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Rouge Comme Le Sang... [Solo]

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Ten Handoru

Ten Handoru

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MessageSujet: Rouge Comme Le Sang... [Solo] Rouge Comme Le Sang... [Solo] EmptyDim 27 Mar 2016 - 17:44




Rouge Comme Le Sang...


Prologue


Y a-t-il un but à ta vie ? Tu te poses souvent la question. Peu importe à quel point tu essaies de paraitre normal, tu n'y arrives pas. Le monde est injuste, des gens passeront leur vie dans la paix et aimés de tous, pendant que toi, tu ne seras jamais comme eux. Ce n'est pas si mal d'être unique. Tu ne plains personne et personne ne te plaint. Ainsi est faite ta vie. Quand on y repense, tu n'aurais jamais entamé ce voyage sans lui. Tu peux le remercier. Pour presque tout . Pourquoi tu ne pleures pas ? Parce qu'il te reste une dernière chose à accomplir avant de pouvoir lui faire face. Tu le sais, tu y vas. Tu t'habituais à peine à cette nouvelle vie. À te réveiller dans un vrai lit, aussi peu confortable qu'il était. Tu ouvrais les yeux péniblement face à la lueur du jour. Ce n'était pas dans tes habitudes de trainer au lit. Tu t'es tout de suite levée pour ouvrir les rideaux, vieux chiffons qui ne cessaient de se décrocher. Ils sentaient encore le renfermé malgré les lavages incessant. L'odeur qui régnait dans cette pièce aurait pu donner la nausée à n'importe qui. L'humidité rendait les coins des murs verts de moisissures. Tu n'avais pas besoin d'un palace. Juste de te sentir chez toi. Sauf que ce matin, quelque chose manquait. Tu posais la main sur ton épaule. Il n'y était pas. Cette petite créature que tu baladais depuis plus d'un an, que tu connaissais depuis ton enfance, ton plus cher souvenir. Tu t'es retournée sans l'hésitation que certaines personnes auraient eue. Il était dans son panier, d'habitude, il serait sur ton épaule depuis que tu as posé le pied au sol. Tu l'as remarqué tout de suite, comme un réflexe que tu avais adopté. Le drap ne bougeait pas... Les mouvements périodiques qui lèvent le drap habituellement qu'on appelle "respirer", ils n'y étaient pas. Tu t'es dirigée vers le panier d'osier, récupéré dans une ruelle, pour y lever le morceau de tissu. Il ne t'a pas sauté dessus, ce n'est pas une blague. Il ne respire plus, il ne vit plus. Tu te répètes cette horrible phrase dans ta tête : il est mort. Où sont tes larmes ? N'aimais-tu pas cet animal? Tu ne comprends pas. Tu n'as qu'une chose à l'esprit : tu es seule. Plus seule que tu n'as jamais été. En y réfléchissant bien, tu n'as jamais su son âge, il appartenait à Sophie, mais elle ne te l'a jamais dit. Tu approches ta main doucement puis tu arrêtes sur sa fourrure rêche. Il ne se réveillera pas, peu importe que tu secoues ou pas. Il est parti pour de bon, comme tout le monde avant, il t'abandonne à ton sort. Tu l'attrapes par la peau du cou, il est déjà bien raide, il a dû rendre son dernier souffle il y a plusieurs heures, dans la nuit. Sans réfléchir tu le balances dans la vitre. Le verre éclate et les morceaux s'éparpillent au sol. Le craquement de ses os contre le mur d'en face retentit dans la seule pièce de cet appartement. Tu le vois tomber contre les briques rouges, impuissante. Personne ne pourra enlever la tâche contre les briques, elles ont beau être de la même couleur, tu distingues parfaitement le sang étalé contre elles. La fenêtre n'est pas un problème. Tu es trop préoccupée par tes yeux toujours aussi secs qu'à ton réveil. Tu aimais ce truc, tu l'aimais. C'était bien la chose la plus importante de ta vie. Et maintenant, des enfants donneraient des coups de pied dans sa dépouille quand ils la découvriraient. Qu'est-ce qui cloche chez toi ? Tu n'y comprends rien. Tu ne penses qu'à ta solitude. Le froid qui caresse ton dos dont tu ne te souciais guère avant. Tu te tiens debout face à ce qui était autrefois une vitre. La boule au ventre. Rien que ça ? Tu te fichais qu'il meurt ? Qu'est-ce qui ne va pas alors ? Tu es seule. Et tu dois t'y habituer. Tu l'as perdu, comme tu as perdu Sophie, comme tu as perdu ta mère. Il manque une personne dans tout ça. Une personne dont tu ne connais rien. Quelqu'un dont la seule information que tu possèdes est la couleur de ses cheveux. Cet homme que tu voulais tant rencontrer à une époque. Qui doit ignorer ton existence même. Qu'est-ce que tu as à perdre maintenant ? Plus rien, même plus la vie. Tu attrapes ton sac et y fourres la chemise de nuit que tu portes, tes armes et le peu d'affaires que tu possèdes. Tu t'abaisses pour prendre un bout de verre au sol et noues tes couettes avec la couverture du panier que tu déchires en deux. Ta robe enfilée, tu claques la porte derrière toi. Tu te demandes si c'est la dernière fois que tu descends ces escaliers instables. Tu aperçois la propriétaire sur le palier du rez-de-chaussée. Elle hurle quelque chose sur le bruit qu'a fait la fenêtre en se brisant. Elle ne peut pas finir sa phrase que tu lui as enfoncé ton poignard dans le cou. Le sang gicle jusqu'à ton visage quand tu retires la lame de sa jugulaire. Tu n'as plus rien à perdre. Tu as passé la porte, le cadavre de ton cher ami étalé par terre dans cette ruelle crasseuse. Bô est mort, tu t'en vas pour Bosco.


Dernière édition par Ten Handoru le Lun 1 Aoû 2016 - 18:11, édité 2 fois
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Ten Handoru

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MessageSujet: Re: Rouge Comme Le Sang... [Solo] Rouge Comme Le Sang... [Solo] EmptyDim 27 Mar 2016 - 17:49




Rouge Comme Le Sang...


Le début du rêve

Il y a des moments comme ça où l'on ne sait plus quoi faire, où l'on abandonne simplement. Tu as choisi d'abandonner, à ta façon. Tu pars avec l'idée de trouver un homme que tu as tant de fois imaginé, idolâtré dans l'inconnu de la réalité. Il n'y a pas que ça. Tu penses trouver une raison à ton existence. Qui sait ? Tu es peut-être ce qu'il a toujours rêvé. Qui voudrait de toi ? Eh bien, lui, peut-être. Encore une fois, rien n'est une certitude. Tu reviens au pays. Tu reviens à Bosco.

Akurio... Tu aimes cette ville. C'est sûrement la pire de tout Fiore, sur absolument tous les points. Mais tu l'aimes quand même. Ce n'est pas un problème là-bas d'être comme tu es. Les gens sont trop occupés à enfreindre les lois pour te regarder. Ca ne te fait rien de sortir d'ici. Et si c'était la dernière fois que tu venais dans cette ville ? La dernière fois que tu apercevais ta guilde ? Dark Dragon. Tu avais pris tes habitudes là aussi. Cette guilde, aussi écœurante soit-elle, t'as toujours fait sentir à ta place. Te voilà en route pour un autre pays, tu ne sais pas si tu reviendras un jour. Tu arpentes la forêt qui autrefois te servait de logis. Il y fait sombre, comme à chaque fois. Tout autour d'Akurio est étrangement sombre. Tu as le sentiment de dire adieu à une vie. Tu ne sais pourtant pas ce qui va se passer là-bas. Tu connais Bosco, ce pays n'est pas de toute joie, mais tu es un assassin. Tu te débrouilleras. Une boule s'installe dans ton estomac. Le stress, tu n'y es pas habituée. Un jour tu trouveras le courage d'affronter tes sentiments, tu sais qu'ils existent encore. Quelque part cachés dans l'immensité de ton être. Le voyage va durer longtemps si tu comptes y aller à pied. Tu ne vois pas quoi faire d'autre. Tu n'as jamais pris le train, et tu n'es pas douée pour faire du stop, du moment qu'il faut aborder quelqu'un, tu n'as jamais été douée. Tu verras bien sur ton chemin. Tu recommences tes rêveries d'enfant. Tu ne vois que ces cheveux rouges. Tu veux penser à un homme d'affaires, quoique pas très noble. Ta mère était prostituée, il devait avoir l'argent, ne pas être croyant et n'avoir aucun principe. Tu l'imagines beau, du même âge que ta mère. Approchant de la quarantaine, l'avoir dépassée de quelques années, peut-être. Tu te perds dans ton imagination. Tu ne vois plus la route. Pendant deux bonnes heures. Ton pays natal est encore loin quand une voix t'extirpes de ton monde parfait.

-Vous allez quelque part, mademoiselle ?

Tu le regardes fixement, puis autour de toi. Tu te trouves sur une route de campagne. C'est tout toi ça, te perdre dans tes pensées jusqu'à te perdre dans la réalité. L'homme qui vient de te parler a une soixantaine d'années. Il a un doux sourire sur le visage et conduit une remorque de foin, tirée par deux chevaux. Pourquoi ne pas accepter ? Tu peux également rêver dans son chariot.

-A Bosco, réponds-tu en faisant attention au ton que tu emploies.

Il s'étonne, ça doit être trop loin pour lui.

-Monte, je te dépose à Harjeon ! S'exclame-t-il tout sourire.

Tu t'accroches aux bords du chariot et t'assois à côté du vieil homme. Tu n'es jamais montée dans une charrette comme celle-ci, c'est la première fois que tu vois les chevaux sous cet angle. Les animaux sont les meilleurs amis que l'on puisse avoir. Sophie te l'a appris, mais tu as perdu Sophie et ton animal. Ils étaient tes meilleurs amis. Ca fait mal au fond, mais tu restes de marbre. Tu fixes les étalons qui trottent juste devant toi, comme si tu les suivais. Tu prends garde de bien recouvrir ton poignet, Dark Dragon n'a pas bonne réputation. On se demande pourquoi.

-Qu'est-ce qu'une charmante jeune fille va faire à Bosco ? Ce n'est pas la porte à côté.

Il reste souriant, il doit être heureux juste comme ça, promenant ses chevaux à travers le pays. C'est quelque chose que tu ne comprends pas: comment trouver le bonheur dans des choses si simples. Petite, tu aurais probablement eu l'air émerveillé devant des chevaux. Une époque dont tu ne te souviens pas.

-Il y a quelqu'un que j'aimerais voir là-bas, je viens d'Akurio.

Il ne sourcille pas. Il n'a sûrement jamais entendu parler de Dark Dragon, tu ne serais plus sur ton siège le cas contraire. Tes yeux sont rivés sur les animaux bringés qui galopent sans ce soucier de rien.

-Qui est-ce ? Elle doit être importante pour que tu fasses toute la route. Tu viens de la guilde des dragons noirs, non ?

Tes yeux s'agrandissent sans que tu ne saches pourquoi.Il connait ta guilde, il a compris et pourtant, il ne t'a pas encore poussée de son véhicule. Il n'a même pas l'air effrayé.

-Vous avez vu mon tatouage ? Demandes-tu de ta voix aussi sèche que d'ordinaire.

-Non, tu es mage, c'est facile à deviner. Alors, qui est-ce ?

Tu hésites et détournes le regard. Quelqu'un que tu n'effraies pas, ce n'est pas souvent. Les collines défilent au loin. Il ne doit pas être midi, quand tu y penses, tu ne sais pas non plus d'où vient cet homme et pourtant, tu es montée avec lui tout à fait naturellement. Tu expires longuement avant de plonger ton regard dans un vide béant, tes yeux cherchent quelque chose qu'ils ne peuvent pas voir. Trop loin pour qu'ils ne l'atteignent.

-Mon père.

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MessageSujet: Re: Rouge Comme Le Sang... [Solo] Rouge Comme Le Sang... [Solo] EmptyDim 27 Mar 2016 - 17:58




Rouge Comme Le Sang...


