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[Abandonné]Les crocs des loups [PV: Eiris]

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Arno Morlusenn

Arno Morlusenn

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MessageSujet: [Abandonné]Les crocs des loups [PV: Eiris] [Abandonné]Les crocs des loups [PV: Eiris] EmptyMar 20 Sep 2016 - 22:49






J’avançais d’un pas que je voulais assuré dans les ruelles sombres, non sans avoir une certaine boule au ventre. Cette foutue ville était un véritable coupe-gorge, et je ne me faisais pas d’illusions sur le sort qui me serait réservé si l’on me trouvait ici. Les mages de Kusa n’étaient pas spécialement réputés pour leur gentillesse. C’était la première fois que je venais à Akurio, et je savais maintenant d’où la ville tenait sa sinistre réputation. Ses allées poisseuses étaient remplies d’ivrognes se soûlant dans des bars miteux, de réseaux de prostitutions, et de trafic en tout genre, allant du trafic de drogue aux ventes d’armes magiques illégales. La contrebande ne me gênait pas, j’en faisais bien pour le conglomérat du Nord. Mais il y avait ici quelque chose de malsain. Une odeur de mort régnait sur cette étrange cité toujours plongée dans un brouillard noir. La violence était ici monnaie courante, et seul la présence des puissants mages noirs de Kusa maintenait un semblant d’ordre dans les rues. Ceux-ci ne se gênaient d’ailleurs pas non plus pour éliminer tous ceux qui les importunaient. Il ne faisait pas bon d’être un simple civil dans ce lieu ou seule la force était respectée. J’avais du mal à imaginer la vie que devait mener une personne dénuée de magie en grandissant ici. A quoi pouvait-on aspirer dans un lieu aussi froid ? Il n’y avait dans cette ville nulle avenir, et aucune liberté. Cette cité représentait tout ce que je m’étais juré de combattre.

J’éprouvais de la colère. Une colère sourde, qui ne me quittait plus vraiment depuis que Maelan, mon meilleur ami, était mort. C’était cette colère qui me poussait à avancer malgré ma morosité, à continuer à me battre pour cette liberté que le conseil magique n’avait jamais pu nous donner, et que la guerre avait piétiné.  C’était mon moteur, mon fil rouge dans ce monde où j’avais tant perdu.

Je n’avais plus vraiment d’attache. J’avais perdu mon meilleur ami. J’avais perdu la plupart de mes compagnons de Wave Stream. Les autres m’attaqueraient probablement à vue depuis mon changement de camp. Mes parents, avec qui j’étais en froid, m’étaient inaccessibles, séparés par une frontière absurde. La guerre avait poussé des gens qui auraient pu être amis à entre-tuer pour de stupides sentiments nationalistes. Comme si l'on pouvait résumer une personne à son pays d’origine, comme s’il existait autre chose en ce monde qu’une somme d’individus aux passés, convictions et espoirs distincts. C’était une aberration.

Autrefois, j’aurais fuis ces combats. J’aurais reculé devant cet étalage de violence gratuite, dans lequel on jugeait et tuait en une fraction de seconde. Maintenant, je n’en avais plus rien à faire. J’avais rejoint le camp qui se battait pour la fin de ces clivages, et j’éliminais quiconque entravait ma quête  de liberté. C’était d’ailleurs la raison de ma présence ici. Une mission d’assassinat. Elles étaient peu fréquentes au conglomérat du Nord, qui préférait généralement la politique du «vivre et laisser vivre » et qui cherchait un moyen de réunifier Fiore par des méthodes plus subtiles. Mais certaines personnes étaient trop bornées, et trop dangereuses pour être raisonnés. Celles-ci étaient éliminées dans la plus grande discrétion.

Cette mission était singulière à plusieurs titres. La cible était un haut placé de la coalition de Kusa, un sénateur auto-proclamé de cet ersatz de gouvernement. Comme tous les membres gradés de Kusa, l’homme, un certain Kragen Bloodfall, n’avait rien d’un bureaucrate. C’était un mage qui avait gagné sa position par la force brute. Il maîtrisait la terrifiante magie de Désassemblage. Pour ne rien arrangé, il vivait dans un manoir bien gardé en plein cœur d’Akurio, certainement l’endroit le plus dangereux de Kusa. Cet assassinat s’annonçait particulièrement dangereux.

Une autre particularité de cette mission était mon coéquipier. On m’avait confié cette mission en urgence, avant même que je ne rencontre l’équipe de Liam Stratolens, à laquelle je venais tout juste d’être affecté. C’était mon ancienne capitaine et amie Azana qui m’avait confié ce travail. Apparemment, l’un des trois plus puissants mages de Rising Wolf, Eiris Sachi, était partie seule remplir cette périlleuse mission d’assassinat. Si la mage était de nature solitaire, ses collègues avaient jugé la tache trop dangereuse pour elle seule, et avaient demandé l’envoi de renfort. Il se trouve que j’étais le seul mage disponible à la fois capable de passer la frontière rapidement et suffisamment puissant pour être utile. On m’avait donc expédier sans trop d’explications en plein territoire ennemi, avec pour seul indice le nom d’une taverne miteuse censée être la base d’opération de Rising Wolf à Akurio; et le nom d'un contact. A ma charge de retrouver Eiris et de l’assister dans sa mission. Je n’étais même pas sûr qu’elle fût au courant de ma venue. Si j’avais souvent travaillé avec d’autres mages du conglomérat, être directement sous les ordres de l’un des trois dirigeants de notre faction n’avait rien d’ordinaire.

Je me retrouvais donc là, dans une ville miteuse et malfamée, rasant les murs caché sous ma capuche, en cherchant une certaine « Brasserie de l’égaré », non sans garder une main sur mon pistolet, caché dans ma poche. Dans toute autre ville j’aurais eu l’air incroyablement suspect, mais ici c’était la norme. Cela faisait déjà une heure que je tournais en rond dans ces ruelles puantes et humides, à lire des pancartes en bois pourri indiquant le nom de tavernes qui n’en avaient que le nom. Bien-sûr, on m’avait indiqué l’emplacement de ma destination, mais mon sens de l’orientation légendaire en ville m’avait encore une fois fait défaut.

Sérieusement, comment pouvait-on se repérer dans un endroit où l’on ne voyait pas à vingt mètres ! Tout se ressemblait ici.  Je regrettais déjà les montagnes glaciales de Yuyama. Il était évidemment hors de question de demander mon chemin. C’était le meilleur moyen de me faire repérer et tuer. Je pris donc mon mal en patience et entrepris de fouiller chaque rue une par une, en hâtant le pas de temps à autre pour semer quelques individus pour le moins effrayants. Pas plus que moi, pensais-je un instant. Après tout, j’étais un mage assassin spécialisé dans l’infiltration, et armé. Mais je n’étais pas du genre à baisser ma garde par excès de confiance. Je ne savais que trop bien à quel point il était facile de se faire tuer.

La fortune me sourit une demi-heure plus tard, lorsque j’aperçus enfin une pancarte indiquant le nom rechercher. En dessous d’elle se trouvait une porte en bois qui avait fait son temps, et de laquelle s’échappait des effluves qui n’avaient rien d’alléchantes. On y servait certainement un tord-boyaux des plus infectes. Je haussais des épaules. Je n’étais pas là pour cela, même si je n’aurais pas refusé un bon repas chaud. Je pénétrais donc dans la taverne.

La salle, enfumée par le tabac et puant l’alcool, était étonnamment animée. De nombreux ivrognes s’y rinçaient le gosier en brayant. L’ivresse était une manière comme une autre d’échapper au moins un instant à l’horreur qu’était la vie dans cet endroit. Ce vacarme m’allait parfaitement. Il me permettrait de passer plus inaperçu. Je balayais la pièce du regard, à la recherche de la femme dont on m’avait fait la description. Je ne la trouvais pas. Eiris n’était visiblement pas ici. Il ne me restait plus qu’à annoncer mon arriver au tavernier, un dénommé Olaf Leofson, l’agent du conglomérat supposé se charger de mon séjour ici. Bien que prévenu de mon arrivé, l’homme était méfiant. Il me fit montrer ma marque de guilde, me demanda le mot de passe convenu, et me demanda même de faire apparaître de la brume pour confirmer mon identité. Je ne pouvais que le comprendre. On ne survivait pas dans un endroit pareil sans précautions. Il m’affecta ensuite une chambre et me confirma qu’Eiris était partie depuis un moment. N’ayant pas de piste, je n’avais plus qu’à attendre son retour, afin de l’assister de mon mieux dans cette étrange mission. Lassé par mon voyage, je profitais de cet instant de répit pour m’asseoir à une table et siroter une bière. Le breuvage était aussi immonde que je m’y attendais, mais c’était mieux que rien. Je me frottais nerveusement la nuque en réfléchissant à la suite de la mission. Je n’avais aucune idée de comment éliminer la cible, et je ne savais rien de ma coéquipière inattendu hormis son poste, son apparence physique, et une description plus que succincte de sa magie. Bon sang,  je détestais avancer à l’aveugle. Hélas, dans cette situation je ne pouvais qu’attendre.

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Eiris Sachi

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MessageSujet: Re: [Abandonné]Les crocs des loups [PV: Eiris] [Abandonné]Les crocs des loups [PV: Eiris] EmptyVen 23 Sep 2016 - 0:36



Les crocs des loups

Eiris Sachi & Arno Morlusenn


La puissance ? Comment définir une idée et une notion aussi éphémère ? Après tout, la puissance n’est qu’une idée relative à ce que l’on y voit, à ce que l’on veut atteindre et représenter… à ce que l’on admire, peut être ? Je ne pense pas être particulièrement puissante. Sans doutes que l’on peut m’apparenter à une femme forte, mais ma seule puissance ne réside t’elle donc pas en cette même force ? Vous me direz, j’ai été placée en bonne disposition pour posséder une certaine puissance, de part ma place au sein des RW mais de là à me dire puissante, je ne peux qu’émettre un doute car après tout, notre propre puissance, basée sur notre propre libre arbitre ne prévaux t’elle pas sur celle d’une armée maintenue et dirigée par une seule personne ? Cette même armée ne reflète pas la puissance de son (ou de ses) dirigeants et donc dans cette mesure, chaque membre de cette armée n’est-elle pas une image de la faiblesse ou de la force de celui qui les commande ? Nous pourrions sans aucun doute débattre longuement sur le sujet, et je serais ravie de le faire avec quelqu’un capable de suivre ou de contredire clairement. Ce débat n’as donc aucune forme d’intérêt ici, vous en conviendrez. Akurio est ceci dit à sa façon un bon contre-exemple à ma façon de penser car il suffit de se tourner, tout simplement, pour assister à une idée faussement idolâtrée de la puissance. Cette ville est à mes yeux remplie de faibles qui ne prennent leur plaisir qu’à se servir d’une force relative pour faire souffrir ceux qui le sont moins ou encore, ce qui sont tout simplement trop faible pour pouvoir y changer quoi que ce soit. De ce fait, on se retrouve mêlé à une ambiance malsaine ou la violence et le chagrin imbibent l’air. Après, la faiblesse elle-même est une chose relative. Qui est réellement faible ? Peut-on blâmer le faible de l’être ? Peut-on et doit-on relever la faiblesse musculaire d’un homme, malgré la force qu’il peut posséder à se sacrifier pour les siens ? Inversement, doit-on nommer « puissant » le lâche qui viendra arracher cet homme faible à sa famille, juste pour le plaisir d’assister à la souffrance ? Le faible est-il donc nécessairement fort et inversement ? En ce qui me concerne, je saurais représenter quelqu’un de fort à quelqu’un de faible en quelques secondes et cela n’inclut pas directement la « puissance » ou le « pouvoir ». Finalement, j’ai choisi de venir à Akurio car une personne que j’ai toujours estimée comme « faible » et « nuisible à ce monde » à laissé une faille, un faille que je compte bien exploiter pour soulager à ses épaules le poids de sa tête inutile.

