, mais franchement, je me demandai ce qu'ils avaient tous avec mon flanc...

- Allons poupée, c'est pas très prudent de rêvasser pendant un combat, tu sais...

Rah, j'avais envie de lui déchiqueter ce sourire narquois. Je pus remarquer que des sortes de grosses ronces épineuses sinuaient comme des serpents à côté de lui. Il maîtrisait les plantes... Un bref sourire passa sur mon visage. Mais je n'allais pas utiliser pas magie, du moins pas maintenant, je voulais m'amuser un peu avant.

- Désolé, mais je ne suis pas ta "poupée".

Et sur ces mots, je dégainai sans qu'il puisse voir mon chef et me ruai sur lui. Il sembla surpris et tenta de bloquer mon attaque avec sa ronce. Il était idiot ou quoi ? Déjà qu'il était destiné à perdre, j'espérais avoir un minimum d'amusement pendant mon échauffement... Evidemment, ma lame trancha facilement la ronce, mais j'aurais dû faire plus attention. Il me lança une espèce de poudre au visage. Mes yeux me piquèrent et ma vue commença à se brouiller. J'avais la tête qui tournait affreusement et je finis par percuter un arbre. Mais je n'allais pas être mise K.O. aussi facilement. Je frappai mon coude de toutes mes forces contre le tronc. L'effet que j'attendais se produisit : la douleur stabilisa mon esprit, et je pus me reconcentrer sur le combat. Ce qui n'eus pas du tout l'air de plaire à mon adversaire. Il fit jaillir du sol d'énormes ronces, et je dus sauter de branches en branches en tranchant des ronces par ci par là pour pouvoir m'en sortir. Je profitai d'une ouverture dans les ronces pour fondre sur le mage noir la lame en avant. Il esquiva difficilement. J'avais réussi à l'entailler sérieusement à l'épaule. Il se semblait pas très agile et rapide, ni très résistant à la douleur. Mais à quoi il servait franchement ? Le chef n'était pas très malin de s'entourer de personnes aussi incompétentes. Je me tournai pour lui porter un autre coup, quand je fus bloquer par une énorme fleur. J'eus juste le réflexe de plaquer ma main sur ma bouche et mon nez que la fleur souffla son pollen, toxique à en juger par les oiseaux qui tombaient comme des mouches. Mince, j'étais en mauvaise posture là... Ce n'était pas très pratique de manier mon katana avec une seule main, mais heureusement, j'avais commencé à m'entraîner pour. Je découpai toutes les ronces qu'il lança contre moi. Mais je ne pouvais pas me rapprocher de lui. Que faire, que faire.... Surtout que ce fichu pollen ne semblait pas vouloir partir...

- Super-Satoko à la rescousse !

Avant que je ne puis tourner la tête, une rafale assez puissante me frappa de plein fouet. Je plantai mon arme dans le sol pour ne pas m'envoler, ce qui ne fut pas le cas du bras-droit, un vrai guignol celui là... En relevant la tête, j'écarquillai les yeux. C'était la gamine ! Alors c'était ça sa "surprise" ? Elle avait dû penser à un moyen de nous aider en dernier recours, sûrement pour pouvoir ramasser tous les honneurs. Je souris à l'attention de la gamine. Alors comme ça, elle s'appelait Satoko...

- Thanks Satoko ! Quand à toi... J'ai assez joué, il est temps pour moi de devenir sérieuse...

Je pris ma lame mais ne la sortit pas de terre. Je concentrai toute ma magie dedans. Le mage pervers se mit à rigoler et m'envoya ses ronces. Le sourire qui était toujours fiché sur mon visage se changea en un vrai sourire sadique. Mon adversaire vit cela, et commença à douter. Et il avait raison. Au moment où les ronces allaient m'embrocher, des jets de flammes sortirent de terre et fusèrent dans toutes les directions. Le mage noir avait les yeux écarquillés, il comprenait maintenant qu'il n'avait plus aucune chance. Il essaya dont de fuir. Mais je ne laissai pas faire. J'utilisai mes Speed Fire et lui bloquai le passage en même pas une seconde. J'entourai ma lame de flammes, et me propulsai avec les Speed Fire comme précédemment. Il ne me vit même pas passer. Je me retrouvai derrière lui, alors qu'une gerbe de sang gicla de son thorax. Il allait gardé cette cicatrice longtemps. Il tomba à terre, complètement inconscient. Je partis donc rejoindre Ryû, et remarquai l'état dans lequel il se trouvait. Je m'empressai de l'aider à se relever. Satoko aussi vint m'aider. Nous le conduisîmes à l'intérieur de la maison de la gamine et l'allongeâmes sur le canapé. La gamine partit chercher des bandages et le nécessaire de soin.

- Et ben, il t'a pas raté !

La douleur de mon flanc se réveilla, mais je ne le laissai pas paraître. J'espérais juste que mon haut n'était pas en train de se remplir de sang. Mais malheureusement, ma tête recommença à me tourner, et je tombai sur le côté, allongée sur le tapis.