Tu peux casser le mécanisme

Tu as dormi pendant tout le trajet. Le vieil homme n'a pas voulu te réveiller. Depuis ta déclaration, il ne t'a pas reparlé. Il a toujours le même sourire sur son visage, un sourire heureux, quelqu'un qui aime la vie, tout simplement. Tu t'es réveillée de toi-même quand la charrette s'est arrêtée. Près d'une côte donnant vue sur un océan sans fin. Des bateaux naviguaient dans les eaux d'un bleu profond. Un panneau indiquant Harjeon trônait au milieu d'un carrefour de routes que les véhicules avaient eux-mêmes tracé. Tu es descendue, parfaitement éveillée avant de jeter ton regard dans celui du vieux marchand.

-Merci.

Il te regardait comme s'il voyait s'envoler un oisillon. Le regard tendre dans les rides de ses yeux. Il a plongé sa main dans sa poche pour te tendre une petite bourse. Il n'y avait là aucun bruit de métal. Tu as été surprise de trouver un mélange de fruits secs à l'intérieur.

-Tiens, tu as encore de la route, il faut prendre des forces. J'espère que tu trouveras ce que tu cherches.

Tu as hoché la tête puis il claqua les rênes de l'attelage. Il disparaissait vers la ville portuaire. Tu as tué des personnes comme lui. Des personnes qui n'avaient jamais rien fait de mal de leur vie entière. Parce qu'elles avaient croisé ton chemin, au mauvais moment. Il y a des enfants enrôlés de force dans les guildes noires, forcés de tuer, car leur vie en dépend. Tu n'es pas comme eux, tu as choisi ta voie. Tu choisis de tuer de ton propre chef. Tu es un assassin, et cet homme le savait. Inspires-tu la sympathie ou la pitié ? Sky avait vu quelque chose en toi. Qu'est-ce qui empêche les gens de fuir devant toi ?
Ce n'est pas l'important. Tu reprends ta route. Les terres d'Opales passaient, tu auras atteint Bosco. C'est dans la forêt que tu traverses que Sophie est morte. Tu revois le chemin à travers les arbres. Tu sais où tout s'est passé. Tu es curieuse, que lui est-il arrivé après que tu l'ait laissée ? Tu pourrais y aller, vérifier. C'est à partir d'ici que Bô et toi avez fait route ensemble. Tu passes ton chemin, tu n'as pas besoin de voir son cadavre, ta journée est déjà un cauchemar. Il y a un an à peine, tu perdais ta seule amie. Te voilà de retour au pays. Tu as visité Fiore, s'il doit t'arriver quelque chose, tu auras réalisé son rêve. Elle voulait que tu sois heureuse. Ton bonheur se trouve peut-être auprès de cet homme que tu cherches depuis des années. Poursuivre un but personnel comme tu le fais, ça ne te ressemble pas. Tu attends quelque chose de cette rencontre, tu le trouveras tu le sais.
La forêt n'est pas longue à traverser pour quelqu'un qui a l'habitude de la marche comme toi. Tu as de la chance de ne pas connaitre la peur. Ces bois sont dangereux. Tu t'étonnes toi-même de n'avoir eu à tuer aucune créature lors de ta traversée. Tu reconnais Bosco au loin, il te suffit de longer la côte. Tu passeras par ton village natal. Tu peux avoir des renseignements là-bas. Tu te souviens des habitants, l'image de la bouchère repasse dans ta tête. Tu sais ce qui arrivera si vos chemins se croisent, venger ta mère est un de tes seuls rêves, tu ne t'en priveras pas. Tu as grandi dans l'insécurité et la haine. Tu tueras ceux qui ne veulent pas t'aider. Tu n'es plus à quelques cadavres près. Qu'est-ce que tu as à perdre, encore une fois.
Tu aperçois l'église. Cette immense bâtisse où tu n'es jamais allée. Ta mère n'avait rien à y faire, alors pourquoi toi, tu y serais invité, enfant du pêché ? Les murs de briques se dressent devant toi. La ruelle est sombre, l'entrée du village est ténébreuse. Les habitants te reconnaitront. Tu n'as pas changé. Provoqueras-tu le destin en allant à ce qu'était la boucherie autrefois ? La rue principale te sourit, des passants innocents ne se préoccupent pas de toi. Tu pourrais faire un massacre si tu le voulais, qui t'arrêterait dans cette ville qui ne connait rien à la magie ? A chacune des personnes qui passent devant toi, ton poignard t'appelle. Résisteras-tu à ce désir de tuer ? Tu as besoin de te
changer les idées, ce n'est pas une tuerie qui t'aidera à retrouver ton paternel. Tu tournes la rue quand des chuchotements t'interpellent. Une jeune femme discute avec ce qui doit être sa mère. L'air choqué sur leur visage ne trompe pas, elles savent qui tu es. Tu imagines très bien ce qu'elles disent. "C'est la petite Handoru ! Impossible !" Tu les reconnais, elles ont toujours été là, comme pratiquement tout le monde ici. Ton regard suffit à cesser leurs messe-basses. Tu continues de marcher. A la prochaine intersection se trouve ton ancienne maison. Elle a dû être débarrassée depuis toutes ces années. Tu entends d'autres chuchotements derrière toi. Des cris d'effroi également. Leur fais-tu peur à ce point ? La porte de chêne que tu as tant de fois passée se dresse devant toi. Tu veux ouvrir la poignée. Mais des voix te retiennent, la maison est habitée, ta maison. Celle dont tu t'es fait jeter étant enfant. Tu actionnes l'heurtoir à la porte, violemment. L'envie de te retourner pour trancher la gorge des passants est trop forte pour contenir ce désir que tu ne peux exprimer par des cris ou des larmes.
La porte s'ouvre. Tu ne le connais pas. Un homme d'âge moyen t'a ouvert. Il ne te connait pas non plus, il aurait deviné qui tu étais. Il s'apprête à commencer une phrase mais tu le coupes. Il se retrouve projeté sur le sol de la salle à manger. Tu vas dans ta chambre, tu veux voir à quoi elle ressemble. Le sang qui couvrait le papier-peint a disparu, le papier-peint a disparu, qui voudrait garder la trace d'un meurtre dans sa maison ? Tu pousses la fine porte de bois pour découvrir ce qui aurait été autrefois la chambre de tes rêves. Les murs sont recouverts de rose avec un lit aux draps de soie. Des jouets sont étalés sur le sol. La fenêtre par laquelle tu t'échappais s'efface derrière des rideaux magentas.

-Qu'est-ce qui vous prend ?!

L'homme qui t'a ouvert est revenu, il se tient la tête. Tu n'y es pas allée de mains mortes avec lui.

-C'était ma chambre.

-Pardon ? Demande-t-il perplexe.

Il doit te prendre pour une folle. C'est une chambre d'enfant. Il y a une petite fille qui vit des moments heureux dans la maison qui t'a détruit la vie. Ils ont volé ta maison. Tu n'as aucune idée de ce qui est arrivé au corps de ta mère. Cette maison qui renferme la pire atrocité sert de doux foyers à des gens qui n'ont probablement aucune idée de ce qui s'y est passé, de ce que tu as vécu.

-Vous êtes la fille de la prostituée ? Interroge une voix féminine alors que ta main s'apprête à attraper un lame.

Tu te stoppes. Cette femme te regarde les yeux pleins de tristesse. Tu lâches les plis de ta robe. Tu ne vas pas infliger à cette maison, que tu aimais tant, de porter le poids d'autres cadavres. Des enfants arrivent. Une petite fille et un garçon, plus jeune. Pourquoi ne pourraient-il pas connaitre le bonheur entre ces murs comme tu en as tant rêvé.

-Je... Oui. Où est ma mère ?

Elle tient son fils dans les bras et retient une exclamation avec sa main. Si son mari ne sait rien, elle doit savoir. Elle habite dans cette maison en sachant qu'à une époque gisaient des corps et les murs tiraient leur couleur du sang versé.

-Au cimetière près de la fontaine à la sortie sud, arrive-t-elle à balbutier entre quelques sanglots.

Son mari la regarde éberlué. Il comprend à peine la situation.

-C'est impossible. L'avoir jetée dans la rivière est bien plus probable connaissant les vautours de cette ville, réponds-tu sèchement.

-Non, un homme à tout payé, y compris les rénovations de la maison. Il me l'a offert en sachant que j'attendais ma première fille.

Tu te figes, ta vision se trouble et ta bouche s'ouvre sans t'en rendre compte. Personne n'aimait ta mère. Personne. Il n'y a qu'une personne qui ai pu faire une chose aussi gentille. Celle que tu cherches désespérément.

-A quoi il ressemblait ?!

A quand remonte la dernière fois que tu t'es exclamée ? Trop longtemps pour que tu t'en souviennes.

-Il était grand et... assez jeune... Il avait les cheveux rouges...
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Ten Handoru

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MessageSujet: Re: Rouge Comme Le Sang... [Solo] Rouge Comme Le Sang... [Solo] EmptyDim 27 Mar 2016 - 18:04




Rouge Comme Le Sang...


La vengeance sur le bout des doigts

Un homme aux cheveux rouges, tu as bien entendu. Toi qui pensais trouver un simple client de prostituée, il a payé l'enterrement et la rénovation de ta maison. Tu continues de penser qu'elle t'appartient. C'est bête. Tu ne sais pas quoi penser. Savait-il que tu existais, ta mère avait-elle toujours des contacts avec lui, était-il plus qu'un simple client de passage ? Tu ne l'as jamais rencontré et Heavenly ne t'a jamais parlé de lui comme s'il avait été son véritable amant. Tu es confuse. Cette femme a vu ton père alors que toi, il n'est jamais venu te voir.

-Son nom.

Elle recule. Ta voix se fait plus agressive et tes yeux se dilatent. Tu sers les poings. Serait-ce de la colère ? C'est impossible chez toi. Tu t'es fermé à jamais ton cœur après les évènements de cette nuit là. Serait-ce possible que tu retrouves cette partie de toi ici? Ca paraitrait logique.
Tu relèves la tête, noire de colère. Tu penses au symbole de ta guilde qui recouvre la cicatrice que tu t'es faite sur la porte d'entrée. Tu es une assassin, n'oublie pas.

-Donnez-moi son putain de nom !

Les yeux pleins de larmes de la brune qui exprimaient tant de compassion à ton égard cessent de pleurer. Elle a peur, tu le sens. Les enfants se cachent derrière leurs parents. Tu ne veux pas les effrayer, tu veux simplement tout casser autour de toi. Ce sentiment de liberté lorsque tu cries, c'est quelque chose de magique à tes yeux.

-Livvy, il ne m'a donné que son prénom, Livvy, dit-elle terrifiée.

Comment vas-tu le retrouver avec son prénom et ses cheveux ? Quoique, tu n'as jamais entendu ce prénom auparavant. Il n'est pas courant.
Tu commences à te calmer. Tu sais où tu vas pouvoir passer ta colère. Ces gens n'ont rien demandé et donnent à cette maison, la chaleur que tu aurais souhaitée.

-Merci. Je vous laisse tranquille. Prenez soin de la maison.