Je suis donc partie un peu plus tôt, en début d’après midi, afin de rassembler quelques informations et pour ça, rien de mieux qu’un peu d’action, pas vrai ? J’avais déjà amassé pas mal d’infos, bien assez pour être sûre de l’existence de cette faille, il ne me restait donc plus qu’à la cerner parfaitement et si pour ça on m’offre la possibilité de faire un peu de ménage à l’avance… Et bien, cela suffit parfaitement à me combler ! Vous vous doutez en tout cas qu’un homme tel que Kragen Bloodfall est du genre à se faire des ennemis. Personne n’as que des amis dans une telle ville et quelqu’un qui use de sa « violence » pour se montrer « fort » n’est autre qu’un déchet attirant l’antipathie, même chez ceux qui peuvent le respecter pour ce qu’il est ou ce qu’il représente. De ce fait, je sais aussi exactement quel est le meilleur endroit où frapper pour attirer son attention et exploiter cette faille. Il est peut être temps d’ailleurs que je vous parle de cette faille plus en détail et croyez moi, elle est si ridicule que vous ne pourrez qu’en rire. J’ai entendu parler d’un plan visant à essayer de le détrôner, bien entendu, cela reste un plan vague et très incomplet sans aucun doutes dévoué à un échec des plus complets, ceci dit, il ne faudrait qu’un petit coup de pouce, tout petit, pour que le projet aboutisse. J’ai donc accepté d’offrir ce « coup de pouce » et ce, vous vous en doutez, dans l’ombre, dans le secret. Ma mission consiste à déployer une simple diversion. Le leur consiste à lui dérober un objet dont, si j’en crois mes sources, serait justement la source de sa puissance. Que ce soit vrai ou faux, c’est une double chance indéniable. Si cette rumeur est fondée et que le plan fonctionne, il sera sans doute bien assez affaibli pour que je puisse me saisir de sa tête sans combattre et si c’est faux, l’homme est assez vaniteux pour ne garder aucun protecteur à ses côtés alors que quelqu’un commet l’imprudence de vouloir le voler. Un homme comme lui n’as aucune honte à s’asseoir dos à une fenêtre tant il se pense intouchable. Je n’ai ceci dit entendu parler de cet objet que très récemment et donc, vous vous en doutez, j’ai préféré éviter de tenter ma chance sans avoir aucune certitude de pouvoir me retrouver face à lui. Bon, oui. On parle d’un homme enfermé en plein milieu d’un des coins les plus mal famés de sa fichue coalition mais il s’agit là d’un détail. C’est justement cette « sécurité » qui ne peut que mener à sa perte. Je pris donc le temps, toujours aussi discrètement, de passer le début de cette après midi à retrousser les narines de quelques bandits locaux, prenant soin de rassembler le plus d’informations possibles sur l’existence de cet « objet ». Tout ce que j’ai pu confirmer c’est que c’était là une légende qui avait commencé à se répandre suite à une « fuite » ce qui bien entendu, n’écartait en rien l’hypothèse d’un piège.

Vous me direz, si l’homme est un pêcheur confirmé, il sait que lancer un appât dans l’eau ne garantit pas d’attraper un poisson en particulier, comme il ne garantit pas l’idée et la certitude d’en attraper. Certes, c’est peut être trop beau pour être vrai, mais si je ne saisis pas ma chance et que l’information s’avère être juste, comment pourrais-je me faire face et donc, continuer à témoigner de cette force que je chéris tant ? Cette idée me fait d’ailleurs pas mal sourire, me dire que finalement le courage et la folie ne sont réellement séparés que par une limite très faible. Un homme « puissant » ne se cache pas derrière des gardes, il n’as pas besoin d’apparat. Un homme prétentieux, lui, aimera à se donner une image, à se faire paraître pour plus fort, même si il l’est déjà. Vous devez trouver que je joue énormément sur les mots et sans doutes est-ce la ma propre façon d’expliquer à quel point ceux-ci ne sont qu’éphémères. A mes yeux, être fort ou faible, n’est actuellement pas une question, car même si je suis faible, je me battrais jusqu’à mon dernier souffle en espérant changer les choses, en espérant les améliorer et ce, même si je dois mourir ce soir, seule, recluse et oubliée. Une fois ma recherche d’information tombée et le soulagement de voir quelques têtes tombées, je finis donc par rentrer, un peu après que la fin de soirée ne tombe le plan étant prévu dans son commencement assez tôt dans la matinée, le lendemain. Après tout, une telle ville vit la nuit, le matin se voit bien plus calme et ouvert à toutes sortes de plans audacieux, malgré la lumière ambiante. Dans tous les cas, il faudra laisser un temps entre la « capture de l’objet » et la tentative d’assassinat en soi, si l’on attaque trop vite, on prends le risque de se jeter dans le piège alors que si on prends le temps d’observer un peu, nous pourrons repérer le meilleur moment et ainsi, passer à l’offensive. Enfin, quand je dis « nous », je le dis bien entendu de façon parfaitement relative tant je sais que je suis la seule, actuellement prévue pour mener ce plan à bien et ce malgré les réticences de certains membres. Je n’ai pas pour projet de sacrifier quelqu’un dans mon projet fou de nettoyer la crasse de ce monde.

Je reprends donc, logiquement, la direction de la taverne et une fois sûr place je prends bien entendu soin de prévenir le tavernier. Je suis dissimulée sous une tenue ample dévoilant peu de peau, bien entendu pour dissimuler le sang qui est venu tâcher ma propre tenue pendant ma recherche d’informations. Je ne pouvais pas laisser de témoins et il en va de soi que j’ai du me rendre à des endroits isolés, donc d’autant plus mal famés. Ce n’est pas dans une telle ville que l’on comptera quelques morts isolés, encore moins si ils ne peuvent pas témoigner d’avoir été tué par la même étrangère. Je remonte donc dans ma propre chambre ou en tout cas, celle qui à été mise à ma disposition avant de retirer le lourd habit. J’ai pour habitude de porter des tenues assez légères, donc il en va de soi que ma propre peau est en bonne partie couverte de sang. J’avise rapidement mon état, constatant que je suis parvenue à ne pas manquer de minutie et de prudence et qu’aucune blessure ne semble m’avoir été infligée. C’est alors à ce moment qu’une surprise s’invite et que quelqu’un se sent visiblement assez inspiré pour frapper à ma porte. Je l’invite donc à entrer, la main posée sur le manche du sabre qui dépasse par-dessus mon épaule, dans mon dos. Si c’est un ennemi, je n’aurais pas besoin de beaucoup de temps pour l’attirer à moi par magie et à l’achever. Vous vous doutez bien que j’ai déjà prévu des contre-mesures pour pallier à ce genre de possibilités et il se trouve que l’effet de surprise, dans ce genre de circonstances est ma spécialité. Ma foi, nous verrons bien.

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Arno Morlusenn

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MessageSujet: Re: [Abandonné]Les crocs des loups [PV: Eiris] [Abandonné]Les crocs des loups [PV: Eiris] EmptyVen 23 Sep 2016 - 17:26




Cela faisait déjà une heure que j’étais assis sur cette chaise humide, à siroter une bière visqueuse. J’avais fini par la faire accompagner d’un ragoût de lapin, cédant aux grognements de mon estomac. Celui-ci constitué de patates et de lapin cuitent dans un bouillon au thym et au laurier, était étonnamment goûteux compte tenu de l’endroit. Je me remplissais donc généreusement la panse et en recommandait même, tandis que mon hôte préparait ma chambre. Celle-ci se trouvait au deuxième et dernier étage, tout au fond du couloir, en face de celle de ma supérieur hiérarchique et partenaire de mission en devenir, qui, rappelons-le, brillais toujours par son absence. Je n’avais rien contre l’attente, mais ce breuvage trop amer qui glissait dans mon gosier n’était guère de bonne compagnie.  Les dispositions des chambres n’avaient pas été prises au hasard. Nous mettre ainsi au fond, c’était l’assurance de savoir que quiconque s’approchant de nos chambres était un ennemi. C’était là un bien maigre moyen de défense, mais c’était toujours bon à prendre.

Reposant la cuillère de mon regretté bouillon, je jouais un instant avec l’étrange pièce de puzzle en or qui traînait dans ma besace. C’est non sans mal que j’avais obtenu cet étrange objet lors de la bataille de Hel, cadeau étrange de la part d’un fou masqué. Si ce truc avait visiblement de la valeur, je ne lui avais trouvé pour l’instant aucune utilité autre que décoratif. C’est à cet instant que le tavernier et agent du conglomérat revint à ma table.

« Votre repas était agréable monsieur ? » me demanda-t-il avec un professionnalisme remarquable.

A sa place, je n’aurais pas réussi à être aussi naturel. A mon grand malheur, j’étais piètre acteur, et je ne devais mon statut d’espion qu’aux remarquables capacités d’infiltration que me fournissait ma magie.

« Le ragoût était excellent. » répondis-je avec honnêteté. Je ne pus m’empêcher d’ajouter :

« Par contre votre bière est infecte. »

Olaf fronça des sourcils, jouant à merveille le tavernier vexé.

« Sentez-vous libre d’aller en boire dans un autre établissement. Je suis sûr que d’autres se feraient un plaisir de vous servir un breuvage plus savoureux.»

Je décelais ce coup-ci une pointe d'ironie dans sa réponse.

« Si monsieur a fini de critiquer mon établissement, il sera peut-être heureux d’apprendre que son amie est arrivée. Vous pouvez aller lui rendre une visite surprise si vous le souhaitez. Sur ce, je m’en vais servir des clients au combien plus aimables que vous. »

Olaf me tourna le dos avec dédain et s’en fut d’un pas hautain, me laissant seul avec mes pensées. Une surprise ? Eiris n’avait donc pas été mis au courant de mon arrivée. Voilà qui n’arrangeait pas mes affaires. J’allais devoir lui expliquer les raisons de ma présence, la convaincre que je ne mentais pas, et lui faire accepter mon aide. De ce que l’on m’avait dit sur elle, cela n’allait pas être une mince affaire. Je me passais machinalement la main dans les cheveux, regrettant un instant le temps où mes missions se résumaient à chasser une paire d’araignées terrifiants des villageois, ou protéger un marchant contre quelques poignées de pirate. Ma nostalgie disparue aussi vite qu’elle était arrivée. Je n’étais rien de plus qu’un mercenaire à l’époque, sans véritable but. Désormais, je me battais pour la liberté et la justice, des notions devenues tristement obsolètes à Kusa et Opale, obnubilés par de stupides guerres de territoire et ou le contrôle et la régulation des habitants, que ce soit par la terreur comme à Kusa, ou par des lois stupides et de la surveillance comme à Opale,  étaient devenu la norme.

Je repoussais ma chaise et me levais, constatant au passage que j’avais vraiment bien mangé. Voilà qui me changeait des tristes rations de voyage dont j’avais fait mon pain quotidien. Décidant que j’avais bien assez tergiversé, je pris la direction des chambres. Arrivé devant celle d’Eiris, j’hésitais un instant, appréhendant la rencontre. Cette première impression que j’allais laissé allait être cruciale. On m’avait donné pour mission d’assister Eiris, et je n’avais pas le droit de me dérober. Si elle ne me jugeait pas capable de l’aider, j’aurais échoué. J’enlevais le gant couvrant ma main droite, dévoilant ma marque de guilde habituellement caché. Le loup gris de Rising Wolf y avait bien entendu remplacé les spirales de Wave Stream. Prenant une longue respiration pour me calmer, je frappais à la porte. Une voix de femme m’invita à entrer.

Je pénétrais donc dans une chambre en tout point semblable à la mienne. Celle-ci se résumait à un lit miteux, une vieille chaise en bois et une table posée dans un coin, et un vieux chandelier qui éclairait bien chichement l’ensemble. Une petite fenêtre donnait sur une rue étroite et glauque, deux étages plus bas. Une jeune femme légèrement plus petite que moi, aux cheveux noirs de jais et dont le visage aux traits fins était traversé d’une longue cicatrice, me regardait d’un air suspicieux, une main serrée sur la garde d’un sabre qui dépassait de son épaule. C’était là une réaction on ne peut plus normal étant donné les circonstances, au moins n’avait-elle pas encore dégainé. Je levais les mains en signe d’apaisement, révélant au passage ma marque de guilde. Je jetais bref coup d’œil dans le couloir derrière moi, m’assurant qu’il était vide, avant de me lancer.

« Eiris Sachi ? Je m’appelle Arno Morlusenn, c’est le conglomérat qui m’envoi. Mes supérieurs ont jugé votre mission trop dangereuse pour être faite seul, et le conglomérat ne peut pas se permettre de vous perdre. J’ai donc été envoyé en renfort, avec pour ordre de vous assister de mon mieux. Vous pouvez aller en parler à Olaf en bas si vous le souhaitez, il vous confirmera mon identité. »

Je baissais lentement les mains, et marquais une pause pour lui laisser le temps de digérer ces informations. Je vérifiais la présence de mon pistolet à ma ceinture d’un bref regard. C’était inutile ici, mais les vieux réflexes avaient la vie dure.

« Je sais que c’est soudain, et que vous préférez probablement travailler seul. Je promets de suivre vos directives et de ne pas vous ralentir. »

J’espérais qu’avec cela, elle ne puisse plus vraiment refuser ma présence ici. C’était la première fois que je rencontrais l’un des dirigeants de notre faction. J’étais honnêtement assez surpris de voir qu’ils se salissaient les mains autant que nous au lieu de rester caché bien au chaud à Yuyama. C’était une preuve de plus s’il en était besoin que j’étais dans le bon camp.

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Eiris Sachi

Eiris Sachi

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MessageSujet: Re: [Abandonné]Les crocs des loups [PV: Eiris] [Abandonné]Les crocs des loups [PV: Eiris] EmptySam 24 Sep 2016 - 5:53



Les crocs des loups

Eiris Sachi & Arno Morlusenn


Il est vrai que je serais presque curieuse d’en entendre un peu plus sur ce que l’on peut penser de moi, même au sein de la conglomération. Après tout je n’ai atteint un poste que peu de personnes pensaient voir naître au sein de notre groupe qu’en très peu de temps.  Ai-je réellement accompli quoi que ce soit de si valorisant pour mériter cette place, si ce n’est un acharnement total à quelques principes et idées que beaucoup aujourd’hui ne verraient que comme démodées ? Ma propre façon de penser et d’agir peux facilement s’éclipser de celle des autres et beaucoup diraient que je suis un nid à contradiction à moi seule et… cerise sur le gâteau, je ne pourrais pas le nier, bien au contraire. Le simple fait de m’être vue rejoindre un groupe consiste en soi à accepter que je ne peux rien accomplir seule mais il s’avère, qu’aujourd’hui même je continue de lutter seule pour mon propre rêve. Quoi que je suis bien heureuse d’avoir pu atteindre cette position, sans elle, aucun de mes projet ne pourrait se mettre en place aussi vite et les quelques plans qui sont déjà en cours de lancement ne seraient encore qu’une idée, tournant encore et encore dans mon esprit. Je peux sentir que chaque jour je m’approche peu à peu du but que je chéris, de l’accomplissement de ce rêve et pourtant…. Il reste tant à faire. Pourtant, il ne subsiste aucun secret, afin d’accomplir quelque chose de grand, il faut commencer par construire des bases solides et c’est bel et bien ce que je fais en ce moment même en me jetant à la poursuite d’un être comme « Kragen Bloodfall », être autoproclamé surpuissant et se considérant visiblement comme le « grand tyran ». Tyran mon cul, oui.