Mon esprit semblait flotter dans un gouffre noir tandis que les sensations que m’on corps m’envoyait laissaient penser qu’un nuage me soutenait. Légèrement engourdit je sentais une voix s’adresser à moi :

-Alors Ryû, déjà à bout de force ? Décidément, ta magie reste trop faible pour que tu multiplie les attaques…

-Qui…qui est là ?

-Disons que je suis un ami. Je ne souhaite qu’une chose c’est que tu gagnes le plus de combats possibles en devenant célèbre. Jusqu’à aujourd’hui tu ne m’avais jamais déçu mais ta défaite face à ce type… On va se débrouiller pour que cela ne se reproduise plus d’accord ?

-Ou… Oui si vous le dites…

Alors que la voix disparaissait j’entendis une autre voix, féminine cette fois :

- Et ben, il t'a pas raté ! Suivie d’un bruit sourd.

Légèrement inquiet je remuai dans mon sommeil avant d’ouvrir les yeux et de voir Flame inconsciente sur le tapis que j’avais aperçu dans la maison de la peste, avant qu’elle ne m’ensevelisse sous ses instruments de torture. Me relevant péniblement, je quittai le canapé sur lequel je m’étais réveillé, pour m’enquérir de l’état de santé de ma coéquipière. Voyant qu’une tache rouge s’étendait sur sa hanche, je retirai mon écharpe, dégageai la plaie et nouait rapidement le pansement de fortune avant de sentir la tête me tourner. Profitant des quelques forces qu’il me restait, je la déplaçais sur le canapé avant de m’effondrer sur un fauteuil proche. La petite, étonnée de me trouver dans le fauteuil et Flame dans le canapé, secoua la tête avant de s’approcher de moi un nécessaire de soin dans les mains. La plus grande partie des petites écorchures causées par le combat de tout à l’heure s’était déjà refermé mais une vilaine plaie barrait le devant de mon torse. La petite devait être habituée à soigner les gens car ses gestes assurés et efficaces eurent tôt fait de nettoyer et bander ma plaie. Faisant preuve de zèle, elle tenta de me bander le crane mais je le lui interdis d’un regard expressif avant de soupirer devant son air de chien battu. Lorsque Flame sortit enfin de sa "sieste", je ressemblai à une momie tant la petite avait réussi à me manipuler. Cette dernière, visiblement satisfaite du chef d’œuvre réalisé sur ma personne, se retourna vers Flame la trousse de soin entre les mains. Elle examina rapidement le bandage réalisé par mes soins, avant de faire un rapide inventaire des plaies de ma coéquipière. Estimant que mon pansement suffira sur la seule blessure de Flame elle m’envoya dans la cuisine afin que je lui fasse à manger. Maugréant contre ma mauvaise fortune, j’enfilais rapidement un tablier avant de me mettre aux fourneaux. Coup de chance, j’avais de nombreuses fois été de corvée de cuisine lorsque je cheminai avec ma famille d’adoption. Je leur mitonnai donc un petit ragout de derrière les fagots qui lorsque je l’amenai à table m’attira une remarque de Satoko, aux anges après l’avoir gouté :

- Bah dis-donc, y a qu’en baston qu’il est pas doué ton copain !! C’est fichtrement bon !!

-Merci Satoko, m’inclinai-je en accueillant le compliment, puis la première partie de sa phrase fit tilt et j’ajoutai : Oh, c’est juste que l’adversaire était trop fort pour mes capacités actuelles. Tu ne parles pas Flame ? M’enquis-je inquiet de ne pas l’avoir entendu de nouveau.

Je rouvris péniblement les yeux. Il me fallut quelques instants pour pouvoir me resituer. J'étais dans la maison de Satoko, allongée sur le canapé avec un pansement fait à la va vite. Je supposais que c'était Ryû qui s'en était occupé. Je tournais la tête pour savoir où il se trouvait justement. Il était assis dans un fauteuil, avec des bandages partout, une vraie momie. Satoko avait dû se faire sacrément plaisir. J'étouffai un rire, mais cet effort me fit sentir la douleur de ma blessure. J'étais vraiment mal en point, et tout ça à cause d'une plaisir qui n'avait rien de très inquiétant ! Je restai allongée sur le canapé et regardait le plafond sans le voir. J'avais les paupières qui tombait et la tête qui me tournait. Et en plus de ça, je devais déployer des efforts surhumains pour que cela ne se voit pas. Ma fierté à la con... Mais bon, j'avais déjà assez honte de mon état, ce n'était pas pour que les autres le voit, surtout pas un Dragon Slayer... Satoko vint me voir, et me fit lever pour aller à table. Bon dieu, cette petite était vraiment sadique. La douleur était horrible et je m'écroulai sur la chaise. Heureusement pour moi, les deux autres étaient trop occupés à parler pour le remarquer. Je commençai à manger -un ragoût très bon d'ailleurs- sans rien dire. Ca faisait du bien par où ça passait.

- Tu ne parles pas Flame ?

Je le regardai, analysant ses paroles qui avait du mal à être comprise par mon cerveau embrumé. J'allais dire que tout allait bien, mais son regard me fit comprendre que ce n'était pas la peine de sortir un excuse bidon. Que dire, que dire...