Tu desserres les poings et te diriges vers la fenêtre. Empreinte-la une dernière fois, dis adieu à ton ancienne vie comme tu l'aurais voulu. Tu sautes sur la pelouse comme tu en avais l'habitude. Tu as ta prochaine destination en tête. Elle ne se trouve qu'à quelques rues de là. Ce serait dommage de ne tuer personne à Bosco, après tout.
La ruelle qui rejoint la rue principale te parait interminable. Tu espères trouver ta proie. Elle n'a aucune idée que tu arrives. Elle ne croira personne sur le retour de la petite Handoru. Les villageois t'avaient chassée comme la dernière des malpropres. Il est temps qu'elle goute à ta vengeance. Tu avais peur d'eux autrefois, de tout le monde dans ce trou paumé. Maintenant c'est de toi qu'ils doivent être effrayés. L'enseigne de cochon dépasse du mur. Tu accélères le pas. Il ne faudrait pas la louper. Tu passes la porte. La clochette retentit pour avertir les clients. Non, pour cette fois, elle sonne l'arrivée de la mort. C'est vide. Tu attends, l'impatience se fait ressentir dans tout ton être. C'est un sentiment, un vrai. Tu serais revenue depuis bien des années si tu avais su que le simple fait de mettre les pieds dans ce hameau ré-ouvrirait ta blessure autant que le cadenas ne scelle ton cœur.
Tu entends des bruits de pas, lents, doux, ce ne sont pas ceux d'un homme. Tu as chassé trop de proies pour ne pas le savoir. Le rideau âcre s'ouvre sur la chevelure d'ébène que tu attends depuis plusieurs minutes, même si pour toi, cette attente a duré des heures. Elle a un moment d'hésitation
quand elle pose les yeux sur toi. Elle semble plus choquée qu'effrayée. Un son inaudible s'échappe d'entre ses lèvres. Elle disparait derrière le rideau. Tu sais qu'il n'y a pas d'autres sorties que celle que tu bloques alors tu ne cherches pas à te presser. Et si elle avait eu des enfants pendant les années qui se sont écoulées. Et si elle avait un mari aimant qui ne fréquente pas les prostituées, lui. Tu les tueras aussi.
Tu fais le tour du comptoir et pénètres sous le rideau. La barre en fer qui te vise, tu l'as vu arriver. Tu arrêtes le coup avec ta main gauche. Ta manche retombe, ton tatouage apparait. Tu ne seras pas la première dragonne à tuer pour tuer, tu en es sûre. Le métal coule le long de tes doigts. Tu viens de lancer Liquefacere. La meurtrière de tes cauchemars ne comprend rien à la situation. Son arme fond, elle fond, oui. Tes pupilles roses se reflètent dans la pénombre de la pièce.
Tu utilises ton Immobilem Facere, la main, encore couverte de fer, vers ta cible. Elle tente de fuir mais ne bouge pas. Son regard se pose vers le sol. Le plancher de bois recouvre ses pieds. Tu le devines quand elle relève la tête : Elle a compris, c'est fini.
Tu t'approches au plus près d'elle. Ton souffle chaud sur son visage, vous faites la même taille à présent.

-Je suis désolée ! Hurle-t-elle les yeux humides.

Tu ne veux pas de ses excuses, elles ne feront pas revenir ta mère.
Tu soulèves tes jupons. Le chandelier au fond de la pièce fait étinceler ton arme. Elle hurle. Les cris sonnent comme une douce mélodie à tes oreilles. Elle vit sa vie comme de si de rien n'était depuis des années pendant que tu souffres en silence. Tu n'as plus le contrôle sur tes mouvements. Le poignard glisse de ta jarretière, tu l'approches de son cou. Tu n'hésites pas. Le sang gicle sur ton visage. La lueur dans ses yeux s'éteint et plus aucun son ne sort de sa bouche. Elle tombe sur le sol, les pieds toujours coincés dans le bois, sa tête, plongée en arrière, retentit sur à terre. Elle est pliée en deux, bloquée par ta précédente attaque. Tu as obtenu ta vengeance. Elle est morte, le sang continue de couler le long de ses joues. Tu en es couverte. Tes vêtements également. Et alors ? Tu t'approches du corps et attrapes les cheveux de l'ancienne bouchère. Ton poignard de nouveau planté dans sa gorge, tu scies. Sa tête s'arrache peu à peu, tu la tires. Tout le monde ici mérite la mort. Tu n'es pas stupide. Tu ne vas pas massacrer un village entier. Non, tu as une meilleure idée. Le rideau arraché, tu contemples la foule amassée devant la boutique. La nouvelle de ton retour a déjà fait le tour. Certains sont curieux de savoir à quoi tu ressembles. D'autres rient déjà de se qu'ils vont voir. La plupart pense que tu es une prostituée, toi aussi. Personne ne pense que tu es une mage de la guilde noire la plus puissante du pays frontalier. Tu te diriges vers la sortie dans un calme apparent. Des filles de l'école où tu as tenté d'aller avant qu'ils ne t'y interdise l'accès sont rassemblées ensemble dans leur tablier tâché. Les cris résonnent dans les rues à la seconde où tu poses le pied sur les pavés gris. La tête décapitée dans la main. Les mères attrapent leurs enfants et les pères se placent en première ligne. Ils pensent pouvoir faire quelque chose contre toi, eux, des non-mages. Tu lances la tête sur l'homme qui se tient le plus avancé. Il l'esquive dans un cri d'effroi. Certains commencent à t'insulter. Comme si cela pouvait t'atteindre.

-Coliseum ! Hurles-tu.

Le sol se met à onduler. Tu vas user beaucoup d'énergie avec ce sort mais tu t'en fiches, tu veux des informations sur ton père et quelqu'un en aura forcément entendu parler, dans ce village bourré de commérages. Les pavés s'entremêlent entre eux dans des flaques de couleur grisâtre encore plus moches que les rues d'Akurio. Les habitants s'entassent les uns sur les autres pour se protéger. Des pointes sortent du sol et durcissent immédiatement. Tu peux faire ce que tu veux avec ce sort mais
les pics restent la manière de l'utiliser la plus effrayante. Les hurlements se font de plus en plus forts quand une de tes attaques transperce l'homme qui a esquivé ton trophée de chasse quelques minutes avant. Sa femme se jette à ses pieds, les larmes ruissèlent sur ses joues.

-Je veux des informations sur un certain Livvy, un homme aux cheveux rouges. Donnez-moi ce que je cherche et je vous épargne. Pas de mensonges ou je reviendrais.

On entend plus de cris, juste des sanglots et des enfants brailler. Ils se regardent tous, perdus, ils espèrent que quelqu'un parle. Ils se vendraient les uns les autres pour survivre.

-Tu le trouveras dans un manoir à la sortie de la forêt des saules ! Laisse-nous la vie !

Ton regard se pose sur la femme qui vient de prendre la parole. Elle est jeune, plutôt courageuse. Elle a fait un pas en dehors de la foule pour te parler. Un petit garçon la suit. Elle a fait ça pour lui, tu lui fais confiance. Elle ne pleure pas. Cette femme, tu la connais de ton enfance. Elle travaille à l'auberge. Plus tu regardes la foule et plus les visages te reviennent, pas forcément des noms, mais tu sais où tu les as déjà vus. Autrefois ils t'insultaient, maintenant, ils donneraient tout pour que tu leur laisse la vie. Ce moment où tu serais le centre d'attention de cette ville, où ils te respecteraient d'une quelconque manière, tu en as rêvé. Tu agites ta main dans les airs et les pointes meurtrières retournent dans le sol. Un sourire aux lèvres, tu prends le chemin de la forêt des saules.
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Ten Handoru

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MessageSujet: Re: Rouge Comme Le Sang... [Solo] Rouge Comme Le Sang... [Solo] EmptyDim 27 Mar 2016 - 18:20




Rouge Comme Le Sang...


Ce n'est pas le pays des songes, c'est la réalité


Te voilà sortie du village de ton enfance. Tu ne fuis pas comme la dernière fois. Aujourd'hui, ton pas est léger. Tu as le sentiment d'avoir gagné la guerre que tu mènes depuis petite.
La tombe d'Heavenly n'est pas très loin. Tu voudrais y aller, voir à quoi elle ressemble, sa dernière demeure. Tu voudrais voir ce que ton père a fait pour elle. Tu ne peux arrêter de penser que ta mère lui a caché ton existence. Il n'a peut-être aucune idée qu'il ait eu un enfant. Il est peut-être un simple amour de jeunesse qui a eu vent du massacre. Dans cette région, les choses se savent vite. Surtout si la meurtrière présumée est une gamine. C'est sûrement la version qu'il aura reçue. Il doit croire que sa fille est une assassin. Ce n'est pas faux, mais ce n'était pas le cas à l'époque.
La forêt des saules porte bien son nom. Il n'y a pratiquement que des saules pleureurs à l'intérieur. Si l'on ne connait pas le lieu ou que l'on ne sait pas se repérer, il ne faut même pas songer à y rentrer.
Tu écartes les rideaux de feuillages qui te barrent le passage, ton poignard à la main pour en couper si besoin. Les branches filtrent les rayons du soleil. La lumière est tamisée à certains endroits. Ce bois est paisible comparé aux autres du pays. Une fine rivière le traverse, tu te souviens que tu passais sur ce pont avec ta mère quand elle devait se rendre en ville pour des courses. C'est dans la ville voisine qu'elle t'achetait tes habits. Tu aurais pu croiser ton père à tout instant, tu ne le sais que maintenant. Il vit dans un manoir à la fin du sentier. Un manoir... Tu es déjà rentrée dans ce genre de bâtiment pour une mission. Ce sont les gens riches qui vivent dans de tels palaces. Il est peut-être homme d'affaires, tu l'imagines plus vieux maintenant.
La plaine qui sépare la forêt de la ville se voit entre les troncs d'arbres. Tu ne sais pas de quel côté aller, tu sais que ce n'est pas loin d'ici, c'est tout. Bô aurait été avec toi, il aurait flairé la présence d'êtres humains. Et tu es incapable de faire quelque chose de toi-même ? Tu n'as jamais été seule, tu dois te débrouiller par tes propres moyens, à présent.
Tu prends à gauche, tu feras demi-tour si tu te trompes. L'herbe est luisante sous tes pieds, les paysages autour d'ici ne reflètent pas la nature de Bosco. Ce pays n'est pas sûr. Tu sais que deux mafias se battaient dans les alentours autrefois. Tu ne les crains plus. Tu pourrais facilement battre quelques sbires passant par là.
Ton sang ne fait qu'un tour quand tu aperçois un imposant bâtiment au loin. Les murs sont roses, il n'y a rien de lugubre dans ce manoir. Tu hésites à avancer. Et s'il n'était pas là ou que ce n'était pas le bon. Tu t'interroges. Sophie t'aurait pris la main et aurait couru, parce qu'il n'y avait pas d'autres façons de le savoir. C'est vrai. Qu'est-ce que tu risques à aller frapper ? Ou à défoncer la porte, tu ne sais pas encore. Tu déglutis en t'approchant de la grande porte blanches à dorures. Elle s'ouvre. Tu n'es qu'à cinq bon mètres de là. Ton rythme cardiaque s'accélère. Une jeune femme descend les marches du perron. Elle a la peau pâle et les cheveux d'un noir profond attachés en deux couettes comme toi. Ses vêtements sont composés d'un short à deux ceintures et d'un haut de maillot de bain avec un long manteau sur les épaules. Elle ne semble pas avoir d'expression particulière. Elle connait sans doute ton père. Plus tu la regardes et plus elle te rappelle quelqu'un. Tu ne l'as jamais croisée, tu le saurais. Non, son visage, ses yeux, tu les as déjà vus quelque part. Elle est grande et plus âgée que toi. Tu n'arrives pas à savoir d'où vient cette sensation familière. Elle est mage, tu le sens. Une énergie étrange la suit.
Tu détournes le regard et continue d'avancer. Vous vous frôlez sans que tu ne la croises du regard. Tu te doutes qu'elle s'est retournée, ou tout du moins, qu'elle s'est aperçue de ta présence. Tu ne veux parler à personne, elle doit le sentir.
Il n'y a qu'une personne à qui tu veux être confrontée pour l'instant. Elle se trouve probablement là, dans ce bâtiment où tu t'apprêtes à entrer. Livvy, tu ignores son nom de famille. Ce prénom ne te parait pas très masculin, voir pas du tout. Il n'y a aucune inscription près de la porte. Rien pour t'indiquer si tu te trouves à la bonne adresse. Est-ce que tu dois toquer ? Tu pourrais juste entrer comme ça, après tout, tu es pratiquement sûre que ton père habite ici.
Tu actionnes la poignée, ton cœur va finir par exploser, tu as l'impression qu'il claque contre les parois de ta cage thoracique. Tu arrives dans une grande entrée au sol carrelé en damier, les murs sont recouverts d'un papier-peint dans les tons noirs et blancs. Tu te sens minuscule sous les plafonds d'une hauteur démesurée. En face de toi se trouve une arche en pointe donnant vers une pièce encore plus grande. Tu la passes en contemplant chaque aspect de ce château. Deux grands escaliers de chaque côté du hall commencent au coin d'une mosaïque représentant la moisson pour se rejoindre sur un palier où commence un couloir dont tu n'aperçois que les plafonds. Tout est resplendissant dans des tons clairs. Les lustres sont aussi grands que la pièce où tu vis actuellement. Tu rêverais d'habiter ici.

-Eh gamine ! J'veux pas d'cookies.