Le jeune homme est donc là, en face de moi. Bien entendu, il comprend rapidement le geste que je cherche à témoigner en plaçant ma main là ou elle est et il fait montre d’un calme certain tout en se présentant. D’ailleurs, à garder ainsi son calme devant une personne couverte de sang (tout en remarquant qu’il ne s’agit pas du sien) doit irrémédiablement déjà savoir qu’il n’as rien à craindre de celle qui se trouve en face de lui. Au vu de ses dires et de ses gestes, je peux aisément en ajuster le sens et le ranger dans la logique même : Il ne semble pas mentir. C’est pourtant dans ce genre de moment là que je me maudis de tant détester tout l’aspect « gestion » d’un groupe et que bien que je puise posséder une mémoire assez intéressante, afin de l’exploiter, il aurait peut être mieux valu que j’accorde plus d’importance aux dossiers et aux notes que me transmet de temps à autre. En tout cas, il semble habitué aux négociations. C’est l’impression qu’il me laisse car il semble tout à fait capable de cibler les mots « prioritaire » et les envoyer d’un bloc concis et parfaitement compréhensible. Ceci dit, bien que la franchise puisse être une arme, il peut exister la possibilité que même les murs les plus sûrs puissent avoir des oreilles. Dans cette mesure, il est sans doute bien moins méfiant que moi, ou assez débutant dans les missions suicide. Cette pensée et le voir témoigner d’une méfiance bien plus dissimulée l’instant d’après m’arrache un sourire fin et sans doute bien moins dissimulé. Je finis alors par réellement dégager la « tenue » qui me camouflait encore partiellement, lâchant lentement la garde de mon sabre alors que je prends parole. Après tout, même pour un mage d’un grand niveau, il n’est pas aisé de se trimballer avec une marque de guilde sans au préalable s’être débarrassé de la dite guilde et je pense que d’une façon ou d’une autre, j’en aurais été informée. De plus, son nom ne m’est pas forcément totalement inconnu et si je n’en suis pas venue en l’entendant à tirer ma lame, c’est qu’il ne doit pas être un ennemi direct ou en tout cas, pas forcément une menace imminente.

-Effectivement, dire que je suis ravie d’apprendre que l’on m’a collé un maton serait un mensonge, mais je ne peux pas non plus les en blâmer. Tu me diras qui t’as transmis l’information et la demande, je m’occuperais… personnellement de remercier cette personne pour sa « prévenance ».

J’affiche toujours un simple et fin sourire. Malgré la tournure virant à la menace, il s’agit de façon très visible et ce surtout par mon propre ton, d’une tentative visant à lui faire comprendre que j’ai compris le message et que, ma foi, pour l’instant, je n’ai aucune raison de ne pas l’écouter. Quoi que je choisisse de toute façon, je resterais sur mes gardes, prête à trancher, alors autant prendre le temps de l’écouter et de voir si, oui ou non, le gaillard est digne de confiance. La mission ne commence que demain soir. Je me dirige alors vers la seule et unique porte se trouvant dans la pièce (outre que la sortie, bien évidemment) et je prends soin d’accéder au lavabo, laissant uniquement la porte entre-ouverte, non pas comme une invitation quelconque, mais simplement pour me faire entendre. Le lavabo se trouvant hors de vue de l’entrebâillement laissé, bien entendu.

-Et bien, Arno, et si tu commençais par me dire qui tu es, exactement et bien entendu, pourquoi tu as décidé de nous rejoindre. Est-ce de l’héroïsme ou tu penses simplement t’être trouvé un petit coin bien douillet avec quelques sorties éducatives un peu mouvementées pour te préparer une retraite anticipée ?

Bien entendu, mon fin pic est légèrement volontaire. Mon ton témoigne clairement d’une simple taquinerie, sans doutes comme le fin sourire qui l’accompagne (bien que dans le cas présent invisible, vu que je suis dans la pièce d’à côté à me débarbouiller un peu car oui, après tout, je gage qu’il est peu plaisant de parler à quelqu’un qui à visiblement cuisiné un peu de viande rouge avant d’arriver). Je prends donc le temps de prendre en considération ses réponses et possibles questions, laissant un temps pour finir ma tâche. Je ne suis pas non plus entièrement couverte de sang bien frais, hein. Simplement de quelques giclures bien tâchantes et dans cette mesure, je ne vais pas non plus prendre trois heures à me débarbouiller, je n’ajoute donc rien le temps de finir puis, d’une façon parfaitement naturelle, je sors de la dite pièce avant de m’installer sur le lit. Celui-ci, miteux à souhait, m’accueille d’un grincement peu chaleureux alors que je l’invite à prendre place sur la chaise que j’aurais au préalable placée face à moi. Assez près pour pouvoir mesurer chacun de ses mots. Qu’ils soient sonores ou non, mais assez loin pour bien faire comprendre qu’il n’est pas non plus lavé de tous soupçons. Vous me direz, personne ne l’est jamais réellement et je n’ai pas eu l’occasion d’offrir aveuglément ma confiance depuis la mort de mon propre père. C’est d’ailleurs un sujet qui me revient redondant. Bien entendu, quelques personnes sont déjà venues me voir afin de me proposer d’entrer dans mon « groupe ». Un groupe ? On se croirait tout droit sorti d’une cour d’école ! Les choses sont bien moins simples et surtout, bien plus drôles que de résumer cela à un simple mot. A mon sens, en tout cas. Je n’ai pas vraiment pris le temps de me concerter avec mes confrères sur l’utilité directe (ou non) de ces groupes. Sans doute est-ce là un moyen de s’assurer une protection et une main sur les membres que l’on juge les plus intéressants. Il est vrai que je ne vois aucun mal à vouloir garder main mise sur des personnes pouvant vraiment s’avérer intéressantes et utiles. Mais je pense que pour y accepter quelqu’un, et ce, surtout quand on à en tête des plans aussi foireux que les miens, on à une certaine obligation à prendre sous son aile quelqu’un qui peux réellement avoir une chance de survie.

Une chance de survie. C’est assez drôle d’employer une telle tournure, je trouve. Tout le monde possède « une chance de survie » et celle-ci, beaucoup ont appris à essayer de la définir au travers de plusieurs stratagèmes plus ou moins… logiques ou intéressants. Même la foi, la croyance… toutes ces choses aussi essentielles à la vie elle-même sont utilisées pour pigeonner les gens. Je ne prendrais qu’un exemple : Ceux qui pensent pouvoir lire dans le creux de la main, au travers d’une ligne dessinée par… Allez savoir qui, le temps qu’il reste à vivre et même si on finira riche ! Comment voulez vous honnêtement que je puisse croire en de telles conneries ? J’ai vu des hommes « faibles » terrasser des « forts » et des « puissants » reconnaitre leur soumission à des êtres qu’ils disaient « insignifiants » à des concepts qui, loin de toute réalité tangible, n’ont finalement accompli qu’une chose : Leur donner de faux espoirs. Je n’ai qu’un seule exemple, qui puisse me venir en tête et qui fera sans aucuns doutes l’unanimité… Et c’est bien l’amour. Qu’est l’amour ? Pour certain, c’est une source de courage et de force et pour d’autre, un gouffre sans intérêt sur lequel on peut marcher, qui est efficace pour voir apparaitre la souffrance sur le visage d’autrui. D’autres ne le verront finalement que comme un simple piège et le fuiront à vue. Cependant, il en est des faits indéniables. Oui, quelqu’un qui à quelque chose de cher à protéger devient plus fort. Oui, il n’est pire souffrance qu’une blessure laissée par un sentiment si fort. Cela veut-il dire qu’il faut fuir l’amour pour ne pas souffrir ou qu’il faut le trouver pour devenir assez fort pour protéger ce qui peut réellement compter à nos yeux ? Le simple fait de se poser cette question est-il utile, ou une perte de temps ? Un peu des deux, je dirais. Dans un sens, je vous fais sans doutes perdre un peu de votre temps, mais j’aime ainsi à partager mes idées, aussi futiles soient-elles.

-Et je finirais sur une question simple, Arno : Quelle est la chose qui t’es la plus précieuse en ce monde ? Que tu aimes le plus et pour laquelle tu serais prêt à donner ta propre vie ?

Face à une telle question, il y à une infinité de possibilités. Cela va de l’élucidation à la franchise, en passant par le mensonge et le fait parfois logique d’en venir à se braquer. Chacune de ses possibilités en apprends bien assez sûr la personne en face de soi. Je ne peux cacher témoigner sans doutes d’un certain amusement. Après tout, je suis une femme simple et je n’ai sans doutes jamais été décrite comme particulièrement inflexible, au contraire, je suis assez joueuse bien qu’un tantinet vindicative dans ma façon de penser. Cependant il existe clairement la possibilité qu'il me prennes pour une simple folle mais cela s’avérerait là encore une information suffisante. Quel plaisir peut-on avoir à jouer avec quelqu'un qui se contente de juger un livre à sa couverture ? Alors... Quel type d’homme es-tu, Arno ? Es-tu une personne franche, du plus profond de ton être ? Vas-tu m’apprendre quelque chose d’assez croustillant et intéressant ? Vas –tu m’offrir une confiance suffisante pour que je puisse me sentir obligée de te la rendre un temps soi peu ? Je reste donc là, un fin sourire au coin des lèvres à attendre qu’il prenne le temps à son tour d’emmagasiner cette nouvelle question, afin que je puisse analyser ses réactions, sa réponse et d’un bloc à nouveau, répondre à toutes les informations que j’aurais pu emmagasiner jusque là. Après tout, la vie est ainsi faite, non ?

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Arno Morlusenn

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MessageSujet: Re: [Abandonné]Les crocs des loups [PV: Eiris] [Abandonné]Les crocs des loups [PV: Eiris] EmptySam 24 Sep 2016 - 21:47





Eiris sembla réfléchir à mes paroles. Un fin sourire traversa son visage. Voilà bien une réaction à laquelle je ne m’attendais pas. La situation n’était ni comique ni joyeuse, et j’affichais moi-même une mine tendue. La mage finit par lâcher doucement la garde de son arme, et enleva sa tenue, révélant des habits maculés de sang. Visiblement, elle ne m’avait pas attendu pour commencer la mission, et n’avait pas lésiné sur les moyens. Son geste m’intriguait. Le fait qu’elle abandonne son sabre laissait penser qu’elle me croyait. Cependant, me révéler sa tenue couverte de sang avait vraisemblablement pour but de m’intimider.

-Effectivement, dire que je suis ravie d’apprendre que l’on m’a collé un maton serait un mensonge, mais je ne peux pas non plus les en blâmer. Tu me diras qui t’as transmis l’information et la demande, je m’occuperais… personnellement de remercier cette personne pour sa « prévenance ».

Eiris affichait maintenant un sourire en demi-teinte qui avait quelque chose d’effrayant. Cette femme n’était pas à prendre à la légère. Je me contentais de hocher la tête sans répondre. La vérité était que j’ignorais qui était à l’origine de la mission. Le seul nom que j’avais à donner était celui de mon ancienne capitaine, qui n’avait fait que me transmettre l’information. Et je la respectais trop pour la donner en pâture aux lions. La bonne nouvelle, c’était que mon interlocutrice avait visiblement accepté mon histoire, et également ma présence. Bon, au moins j’allais pouvoir effectuer cette mission, restait à voir si j’arrivais à travailler avec ma nouvelle coéquipière, qui semblait avoir un caractère bien trempé.

Cette dernière me tourna d’ailleurs le dos, m’ignorant superbement, pour se diriger vers une petite porte donnant sur une salle d’eau plus que vétuste. Elle y pénétra, disparaissant de mon champ de vision, tout en laissant la porte entrebâillée. J’entendis de l’eau couler. La mage avait probablement entrepris de faire sa toilette de manière nonchalante. Etais-je sensé la suivre ? Ou bien attendre ? Eiris semblait s’amuser de la situation, prenant un malin plaisir à me mettre dans l’embarras. Je me passais nerveusement la main dans la nuque.

-Et bien, Arno, et si tu commençais par me dire qui tu es, exactement et bien entendu, pourquoi tu as décidé de nous rejoindre. Est-ce de l’héroïsme ou tu penses simplement t’être trouvé un petit coin bien douillet avec quelques sorties éducatives un peu mouvementées pour te préparer une retraite anticipée ?

