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[Capture] Angmaria

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Invité

Anonymous

Invité


MessageSujet: [Capture] Angmaria [Capture] Angmaria EmptyLun 3 Aoû 2015 - 11:37

Accord de Flame pour la capture:

« Psycho League »
Il avait baigné une semaine entière (deux, peut-être…) dans son élément. Dans son océan. Dans son royaume.
Depuis qu'il avait expédié Shô tout droit en Enfer, Rainer avait pris sa retraite jusqu'à recharger pleinement ses réservoirs d'énergie. C'était, comme à chaque fois, un retour aux sources... Il pensait à son enfance, à sa mère, à ce qu'il avait vécu. Secrètement, il espérait revoir Abyssia dès qu'il pénétrait dans l'eau. Il espérait ne serait-ce qu'entr'apercevoir son ombre derrière un entrelacs de varech... Pour la prendre en chasse. La tuer. Exterminer celle qui l'avait abandonné. S'assurer de la volatilisation de la traîtresse. Il voulait qu'elle revienne à lui pour la faire de lui-même disparaître une bonne fois pour toute.

Rainer s’était nourri de poissons, de mammifères, parfois. Il arrivait qu’il tombe sur de stupides créatures dotées de magie… Mais aucune n’avait pu rivaliser avec lui. En milieu aquatique, Rainer représentait une déité. Il décidait de la vie ou de la mort de chacun. Et lui était insaisissable, invincible. Qu’on l’attaque et il se retrouvait en un instant derrière la folle créature ayant cru pouvoir l’approcher impunément. Qu’il attaque et ce qu’il visait était, au mieux, fracassé ; au pire, pulvérisé.
Mais, surtout, il s’était reposé… Car un monstre se tapit dans l’ombre avant de surgir à nouveau.
Akusei avait flotté, immobile, yeux clos. Ses cheveux décolorés avaient formé une couronne immonde de soie d’araignée autour de sa tête, s’éparpillant au gré des courants à la manière des multiples têtes d’une hydre.
Ses blessures s’étaient refermées, son ire s’était à la fois calmée et régénérée. Son pouvoir lui était revenu… Un pouvoir plus puissant… Plus terrifiant… Plus dévastateur.
Le Dokumiryuu Mode. Il avait réactivé celui-ci à son premier réveil. Comme à sa première utilisation, les modifications physiques étaient survenues. Autour de lui, l’eau s’était teintée d’aubergine et toute vie qui était entrée en contact avec cette pollution avait disparu l’instant d’après. Rainer avait exécuté des mouvements lents, calculés. En effet, le jeune homme-dragon ressentait son pouvoir pulser dans son corps. Il sentait ses veines le charrier et, au moindre déplacement, avait l’impression qu’il allait le faire exploser. Sa face transfigurée se plissait alors qu’il tentait de canaliser cette bête. Car, oui, c’en était une. C’était un monstre fulminant dans sa cage charnelle. Une créature ténébreuse tambourinant sur ses murs d’os, de sang et de chair. Et Rainer luttait pour la maîtriser… Il luttait en pleine jubilation… Car il savait que quand il relâcherait cette chose... Le monde lui-même en porterait la marque… !
Sauf que déchaîner la colère du Dragon Venimeux des Mers revenait à s’enharnacher à un taureau furieux. Sans aucun effort, l’on détruit tous les obstacles… Mais l’on subit sa course effrénée, l’on se heurte, l’on se téléscope avec ce qui nous bloque.
Un Hurlement et ses réserves s’étaient vidées. Son propre pouvoir le drainait… Et Maesltröm détestait ne pas être en position de force !
Alors il s’était battu contre lui-même, entre déchaînements de puissance, évanouissements, régénérations et massacres perpétrés pour se défouler. L’entraînement avait duré le temps qu’il avait fallu.
Et désormais, il était prêt.
Le Dragon Venimeux des Mers allait noyer le monde sous son poison.