Tu te figes. C'est une voix masculine qui provient de ta gauche.Tu es terrorisée au fond. Tu espères que c'est lui, qu'il est bien là. Que toute cette aventure ne soit pas un rêve. Si tu venais à te réveiller, peu importe que Bô soit à tes côtés, tu partirais pour rejouer ce doux cauchemar. Tu as hurlé, tu as souri, tu as peur. Est-ce vraiment la réalité ? Le fruit de ton imagination ou le paradis ? Tu prends ton courage à deux mains et fais face à la voix qui t'es parvenue.
Un bruit sourd sort de ta bouche. Le monde cesse de tourner pendant quelques secondes. Tu ne sais pas ce que tu ressens, mais ce sentiment te noue la gorge. Un homme aux cheveux rouges te fait face. Il porte un pantalon noir, troué aux genoux, un tee-shirt de la même couleur et un gilet sans manche dans les tons beiges. Il est bien plus jeune que ce que tu imaginais. Il est mal coiffé, les mèches écarlates tombent sur son visage, cette couleur que tu espérais tant voir un jour.

-Attends mais... T'es qui ?!

Lui aussi reste en état de choc. Est-ce qu'il te connait ? Ou est-ce que tu ressembles juste à ta mère ? Tu déglutis, tu cherches les mots. Te présenter ou attendre qu'il ne trouve lui-même la réponse ? Ses mains posées dans son dos retombent le long de ses hanches. Il est beau. Si ta mère pouvait aimer un homme, sans aucun doute il serait aussi beau que lui. Il parait à peine la trentaine, tu te demandes si ce n'est pas trop jeune pour coïncider avec ton âge. Il s'approche de toi, par réflexe, tu recules. Il n'y prête pas attention et s'arrête à moins de dix centimètres de toi. Tu hésites à fuir, tu es paralysée. Il t'a reconnue, il n'y a pas de doutes. Son regard est doux, il a les yeux rouges sang, la peau aussi claire que la tienne. Il ne porte pas les marques du temps, il est bien plus jeune que ta mère l'aurait été. Tu ne comprends pas cette lueur dans ses yeux.

-Tu lui ressembles tellement...

Il te caresse la joue du dos de la main. Tu es trop perdue pour l'en empêcher. Il doit faire référence à Heavenly. Tu n'as toujours pas la réponse, te connait-il ? Connaissait-il ton existence ? Tu voudrais parler, mais simplement le regarder te suffit pour l'instant. Il n'a pas l'air méchant, bien au contraire. Il a l'air innocent. Vous ne vous ressemblez pas, il respire la tranquillité, alors que toi, il y a du sang sur ta robe, du sang qui ne t'appartient pas.
Tu t'écartes de lui. Il s'interroge, tu ne lui fais pas peur à première vue. Tu baisses la tête, tu voulais trouver un père pour comprendre d'où te viennent tes talents magiques. Il a simplement l'air d'un gosse, un grand gosse. Tu ne comprends rien, est-ce que ta mère t'aurait menti ? Est-ce que ton père n'est pas un alcoolique des rues ?
Tu veux t'en aller, partir d'ici, la colère monte. As-tu fais tout ce chemin pour rien ?

-T'as quel âge ? Te demande-t-il l'air pensif. Dis-moi 17 ans.

C'est bien ton âge mais tu n'oses pas le lui confirmer. Il espère que toi, la fillette à la robe couverte de sang, tu aies un lien avec lui ? Il y a autre chose. Il veut savoir si justement, tu es plus vieille que la mesure du possible avec lui, c'est cela, tu ne vois pas d'autres explications.
Tu vas y aller à ta façon, celle de la mage noire que tu es.
Le poignard décroché discrètement. Tu ne veux pas le tuer, tu veux des informations, être sûre qu'il te dise la vérité. Tu t'apprêtes à te jeter à son cou quand il sort une arme de sa ceinture.

-On peut discuter avant de m'exécuter ?

Tu avances quand même. Il ne bouge pas, son regard a changé, il est sérieux. Tu l'es aussi. La main en avant tu murmures ton sort.
Aucun métaux ne peut résister à ton Liquefacere. L'arme fond sur le sol. Il la lâche par réflexe. Il a compris ce qui se passe.

-T'es ma fille, j'ai tort ? Tu pourrais l'être, j'en suis sûr ! Jack s'est fait assassiner il y a quelques jours, c'est quoi ? Une association ? Dis-moi au moins qui t'es, merde quoi !

Tu ne comprends rien à ce qu'il dit. Tu ne sais pas qui est Jack, ni même pourquoi il mentionne une association. Le deuxième poignard dans ton autre main, tu le dévisages.

-Oui, je crois, j'ai une couleur de cheveux comme seul indice. Comment tu connais ma mère ? Pourquoi, moi, tu ne me connais pas ? J'en ai rien à faire de devoir te tuer pour savoir ! Tu répliques, déterminée.

Il explose de rire. Qu'est-ce qu'il y a de drôle dans tes paroles ? Il s'apprête à te répondre quand une porte s'ouvre à l'étage. Un enfant, une petite fille... Aux cheveux rouges. Il faudrait être idiote pour ne pas comprendre.
La haine dans tes yeux, tu rajoutes :

-J'ai de la chance de n'avoir aucune pitié.
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MessageSujet: Re: Rouge Comme Le Sang... [Solo] Rouge Comme Le Sang... [Solo] EmptyDim 27 Mar 2016 - 18:26




Rouge Comme Le Sang...


Tel père, telle fille


Tu te prépares à attaquer, un pied en arrière. Il te regarde ahuri, comme s'il n'avait pas compris. Tu ne voulais pas en arriver là, ce n'est pas ce que tu avais prévu. Il vit avec sa fille dans un palace pendant que tu errais à travers les pays, cassée. Tu resserres ta mâchoire. Est-ce vraiment la solution à tout ça ? Il ne bouge pas, qu'est-ce qu'il attend ? Tu sens bien qu'il est mage, il est probablement fort. Trop peu de monde peut rivaliser avec ta magie, ça n'en sera que plus facile.
Tu décroches la gemme à ta cuisse. Tu la lances dans les airs.

-Fingere...

La pierre brille au dessus de toi. Elle revient dans ta main sous sa forme d'aiguille. Tu pourrais utiliser n'importe quel sort à distance mais non, tu veux lui porter les coups de toi-même.
La fillette est appuyée contre la balustrade. Elle te regarde avec les yeux pleins d'émerveillements. Ta magie ne plait pas souvent. Tu te contentes de déformer ce qui t'entoure, ce n'est pas d'un grand esthétique, sauf quand tu t'appliques. Ton père regarde à son tour à l'étage. Ses yeux changent en apercevant la gamine. Il te fixe à nouveau, il semble effrayé. Il ne veut pas perdre sa progéniture, tu te dis. Tu ne comprends pas bien comment l'on peut en arriver là. Tu cherchais ton père, simplement, et te voilà à envisager d'exécuter une pauvre enfant. Quand a bien pu s'envoler ta santé mentale ? Tu pourrais lui laisser une chance, qu'il t'explique ce qu'était sa relation avec ta mère, s'il était plus qu'un simple client.
Tu ne veux pas perdre ton moyen de pression. La main dirigée vers les escaliers, tu lances Fastigium. Les marches coulent les unes sur les autres jusqu'à former une pente parfaite. Il ne peut plus atteindre sa précieuse petite fille. Elle semble trop innocente pour penser que tu la tuerais.
Cela le fait réagir, il se prépare à attaquer également. Dans sa main se trouve un tube que tu ne connais pas. Tu n'as pas remarqué qu'il l'avait sorti. Tu as appris à ne pas sous-estimer ton adversaire, ton propre affect face à la situation te fait oublier les bases. Tu avances ton aiguille face à toi. Tu sais dériver les attaques adverses.
La pression monte. Il se met à courir vers la gauche, sans s'approcher de toi il s'abaisse, l'arme à sa bouche. Tu entends un bruit sourd. Une vive douleur se fait ressentir dans ton cou. Tu y portes la main pour en extraire une aiguille, tu n'en as jamais vu d'aussi fine. Un liquide violet la recouvre. Du poison ? Ton corps devient lourd. Tu vue s'affaiblit. Un poison de sommeil, tu le connais déjà. Tu trouves de l'ironie dans la situation, il balance des aiguilles empoisonnées pendant que tu empoisonnes tes adversaires avec la tienne. Tel père, telle fille.
Tu relèves péniblement la tête pour lui adresser un faible sourire. Tu rapproches l'extrémité rosée de ton arme à ton visage. Il semble horrifié à nouveau. Il a raison de l'être. Tu plantes la pointe aux couleurs du printemps dans ton épaule. Le sang ne coule pas autant que tu ne le pensais. Le quartz dont est fait ce côté de l'aiguille dissipe les effets du poison. Tu préfères encore te blesser que de t'évanouir dans cette maison.

-T'es complètement folle... Laisse-t-il échapper les yeux exorbités.

Tu arraches l'arme de ton épaule assez violement pour que quelques gouttes de sang lui atterrissent dans le cou.

-Ce n'est pas faux, mais j'ai des circonstances atténuantes.

Il parle très différemment de toi, il ne surveille pas son langage comme on te l'a appris au couvent. La gamine pleure là-haut. Elle ne te ressemble pas du tout. Tu es le portrait craché de ta mère, elle l'est de la sienne. Ses cheveux sont attachés en une longue tresse. Il y a plusieurs raisons à ces
pleurs, tu en fais partie. Tu n'aimes pas entendre des pleurs d'enfants. Tu ne comprends pas pourquoi il ont besoin de pleurer.
Ton père passe la paume de sa main sur le sang que tu as projeté. Il ne prête même plus attention à toi.

-Qu'est-ce qu'a bien pu t'arriver...?

Ses yeux s'humidifient, il ne va quand même pas pleurer lui aussi ? Il est étrange, simplet, trop à ton gout.

-Ma mère s'est faite poignarder sous mes yeux, ça aide à devenir cinglée.

Il te regarde fixement alors qu'une larme dévale sa joue. Plus tu fais face à son visage et plus il te semble jeune, il a des traits enfantins. Il vit dans un énorme manoir, ce n'est pas avec son joujou aux flèches empoisonnées qu'il a réussi sa vie. Il y a autre chose. Tu voudrais le découvrir comme tu voudrais le tuer. Il te faut faire un choix.
La porte de l'étage s'ouvre à nouveau. Une femme arrive vers la petite fille. Elle est élégante. La peau blanche et de longs cheveux blonds. Elle ressemble à ta mère. Alors ce Livvy l'a simplement remplacée... Il a pris le portrait craché de ta mère pour se consoler.
Elle essuie les larmes de sa fille et te regarde avec un grand sourire.

-C'est une de tes recrues, Livvy ?

Sa bouche s'ouvre d'elle-même à la vue du sang sur le col du maitre des lieux, aux larmes qui coulent sur ses joues. Elle ne comprend pas et toi non plus. Tu es tombée dans une famille de sous-développés, tu ne vois pas d'autres explications.

-C'est la fille d'Heavenly... Répond-il comme il peut.

Cette femme serait au courant pour ta mère ? Qui elle était ? Tu aurais pensé que c'était sa femme pourtant. Il n'a pas oublié Heavenly, as-tu vraiment le droit de le tuer ? Techniquement, tu n'as pas le droit de tuer qui que ce soit.
Il avance vers toi. Tu ne veux pas entendre ce qu'il a à te dire. Tu regardes la petite fille accrochée à sa mère, c'est ta petite sœur. Tu ne peux pas tuer son père devant elle. Tu n'as pas le droit de créer un autre monstre comme toi. La fuite te parait le seul échappatoire possible. Alors, tu te mets à courir. Tu entends la voix de ton père derrière toi. Tu passes la porte et prends la direction de la ville voisine. Le plus vite possible, tu t'éloignes de cette maison. Tu as besoin de réfléchir à ce que tu feras.




Dernière édition par Ten Handoru le Ven 29 Juil 2016 - 21:04, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Rouge Comme Le Sang... [Solo] Rouge Comme Le Sang... [Solo] EmptyDim 27 Mar 2016 - 18:38




Rouge Comme Le Sang...


N'est-ce pas parfait ?