Cette petite mise en scène avait donc pour but de préparer un interrogatoire en règle. Je poussais un léger soupir. J’étais peu enclin à raconter ma vie. Je m’étais refermé sur moi-même depuis la mort de Maelan, mon meilleur ami, et je n’aimais pas particulièrement me remémorer mon passé. De plus, parler à une porte n’arrangeait rien. Je savais cependant que je n’y couperais pas. Derrière le ton moqueur de la jeune mage se cachait un ordre, et je me devais d’obéir. C’était assez ironique quand on y pensait. J’avais rejoints le conglomérat du Nord pour étancher ma soif de liberté, et je me retrouvais à servir de laquais pour mes supérieurs hiérarchiques. Cependant je n’y pouvais pas grand-chose. C’était là les règles du jeu pour défendre notre cause, et je ne pouvais rien accomplir tout seul.

Qui j’étais et ce pourquoi je me battais ? Une question on ne peut plus simple, mais la réponse était compliquée. Je décidais d'aller droit au but, le plus professionnellement possible. Je me murais, taisant mes émotions, et commençais mon récit. Bien que le temps ai passé, les pertes que j’avais subis lors de la guerre avaient laissé des plaies à vifs qui refusaient de cicatriser. Je décidais de ne rien cacher. J’avais choisi mon camp, et j’assumais mes choix. C’est d’une voix terne que je répondis.

« Je suis un ancien mage de Wave Stream. Je n’ai jamais été très attaché à cette guilde, mon travail là-bas était comparable à celui d’un mercenaire. Cela mettait du pain dans mon assiette, mais c’était… Comment dire ? Vide, sans but. Quoi que je fasse, le monde ne devenait pas meilleur, et les mêmes problèmes refaisaient surface encore et encore. J’ai fini par en avoir assez. Assez de ce système qui obligeait aux citoyens de payer pour leur propre sécurité, montrant par là même l’incompétence et la corruption du conseil magique. Assez de me battre pour des personnalités royales ayant eu la chance de naitre au bonne endroit. Cependant, à cette époque, la seule alternative à ce système, c’était les mages noires. Et si certains d’entre eux sont étonnamment intègres et respectables, la majorité véhicule une idéologie basé sur la simple puissant, au détriment de tout, que ce soit leur liberté ou leur humanité. J’ai eu assez de déboire avec eux pour les détester.
Je me suis donc retrouvé coincé dans un camp que je n’aimais pas contre un camp que j’aimais encore moins.
Au début de la guerre, je me suis battu pour Opale, tout simplement parce que mes amis s’y trouvaient, et que c’était au moins la une valeur sure que je souhaitais défendre. Ils ont tous péris lors de cette stupide guerre, tout cela pour défendre des valeurs dépassées, obscurantistes. Lorsque j’ai eu vent de la nouvelle faction crée par Rising Wolf, j’y ai vu l’opportunité de me battre pour les valeurs que je crois juste.
Opale et Kusa se contente de catégoriser les gens selon le côté de la frontière où ils vivent, jugeant une personne sur sa simple appartenance à l’une ou l’autre faction. Kusa veut imposer un monde liberticide ou les forts règnent par la terreur. Opale veut restaurer un modèle ancien, dépassé et corrompu, ou la liberté n’est qu’un mot crié à tort et à travers pour calmer le peuple, tandis que son argent est détourné au profit d’une noblesse dépourvu du moindre mérite. Le conglomérat est la seule des trois factions qui se bat pour la liberté, pour un système basé sur le mérite et pour l’abolissement de ces stupides frontières ravageant Fiore. J’ai déserté. Après la bataille de Kaiso, je me suis dirigé vers le Nord.
Et pour répondre à votre question, je n’ai rien d’héroïque. Je me bats pour ce que je crois juste, et je me bats pour gagner. Je me fiche bien de savoir comment. L’honneur est un concept stupide. »


J’avais inconsciemment serré les poings. Je respirais lentement, essayant de calmer cette colère désormais familière, qui avait pris dans mon cœur la place laissée vacante par la mort de mon meilleur ami.

« Je maîtrise une magie me permettant de manipuler la brume. Je peux aveugler un ennemi, ou occulter tout une zone. Je peux y créer des illusions. Je peux également transformer mon propre corps en brume, et me déplacer instantanément dans mon brouillard. J’y ressens également tous les déplacements, et je peux donc y combattre sans la moindre gêne. Vu la nature de ma magie, j’ai été principalement affecté à des missions de contrebande, d’espionnage et, plus rarement, d’assassinat. Si vous avez des questions sur mes capacités, n’hésitez pas.»

Je me taisais, laissant flotter un silence que je trouvais pesant. Eiris cessa enfin d’ôter le sang recouvrant son visage et ses mains, et sortie de la petite pièce pour s’assoir sur le lit. Elle me fit alors signe de m’installer sur une petite chaise en paille, à une distance plus éloignée que nécessaire. Je ne discutais pas. La jeune femme semblait avoir sa manière de faire les choses, et protester ne ferait que la rendre méfiante. Nous allions risquer nos vies lors de cette mission, gagner sa confiance était donc indispensable. Je m’assis donc, non sans éprouver une fois de plus le poids du délicieux ragoût de lapin que j’avais dévoré plus tôt. Il y aurait probablement des restes. L’idée d’en remanger demain midi me fit sourire. Reprenant conscience de ma situation, j’effaçais ma mine joyeuse tout en maudissant ma gourmandise.

-Et je finirais sur une question simple, Arno : Quelle est la chose qui t’es la plus précieuse en ce monde ? Que tu aimes le plus et pour laquelle tu serais prêt à donner ta propre vie ?

La question me prit au dépourvu. La plupart des gens savent comment répondre à cette question. On donne sa vie pour sa famille, pour ses amis, ou encore pour son foyer. Je n’avais plus rien de tout cela. Il ne me restait que mes convictions... et ma colère. Quelque chose de précieux ? Je réalisais soudain à quel point ma vie était vide depuis mon arrivée au conglomérat. Ma mine s’assombrit, et c’est d’une voix dépourvu de toute joie que je répondis.

-Il y a quelques mois encore, je vous aurais répondu que j’aurais donné ma vie pour mon meilleur ami. Mais c’est lui qui a donné sa vie pour moi… De ma famille, il ne me reste que mes parents, qui vivent à Opale, et avec qui je suis en froid. La seule chose qui me pousse à avancer, c’est ma colère face à l’injustice dont les miens ont été frappés, et ce désir de liberté qui m’a fait rejoindre le conglomérat. C’est la une cause pour laquelle je peux me battre, et risquer ma vie. Quant à la donner… non. Mourir c’est facile, on n’a pas besoin de raison pour cela. Pas besoin d’une grande cause ou d’un être à défendre. Un moment d’inattention et un peu de malchance suffisent. Mourir pour une cause, c’est facile. C’est vivre pour elle qui est difficile.


J’en avais trop dit. Je cherchais à retrouver une expression neutre sur mon visage, qui s’était légèrement brouillé de larmes. Quelque chose qui masque les plaies béantes qui lacéraient mon âme. Je n’étais pas un cas particulier. On avait tous beaucoup perdu dans cette guerre. Diable, cet auto-apitoiement était ridicule, et je m’étais laissé aller en publique. Je retrouvais péniblement une contenance. J’avais une mission à accomplir. Je n’avais pas le temps pour ces pitoyables états d’âmes. Je n’en revenais pas de m’être ainsi confier à une parfaite inconnue.

-Oubliez cela s’il vous plait. Je suis déterminé et sérieux dans mon travail si c’est ce que vous voulez savoir. Je ne reculerais pas, quel que soit le danger de la mission. Puis-je savoir si vous avez réussi à localiser la cible ? Avez-vous déjà un plan pour l’éliminer ? Au vue du sang maculant votre tunique je suppose que vous ne vous êtes pas tourné les pouces.


Je détournais volontairement la conversation, préférant l’éloigner d’un sujet encore trop sensible. J’aurais aimé l’interroger sur son parcours et ses propres motivations, et comparer nos expériences, mais cela aurait été déplacé de ma part de la questionner. Je restais donc là, sur une chaise inconfortable, à attendre la réaction de cette étrange personne avec qui j’avais la première vraie conversation depuis des semaines. Dire que j’étais troublé était un euphémisme, mais je n’y pouvais pas grand-chose. Je devais continuer ma mission. Avancer, un pas après l’autre. Tuer Kragen Bloodfall. Venger la mort de Maelan, en éliminant les mages noires de Kusa, qui l’avaient assassiné, et les incapables d'Opale, qui l’avait envoyé à la mort pour défendre une cause stupide. Et faire tomber une fois pour toutes ces absurdes frontières qui me séparait désormais de mon village natal.


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Eiris Sachi

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MessageSujet: Re: [Abandonné]Les crocs des loups [PV: Eiris] [Abandonné]Les crocs des loups [PV: Eiris] EmptyLun 26 Sep 2016 - 6:20



Les crocs des loups

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Bien entendu, j’écoute ses mots avec un certain intérêt. Après tout, il semble m’accorder la faveur de répondre franchement et sur ce point je dois avouer me présenter comme surprise. On peut dire beaucoup de choses des membres de notre organisation, chacun d’eux est finalement assez semblable et réponds à certains critères pré-requis. Mr tout le monde, heureux et en bonne santé, qui n’as jamais rien perdu dans sa vie n’as foncièrement aucune raison de venir frapper à notre porte, si ce n’est pour nous demander de protéger sa famille. Aucun membre ne peut se voir accepter une mission d’assassinat sans craindre de faire couler le sang ou sans l’avoir déjà vu trop couler. Quelle est la notion du trop ? C’est là une question intéressante car oui, nous possédons tous nos propres cicatrices, qu’on le veuille ou non. Cependant, même si deux être subissent une même blessure, les chances de les voir la subir de la même façon sont extrêmement minces, si ce n’est totalement nul.  De ce fait, deux personnes ayant eu un parcours similaires seront totalement différentes et de ce fait, personne n’est vraiment à même de pouvoir comprendre la souffrance d’un autre. Pourtant, on peut l’appréhender et l’assimiler à notre façon, qui, elle, sera consciente de la difficulté des faits et à même d’espérer apaiser cette souffrance. On entend souvent les gens en réconforter d’autres par des mots simples. Si simples qu’ils en viennent souvent à perdre leur sens. « Courage, tu verras, ça va s’arranger », « sois fort(e) ! », « tu peux le faire »… Certes. Mais la question n’est pas de savoir si l’on peut accomplir quelque chose mais si nous sommes prêts à le faire. Mon expérience m’a appris qu’à trop vouloir forcer la main à quelqu’un en voulant l’aider, on ne le pousse que bien trop souvent à briser ses propres ailes et il en va de soit qu’à trop vouloir se forcer la main, on finit par tomber de bien trop haut.

Il s’agit donc d’un ancien de Wave Stream, hein ? Je peux comprendre qu’il ai trouvé cette vie vide et sans but. Les guildes officielles ne passaient leur temps qu’à remplir des contrats tout en s’auto-satisfaisant de leur propre place dans un classement. Bien entendu, ils ne sont pas foncièrement mauvais, bien au contraire, ce n’est pas entièrement de leur faute si le système qui les régissaient était loin d’être parfait et assez bon manipulateur pour qu’ils aient pu s’y complaire. De plus, il n’a pas eu besoin de moi pour lui vendre de bons arguments et à de lui-même trouvé quelques bons défauts sous la cuirasse. Il me semble faire la part des choses de façons rationnelles et se montrer assez loyal pour encaisser en serrant les dents. Jusque là, rien ne pousse à douter du fait qu’il soit un bon élément, bien au contraire. De plus, il semble arriver à se contenir et à se montrer droit malgré mes propres piques. A ce fait, je ne vois que deux solutions : Soit il est assez intelligent pour savoir que satisfaire les caprices d’une femme et le meilleur moyen de se faire apprécier d’elle, soit il n’as rien compris aux principes même de notre organisation. Dans les deux cas, je me ferais un plaisir sous peu d’éclairer sa lanterne ! Après une fine pause et avoir pris le temps d’apaiser son cœur, il n’hésite pas à me témoigner de l’étendue de sa magie, qui, effectivement je ne peux le nier se montrera sans doutes d’une utilité et d’une efficacité indéniable.