- J'ai trop forcé sur les Speed Fire, ça m'apprendra...

Ce n'était pas faux, ma réserve de magie était presque totalement épuisée, et cela émiettait ma résistance à la douleur. Mais ce n'était pas la peine de cacher ça, il n'y avait qu'à me regardé pour voir que je n'étais pas bien, un vrai fantôme. Mais je ne dis rien de plus. J'avais la désagréable impression que si j'ouvrais la bouche, j'allais tomber dans les pommes, la tête dans le ragoût. Je me passai une main sur le visage et resta comme ça, le visage dans les mains.

- ON EST RENTRES ! J’ESPERE QUE TU PEUX BOIRE DU THE !!

Je me réveillais en sursaut. Je regardais Satoko d'un air perdu, et passa les alentours en revue. J'étais couchée sur le canapé dans le salon. Je portais une main à mon visage et remarquai qu'il était plein de ragoût. Je soupirai, comprenant rapidement ce qu'il s'était passé, et ce n'était pas difficilement de trouver le coupable de la tête plongée dans l'assiette. Qu'elle était terrible cette petiote... Au moins j'étais un peu plus reposée, même si la douleur à ma blessure était encore présente. Mais heureusement, elle me faisait beaucoup moins souffrir qu'avant. Satoko s'approcha de moi et me tendit une tasse rempli de thé bien chaud. Je la remerciais d'un sourire et bus une gorgée. Ca faisait un bien fou ! Surtout que j'avais toujours beaucoup apprécié cette boisson. Je jetai un oeil à la pendule et au calendrier. Sans s'en rendre compte, on avait passé la nuit au village, il était peut-être temps de retourner à Oark, surtout que la route était longue pour rejoindre la gare la plus proche. Je posai donc la tasse sur la table et dit :

- Bon, il serait peut-être temps qu'on rentre Ryû, tu ne penses pas ?

Un bruit sourd me surprit soudain : Satoko venait de faire tomber sa tasse. Ses yeux se remplissaient de larmes et elle commença a chouiner en baragouinant ce que je supposais être une supplication qu'on reste. Je regardais mon coéquipier, sans savoir quoi faire.

A peine eut-elle terminé sa phrase, la tasse de Satoko se brisait au sol tandis que la gamine éclatait en sanglots déchirants en baragouinant des supplications à notre encontre. Ma coéquipière lança un regard perdu à mon encontre. M’approchant de la petite, je lui glissais :

-Satoko, nous savons que tu es triste de nous voir partir mais, il faut que l’on rentre à la guilde. Tiens, j’ai une idée. On rentre chez nous et une fois par ans, on reviendra te rendre visite ? Qu’en penses-tu ?

La petite me toisa puis reprenant un semblant de bonne humeur me rallia :
-Dis, la diplomatie, c’est pas ta spécialité non plus… Tu cèdes trop facilement. Tu promets de revenir ? fit la gamine en me tendant son petit doigt…

-Avec ma magie, je ne m’absenterai pas longtemps de la guilde, alors oui, je promets. Je serais son doigt avec le mien montrant que je lui donnais ma parole. Bon allons-y Flame. Tu penses pouvoir marcher ou je dois te porter dis-je avec un sourire en coin.Elle me lança un drôle de regard et nous éclatâmes de rire à l’unisson.

- Satoko, nous savons que tu es triste de nous voir partir mais, il faut que l’on rentre à la guilde. Tiens, j’ai une idée. On rentre chez nous et une fois par ans, on reviendra te rendre visite ? Qu’en penses-tu ?

C'était un bon compromis, c'est vrai, mais il fallait le tenir, et rien n'était moins sûr. Personnellement, je pouvais toujours essayer, si j'avais une mission dans le coin, passer un petit bonjour et vérifier en même temps que le village n'est pas tombé entre les mains d'un autre gang entre temps. Satoko regarda longuement Ryû, puis lâcha :

- Dis, la diplomatie, c’est pas ta spécialité non plus… Tu cèdes trop facilement. Tu promets de revenir ?

Je mis ma main devant ma bouche pour étouffer un rire. Cette petite alors... Elle était encore plus franche et grande gueule que moi ! Je m'imaginais plus tard, quand elle aurait un petit copain. Je priais pour lui mentalement en lui envoyant toutes mes ondes positives, et regardai Satoko et Ryû serrer leur petit doigt. La confiance... Une belle chose qui peut en cacher tant de mauvaises...

- Bon allons-y Flame. Tu penses pouvoir marcher ou je dois te porter ?

Je regardais mon coéquipier d'un lourd regard, l'air de dire "t'essaie d'en profiter maintenant ou tu te paies ma tête". Puis quelques secondes plus, nous laissions notre rire résonner en choeur, devant la tête un peu perdue de Satoko. Cette petite avait beaucoup de choses à apprendre encore... Une fois calmé, nous dîmes au revoir au village en leur souhaitant de ne pas revivre la même situation, puis nous rentrâmes à Oark, moi en train et Ryû grâce à son pouvoir. J'avoue que c'est bien pratique...