• • •

Alors que le soleil était à son zénith, une forme ondoyante se profilait sur le rivage. Elle sortit de l’eau progressivement. Tête, cou, épaules, torse, taille, jambes. On aurait cru à un mirage, au premier abord, étant donné le stoïcisme de la créature… Mais il n’en était rien. Rainer Akusei, pour le plus grand malheur de tous, parasitait encore Earthland. Une plage de sable brûlant s’étendait sur des kilomètres, ligne de sel sur la plaie saignante qu’était devenue Fiore depuis que des êtres tels que Maleström s’était éveillés.
A une dizaine de mètres, des hautes herbes crevaient la silice. Déjà carbonisées à leur naissance sur ce terrain aride, elles se jetaient en plein soleil histoire d’être encore plus desséchées. Plus loin, une terre craquelait finissait par remplacer le sable et la végétation devenait celle d’une savane.
Les Steppes d’Ambre. Autant dire qu’il s’agissait d’un environnement étranger à Rainer… Fort heureusement, il se trouvait encore torse nu, s’étant débarrassé de son haut à Primrose Resort. Il grimaça alors que l’astre diurne dardait ses rayons mauvais vers sa peau fantomatique. Le sel marin accentuait l’impression de chaleur tout en provoquant des démangeaisons.
Il était encore loin d’Oak, son point de chute… Mais il devait tout de même émerger à intervalles réguliers s’il ne voulait pas que ses muscles perdent l’habitude de la terre ferme. Alors, il délia ses membres d’araignée, repéra du gibier et entreprit une course prédatrice pour tenter de le rattraper avant de le tuer à distance…
Il le mangea cru. Parfois en utilisant ses mains… Parfois non. Ce devait être un quadrupède apparenté aux antilopes… Le goût était fort, mais Rainer n’en tenait pas compte. Ce genre de bête se nourrit pour vivre et non pour son plaisir. Il déblayait les viscères de la charogne pour accéder aux muscles, jetait les organes au loin pour détourner la convoitise des vautours et poussait des grognements lorsque ces derniers s’approchaient trop à son goût. Il tournait vivement sa tête, diffusait tout autour de lui son regard hargneux.
On ne vole pas la proie d’Akusei. Des primates tels que Senji Sakki en avaient déjà fait les frais.

Lorsqu’il fut repu, il se décida à repartir. La chaleur et la dureté de cette terre aride lui déplaisaient. Il finirait le trajet à la nage, ressortirait au niveau des Falaises Owari… Ou du Massif de Matsu. Après tout, certes, c’était la région de Wave Stream… Mais qui se souciait de cette guilde de bouffons ?
Surtout pas Rainer.
Le pas rapide, il se dirigeait de nouveau vers le littoral. Rapide, car son voyage était encore assez long. Il était lent, bien trop lent… Et son honneur de Dragon lui interdisait d’utiliser une invention simiesque pour se déplacer plus vite. Ainsi, il fulminait tranquillement lorsqu’il repéra une irrégularité dans le bleu de l’océan… Une zone plus sombre se trouvait en plein milieu de celui-ci, comme si un nuage solitaire se trouvait juste au-dessus. Le mage noir jeta un coup d’œil agacé au ciel. Rien.
Intrigué, il continuait à se rapprocher lorsqu’il remarqua un paramètre qui changeait du tout au tout sa perception des choses. Le Dragon des Mers s’arrêta net, une ombre sur le visage.



Un vent fade et tiède souffla, faisant bruisser l’herbe de la savane et l’âme de Rainer.