Les bois te paraissent interminables. Tu cours sans faire de pause, tu as peur qu'il soit derrière toi. Oui, tu as peur, c'est étrange. Il n'a rien d'effrayant, tu as peur d'être rejetée. Comment pourrait-il t'accepter après avoir vu à quel point tu pouvais être folle. Tu as détruis toutes les chances qu'il te restait d'avoir une famille. Tu voulais le rencontrer pour qu'il te saute au cou, devenir une fille à papa. Tu as tout gâché. Qu'est-ce que tu vas faire maintenant ? Rentrer à Fiore ? Faire comme si de rien n'était ? Tu ne veux pas encore. Il y a des choses que tu n'as pas éclairci sur ce type. Tu peux te débrouiller seule pour avoir des informations.
Tu arrives au pont de pierre, le début de la ville avoisinante à ton village d'enfance. C'est une grande métropole, tu n'auras aucun mal à trouver des gens qui connaissent Livvy. Quel nom pourri, tout de même. Tu te mets en chasse pour un bar, une gentille tavernière te renseignera. Il ne doit pas y avoir une tonne de type vivant dans un manoir avec un nom pareil. Tu te retournes, il n'y a personne. Il a dû rester avec sa petite famille à lui. Celle dont tu ne fais pas partie.
Tu entres dans une taverne de le rue principale. Elle n'a pas l'air trop malfamée, tu ne cherches pas la bagarre pour maintenant. Tu t'assois au bar en attendant la jeune fille qui sert une table de jeunes gens sûrement venus juste pour elle. Comment demander des informations sans avoir l'air louche ? Elle s'enfuira si c'est un criminel. Bien qu'avec son nom et ses pauvres sanglots à ton égard, tu n'y penses pas une seconde. Elle arrive vers toi.

-Bonjour, mademoiselle. Je vous sers ?

Elle t'adresse un grand sourire, elle te répondra si tu parais triste.

-Un jus de fruit et... Vous connaissez un homme du nom de Livvy, il vit dans un manoir près d'ici à ce qu'on m'a dit ?

Elle s'arrête sur le verre qu'elle s'apprêtait à saisir. Tu as fais mouche. Lui extirper quelque chose sera peut-être plus dur que prévu.

-Eh bien... Il y a pas mal de monde ici et...

-Je suis sa fille.

Tu joues la carte de la franchise, c'est étonnant chez toi. Tu espères que cette femme soit une mère, elle sera indulgente. Elle trouvera du réconfort à t'aider, c'est comme ça que les honnêtes gens fonctionnent, trop prévisibles.

-Je ne savais pas qu'il avait une grande fille, continue-t-elle avec son sourire du métier, il vit juste à côté, tu passes le pont et c'est sur la droite, tu verras la maison de loin, elle est assortie à ta robe, ricane-t-elle.

Tu le sais déjà, tout ça. Tu veux savoir ce qu'il fait pour habiter dans son énorme maison de poupée.

-Mais j'ai peur... J'ai entendu des choses pas belles sur mon papa...

C'est la première fois que tu prononces ce mot plutôt que "père". C'est un mot trop affectif pour toi.

-Ne t'inquiète pas. Je sais que la mafia ça peut faire peur mais Livvy est super gentil et un peu simplet, ironise-t-elle à nouveau.

La mafia ?! Ton père est dans la mafia ? Les organisations où l'on tue tout ce qui bouge avec un accent bizarre et des chapeaux stupides ? Donc cette maison il se l'est payée avec de l'argent blanchi et des meurtres ? Tu as sous-estimé ton père, en fin de compte. Il fallait bien un assassin dans tes gênes. Un peu simplet, ça aussi, tu l'as constaté. Il a une bonne réputation pour mafieux. Et il n'a pas peur du ridicule vu son manoir.

-J'suis pas simplet.

Cette voix... Un homme vient s'asseoir à côté de toi. La serveuse te sert ta commande et donne un verre qui empeste l'alcool à ton voisin. Tu n'oses pas le regarder. Il t'a suivie. Il est discret, surtout, tu as vérifié tes arrières. Il attendait probablement que tu te calmes.

-Livvy ! Un éléphant rose, dit-elle en pointant l'entrée du doigt.

-Où ça ?!

Il se retourne, pour de vrai.Tu n'en reviens pas... Tu père est de la mafia mais il peut se faire avoir par quelque chose comme ça... Comment fait-il pour être encore vivant dans son métier ?! La barmaid t'adresse un clin d'œil avant de repartir en salle. Tu es seule avec l'homme que tu as précédemment agressé. Ton sang encore visible sur son cou. Tu n'oses rien dire. Tu te contentes de jouer avec la paille en fixant le comptoir. Il va finir par dire quelque chose.
Plusieurs minutes passent ainsi, en silence. Il ne touche pas à son verre non plus. S'il attend après toi, il n'est pas près de repartir.
Tu veux prendre un barre de céréales dans ton sac mais tu lâches la bretelle à peine touchée. Tes doigts sont brûlés jusqu'à tes phalanges. Tu ne sais pas quand c'est arrivé. Si, le poison sur l'aiguille. Il devait être corsé. Tu fixes ta main sans vraiment savoir quoi faire. Il te la saisit. Tu le laisses faire quand il la pose sur le comptoir. Une lueur rosée s'étend dans la paume de sa main. Il serre la tienne. C'est de la magie... Une douce sensation parcourt ton bras. C'est agréable, indescriptible mais agréable. Tu en viens à fermer les yeux. C'est de la magie de soins. Un mafieux avec un nom de fille dont la magie n'a rien d'offensif et qui vit dans un manoir rose... Un nom te vient en tête. Sky. Tu vois déjà son sourire en lui racontant et son discours niais comme quoi les apparences sont trompeuses. C'est le cas de le dire dans cette situation. Tu ouvres les yeux quand la chaleur de ton bras s'arrête. Il se contente de tenir ta main. Lui aussi te regarde. Il semble étrangement heureux.

-Tu voulais quoi dans ton sac ?

-A manger ou un couteau. Ou les deux.

Il se met à rire à nouveau. Il le veut vraiment son coup de couteau. Il interpelle la serveuse d'un signe de la main. Il vient de lâcher la tienne.

-Sers un truc à manger à ma fille, s'te plait ! Un truc sans couvert...

Oui, il le veut vraiment son coup de couteau.
Il ne t'en veut pas, ou il ne le montre pas. A-t-il vraiment l'intention de passer du temps avec toi ? Tu penses qu'il va te demander de le laisser tranquille. Tu as fais peur à sa fille. Celle qu'il a élevée. Tu n'es pas sûre. Ta mère ne t'aurait rien dit à son sujet s'il était du genre à te briser le cœur. Elle tenait
à toi comme il semble tenir à elle. Il a payé ses funérailles, tout de même. Tu espères que ce n'était pas juste un signe de remords.
La serveuse revient avec un plateau de chips. Quelque chose sans couvert... Elle l'a écouté. Tu dois passer pour une psychopathe. Il n'y a beau avoir aucune arme sur ce plateau, tu pourrais le tuer avec une chips, en étant bien déterminée. Tu les manges. Tu n'as pas mangé depuis ton réveil, la route t'a affamée, sans compter l'utilisation de magie. S'il maitrise la magie curative, il ne doit pas craindre d'être blessé.

-Heavenly a refusé de m'épouser. J'étais trop jeune pour elle.

Tu le regardes stupéfaite, ta mère ne t'en a jamais parlé. Personne ne l'avait jamais demandée en mariage, de ce que tu sais. Ce qu'il dit tient la route. Il est beaucoup plus jeune qu'elle n'aurait été. Cet abruti aimait sincèrement ta mère. Est-ce qu'il était vraiment trop jeune ou juste trop stupide ? Tu connaissais bien ta mère, tu hésites quant à ce point. Il y a des questions que tu veux lui poser.

-Tu es de la mafia, à ce qu'il parait.

Il te regarde amusé et mange également.

-Ouais, le boss. Et toi tu parles trop bien pour être du pays. Nan mais sérieux, d'où tu causes en mode haute société ?

Le boss. Le chef entre autre. Tu as du mal à le croire. C'est un sujet sur lequel on ne plaisante pas.

-J'ai vécu dans un couvent, tu t'exprimes comme un fermier. Tu es le chef ? Et ma mère, d'où est-ce que tu la connais ?

-Me dis pas que t'es bonne sœur ?! J'en suis le chef, ouais, avec une maison rose. J'vais pas te faire un dessin. Heavenly elle avait son buisness et je l'ai trouvé comme ça.

Tu n'aimes pas ce que tu entends. Qu'est-ce que tu espérais, aussi ? Une rencontre sous un arbre en fleur dans la campagne ? Ta mère était prostituée, c'était le scénario le plus plausible.

-Un simple adolescent voulant se payer une prostituée et qui tombe amoureux. Tu es un stéréotype.

Il te regarde avec un grand sourire. Tu sais ce qu'il veut dire. Il y a quelque chose que tu ignores. Tu ne te doutes pas qu'il soit plus que ce que tu le décris, il est chef de mafia. Il cache quelque chose. Tu l'imagines très mal dans son rôle. Il est plutôt maigrichon, à ce poste, tu t'attendrais à une armoire à glace.

-J'suis un tueur. Toi aussi j'pense. J'veux bien répondre à tes questions mais tu me dis c'que tu fais dans la vie.

Il a deviné... Tu utilises la magie et tu n'es pas vraiment saine mentalement. Pas de quoi faire un dessin, là non plus.

-Je travaille pour une guilde de mages sur un autre continent. J'assassine, je vole, je détruis. Toi aussi, tu utilises la magie. Quoi comme magie, précisément ? Ton histoire avec ma mère ? Comment tu peux être le chef d'une mafia en étant... Totalement stupide ? La gamine, c'était ta fille ? Ta famille, qui et où sont-ils ?

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MessageSujet: Re: Rouge Comme Le Sang... [Solo] Rouge Comme Le Sang... [Solo] EmptyDim 27 Mar 2016 - 18:43




Rouge Comme Le Sang...


Ta naïveté te perdra

Quelque chose dans tes paroles le troublent. Il finit son verre et en commande un autre. Il ne semble pas fermé à la discussion, c'est lui qui est revenu te chercher, il devait s'attendre à tes questions. La serveuse lui ressert, ils se connaissent bien, tu le vois au regard qu'elle lui adresse. L'assiette est bientôt vide, tu en redemandes, c'est offert gracieusement par ton père.

-T'es pas chiante, toi. On va faire ça dans l'ordre... Ma magie, c'est une magie de guérison, rien d'offensif. Elle me sert à guérir les autres, moi aussi. Tu me diras, c'est pas avec ça que j'ai réussi à aller jusque là.

Tu aimerais bien la revoir sa magie. Elle est belle, elle est rose. Tu n'as jamais croisé personne avec ce type de magie. Elle peut-être utile, en soutien. Il sait se battre également, tu l'as vu. Tu pourrais simplement le griffer pour voir à nouveau cette lueur rosée, mais tu préfères le laisser finir.

-Ta mère je l'ai rencontrée quand j'avais quinze ans, j'avais jamais vu une femme aussi belle alors je lui ai couru après. Ca la faisait rire. Je voulais l'épouser, elle me reprochait d'être trop jeune. On avait sept ans d'écart, je crois. Et puis j'étais qu'un abruti rêvant de devenir le chef de sa mafia, j'ai réussi au final. Forcément, tu te doutes bien comment t'es venue au monde, j'étais un simple client pour elle. Je l'ai plus jamais revue à cause de mon job. J'avais abandonné. Je me suis marié avec ma meilleure amie, c'était plus simple avec la mafia.

Sa meilleure amie... Tu comprends mieux la réaction de cette femme, elle ne s'est pas précipitée sur toi pour t'étriper, elle avait confiance en lui. S'il n'y a pas d'amour véritable, il n'y a pas de réactions stupides. Il n'aurait pas mentionné Heavenly sinon. Elle devait être au courant de tout. Cette histoire n'est pas si horrible, il n'était pas un simple client. Tu connais ta mère. Savoir que tu es sa seule enfant en comptant le nombre d'hommes qui passait la porte d'entrée. Elle aurait pu se débarrasser de toi comme elle l'a fait avec d'autres. Elle t'a gardée pour une raison, tu l'as peut-être trouvée.

-J'suis pas stupide, à la limite, il me faut du temps pour que mes neurones se touchent mais j'ai un minimum d'intelligence ! J'aurais pas pu être chef sans ça, surtout vu le nombre de gens qui débarquent chez moi pour me buter, comme t'as essayé, d'ailleurs. J'ai assassiné l'ancien chef, on s'en fout de la voie hiérarchique, j'ai réussi et j'emmerde les autres. Me prend pas pour un psychopathe, j'aime la facilité.