Tout ce que je peux dire pour boucler sa première longue réponse, c’est que ses mots sont justes, et que ses tournures offrent un sens, semblent… réels. Il m’a répondu (visiblement) de façon honnête et m’as offert assez de matière pour que je puisse le cerner cependant oui, c’est maintenant que les choses sérieuses commencent. Il à probablement du se rendre compte que ma dernière question n’était en rien le fruit du hasard ou même simplement un petit caprice. Y’a de ça, oui, je ne le nierais pas, mais comme je l’ai dit, nos membres répondent pour la plupart à certains critères et ce n’est qu’en les interrogeant sur ces dits critères que l’on peut réellement être à même de les jauger. Qu’il s’agisse de ses mots ou des réactions de son propre corps, de ses yeux, de son être… Je n’ai manqué de rien. La première chose que l’on remarque, quand quelqu’un commence à se perdre, c’est son regard. Sans devenir forcément fuyant, il change radicalement et cela en se rendant dans plusieurs directions. Qu’il s’endurcisse ou se radoucisse, il n’y à pas vraiment de secrets, on le ressent. J’ai par le passé offert la peur à assez de mes adversaires pour avoir appris à le remarquer. Dans le cas présent, ce n’est pas de la peur. Tant sa voix avant sa première tirade était apparue comme terne, tant son regard m’en dit long, tant sans même avoir besoin d’ouvrir sa bouche, il me témoigne de ce flot immense qui parcourt son cœur. Il m’apprend alors ce qui le pèse et me dévoile ce qui le ronge et par-dessus tout, il me montre une image qui, parmi bon nombre de toutes celles que j’ai pu voir, se hisse parmi les plus belles. Oui, il est simple de mourir pour sa cause et oui, oh grand oui, un mort ne peut rien accomplir. La mort est un aboutissement et non un commencement. Ces mots m’arrachent un nouveau sourire, celui-ci se dévoilant sans mal satisfait. Il est clair que je ne me moque en rien de lui mais bien au contraire que ses mots m’ont tout simplement convaincue. Il en vient ensuite à proposer un changement de sujet, s’avançant avec des mots qui me sont inutiles. Après tout cela, je n’ai plus besoin de les entendre, Si il m’a dit vrai, et un corps ne ment pas, il ne peut qu’être entièrement dévoué à sa cause, comme un amas de chair que l’on jette sciemment dans les flammes de l’enfer. Sans perdre mon propre sourire, je décide d’éluder sa dernière question.


-Sait-tu, Arno, ce qui m’a plu, ce qui m’a poussée à rejoindre cette organisation ? A la base, quand je suis arrivée, il n’y avait aucun leader. Le fondateur n’en avait que le titre et n’avait que tout juste une petite voix décisionnaire. Quand la guerre est arrivée, la politique à changé et je me suis hissée au rang que j’occupe aujourd’hui. Non pas pour commander aux hommes, car finalement, nos voix ne sont que là pour trancher et offrir une direction, permettre d’atteindre un but dans ces temps troublés, non… ce qui m’as plu, c’est cette liberté que l’on vous offre, à vous, ce que tu pourrais appeler des « membres ». Mes questions n’étaient que tel, il ne s’agissait pas d’ordre ou d’obligation et dans la mesure ou tu m’as toi-même répondu franchement, je vais te rendre la pareille.

Mon fin sourire ne s’efface en rien alors que j’envoie une main sous le lit, en tirant un sac de voyage. Je l’ouvre donc, sortant un contenant transparent duquel on peut clairement remarquer un liquide rougeâtre. Je me redresse ensuite pour attraper un godet que je remplis, le lui tendant. Tant mes mots n’étaient en rien des ordres, tant mon geste est assez clair pour lui faire comprendre que je ne tolèrerais aucun refus. Mais je pense qu’après ces mots, il à compris que je ne l’impose pas en tant que chef, mais en tant qu’hôte dans cette même pièce ou nous nous trouvons. Après avoir entamé le liquide à même le contenant et poussé un fin soupir satisfait, je reprends donc la parole.

-Alors que j’étais encore qu’une gamine, des membres d’une guilde noire ont débarqué aux portes de ma famille et on en toute conscience demandé à mon père de se déshonorer. Je l’ai vu payer son refus de sa vie alors qu’ils m’ont capturée pour me faire bosser. Ce n’était rien de plus que de l’esclavagisme. Il ne m’a pas fallu longtemps pour placer mes espoirs en quelque chose d’incertain et d’en constater la futilité. Personne ne se souvenait de la gosse que j’étais et personne n’avait envie de risquer sa vie pour moi. La suite m’est donc apparue comme de l’eau de roche, tant elle fut claire. Je n’avais devant moi que deux solutions : Vivre ou mourir. Les faits étaient simples et mes chances presque nulles. Ils étaient si forts et nombreux pour faire face à une jeune fille affaiblie et déjà si pathétique. L’honneur ? Le simple fait de s’arrêter pour relever un vieillard m’aurait condamné. J’ai compris que je devrais prendre sur moi et accepter les faits tels qu’ils étaient. Que je devrais tuer ou être tuée.  J’ai donc choisi la voie du sang et c’est alors que j’ai redoublé d’efforts au travail et ces efforts ont bien entendu fini par payer. Je suis donc parvenue à tuer leur chef et à m’enfuir. Gravement blessée, j’ai été ramassée et c’est là toute l’ironie de la chose par des membres d’une guilde officielle qui avaient vraisemblablement finis par trouver l’endroit ou nous étions retenus. Alors j’ai compris. J’ai compris que ce monde n'est qu'une blague immense. Le seul souci, c'est qu'elle en est venue à perdre sa saveur et, vide de toute saveur, l’on ne peut que perdre l’intérêt d’y partager des choses. Alors j’ai dévoué ma vie à ma propre cause, à mon propre but : Redonner un peu de saveur à ce monde désolé.

Au fil de mes mots, mon sourire se perd peu à peu alors que je semble parfaitement devenir sérieuse. Je reprends alors une bonne gorgée, une bonne grosse gorgée de cet alcool certes puissant, mais tout de même très bon. Il ne fait aucun secret que ma tenue de l’alcool est certaine.

-Je me suis donc attelée à la tâche, acceptant divers contrats, ne lésinant aucune tâche. J’ai protégé des gens, aidé d’autres et même tué certains, sans me demander si ce que j’ai accompli était bon ou non car au fond de moi, j’étais déjà persuadée d’accomplir ce qui était juste. Tout ce que je peux dire, c’est que cela n’as jamais été vain car dans les remerciements que l’on m’offrait en retour, je trouvais un paiement bien amplement suffisant à mes actes. L’argent que je recevais lors de mes contrats ne servait qu’à aider quelqu’un d’autre et c’est ainsi que j’en suis venue à le découvrir. A découvrir qu’heureusement, il existe encore dans ce monde quelques petites choses, des détails parfois infimes mais si importants qu'ils en viennent à redonner une saveur prenante, poignante. Puis la guerre est arrivée et à ravagée à nouveau un monde qui peu à peu, semblait reprendre un peu de couleur. Bien sûr, la perfection n’existe pas et elle n’a jamais existé. On ne pourra jamais peindre un tableau en blanc car cela sous entendrait le laisser tel qu’il est et j’ai appris à mes dépends quelque chose de simple : Fuir n’apporte que la défaite.

Nouvelle pause, nouvelle gorgée, plus fine, mes lèvres transcrivent à nouveau d’un fin sourire, comme si je venais de saisir quelque chose. Je parle d’instinct, ma franchise ne fait aucuns doutes et mes mots sont aussi simples que brutaux, comme si je portais un coup avec mon sabre. L’on est en droit de se demander si je suit une quelconque structure ou si je parles pour parler tant je sembles simplement… Dedans.

-Je me suis alors jetée dans la mêlée. Et je suis tombée sur notre organisation, qui aspirait à plus, qui aspirait à mieux ou en tout cas, qui était prête à en accepter l’idée et j’ai tenté le coup, afin de la pousser dans la direction actuelle. Bien sûr pour ce faire je n’étais pas seule mais cela m’as offert la chance de pouvoir tenter plus, de pouvoir me battre plus efficacement. Ma présence en ce jour, ici même, n’en est que la preuve tangible et bien que le danger est réel, bien que les chances de réussites sont on ne peut plus basses, je suis prête à combattre et à verser mon sang, à verser mon sang à en crever si ça peux me permettre de remplir les termes de ce contrat que j’ai lié à mon être entier. Finalement, tu dois te demander pour quelle raison je te sort un tel discourt, pourquoi je te parles ainsi de moi, hein ?

Un fin sourire transcende à nouveau mes lèvres, illumine à nouveau mon visage, comme pour annoncer que oui, effectivement, j’en arrive à la finalité de ma pensée, que j’ai enfin fini d’amorcer ce que l’on pourrait nommer un coup de grâce.

-Je n’oublierais pas. Jamais. Tes mots, je les ai écoutés, tes sentiments, je les ai entendus. Si tu as perdu ta famille, trouve en une nouvelle. Ici, tu auras tout le loisir de choisir qui suivre, qui respecter, qui apprécier, quelles valeurs tu souhaites embrasser. Toutes ces choses sont à portées de tes mains et ta colère… Ta haine que tu n’es pas parvenu à dissimuler, sache bien, retiens bien qu’à chacun pour nos raisons, nous la partageons. Pour ma part, je ne perdrais pas mon but de vue. Aussi faible que je puisse être, j’ai choisi de ramener un peu de saveur à ce monde et je m’y tiendrais, même si je dois finir seule, rampante et agonisante dans un coin, je me relèverais pour mener ce but à terme,  pour pouvoir avoir la satisfaction de me dire « tu l’as fait, conasse ». Je ne demande rien de plus et je sais que quoi que je parvienne à accomplir, je me suis déjà bien trop sali les mains pour être saluée et de toute façon… Ça ne m’intéresse même pas. Ici, nous nous sommes tous rassemblés pour apporter quelque chose, pour casser quelque chose… peu importe finalement. On prend tous assez de coups sans avoir besoin de regarder ceux des autres. On est là pour avancer, pour construire et pour ramener à ce monde ce qu’il à perdu : la certitude de pouvoir voir naître et grandir ceux que l’on aime dans la paix la plus totale.

Finalement, je reprends une nouvelle gorgée de cette liqueur aux fruits rouge maison. Sur la langue, son goût est parfaitement prononcé bien qu’il ne fait aucun doutes que sa puissance est fourbe, qu’au moment de se redresser, elle offrira à quiconque à eu le courage d’en avaler quelques gorgées le droit de se rasseoir, le temps d’encaisser la brutalité de cette rencontre liquide-gosier.

-Ce n’est pas de la faiblesse que j’ai trouvé dans tes mots, je ne vois aucune raison pour laquelle je devrais les oublier, pour laquelle je devrais passer à autre chose et pour laquelle tu devrais taire cette voix qui est venue jusqu’à se montrer si franche en face de moi, une inconnue curieuse.

C’est donc là, sur ces mots, que je finis ma tirade, mon sourire demeurant, il semble que cela fait un moment que je n’ai pas pu parler ainsi. J’ai senti quelque chose chez lui et il ne fait aucun doutes que je serais vite fixée quand à savoir si je me suis trompée ou non. Quelque part, il est comme moi. Cette haine, je l’ai traversée et je la traverse encore à chaque fois que je suis poussée à tirer mon sabre. Cette haine, qui nous ronge et nous pousse à nous renforcer, à devenirs plus forts encore. Il s’avère cependant que la force seule ne suffise pas et sans doute au travers d’une maladresse certaine, c’est cette notion que j’ai cherché à lui inculquer. En tout cas, j’ose espérer qu’il à bien remarqué que je ne le prenais pas de haut mais qu’au contraire, je n’ai fait que lui ouvrir les bras, que lui céder qu’il peut enfin s’apaiser pour chercher à construire, pour chercher à ne pas succomber à cette haine qui traîne souvent derrière elle une folie certaine. Vous me direz, sans doute suis-je celle qu’il est en train de prendre pour une folle. Sans doutes même est-ce ce que je suis. Je ne pourrais probablement pas le nier moi-même. Mais ma plus grande qualité reste sans aucuns doutes d’être une folle déterminée.

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Arno Morlusenn

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MessageSujet: Re: [Abandonné]Les crocs des loups [PV: Eiris] [Abandonné]Les crocs des loups [PV: Eiris] EmptyLun 26 Sep 2016 - 18:07






Loin de mordre à l’hameçon, la jeune femme ignora superbement mes questions. La rhétorique n’étant pas, loin s’en faut, mon point fort, j’avais l’impression de perdre tout contrôle sur cette conversation. Cela ne plaisait pas. Elle m’obligeait volontairement à sortir de cette zone de confort que j’avais si difficilement battis, me laissant revivre des émotions aussi intenses que douloureuses, et que j’avais jusque-là préféré occulter. Arborant toujours ce mystérieux sourire dont j’ignorais le sens sur ses lèvres, elle entreprit elle-même de répondre à la question que je n’avais osé poser. Elle semblait lire en moi comme dans un livre ouvert. Certes, j’avais toujours été assez mauvais pour dissimuler mes intentions, mais étais-je à ce point prévisible ? Où bien avais-je simplement en face de moi une personne particulièrement observatrice ? Je mettais ces questions de côté, préférant écouter Eiris m’expliquer la source de ses motivations.

Comme la plupart des gens ayant rejoint le conglomérat, c’est l’envie de liberté qui avait guidé sa décision. Pour elle, il n’y avait à Rising Wolf pas de hiérarchie aussi tranchée qu’ailleurs, et chaque personne était libre de suivre ses propres convictions. Elle m’affirmait également que ses questions n’étaient en rien des ordres. J’étais heureux qu’elle le considère ainsi, et qu’elle ne fut pas l’un de ces dirigeants ivres de pouvoir qui attendaient de leurs sujets une obéissance totale. Je commençais à la respecter. Bien qu’elle s’en défende, ses questions restaient des ordres. Ne pas répondre franchement, c’était compromettre la réussite de la mission que l’on m’avait confié, et donc nuire au conglomérat de manière général. Oui, répondre était la seule option que je pouvais envisager. Mais si j’acceptais d’obéir à ces ordres, c’était par choix, parce que j’avais choisi ce camp, et que j’en respectais les valeurs tout comme les dirigeants. Je n’étais d’une loyauté aveugle, et je n’obéissais pas à un ordre allant à l’encontre de mes principes. Si un tel ordre m’était donné, cela signifiait que mon camp n’était plus le bon, si bon camp il existait. Ainsi, j’étais à mon sens obligé de répondre à ses questions pour garder ma place au conglomérat. Mais je n’en restais pas moins libre, puisqu'il m’était possible de déserter à tout moment si j’en éprouvais le désir. La relation hiérarchique qui nous liait n’était qu’un contrat, qui durait temps que les deux parties étaient d’accord. Une telle organisation était indispensable pour pouvoir construire un mouvement structuré, capable d’accomplir quelque chose. Ce n’était pas un modèle parfait, mais cela fonctionnait.

Eiris sorti une bouteille d’un sac ranger sous son lit, et versa son contenu, un breuvage rouge dégageant une forte odeur d’alcool, dans un godet qu’elle me tendit. J’y vis là le signe que toute méfiance à mon égard avait disparu. J’acceptais donc bien volontiers le remontant, qui marquait semblait-il une amitié naissante. Ayant bus déjà quelques infâmes bières avant de monter, je risquais de finir dans un sacré état mais peu m’importait. Elle prit elle-même une longue gorgée de l’étrange nectar à même la bouteille, avant de reprendre la parole.

J’avalais un peu du liquide, me désinfectant violemment le gosier, tout en écoutant son récit. J’appris ainsi son enfance d’esclave, son parcours psychologique au cours de cette épreuve, la réalisation que personne ne venait la sauver, et qu’elle devait s’en sortir toute seule. J’étais étonné par les similitudes entre son histoire et la mienne. Nous nous ressemblions finalement beaucoup. J’avais moi-même suivis ce raisonnement des années plus tôt, pour en arriver aux mêmes conclusions. Seule la fin de son récit divergeait du mien. Son monde lui avait semblé vide à sa libération. Elle s’était retrouvée seule et abandonnée, alors que j’avais pu rejoindre ma famille, et que j’avais rencontré mon maintenant défunt ami. Je ne connaissais que trop bien la douleur liée à la solitude, et ne pus qu’imaginer les horreurs qu’elle avait dû traverser. Son sourire quitta d’ailleurs pour la première fois son visage depuis le début de notre conversation. Des scènes macabres se rejouaient sans nul doute derrière ses yeux tandis qu’elle se remémorait son passé.

Eiris reprit une pleine gorgée de son breuvage, comme pour y tirer un peu de courage avant de reprendre son récit.

Ainsi, elle me conta ses débuts en tant que mage, et comment elle avait petit à petit repris goût à la vie. Je l’écoutais avec intérêt tout en sirotant la mixture se trouvant dans mon verre. L’alcool commençait sérieusement à me faire tourner la tête, mais je n’avais pas le cœur à être raisonnable. J’appris ainsi que comme tout le monde, la guerre l’avait frappé durement. Que son petit monde joyeux qu’elle avait tant peiné à construire s’était à nouveau effondré, l’enferment à nouveau dans une spirale de malheurs. Elle se réconforta en disant que le monde parfait n’existait pas, et que tout ne pouvait pas être joyeux. C’était là un constat on ne peut plus vrai, après tout il fallait bien qu’il y ai des moments de malheur et de douleur pour pouvoir identifier le concept de joie, ce dernier ne pouvant exister sans son contraire. Néanmoins ces mots pourtant logiques sonnaient bien creux, et ne faisait que souligner la peine qu’elle avait dû ressentir.

La suite de son histoire était somme toute assez banale. Elle s’était décidé à agir et à cesser de fuir, et avait rejoint Rising Wolf pour se battre. Son sourire revint lors de cette partie du récit, tandis qu’elle continuait de vider sa bouteille d’alcool à une vitesse fort respectable. A cette vitesse, nous allions tous les deux finir complément saoul. Cette femme avait une véritable force de caractère, et j’en pris toute l’ampleur lorsqu’elle entreprit de me décrire ce qui ressemblait à une quête personnelle, une sorte de désir de changer le monde pour laquelle elle était prête à tout. Les mots semblaient couler naturellement de sa bouche de manière assez désordonnés, laissant transparaître une détermination sans faille, accompagnée d’une colère vive et implacable. Eiris sembla soudain retrouver le contrôle de ses émotions.

Elle me regarda avec un fin sourire, m’informant qu’elle allait me révéler les raisons pour lesquelles elle m’avait fait ce long discours. Telle une oratrice chevronnée arrivant, au terme d’un long développement, à la finalité enflammée de son discours, elle jubilait.

-Je n’oublierais pas. Jamais. Tes mots, je les ai écoutés, tes sentiments, je les ai entendus. Si tu as perdu ta famille, trouve en une nouvelle. Ici, tu auras tout le loisir de choisir qui suivre, qui respecter, qui apprécier, quelles valeurs tu souhaites embrasser. Toutes ces choses sont à portées de tes mains et ta colère… Ta haine que tu n’es pas parvenu à dissimuler, sache bien, retiens bien qu’à chacun pour nos raisons, nous la partageons. Pour ma part, je ne perdrais pas mon but de vue. Aussi faible que je puisse être, j’ai choisi de ramener un peu de saveur à ce monde et je m’y tiendrais, même si je dois finir seule, rampante et agonisante dans un coin, je me relèverais pour mener ce but à terme, pour pouvoir avoir la satisfaction de me dire « tu l’as fait, conasse ». Je ne demande rien de plus et je sais que quoi que je parvienne à accomplir, je me suis déjà bien trop sali les mains pour être saluée et de toute façon… Ça ne m’intéresse même pas. Ici, nous nous sommes tous rassemblés pour apporter quelque chose, pour casser quelque chose… peu importe finalement. On prend tous assez de coups sans avoir besoin de regarder ceux des autres. On est là pour avancer, pour construire et pour ramener à ce monde ce qu’il à perdu : la certitude de pouvoir voir naître et grandir ceux que l’on aime dans la paix la plus totale.

Ces mots trouvèrent un écho en moi. Je comprenais maintenant que si Eiris me cernait si bien. Si ses mots touchaient justes, c’est parce que nos expériences étaient comparables. Elle avait visiblement traversé ce que je vivais maintenant, et faisait montre d’une empathie qui me toucha beaucoup. Mais plus que des paroles de réconfort, le message qu’elle m’adressait m’appelait à reconstruire ce que j’avais perdu. A sortir de cette morosité permanente dans laquelle je m’étais enfermé, pour créer quelque chose de nouveau. Pour moi, et pas seulement pour les autres. J’esquissais un sourire timide tandis qu’Eiris buvait une énième gorgée de son agressif breuvage. Peut-être pourrais-je retrouver le bonheur un jour, moi aussi.

-Ce n’est pas de la faiblesse que j’ai trouvé dans tes mots, je ne vois aucune raison pour laquelle je devrais les oublier, pour laquelle je devrais passer à autre chose et pour laquelle tu devrais taire cette voix qui est venue jusqu’à se montrer si franche en face de moi, une inconnue curieuse.

J’avalais une bonne partie du breuvage qu’il me restait, me brûlant copieusement le gosier avant de répondre. Je ne parvins pas à structurer ma pensée, mon état émotionnel couplé à l’ébriété m’empêchant d’être cohérent. Je décidais que cela n’avait pas d’importance, et laissais les mots venir spontanément. Au moins, ma réponse serait franche, à défaut d’être harmonieuse.

-Merci. J’avais besoin d’entendre ces mots, je pense… Je… Je vais essayer. Reconstruire ce que j’ai perdu, retrouver une famille. Cela prendra du temps, mais je peux essayer. Le bonheur est une notion qui me parait bien loin maintenant … Mais vous savez ce que c’est n’est-ce pas ? A en croire votre récit, nos expériences sont assez similaires. Cette douleur et cette colère, vous les avez aussi en vous non ? On ne s’en débarrasse jamais totalement. Cela fait partie de qui nous sommes.


Je bus à nouveau, finissant mon verre. Ma tête commençait à sérieusement tourner.

-Votre volonté de créer un monde où la sécurité et la liberté cohabitent, cela a toujours été le mien depuis que j’ai rejoint le conglomérat. J’y pensais déjà avant en fait. On n’arrive pas là par hasard, j’imagine… Enfin bref, vous pourrez compter sur moi pour votre combat, si vous en avez besoin. Je respecte votre détermination, vous n’avez visiblement pas volé votre place au conglomérat. Enfin bon, il faut encore mettre des actes sur ces belles paroles hein ? Parce qu’au fond, les actes c’est bien la seule chose qui compte vraiment. Les paroles décrivent des possibles, mais il faut agir pour qu’ils se réalisent. Et notre prochain pas à faire pour atteindre notre objectif commun, c’est de se débarrasser de cette raclure de mage noir. Vous ne m’avez toujours pas dit ce que vous contiez faire à ce propos, ni même si vous acceptiez mon aide.
Si vous voulez mon avis, une telle mission tout seul, c’est du suicide. C’est inutile et contre-productif. Même à deux, ce n’est pas assez. Pas sans savoir qui l’entoure, quels pouvoirs ils possèdent, quels défenses ils ont mises en place… D’autant qu’on a jamais travaillé ensemble, et que nous n’avons donc rien d’une équipe. Avec nos magies, on risque de se gêner l’un l’autre plus qu’autre chose. L’idéal serait de prendre le temps d’observer la cible tout en apprenant à se battre ensemble. On a le temps, pas la peine de le tuer demain, on peut bien prendre une semaine ou deux pour analyser la situation. C’est mieux que foncer dans le tas et se faire tuer…


Je restais un instant silencieux, cherchant quoi ajouter. Mes pensées étaient pour le moins confuses mais pas forcément vides d’intérêt. Je jetais un coup d’œil par la petite fenêtre, pour voir que le soleil était depuis longtemps couché. Pas étonnant que je me sente si exténué, pensais-je. La fatigue physique et l’alcool faisait rarement bon ménage. Je me passais machinalement la main dans les cheveux.

-Désolé si je divague un peu. Pour être franc je tombe de fatigue. J’y verrais plus clair demain. Vous m’avez déjà donné matière à réflexion, aussi peut-être est-il préférable d’en rester là pour ce soir et poursuivre cette conversation plus tard. Dans tous les cas cette conversation, à défaut d’être plaisante, était intéressante. Je pense que je n’aurais aucun mal à travailler avec vous.

Je posais le godet désormais vide sur la petite table en bois. Je ne songeais guère plus qu’à dormir, l’alcool m’abrutissant fortement, mais je restais néanmoins assis par politesse, et peut-être un peu par paresse, en attendant que mon hôte accepte de me donner congé.


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Eiris Sachi

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Les crocs des loups

Eiris Sachi & Arno Morlusenn


Je marquais donc une pause, prenant le temps d’analyser mes propres pensées, mes propres mots, mes propres sentiments que je venais à lui dévoiler tout comme il l’avait fait un peu plus tôt. Un échange simple et pourtant fort utile, surtout quand on sait que l’on va probablement risquer sa vie sur un caprice avec cet être. Je ne le connais que depuis cinq minutes, mais cette conversation m’aura vendu le sentiment d’être plus l’aise à l’idée de lui confier ma vie que l’idée de la confier à dix milles hommes. Cela ne veux pas dire pour autant que je place une confiance aveugle en lui, très loin de là, il me semble rationnel que la confiance se gagne de façon constructive : de part ses actes. De ce point de vue oui, on peux apparenter mes propres mots à une simple fable aux yeux de quelqu’un qui ne connait pas mon parcours, aux yeux de quelqu’un qui ignore tout ce que j’ai déjà accompli et tout ce que je compte encore accomplir en ce nom. Vous me direz, au jour d’aujourd’hui, personne ne connait réellement l’étendue de mes projets, personne ne sait qu’afin d’atteindre mon but, j’ai déjà commencé à poser quelques pierres qui le moment venu seront sans doutes capables de causer de gros dégâts, même au prix de sang allié et bien entendu, même au prix de mon propre sang. Aujourd’hui, demain, tous mes actes n’ont que pour but cette finalité, ce rêve pour lequel je me débats jour après jour, secondes après secondes. L’alcool, bien que ma résistance n’ai plus rien à prouver, commence lui-même ceci dit à me pousser moi-même aux bavardages, je m’en rends aisément compte en constatant que je suis à nouveau devenue grandiloquente. Mon sourire ne s’efface ceci dit en rien, fin et toujours léger, venant s’approfondir sur un des côtés de mon visage alors que je l’observe toujours, patiente, curieuse de découvrir si mes mots ont porté leur atteinte, s’ils se montrent suffisants pour exprimer ma pensée. Je ne le remarquerai de trop bien, de toute façon. Soit il sortira son arme et me menacera (ou autre réactions inutile du genre) soit il me témoignera de sa propre reconnaissance, d’une façon ou d’une autre. A ma grande satisfaction, je constate donc qu’il choisit cette dernière option et qu’il à donc du saisir le fond de ma pensée. Bien, je n’ai donc rien à ajouter sur le sujet. Sa réponse m’apporte ceci dit une triste réalité. Oui, je suis telle que je suis car j’ai indéniablement eu à subir l’étendue de la souffrance que ma propre histoire à eu à m’infliger. Oui, indéniablement, je suis moi-même passée par là et oui, cette haine, cette tristesse… tous ces sentiments m’habitent encore. C’est même sans doutes encore plus malsain que ça car j’ai une parfaite et grande conscience de ma propre faiblesse, faiblesse qui dès mon enfance m’as poussée à user de moyens peu loyaux pour m’assurer la victoire et ainsi en arriver à devenir celle que je suis aujourd’hui. J’ai commis mon premier assassinat par nécessité à un âge ou aucun enfant ne devrait avoir conscience de ce simple mot. Cette pensée m’assombrit peut être un simple instant, ceci dit, je le chasse d’un nouveau sourire, passant la main devant mon visage comme pour apporter à mes mots un geste très clair, commençant à parler d’un ton se voulant simplement amical, bien que peut être un peu abrupt.