Tu es mal placée pour juger les meurtriers, très mal placée. Tu essaies de trouver des ressemblances entre lui et toi. Il n'est pas si différent de toi. Tu aimerais connaitre son histoire également, son enfance, d'où il vient.

-Elle s'appelle Lucia. C'est ma fille. T'as un frère aussi, plus jeune que Lucia. Ma femme l'appelle Popo, me demande pas pourquoi, je cherche toujours la raison. Il s'appelle Livvy aussi normalement. Dans la mafia c'est normal d'appeler son fils de notre nom. Après, je t'accorde que Livvy ça fait tapette. On me le dit souvent. Et leur mère c'est Lily. Ils vivent tous au manoir, c'est en sécurité. Tu pourrais les rencontrer. C'est ta famille.

Ils sont probablement traumatisés. Tes relations sociales se limitent à un collègue dont les intentions à ton égard ne sont pas très claires et une gamine aussi inoffensive qu'une fourmi. Tu ne pourrais pas être une grande sœur, ni une fille, encore moins. Tu ne sais pas comment l'appeler. "Livvy" ou "papa", tu te contentes de le tutoyer.

-C'est quoi ton nom ? Je me doutes que tu t'appelles Handoru mais tu m'as pas dit ton prénom.

C'est vrai, tu ne t'es pas présentée. Leur prénom commence tous par un "L", pas comme le tien.

-Ten.

Tu ne t'attardes pas dans les détails. Plus il te raconte sa vie et plus tu te rends compte que tu n'en fais pas partie. Qu'est-ce que tu espérais ? Te trouver un foyer chaleureux pour vivre ? Tu ne vis plus ici. Tu n'aurais jamais du revenir, tu n'aurais pas cessé d'être un robot. Qu'est-ce qu'un sourire et des larmes vont t'apporter ? Tu fixes le sol. Tu peux encore t'échapper. Il ne te suivra pas jusqu'à Fiore. C'est probablement la meilleure solution. Retourne à Dark Dragon, tu n'y as pas de grandes responsabilités. Cours, il ne te suivra pas jusqu'à chez toi. Il oubliera que tu es venue.
Tu tournes le tabouret où tu es assise. Il te regarde sans comprendre. Toi aussi, tu le fixes. La main sur son bras, tu lances ton sort.

-Immobilem Facere.

Sa bouche s'ouvre d'elle-même sans qu'aucun bruit ne sorte. Le plancher remonte le long de son tabouret. Il se consolide autour de ses pieds. Tu commences à courir. Tu l'entends crier encore une fois. Cette fois est définitive, il ne te retrouvera pas. Tu cours le plus vite possible. La ville n'est pas très loin de la frontière, il est chef de mafia, il ne la passera pas. Tu pousses chaque passant qui te barre la route. Tu espères ne pas t'être trompée de direction dans la précipitation. Tu ne seras rassurée qu'en apercevant le pont. Tu voulais voir la tombe de ta mère, ce serait bien trop prévisible de ta part. Il te faut partir maintenant si tu ne veux pas qu'il te retrouve. Tu halètes déjà. Tu sais ce qu'est réellement la fuite. Il t'a prouvé qu'il était discret, inutile de te retourner. Un fin projectile passe à ras de ta tête, tu le reconnais. C'est impossible d'échapper à Immobilem Facere si vite. Tu ne connais personne comme lui. Voilà qu'il essaie de t'endormir avec ses flèches. Tu penches ta main à ta jarretière, il te faut ta pierre de soin au cas où. Tu ne la trouves pas. Ton autre jarretière, il n'y a rien non plus. Tu n'as aucune arme. Tu ne t'es même pas rendu compte qu'il t'avait touchée. Il disait vrai, il est intelligent, non, rusé. Ton sac est resté au bar. Tu ne sais pas t'enfuir, tu n'as pas l'habitude. Plus tu te rapproches de la sortie et plus les aiguilles t'effleurent. Tu ne comprends pas pourquoi il insiste. Il pourrait très bien te laisser t'échapper, qu'est-ce qu'il gagne à être le père d'une fille de prostituée ? Tu tournes dans une ruelle. Tu finiras par le semer, c'est ce que tu penses puisque tu ne sens plus les projectiles autour de toi. Tu te retournes pour t'en assurer quand tu es projetée au sol. Les poignets retenus au dessus de ta tête. Il tente de t'immobiliser tant bien que mal. Tu n'arrives pas à te dégager. Il est plus lourd que toi. Tu n'as pas dit ton dernier mot. Tu peux le vaincre avec la magie. Tu essaies d'utiliser ton Crepare mais rien ne se passe. Tu es prise de vertige. Du sang sort de ta bouche, non, coule simplement à côté. Tu passes ta langue pour découvrir qu'il a réussi à te planter une aiguille dans la joue. Tu es piégée, ça ne t'est jamais arrivé. Tu sombres dans un profond sommeil, les larmes aux yeux. Tu distingues les lèvres de ton père formaient le mot "désolé".



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Ten Handoru

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MessageSujet: Re: Rouge Comme Le Sang... [Solo] Rouge Comme Le Sang... [Solo] EmptyDim 27 Mar 2016 - 19:00




Rouge Comme Le Sang...


La princesse prisonnière de son château

Une douce odeur fleurie flotte dans les airs. Tu sens un tissu lourd sur toi. La lumière filtre à travers tes paupières et t'agresse sans que tu aies besoin d'ouvrir les yeux.
Tu te redresses en sursaut. La dernière image que tu as en tête, c'est ton père qui te plaque au sol pour t'endormir. Tu regardes autour de toi. A en juger par la hauteur des fenêtres et les tapisseries de luxe, tu es dans son manoir. Tu soulèves la couette au dessus de toi et poses tes pieds au sol. Tu n'as plus les même vêtements. Tu portes une petite robe à la hauteur de tes genoux avec ceinture à la taille. Elle est rose, plus claire que celle que tu portais. Tes cheveux retombent plus bas sur tes épaules. Tu y passes, la main, tes couettes sont détachées. Les rubans sont posés sur la table de nuit. Tu soulèves la robe, tes jarretières ont disparu également.
Tu observes la pièce où tu te trouves. Les murs sont recouverts d'un papier-peint blanc aux rayures dorées. Il y a de la moquette blanche au sol. Le lit mesure quatre fois la taille de celui de ton appartement. Il y a une coiffeuse de marbre dans un coin. Le miroir y est énorme, tu t'approches pour t'y regarder. Tu aimes ces vêtements, même si tu voudrais bien savoir ce qui est arrivé aux tiens. Il y a tout ce dont une adolescente peut rêver. Une brosse à cheveux dorée, des flacons qui sentent tous meilleur que les autres. Les tiroirs sont remplis de bijoux et d'accessoires divers. Tu ouvres l'armoire à ta gauche, elle est remplie de belles robes. Elles sont de toutes les matières possibles. Les tiroirs du dessous gardent des bas et une étagère de chaussures est placée en bas. Tu les compares à tes bottines qui sont, elles, restées avec toi, tout est plus joli ici. Tu te diriges vers la porte mais elle est verrouillée. Tu peux voir les tapisseries de l'étage par le trou de la serrure. Tu n'entends aucun bruit. D'un geste vers la poignée tu tentes un sort pour faire fondre le verrou. Ca ne marche pas. Un bracelet attire ton attention. Il est trop serré pour être enlevé sans une lame quelconque, seule chose qui manque dans cette chambre parfaite. Tu t'en doutes, c'est ce bracelet qui t'empêche d'utiliser la magie. Tu prends une paire de chaussures dans l'armoire, la seule qui ferme à la cheville. Si tu ne peux t'échapper par la porte, tu passeras par la fenêtre. Tu n'essaies pas de l'ouvrir, tu le sais déjà, elle est verrouillée aussi. Tu peux voir un beau jardin avec une fontaine et une table de fer blanc. Il n'y a que quatre chaises, tu espérais qu'il y en ait une pour toi ? Tu prends une des serviettes de bain accrochée à la porte et l'enroule autour de ton poing. Ce n'est pas parce que tu ne peux pas faire fondre le verre que tu ne peux pas le briser. Tu pourrais sauter du cinquième étage, si tu le voulais, la hauteur n'est pas un problème. Tu t'élances et frappes la vitre. Le coup se fait sentir dans tout ton corps, mais la fenêtre est intacte. Tu réessaies. Rien ne se passe, le verre ne se brise pas. Tu es piégée comme une poupée dans sa belle maison rose. Tu as fait un raffut du diable à frapper les fenêtres. Ton paternel a bien entendu que tu es réveillée, quand même. Il fait jour, tu n'as pas dormi bien longtemps ou plus d'une journée entière. Tu t'assois sur la grande chaise de bureau. Il y a des crayons et du papier. Cela fait bien une éternité que tu n'as pas gribouillé quelque chose. Tu dessinais des animaux étranges à ta mère mais c'était interdit au couvent, tout était interdit là-bas. Tu sors une feuille et commence à griffonner. C'est mieux que d'attendre bêtement. Le temps passe sans que tu ne t'en rendes compte.

-C'est sensé représenter quoi ça ?

Tu sursautes sur la chaise. Tu ne l'as pas entendu rentrer. Tu regardes la porte, il l'a verrouillée derrière lui. Il se tient au dessus de ton épaule comme si de rien n'était. Il ne doit pas avoir conscience de t'avoir séquestrée. Il pense bizarrement, ce type. Mais autant l'amadouer, il veut sa petite fille. Tu t'écrieras à l'éléphant rose quand il ouvrira la porte. Tu lui montres un personnage digne d'un dessin d'une petite de quatre ans.

-Ca c'est toi. Ca c'est moi. Ca c'est un couteau que je t'enfonce dans le cœur. Et là, c'est une armée de chiens enragés qui vont venir grignoter ton cadavre.

Il garde un sourire sur son visage. Il hoche la tête lentement. Il se retient de dire quelque chose, tu le sais.

-C'est... Créatif... Tu peux pas dessiner des fleurs et un soleil ?

-J'ai dix-sept ans, connard.

Son sourire s'efface. Ses enfants ont moins de dix ans, il te compare à eux. Tu lui laisses la dessin dans les mains et prend un air plus sérieux. Tu dois sortir de cette maison.

-J'ai une vie, un travail, un logement et des amis. Tu comptes m'enfermer ici pour le restant de mes jours ?

Il regarde ton dessin. Il baisse la tête, il semble triste. Il voulait bien faire, sans doute. S'il veut vraiment te connaitre, il peut le faire par courriel. Tu ne veux pas être traitée comme une princesse. Tu veux retourner travailler à ta guilde pourrie dans ton logement miteux. Tu n'es pas venue chercher un foyer. Tu en as déjà un, il ne l'a pas compris, ça.

-Tu pourrais rester ici... T'as un frère et une sœur et tu pourrais avoir cette chambre, on la ferait comme tu veux et t'auras ce que tu veux. Tu peux même travailler avec moi. Je te donnerai ce que tu veux. Tout ! J'suis ton père, nan ?

Tu te lèves et lui indique le bois par la fenêtre.

-Ca, dehors. Je veux sortir. Tu n'es pas mon père, tu n'es qu'un simple client dont ma mère a oublié de se débarrasser du gosse avant sa naissance.

Il te regarde bouche-bée. Tu ne veux pas le blesser, mais tu veux encore moins devenir une poupée dans son château. Tu ne comprends pas le comportement humain. Tu ne vois pas d'autres options pour regagner ta liberté. Il se rapproche de toi mais tu t'écartes. Tu t'avances vers la porte et prends tes bottines à la main.

-Je veux mes vêtements, mon sac et mes armes. Je retirerai le bracelet moi-même dehors si tu as peur de voir ton palace se transformer en une piscine de couleur.