-Tu n’as foncièrement aucune raison de me remercier pour ça. Je n’ai fait que te dire ce que je pensais, ce que j’avais à dire.

Il reprend ensuite parole, m’exposant les faits dont je n’ai que pleinement conscience moi-même. Seuls les actes comptent, cette même conversation n’avait pour but finalement que de m’apporter une croyance en ses convictions et à lui faire partager ce même sentiment. A ce qu’il soit prêt à me dire pouvoir se battre à mes côtés et que oui, me suivre au combat au dépit du danger ne l’effraie pas. Il reprend ensuite la parole pour m’exposer un autre fait dont je n’ignore rien, dont je n’ignore rien depuis maintenant bien des années et ce depuis même que j’ai commencé à prendre les armes pour défendre ma cause. Se battre seul, c’est du suicide. Patience est mère de sûreté et j’en passe. Oui, bien entendu que je suis parfaitement consciente de tout ça, et ce n’est pas pour rien que cela fait près d’un mois que j’amasse le plus d’informations possibles sur la situation et sur les différentes possibilités. Il est sûr qu’il arrive dans le cas précis avec un timing moins qu’idéal. Je m’étais préparée à le faire seule et j’avais prévu un plan me laissant assez de possibilités pour assurer non seulement une possibilité de victoire, mais aussi de fuite. Passer à un effectif supplémentaire me force donc indéniablement à reprendre la main et à réfléchir à de nouvelles possibilités, ce qui m’est, disons… assez gênant pour me pousser à devoir prendre un temps pour le faire. Alors que je commence à me plonger dans ma réflexion, il prend à nouveau la parole, m’exposant sa fatigue et son souhait de prendre du repos ce qui, pour le coup m’arrange convenablement. J’hoche donc à ses mots, me redressant avant de ranger la bouteille à sa propre place, presque vide, juste de quoi m’offrir deux gorgées au moment que j’aviserai idéal à cette fin et le libère donc de sa place, tendant la main pour récupérer le godet. Je le déposerai en descendant toute à l’heure afin qu’il soit rendu à l’aubergiste pour nettoyage mais avant ça, j’ai indéniablement besoin d’un bon bain.

-Soit, nous parlerons des informations que je possède toute à l’heure, au réveil et nous aviserons des possibles stratégies à ce moment là. Reposes toi bien et sois opérationnel, nous aurons pas mal de choses à mettre en place.

Mon ton est simple et reste amical, bien que direct. Bien qu’il ne sonne pas comme un ordre il est bien là pour lui témoigner que j’accepte sa présence et que de ce fait, j’attends de lui une implication maximale. Il prend donc congé, me laissant au loisir de ma soirée et vraisemblablement de ma nuit. Je verrouille donc ma porte derrière sa sortie afin de me rendre dans la salle d’eau, me laissant couler un bain pour pouvoir rentrer tranquillement dans l’eau chaude. Certes la salle était vétuste, mais je ne m’étais jamais vraiment apitoyée de tomber sur des endroits de ce genre et vous vous doutez facilement que c’est souvent le cas. En tout cas, c’est donc dans ce même bain, que je me laisse aller à mes pensées, érigeant une sorte de barrière autour de la pièce à l’aide de ma magie, afin de me permettre de savoir si quelqu’un s’aventure trop près et représente un danger. Je suis donc là, jouant tranquillement avec l’anneau que j’avais récupéré sur le corps de ce pirate, un peu avant que tout éclate. Seule, en tout cas, ayant la certitude de l’être physiquement grâce à ma magie, je laisse un fin soupir s’échapper alors que je prends la parole d’une voix de toute façon assez faible pour être sûre qu’aucun espion ne puisse m’écouter sans être dans mon propre bain, comme dans une simple pensée personnelle auto-dévoilée, pensée qui, d’ailleurs, m’arrache finalement un certain sourire.

-Seule, c’est du suicide, hein ? Même malgré mon arrivée dans l’organisation, je me sers de mes idées comme d’un bouclier pour continuer à me battre seule, me servant de ma position pour rassembler uniquement les informations dont j’ai besoin. Je ne sais même pas si je suis appréciée ou non des autres membres. Ceci dit, je présume qu’il doit bien avoir une personne qui compte sur moi, étant donné le renfort inattendu que l’on vient de m’envoyer.

Je constate donc l’ironie de la chose et ma position actuelle. Je suis en train de parler à un anneau, dans mon bain. Me voilà donc prise d’un fou rire, littéral, me foutant royalement de ma propre gueule comme si je venais effectivement de constater de ma propre connerie. Ma faiblesse ne me fait aucun secret, ce genre de choses n’est donc pas si peu fréquent, mais cela m’arrache à chaque foi la même réaction. Allez savoir, peut être que ça me rassure, de me parler ainsi, de me sentir soutenue et écoutée. Allez savoir. Je m’enfonce donc quelques minutes dans mon bain avant de me laver et de sortir, décidant de descendre afin de récupérer à boire et de siroter une bière devant mes documents concernant la mission, cherchant à trouver une solution optimale et bien entendu, j’ai donc fini par tomber de sommeil devant. Cette nuit là s’est montrée comme bien d’autres agitée et accompagnée de souvenirs morbides. J’ai donc peu dormi de la nuit.

Le petit jour finit donc par montrer le bout de son nez. Ironiquement, bien que courte ma nuit s’est montrée bien assez reposante. Sans doutes la satisfaction d’avoir pu apporter un peu de lumière à cette jeune recrue m’as telle aidée à me conforter dans une idée plus apaisante et donc, à garder l’œil fermé juste ce qu’il fallait pour améliorer mon état au réveil ? Allez savoir. Après mon réveil, je me satisfais simplement à me débarbouiller un peu, prenant ensuite le temps de m’allonger pour méditer sur la pensée m’ayant traversée la veille, sur ce besoin de solitude que je continue de témoigner. Suis-je vraiment mieux seule ? Ma confiance est dure à gagner et je dois avouer que j’aurais du mal à accepter un soutien qui ne possède pas cette dite confiance mais il faut aussi dire que si je ne laisse à personne l’opportunité de la gagner, ça ne risque pas d’arriver. Cette question se mit donc à tourmenter mon esprit et elle continuera sans doutes jusqu’à ce qu’il vienne me rejoindre comme convenu la veille. Les documents sont toujours sur la table, de toute façon. Ma foi, nous verrons bien.


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     Après un accord mutuel pour continuer cette conversation le lendemain, je me levais et quittais la chambre de mon hôte d’un pas rendu chancelant par l’alcool. Je regagnais ma propre chambre, juste en face, et jetais mon manteau sur mon lit d’un geste désinvolte. Je pris ensuite la direction de la minuscule salle d’eau adjacente, et me rinçais abondamment la tête à l’eau froide. J’avalais au passage quelques gorgées du liquide à la salubrité douteuse, espérant échapper à la gueule de bois me guettant à mon réveil. J’avais besoin de mettre de l’ordre dans mes pensées. Cette rencontre avec Eilis, bien que fort intéressante, m’avait troublé. Elle avait su révéler mes points faibles en à peine quelques questions. Il était rare que je me confis à quelqu’un, d’autant plus lorsqu’il s’agissait d’une parfaite étrangère. Cela témoignait d’une faiblesse mentale que j’ignorais avoir. Avec ses quelques questions, Eiris avait réussi à me sortir de ma zone de confort pour me faire regarder ce que j’étais vraiment. Nulle doute que ce genre de conversation était hautement bénéfique, mais l’expérience n’en restait pas moins déplaisante. Je devais néanmoins en tirer les leçons. Eiris avait raison, je ne pouvais pas continuer à me battre sans penser à moi. Je n’avais plus vraiment de proches, et pas grand-chose d’autre à défendre que mes idéaux, mais ce n’était pas une fatalité. Il était vrai que je m’étais refermé sur moi-même en arrivant au conglomérat, ne laissant que peu de place aux personnes que je rencontrais. Il allait falloir que je renoue des liens, aussi douloureux cela puisse-être.

Trop fatigué pour prendre une vrai douche, je remis ma toilette au lendemain matin et m’étalait sur mon lit miteux, sur le dos. Lumières éteintes, la pièce était uniquement éclairée par la faible lueur de la lune, filtrée par le brouillard entourant Akurio et passant tant bien que mal la minuscule fenêtre se trouvant sur ma droite.

Eiris Sachi… Je ne savais trop que penser de la jeune femme. Nos histoires étaient étrangement similaires, tout comme nos objectifs. Plutôt normal pour des personnes se battant dans le même camp. La jeune dirigeante dégageait un charisme et une détermination qui forçaient le respect, mais semblait garder les pieds sur terre et était étonnamment approchable. Bien loin des dirigeants pompeux de l’ancien conseil magique auquel j’avais été habitué. Dans un même temps, elle semblait assez fragile. Elle opérait d’ordinaire seule, et ne semblait avoir que peu d’amis à Rising Wolf. La solitude n’était bonne pour personne, je ne le savais que trop bien.

Je me forçais à mettre mes premières impressions de côté. Il était de toute façon impossible de juger une personne sur une conversation d’à peine quelques dizaines de minutes. Il fallait du temps, et des actes, pour pouvoir connaitre quelqu’un. Ce temps j’allais l’avoir dans les prochains jours, rien ne pressait.

Cette mission d’assassinat m’inquiétait. Nous étions certes deux mages expérimentés, mais nous nous trouvions dans l’une des plus grandes villes de Kusa. Si les choses tournaient mal, fuir d’ici serait quasiment impossible. Nous marchions sur des œufs.

La fatigue eu finalement raison de mes doutes et je m’endormis comme une masse.

--

La maigre lueur du jour me tira d’un sommeil sans rêve. Peu matinale, je pris le temps de m’étirer et traîna quelques minutes au lit avant de me lever. J’étais bien reposé, et, fait rare ces temps–ci, de bonne humeur. Pour l’instant tout ce déroulait bien, j’étais arrivé en un seul morceau, j’avais un toit sur la tête et je n’avais rien à redire de ma nouvelle coéquipière. Je fis tranquillement ma toilette et m’équipais. Passer mon pistolet à ma ceinture me rappela le macabre objectif de ma mission, douchant mon élan d’optimisme. Cela ne m’empêcha pas de me hâter pour descendre les marches menant à la salle principale de la taverne, où, je l’espérais, m’attendrait un petit déjeuner copieux.

Arrivé en bas, j’aperçu Eiris assise devant des documents étalés sur une table. J’étais étonné qu’elle soit aussi matinale, n’ayant pas non plus trop traîné. Je passais rapidement en cuisine, et chapardais joyeusement un bout de pain et de la confiture d’abricot, que je posais sur un plateau en bois sous le regard amusé du tavernier. Je pris assez de pain pour deux, jugeant mal polis de ne penser qu’à ma part. Je me permis de demander de surcroît deux tasses de thé, et parti rejoindre Eiris, mes précieuses victuailles à la main. Je m’installais en face d’elle.

-Bonjour, Déjà levée ?

Je posais le plateau de nourriture un peu à l’écart, pour éviter de tâcher les documents, et entreprit d’étaler la confiture sur un bout de pain.

- Il y a une tasse de thé pour vous.


Je mordais dans ma tartine, appréciant ce geste simple. Échanger des banalités avait du bon, et permettait d’oublier l’espace d’un instant la raison de notre présence ici. Je pris le temps d’avaler quelques gorgées de thé avant de rentrer dans le vif du sujet.

-Vous avez trouvé quelque-chose d’intéressant ? Demandais-je en indiquant les documents d’un signe de tête.


Mon moment d’égarement de la veille était passé, et j’étais prêt à me mettre au travail. Bien sûr, je ne pouvais pas effacer mes problèmes d’un revers de manche, mais j’avais retrouvé un peu d’optimisme quant à mon avenir. Je n’étais pas obligé de rester coincé dans mon passé, à me battre contre et pour des fantômes. Je pouvais essayer de construire quelque-chose de nouveau, un avenir dans lequel j’aurais ma place. Cette perspective me réjouissait au moins autant que la tartine remplissant mon estomac. Oubliant ma gourmandise, je fixais Eiris d’un regard attentif, attendant ses explications.