Il regarde à nouveau ton dessin. Tu l'as dessiné se faisant poignarder, tu ne vois pas ce qu'il y a là-dedans de plus joyeux que tes paroles. Il peut toujours l'encadrer s'il veut. Tu ne comptes pas rester ici. Il est peut-être habitué à obtenir ce qu'il veut mais tu n'es pas un trophée. Il se dirige vers toi. Son attitude ne laisse pas penser qu'il t'ouvrira la porte, tu ne sais pas quoi faire. Tu n'es plus qu'une gamine ordinaire sans ta magie. Il sort le trousseau de sa poche et ouvre la porte. Tu t'avances vers lui, il te barre la route. Tu essaies de le pousser mais il ne bouge pas, tu es faible sans magie. Tu as le physique d'une gamine de quatorze ans. Il te repousse vers ton lit et referme la porte, il est trop tard quand tu y accèdes. Te voilà à nouveau coincée dans cette pièce.
La rage sur le visage, tu frappes la porte de toutes tes forces. Tu hurles à la mort. Ca ne servira à rien, tu as juste besoin de te défouler. Tu continues pendant une dizaine de minutes. Qui viendrait à ton secours ? Tu n'es pas en danger. Tu t'écartes de la porte. Ton bracelet semble être fait de cuir. Une idée te génie te vient. Tu peux toujours le ronger. Tu n'as plus le choix maintenant. Tu vas t'assoir sur
la chaise de la coiffeuse, des épingles à cheveux sont empilées dans une petite boîte. Tu as une meilleure idée, d'un coup. Tu en attrapes quelques unes et les plie toutes de façon différente. Tu l'as déjà fait au couvent pour sortir de ta chambre. Cette endroit te rappelle beaucoup le couvent. Tu ne veux pas vivre avec les bonnes sœurs une nouvelle fois. Combien d'année faudra-t-il que tu attendes pour que cette bâtisse brûle cette fois ?
Tu enfonces les épingles et les tournes dans un ordre précis. La dernière fois où tu as ouvert une serrure de cette manière remonte à des années. Tu avais la magie après. Tu as besoin de la magie. Dans le pire des cas, tu peux essayer de percer la carotide de quelqu'un avec une épingles à cheveux. Tu entends un cliquetis dans le verrou. La porte s'ouvre face à toi. Il te faut être discrète à partir de maintenant. Tu n'auras plus d'épingles si tu te fais coincer. Tu abandonnes tes bottes et progresses dans le couloir. Tu as pris à gauche, en fonction de la position du jardin par rapport à ta chambre, la sortie est par là. Tu arrives dans un autre couloir. Des voix émanent d'une porte sur ta gauche, tu colles ton oreille à la porte pour mieux entendre, c'est une voix de petite fille.

-Quand c'est qu'on la voit grande sœur ?

Tu en conclues qu'il s'agit de Lucia. Des bruits de pas résonnent dans la pièce, trop délicat pour être un homme.

-Quand votre père se rendra compte qu'il est stupide, répond-elle toute enjouée.

Tu reconnais sa voix, c'est la femme de ton père. Elle n'a pas l'air méchante de ce que tu as vu, peut-être un peu limitée, à la rigueur. Quelqu'un arrive dans le couloir d'à côté. Tu reconnais son pas, et tu ne veux pas le croiser. Tu hésites puis tu rentres dans la pièce d'où proviennent les voix. La petite te regarde avec un grand sourire.

-Grande sœur vient jouer avec nous !

Tu lui adresses un "chut" avec ton doigt et ton regard se porte sur la femme agenouillée près de la petite fille, c'est bien celle qui était sur le palier plus tôt. Elle te regarde à son tour avec un grand sourire. Elle se lève et t'ouvre un placard avec un clin d'œil. Tu t'y jettes sans réfléchir, elle le referme sur toi. Tu peux voir qu'elle murmure quelque chose à sa fille par l'embrasure de la porte.

La porte s'ouvre, c'est bien Livvy qui entre. Tu espères qu'il n'a pas remarqué ta disparition.

-Comment se porte la petite Ten ?

Elle a toujours un doux sourire sur son visage. Elle a l'air relativement gentille.

-Hystérique. Mais j'suis sûr qu'elle va adorer vivre avec nous !

Il semble y croire. Cette option est totalement inenvisageable. Il compte peut-être sur le syndrome de Stockholm.

-Tu verras bientôt ta grande sœur c'est promis ma puce !

-Oui hâte de voir grande sœur !

Tu comprends ce qu'elle a murmuré à sa fille. Il suffisait de lui dire qu'il s'agit d'un jeu de cache-cache. Ton père acquiesce avec un grand sourire et repart. Tant qu'il ne va pas dans ta chambre, tu es en sécurité. Lily te fait signe de sortir. Tu la rejoins prudemment.

-Grande sœur va gagner !

Ta belle-mère remet le crayon dans la main de sa fille et se lève pour te parler. Elle est beaucoup plus grande que toi. Elle ressemble vraiment à ta mère. Tu comprends pourquoi Livvy l'a épousée malgré le fait que ce ne soit qu'une amie.

-Je me doute que ce n'est pas agréable d'être enfermée mais il veut vraiment que tu restes.

Elle te tend une assiette pleine de gâteaux, tu en prends un. Les chips, ce n'est pas très consistant.

-Réfléchis à sa proposition, on serait ravis de t'accueillir parmi nous.

Tu reprends des gâteaux dans ta main sans lui répondre. Tu t'en vas. Tu ne veux pas dire que tu repars dans ton pays devant la petite fille. Elle semble heureuse que tu sois là. Tu ne t'attendais pas à recevoir l'aide de cette femme. Elle n'a pas peur de son mari, ils se connaissent depuis l'enfance, sans doute.
Tu vérifies que la voix est libre et t'aventures à nouveau dans le couloir. Les murs sont recouverts de planches de bois foncées avec des tableaux à certains endroits. Il y a également des lacrimas sculptées qui éclairent les murs. Le sol est rouge, comme un immense tapis déployé le long des couloirs. Tu prends à gauche encore une fois. Le couloir s'y fait plus clair, tu aperçois le hall d'entrée. L'escalier est toujours dans le même état où tu l'as laissé dans la matinée. Tu glisses comme un toboggan. Tu as l'habitude de ton sort, tu les lances parfois par fainéantise de prendre les escaliers. La porte se trouve devant toi. Ca t'embête de partir sans tes affaires. Tu portes ces vêtements chaque jour. Tes armes et ton sac se trouvent quelque part dans cette maison. Tu ne veux pas partir sans ta gemme, c'est un cadeau. Tu hésites un instant. Comment pourrais-tu trouver quoi que ce soit dans un manoir pareil ? Tu n'as plus la magie pour te défendre. Tu peux revenir une fois que tu te seras débarrasser de ton bracelet.
Tu te diriges vers la porte. Tu n'as pas remarqué la silhouette qui se tient dans l'embrasure de la porte derrière toi. Tu tournes la poignée, tu lui enverras une lettre pour ton adresse. Il ne viendra pas te chercher dans un autre pays. La porte est verrouillée. Même la porte d'entrée, il aura pensé à tout. Tu ne prends pas la peine d'essayer les fenêtres. Il l'a dit lui-même, des gens viennent l'attaquer à cause de sa place, il ne va pas prendre le risque de faire tuer sa famille. La serrure est sécurisée, tu ne l'ouvriras pas avec tes épingles. Tu décides d'explorer le manoir à la recherche de la cuisine, il y a forcément une cuisine avec des couteaux quelque part. L'important est de récupérer ta magie, les portes ne seront plus un problème après. Tu vas dans l'aile droite du manoir. Les portraits s'enchainent sur les murs, des hommes seuls comme des familles entières. Il doit s'agir des prédécesseurs de Livvy. Lui aussi a son portrait de famille, le dernier de la file. Tu y vois Lucia, un bébé et leurs parents. Une étiquette dans le coin attire ton attention. « A remplacer ». Le papier n'est pas corné, il a été placé récemment. Il voulait peut-être que tu y figures. Tu n'en as pas l'intention. Tu continues ta route, il n'y a aucune porte sur les côtés latéraux, juste une double porte au fond. Il serait dangereux de faire demi-tour, tu y entres. La pièce est immense, des draperies sont accrochées au mur, des cadres les séparent. Un lustre de cristal occupe un tiers du plafond. Un grand bureau de chêne trône au milieu avec un fauteuil presque double, dos aux fenêtres. Cette pièce est
le bureau de ton père, tu en es sûre. Il y a des dessins d'enfants dans un coin. Tu les regardes un par un, des fleurs et des soleils. Tu ne dessinais rien de joyeux étant enfant.

-Je comptais mettre le tien aussi, même s'il est hyper glauque.

Tu relèves la tête, il t'a suivie, tu ne l'avais pas entendu entrer. Ce n'est pas étonnant qu'il ait pu assassiner quelqu'un, tu ne connais personne de plus discret.

-T'échapper avec des épingles, c'est pas mal. T'as quoi d'autre comme talent caché ?

Il t'exaspère au plus haut point. Lui et son sourire provocateur sur les lèvres. Tu ne relèves pas les défis des gens en général mais c'est différent pour lui. C'est ta vie à Fiore qui est en jeu. Tu n'as pas d'armes, inutile de se lancer dans un combat au corps à corps sans tes poignards. Tu fouilles dans les tiroirs, un chef de mafia reçoit du courriel, il vit dans le luxe. Troisième tiroir du bas, il y a bien un coupe-papier. Ce n'est pas très différent d'un poignard. Tu fais le tour du bureau et place ton arme devant toi.

-Tu veux te battre avec ça ?

Absolument pas. Tu glisses le coupe-papier sous ton bracelet et commence à scier. Tu serais prête à te couper la main pour récupérer ta magie. Il commence à avancer vers toi, trop lentement pour qu'il pense que ta technique va fonctionner. Tu recules quand deux morceaux de cuir tombent au sol. Tu lances ton arme de fortune sur le mur derrière ton paternel.

-Changeling contre sarbacane, qui gagne ? Liquefacere ! Hurles-tu en direction du mur de dehors.

Le mur s'écroule en une fontaine sur le sol. Tu voilà libre d'accéder au jardin. Tu le regardes une dernière fois. Il n'a pas sorti d'arme. Il se contente de te fixer avec un air triste. Que pourrait-il faire, maintenant ? Te poursuivre à nouveau ? T'enchainer dans la cave pour être sûre que tu ne sortes pas ? Tu prends le temps de sortir une feuille du bureau et t'empares de la plume restée dans l'encrier. Tu y écris ton adresse. Tu es venue jusqu'ici pour rencontrer ton père, tu ne vas pas le quitter totalement. Tu lui montres le papier.

-Je t'ai noté mon adresse, mon nom si tu ne t'en souviens plus et le nom de la guilde à laquelle j'appartiens. Je vis dans une ville dégueulasse dans un appartement délabré et sans meuble. Comprend le sous-entendu tout seul. C'était un plaisir. Je reviendrai quand tu ne voudras plus me séquestrer dans ton château rose. Sur ce, mes amitiés à ta femme et tes gosses. J'ai le cadavre d'un ami à enterrer, si des enfants n'ont pas joué avec... D'où est-ce que tu as ce portrait ?

Tu n'avais pas prêté attention à un dessin d'une fille sur le bureau. Tu la reconnais. Il s'agit de Sky. Tu en es sûre. La ressemblance est frappante. Tu lui montres la papier et le range dans ta robe. Tu déposes également les informations que tu lui as écrite sur son bureau. Tu ne vas pas prendre le risque de l'approcher.

-C'est la gamine qu'a assassiné le chef de la mafia adverse. Une fille que t'as p't'être croisée me l'a donné ce matin. Tu veux vraiment partir ?

Tu le regardes bouche-bée. Tu sais que Sky est porté disparue depuis une semaine à peu près, tu as essayé de toquer à sa fenêtre il y a quelques jours et d écouter par les fenêtres des autres occupantes.

-Bien sûr que je veux partir. J'ai une vie. Tu feras ton portrait de famille une autre fois.

Il baisse la tête, tu vois que les larmes lui montent aux yeux. Il n'est pas très solide pour un criminel. Tu es sincère dans tes paroles. Tu reviendras, ça ne fait aucun doute. Tu ne veux pas le montrer mais tu es triste de partir. Tu auras retrouvé un peu d'humanité dans ce voyage. C'est un grand pas pour toi.

-Ne pleure pas, je te dis que je vais revenir. Mais je veux quand même récupérer la gemme qui était accrochée à une de mes jarretières. C'est un cadeau... En quelque sorte.

Les larmes perlent sur ses joues. Tu ne comprends pas pourquoi il pleure. Ce n'est pas un adieu. Il avance dans la pièce et soulève la porte du secrétaire. Ton sac était là depuis le début. Il agit comme un enfant, il n'est pas méchant. Il le garde dans sa main avec une mine de chien battu.

-Câlin ?

C'est ça qu'il veut ? Un câlin ? Tu ne fais pas d'embrassade aux gens, sauf pour les attaquer. Tu n'as pas confiance en lui, en plus de ça. Tu l'inspectes de la tête au pied, tu ne vois pas d'arme. Il t'a prouvé qu'il était rusé. Tu te méfies.

-Lance-moi ce sac et garde ton câlin ! Et mes vêtements ? D'ailleurs, qui m'a changée ?

Il te regarde avec un grand sourire. Tu le tues s'il s'agit de lui. Il voit bien que tu t'énerves.

-Une domestique ! Te méprends pas, et tes vêtements ils étaient en mauvais état alors ils sont partis à la poubelle...

Ta robe passe encore mais tes jarretières c'est autre chose. Il a jeté ce qui sert à porter tes armes... Tu ne peux pas nier le fait que ta robe était trouée et plus qu'usée. Tu ne veux pas voyager tout le temps avec ton sac pour tes armes. Tu le fusilles du regard. Il est temps que tu partes.

-A bientôt.

Il te rattrape de suite. Tu crains l'aiguille au somnifère mais il n'en est rien. Il te tend ton sac. Il recommence à pleurer. Tu vis dans un autre pays. Vous n'êtes pas voisins et il le sait bien. Tu mets ton sac sur ton épaule. Tu n'es pas habituée aux grandes scènes sentimentales, tu n'es pas habituée aux sentiments tout court. Tu ne peux comprendre la douleur d'un parent qui voit son enfant partir. Tu as trouvé une famille dans ce pays que tu haïssais tant. Bosco fait partie de tes origines. Tu ne peux pas lui en vouloir pour ce qu'il a fait, il ne pensait pas à mal. Tu lui tapes dans l'épaule avec un sourire que tu peux réellement ressentir.

-Garde moi une chambre. Papa.

Il pleure encore plus. C'est étrange de l'appeler comme ça. Tu devras t'y habituer, c'est ton père. Tu sors sans te retourner, il ne dit rien non plus. Tu passes la clôture du jardin, tu sais qu'il te regarde. Tu as une raison de revenir à Bosco à présent. Tu fouilles dans ton sac pour prendre la gemme et décroches les rubans que tu avais accrochés à ta ceinture. Tu noues un des rubans à ta cuisse pour y ranger ta pierre. Tu achèteras d'autres jarretières. Tu prends tes deux poignards et les glisses dans ta ceinture. Tu portes des manches courtes, le symbole de ta guilde est apparent, tu n'as pas l'habitude. Il est peut-être tant d'arrêter de t'habiller comme une bonne sœur. Tu attaches tes cheveux en queue de cheval avec le deuxième ruban. Tu passes le manoir, tu sens toujours son regard dans ton dos. Pas besoin de te retourner pour savoir qu'il sanglote encore. Tu n'attendais rien de ce voyage. Tu as cru que ta vie s'arrêterait ici, à Bosco, d'une manière ou d'une autre. Tu ne pensais pas revenir à Fiore avec un vrai sourire et des vêtements si courts.
Tu t'enfonces dans la forêt. Un simple regard derrière toi et tu le vois, il attend au portillon de la cour arrière. Tu lèves les yeux vers une des fenêtres. Lily et Lucia te regardent partir. La petite te fait de grands signes pendant que sa mère te sourit. Tu lui fais signe également, à ton père aussi. Il pleure toujours, tu as calculé qu'avec sept ans d'écart avec Heavenly, il en a trente-trois. Il a la mentalité d'un enfant et l'air de la vingtaine. Il aura encore une tonne de questions auxquelles répondre mais pour le moment, tu veux rentrer chez toi. Bô t'attend. Tu n'es plus vraiment seule. Il y a quelqu'un prêt à t'accueillir. Tu continues ta route. Tu veux passer voir la tombe de ta mère avant de partir. Elle n'a plus à s'inquiéter pour toi. Tu vas continuer de travailler à Dark Dragon, c'est indéniable et c'est-ce que tu veux. Tu pourras peut-être rire de nouveau. La route va être longue jusqu'à Fiore et tu ignores l'heure qu'il est. Alors Ten, regrettes-tu ce voyage ?



Dernière édition par Ten Handoru le Ven 29 Juil 2016 - 21:04, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Rouge Comme Le Sang... [Solo] Rouge Comme Le Sang... [Solo] EmptyDim 27 Mar 2016 - 19:07




Rouge Comme Le Sang...


Épilogue

Tu aperçois la fontaine de ton village, le cimetière se trouve après le chemin pavé. Tu n'as jamais véritablement dit au revoir à ta mère. Tu ne savais pas ce qu'elle était devenue, ce qu'avaient bien pu faire les habitants de son corps. Ils ont vu ton père, ils auraient pu l'avertir de la fille d'Heavenly. Ils ont gardé le secret. Les villageois sont les pires vautours qui soient, à tes yeux.
Tu arrives au portail. Le cimetière est immense. Tu ne l'as jamais visité, tu ne sais pas si ta mère avait de la famille ici, ou autre part. Elle ne t'a jamais parlé de ces parents. Tu avances dans la première allée, tu les feras une par une s'il le faut. Les tombes défilent, tu reconnais certains noms de familles. Aucun Handoru pour le moment. Ton père est riche, tu cherches dans les plus belles stèles. Tu te demandes ce qu'il peut bien avoir écrit. Tu continues d'arpenter les allées, tu constates que la plupart des fleurs sont fanées, des mauvaises herbes poussent dans presque tout le cimetière. Les gens ne vont pas beaucoup ici.
Un mausolée blanc attire ton attention au bout du cimetière. Il est propre, entretenu et le lierre y est taillé. Ton père n'aurait pas laissé la tombe à l'abandon. Tu t'y diriges. Un ange recroquevillé les mains jointes se tient au dessus de la porte. Juste en dessous, entre deux plaques, tu peux lire "Heavenly Handoru". Tu pousses l'une des porte en bois. Quatre colonnes de pierre blanches supportent le plafond. Au centre se trouve le cercueil de ta mère. Il est blanc sur un socle de marbre. Cet endroit est entretenu régulièrement. Tu te demandes si Livvy vient lui-même s'en occuper. Dans la pierre est encore gravée le nom de ta mère. Tu cherches une épitaphe autour de toi. Il y a des fleurs sur les marches, surtout des roses. Il doit venir les déposer lui-même. Un des murs abrite une inscription, tu la lis à voix haute.

-Que ton sourire survive dans ce monde, toi, la plus belle des roses.

Tu restes à contempler cette phrase pendant quelques minutes, un doux sourire sur les lèvres. Tu regardes le cercueil, sa vie n'était pas si horrible, elle avait le sourire. Tu peux l'arborer aussi. Tu peux faire vivre le souvenir de ta mère. Tu as trouvé une famille. Elle n'a plus de raisons de s'inquiéter. Ton seul regret est de ne pas t'en être rendu compte plus tôt. Il y avait une clé à tes chaines. Elle se trouvait ici.
Tu sors sans te retourner, à nouveau. Il es temps de rentrer à Fiore.


~


Tu as continué à pied par la forêt jusqu'à la ville d'Harjeon. Tu n'y es jamais allée mais il y a quelque chose que tu cherches. Tu sais qu'il s'agit d'une ville touristique, il n'y a pas meilleur endroit pour trouver des boutiques. Tu prendras le train pour rentrer, une grande première si tu ne te dégonfles pas. Personne ne te regarde de travers, tu n'as pas cet air neutre sur le visage, ni cette vieille robe trop couverte, personne ne te remarque. Tu es une personne ordinaire à leurs yeux, tu y ressembles. Des enfants te sourient, plutôt que de pleurer. Ce n'est pas si mal comme sensation, n'est-ce pas ?
Tu regardes chaque enseigne pour trouver, enfin, une boutique de vêtements. Tu n'as jamais fait les magasins, ta robe venait du couvent. Ta mère s'occupait de tes affaires étant petite même si tu te rappelles parcourir les rayons à ses côtés. Tu cherches quelque chose de bien particulier, adieu les robes encombrantes, ça n'a jamais était simple de se battre avec. Une vendeuse vient t'aborder avec un grand sourire.

-Je peux vous aider, mademoiselle ?

Tu ne sais pas vraiment quoi répondre, ce n'est pas dans tes habitudes. Tu as l'air d'une jeune fille tout à fait normale, autant continuer ainsi.

-Heu... Je cherche quelque chose comme ça.

Tu lui tends un vieux croquis que tu as pris sur le bureau de ton père. Il y a inscrit « uniforme » en haut de la feuille. Cette tenue te plait, ce n'est pas ton père qui l'a dessinée, ça se voit, les traits sont féminins. Elle regarde le papier de plus près et t'emmène dans un autre rayon. Elle attrape une combinaison kaki manche longue se terminant en jupe. Il y a des boutons dorés et un nœud plus clair autour du cou. Tu prends le vêtement dans tes mains, le tissu te convient mieux, la soie faisait transpirer. Il semble à ta taille.

-Je prends...

Elle reprend le tout dans ses mains pour le poser à la caisse. Elle continue sa route dans un autre rayon. Elle te montre un mannequin avec un long manteau noir, des étoiles pleins les yeux. Tu hésites entre le fait qu'elle veuille te faire acheter autre chose et que tu en as envie, de toute façon.
Tu prends, également.
Vous continuez comme ça pour des bas, des chaussures, un sac et d'autres accessoires totalement inutiles mais que tu trouves bien trop jolis. Tu devrais t'arrêter, pour le bien de ton porte-monnaie mais tu penses pouvoir récupérer de l'argent chez ton père ou lui voler des objets de valeur.
Tu finis par sortir de la boutique avec un sac plus large que toi. Tu n'as plus qu'un endroit où aller avant de rentrer. Tu as demandé à la vendeuse où tu devais aller. Elle t'a donné l'adresse d'une amie dans la rue d'à côté, en te la recommandant car « c'est elle qui me coiffe, c'est bien fait, hein ? ». Tu lui fais confiance, même si elle a la coupe d'un vieux caniche. Tu entres dans la boutique au mur violet. Une fille à l'allure débraillée vient t'accueillir en attrapant ta queue de cheval.

-Ils sont super longs... Qu'est-ce que tu veux ?

Elle a un sourire niais sur le visage.

-On coupe et tu peux les teindre en rouge ?

Tu la tutoies aussi. Elle a commencé. Elle ne semble pas beaucoup plus vieille que toi.
Elle t'adresse un clin d'œil avec son pouce levé puis te conduit jusqu'à un siège. Tu n'es jamais allée chez le coiffeur. Ta mère s'est occupée de tes cheveux, petite et Sophie par la suite. Tu sais couper, tu as arrangé le carré de Sophie à plusieurs reprises mais sur toi-même, tu aurais peur du résultat. Elle t'indique un siège en face d'un grand miroir mal lavé. Tu aimes ce que tu vois. Une adolescente normale. C'est la personne que tu veux être. Une jolie fille avec un sourire sur son visage sans être la poupée de quelqu'un. Elle enlève l'élastique de tes cheveux. Tu n'as jamais vraiment coupé tes cheveux, ils touchent presque le sol, une fois détachés.
Tu fermes les yeux, le ciel prend la couleur orangée du soir.

-Hey ! Alors t'aime bien ? J'ai fais comme je le sentais vu que tu dormais.

Tu te lèves en sursaut pour découvrir les longues mèches rouges tombées autour de ton visage. Tu en vois le bout dans la glace, ils arrivent à tes hanches à présent. Tu adores ce qu'elle a fait. Tu as la même couleur de cheveux que ton père maintenant. Tu la regardes avec un grand sourire.

-Si je n'habitais pas à l'autre bout du pays je te promettrais de revenir !

Elle te répond joyeusement que ce serait avec plaisir. Tu payes la somme demandée, ce n'est pas si cher en soit.

Tu marches dans la rue avec les cheveux détachés pour la première fois depuis des années. Ils sentent bon le shampoing, tu joues avec les pointes maintenant rouges. Tu vas vers la gare. La nuit va bientôt tomber. C'était la plus belle journée de ta vie, n'est-ce pas ?


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