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Eiris Sachi

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Les crocs des loups

Eiris Sachi & Arno Morlusenn


Les choses ne sont-elles pas toujours simple ? Beaucoup diraient qu’il suffit de foncer tête baissée et de ravager tout ce qui peux croiser notre chemin. D’autres diraient qu’il faut prendre les choses avec plus de doigté et trouver une solution stable au problème, une solution sûre. Pour ma part, j’aime à faire les choses de façon brutales, mais avec un doigté certain. Oui, c’est comme demander le beurre, l’argent du beurre et le cul de la crémière mais que voulez vous, la simplicité sans challenge n’est-elle juste pas d’un ennui mortel ? Enfin, si tout pouvait être simple, les choses seraient sans doute beaucoup plus pratiques. Le cas actuel n’as rien de simple et nécessite d’autant plus un certain doigté. Je me suis donc décidé à descendre un peu plus tôt, prenant soin de me caler dans le coin le plus calme. Y’a pas grand monde de si bon matin, c’est un avantage certain. Je me suis donc placée face à la table ou je venais de déposer mes documents, et j’ai donc, à nouveau, planché sur un plan fonctionnel mettant en place les diverses pièces dont je dispose pour cette mission. Aucun plan n’est parfait, mais avec l’aide de la recrue forcée, je devrais pouvoir augmenter nos chances… au moins de quelques petits pourcents. Comme prévu, Arno n’a pas réellement tardé à venir montrer le bout de son nez. Parfait. Je le vois donc disparaitre dans les cuisines pour revenir, un plateau en main et prendre le soin d’apporter assez de nourriture pour deux personnes, ainsi qu’un thé. C’est drôle, je sens que je vite l’aimer, celui-ci. Je ne me cache pas de l’accueillir avec un fin sourire amusé, ceci dit.

-Bonjour, Arno. Ne dit-on pas que le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt ?

Bien entendu, quelqu’un me connaissant bien pourrait très facilement exploser de rire en m’entendant lancer une telle phrase, bien que me lever tôt ne soit pas particulièrement un soucis si ça à été prévu à l’avance, allez essayer de me tirer de mon confort lorsque je me décide à prendre un peu de repos, et je vous garantis que même un dragon vous serait sans doutes plus agréable et enjoué ! En tout cas, la tasse de thé s’offre le droit de m’arracher un fin sourire, à nouveau, alors que je viens tranquillement la saisir, le remerciant d’un fin hochement en sa direction, venant lentement en humer le contenu, visiblement satisfaite par cette attention. Juste ce qu’il me fallait pour me mettre d’aplomb !

-Effectivement, j’ai eu le temps de revoir quelque peu ma stratégie et je devrais avoir quelque chose d’intéressant à proposer. Bien qu’il reste encore des zones d’ombres. D’instinct, je dirais de toute façon que c’est bien plus drôle ainsi.

Je marque une pause, venant prendre quelques gorgées de mon thé, doucement. Je m’installe paisiblement en face de lui, histoire de faciliter la conversation, le contact mais aussi de mieux pouvoir analyser ses réactions. Après tout, c’est la première fois que lui et moi allons faire équipe. Avant même de se lancer dans le plan, il nous faudra trouver un terrain d’entente et une grande partie de mon plan consistait à pouvoir lui offrir une confiance aveugle. Suivant son geste, je me permets d’apporter la main sur un morceau de pain afin de rejoindre son repas. Après tout, sauf si il s’agit d’un ogre, il à ramener bien assez pour deux personnes. C’est dans ce genre de cas qu’on peut facilement se rendre compte à quel point je peux apparaitre comme désordonnée et tête en l’air. Sans doute n’aurais-je rien mangé avant un bon moment, s’il n’avait pas songé à ramener quelque chose. Cela se voit sans doutes aussi au fait que j’y aille franchement, mangeant pas forcément de trop, mais assez pour que ma faim se soit fait ressentir. Bien sûr, je le laisse prioritaire sur son plateau, me montrant totalement respectueuse. Je prends alors parole, entre deux bouchées à chaque fois. Peu habituée des règles de courtoisies et surtout, n’y voyant aucun intérêt constructif dans le cas présent, il ne me fait aucune gêne d’afficher… mon manque de gêne.

-Il était initialement prévu que le plan se produise ce matin. De part ton arrivée, j’ai pris soin de contacter mes quelques collaborateurs pour le reporter. D’après mes sources d’hier… et je gage qu’elles sont viables, je peux me le permettre. Et puis … Je me voyais mal te tirer du lit si tôt après t’avoir rendu si pompette.

Je souris à nouveau, amusée de ma taquinerie. Je peux sembler familière, mais mon interlocuteur pourra sans mal remarquer que ce n’est pas par irrespect pour autant, je ne fais que parler de façon simple, franche et brutale, comme toujours. Je reprends ensuite la parole

-Donc, je vais te décrire le plan dans sa forme. Si tu as des questions et… je penses que tu en aura, ne serais-ce que pour me confirmer certains points, pose les moi ensuite. Quand je le déciderai, « L’ombre sanguinolente » , un groupe de voleurs assez connu dans le coin, prendra sur lui de s’infiltrer dans une aile de la demeure qui nous intéresse pour voler un artefact qui, d’après leur mots « confère une certaine puissance à leur utilisateur ». Le genre d’artefact que notre ami doit garder bien précieusement. Il était prévu que je m’occupe de leur ouvrir la voie ou mieux dit, de porter une attaque surprise pour attirer l’attention des membres. Notre homme est puisant, bien que sa demeure soit fortifiée, il n’est pas particulièrement du genre méfiant et patient. Je suis sûre à… Bien quatre-vingt pourcent, qu’il aurait choisi d’envoyer ses hommes à la suite des voleurs pour s’occuper lui-même de l’intrus qui aurait osé se faufiler chez lui… histoire de… Allez, satisfaire sa petite vanité bien placée.

Je marque une pause, venant lentement prendre une fine gorgée de thé ce qui à pour effet indéniable de m’arracher un fin sourire satisfait.

-Tu m’as dit maîtriser la brume, pouvoir t’y déplacer aisément, y sentir les mouvements… Te sens-tu capable de porter l’assaut sur la demeure pendant que nos amis s’occupent du larcin ? De là, Je suis pratiquement certaine que notre cible fera le choix de te courser. Après tout, sa magie convient plus à acculer quelqu’un qu’à courser. Il est connu pour sa force mais pas particulièrement pour sa vitesse. A partir de là, ta seule tâche sera de l’attirer…. Ici.

Je stoppe mon explication le temps d’attraper dans les documents un plan de la demeure et de la placer devant Arno, venant lentement tapoter de mon doigt quelques petits coups sur une parcelle de celui-ci (le plan)

-Mon petit doigt m’as dit qu’un passage existait pour entrer en toute discrétion dans la salle adjacente à ce couloir. Ta magie risque d’être inefficace contre la sienne, j’ai vu une magie de désassemblage désassembler du feu, alors je gage qu’il doit en être de même pour de la brume. La différence étant que tu seras sensiblement plus rapide. Aussi malin qu’il soit, si tu gères bien ton affaire, il devrait être assez en colère pour se montrer inattentif. Surtout que ce n’est pas lui qui à bâti cette demeure. Enfin, je serais donc, patiente, en train d’attendre derrière cette porte au moment ou tu devras passer devant. A partir de là, je me servirai de ma propre magie et de mon sabre pour l’assassiner. La gravité ne peut être désassemblée. J’ai aussi songé à la possibilité ou il déciderait de prendre en chasse les voleurs. Je me suis chargée de leur transmettre un itinéraire précis à suivre. Celui-ci devrait me laisser le temps de les rattraper et de faire mon œuvre, au cas où. En somme, ton rôle sera simple. Occuper tes poursuivants. Tu peux les tuer, tu peux les immobiliser, je me moque des moyens mis en œuvre. Ces chiens sont aussi pourris que leur misérable maître. Bien entendu, je me chargerais de dégrossir le tas… à ma façon.

Voilà qui est exposé. Mon thé n’aura pas survécu au discourt et ma bouffe aura fini dans mon estomac. En somme, on vient de sortir de l’amuse gueule. Le plat de résistance lui convient-il ?
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Arno Morlusenn

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La bouche pleine d'une délicieuse tartine, et le ventre déjà à moitié plein, j'étais prêt à écouter le plan de ma coéquipière. Eiris bût une gorgée de thé, savourant un instant la boisson, avant de commencer ses explications.

-Effectivement, j’ai eu le temps de revoir quelque peu ma stratégie et je devrais avoir quelque chose d’intéressant à proposer. Bien qu’il reste encore des zones d’ombres. D’instinct, je dirais de toute façon que c’est bien plus drôle ainsi.

Plus drôle... Surtout plus dangereux. Je détestais les imprévus, mais on laissait de toute façon toujours passer quelque chose. Un plan bien ficelé prenait en compte un maximum de possibilités, mais il y avait toujours des évènements qui échappait aux mailles du filet. Je ne voyais pas ce qu'il y avait de "drôle" à risquer de ce faire tuer. Au mieux, on pouvait voir le défi proposé comme un moyen de gagner en expérience et en adaptabilité. Je n'étais pas du genre à aimer me battre, même si je comprenais que l'on puisse en tirer un certain sentiment d'accomplissement.

Eiris s'empara d'une tranche de pain, se joignant ainsi à mon repas avec un appétit non feint. Je continuais moi-même de me rassasier. Autant manger le plus possible quand on en a l'occasion, surtout lorsque le futur est incertain, cela avait toujours été ma philosophie. Philosophie qui s'accommodait fort bien à ma gourmandise naturel, et qui, en toute honnêteté, avait certainement une part de mauvaise fois. La jeune mage repris ses explications entre deux bouchées.

-Il était initialement prévu que le plan se produise ce matin. De part ton arrivée, j’ai pris soin de contacter mes quelques collaborateurs pour le reporter. D’après mes sources d’hier… et je gage qu’elles sont viables, je peux me le permettre. Et puis … Je me voyais mal te tirer du lit si tôt après t’avoir rendu si pompette.

Je ne pus m'empêcher de rougir à l'évocation de mon état de la veille. Je buvais rarement plus qu'une simple bière, et tenait assez mal l'alcool. L'idée que cela ait pu compromettre la mission était on ne peut plus gênante. La remarque semblait néanmoins être plus une boutade qu'un réel reproche, aussi me contentais-je de sourire et d'écouter la suite. Le plan semblait bien ficelé, mais comportait de nombreux points faibles. Il y avait trop d'inconnues, et il reposait bien trop sur les hypothétiques réactions de nos adversaires à mon goût. Je doutais néanmoins de pouvoir proposé beaucoup mieux, aussi entrepris-je de réfléchir aux failles éventuelles. Le plan était à la fois simple et complexe. Il requérait une synchronisation totale entre nous, mais aussi la réussite de chaque groupe indépendamment. Cela n'allait pas être une partie de plaisir. Je n'étais honnêtement pas sur de pouvoir effectuer la tâche qu'Eiris me confiait. En théorie, c'était facile. Un peu de brume dans le manoir, quelques illusions pour attirer la cible, et le tour était joué. J'avais juste à rester constamment hors de portée et laisser des clones de brume faire le travail à ma place. Un peu fatiguant, mais pas vraiment difficile. Mais ce n'était que de la théorie. Si notre cible avait préparé des défenses ou des pièges dans son manoir, ce serait une autre paire de manches. Je me passais machinalement la main dans les cheveux, et repris une dernière gorgée de thé avant de répondre.

-Il y a plusieurs points à éclaircir pour que je puisse faire l'appât. Qui sont ces voleurs? Sont-ils vraiment fiables? Qu'est ce qui nous dit qu'ils ne fuiront pas une fois le danger venu? Sans leur diversion, le plan tombe à l'eau. Je suppose que vous leur faites confiance, sinon vous n'auriez pas imaginé ce plan, mais j'aimerais bien avoir quelques informations à ce sujet. Pour le reste du plan, je n'ai que peu d'objections. Néanmoins j'y vois un gros risque. Ma magie des brumes est pratique pour l'infiltration, mais pas infaillible. Il suffirait qu'un mage maitrisant la magie d'écriture ai mit des runes un peu partout au préalable pour que je me retrouve bloqué. On peut supposé que notre orgueilleux ennemi ne se soit pas donné cette peine, mais sous-estimer la cible est rarement une bonne idée. J'aimerais pouvoir tester les défenses avant d'y aller. Ensuite, que sait-on des mages qui le serve? Si je ne crains pas trop la magie de désassemblage; je pense pouvoir faire courir notre ami un bon moment sans mal; je me retrouvais dans de beaux draps si un mage de glace se pointe... Enfin, dernier point: comment fuit-on? J'imagine que nos actions alerterons certainement les autres mages du coin, qui auront tôt fait de ratisser la ville à notre recherche. On fuit à pied dans mon brouillard? Ou peut-on prévoir un véhicule ou des montures?

J'avais balancé toutes mes questions sans lui laisser le temps de répondre, aussi m'arrêtais-je un instant. Je regardais le bout de carte du manoir se trouvant devant moi, regardant la distance que j'aurais à parcourir. Au fond, je ne savais même pas où je trouverais ma cible. Heureusement ma magie était assez efficace pour ce genre de chose. Et puis je pouvais me contenter d'attirer tout le monde, et de trouver ma cible dans le tas. Cela marcherait à condition qu'aucun mage ne puisse contrer ma magie, et c'était bien la l'inconnue qui m'inquiétait. Combien de fois m'étais je fais avoir par un quelconque mage sensoriel? J'étais bien décidé à ne plus commettre de fautes aussi grossières.


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