- Gehehahaha…

Un grand bruit d’éclaboussure. Akusei releva la tête vers le ciel pour voir le corps lourd et fort d’un reptile volant nimbé d’eau.
Le vent siffla quand elle fendit l’air et la terre trembla lorsqu’elle se posa pesamment au sol, juste en face du mage abyssal qui se contenta de la suivre du regard, un air de plus en plus excité le défigurant lentement.
Une Hydrovern ! Celle-ci devait faire une douzaine de mètres de la tête à la queue !
Les Wyverns sont des bêtes territoriales. Alors, comme ça, Maelström était entré sur « son » territoire… ? Il riva ses yeux rouges dans les iris de la bête, aussitôt enragé, alors que d’autres bruits tout aussi assourdissants survenaient. Son territoire ? Son putain de territoire ?! Comme si la moindre parcelle du moindre océan appartenait à une créature autre qu’au Dragon des Mers ! Des conneries ! Tout ce qui se trouvait sous la surface appartenait à Rainer ! C’était son royaume ! A lui !
La créature déploya ses ailes membraneuses, redressa son buste et... Poussa un court et strident cri. L’instant d’après, sa tête inerte roulait jusqu’aux pieds du jeune homme-dragon.
Le cadavre s’effondra. Sur son dos, deux énormes pattes écailleuses pourvues de quatre griffes plongées dans la chair de l’Hydrovern. Chacune de ces armes de kératine mesurait la taille du bras de Rainer et était au moins deux ou trois fois plus épaisses. Plus haut, au niveau des genoux, des pics jaillissaient de la peau. S’ensuivait un corps musculeux gardé par une armure d’écailles et nimbé de deux voiles abyssaux sur lesquels des motifs semblaient avoir été dessinés par une plume démoniaque. D’autres os pointus formaient de parfaits pals, formant une armature mortifère autour de chacune desdites ailes. Enfin, un cou et une tête sur lesquels avaient été empilés des pièces d’armure bleues et blanches couronnaient cette création monstrueuse. Longue d’une vingtaine de mètres, cette deuxième Hydrovern aurait pu dévorer la première au petit-déjeuner.
De quoi exciter encore plus Rainer…
Mais avant qu’il n’ait pu faire quoi que ce soit, le reptile, sûrement à cause du fait que sa « proie » ne fuie pas, posa ses ailes devant lui, se pencha et tendit son cou à deux ou trois mètres de Maelström en poussant un rugissement infernal. Toute la faune à des centaines de mètres à la ronde déguerpit. Le Sea Dragon Slayer, lui, demeura, contemplant l’immense gueule de la bête et ses trois rangées de dents acérées comme des poignards. De la salive et du sang de la première Wyvern fouettèrent Rainer en même temps que l’haleine insupportable de la créature.
Lorsque ce fut fini, il claqua de la langue, une expression à la fois dégoûtée et enragée sur le visage. Il fixa les yeux céruléens de la titanesque Hydrovern. Cette saloperie puait le cadavre…


- Quelle grande gueule. T’as fini ?

Maelström n’allait surtout pas se laisser impressionner par une créature marine. Il coula un regard amusé en direction de feu la congénère de celle-ci.

- Alors comme ça, on bute ses amies ? Tu convoitais… (il tiqua) Son… Territoire ?


Les pattes, les ailes, la gueule et même la queue (qui se terminait par une protubérance nimbée de pics !) de l’Hydrovern auraient pu mettre fin à la vie de Rainer en un clin d’œil. Il était conscient de cela, mais ne recula pas pour autant. Les prédateurs savent qu’il ne faut jamais perdre la face si l’on tient à survivre. Un vieil instinct.
Les deux monstres marins se toisèrent l’un l’autre durant de longues minutes. Lorsque l’Hydrovern esquissait un mouvement, Akusei s’efforçait de ne pas réagir et ne se mouvait à son tour que quand le reptile prenait confiance en lui.
Le pseudo-duel se termina lorsqu’un coup de queue vicieux força le fils d’Abyssia à bondir en arrière. Aussitôt, la furie rugit et cracha un jet d’eau de deux mètres de diamètre droit sur le mage noir. Comme un vrai Dragon…
Mais il n’en était rien. C’était une Wyvern. Une créature ayant voulu s’approcher de la perfection, mais qui demeurerait pour toujours à l’étage du dessous. Un ersatz ridicule de noblesse !
Plutôt que de chercher à éviter le torrent aqueux, Rainer positionna l’une de ses jambes derrière l’autre… Et l’encaissa de plein fouet ! Sa poitrine se gonflait avec tranquillité tandis que son adversaire semblait essayer d’augmenter la puissance de son jet. Derrière le Dragon Slayer, le souffle résiduel à la force du torrent faisait ployer les herbes et levait un nuage de poussière.
Une secousse mit fin au déluge de flots hurlants. La Wyvern était retombée à « quatre pattes », sur ses ailes. Son regard, étrangement expressif, dénota de l’incompréhension… Et de la peur, Rainer en était certain. Voilà qui le contentait…
Il s’esclaffa :


- Aaaaah ! Merci… Vois-tu, beauté, tu ne peux pas grand-chose contre moi. « Ton » nouveau domaine n’est pas le tien… Mais le mien. Je t’en veux, tu sais. Avoir usurpé mon autorité de seigneur et avoir tenté de s’attaquer à moi… Ah, putain de merde… Ce n’est pas pardonnable pour une saloperie aussi primitive que toi.

Cachant de son corps de titan le soleil, l’Hydrovern sembla enrager. Elle se redressa à nouveau et déploya ses ailes, noyant littéralement Rainer dans son ombre.

- Oh.

Impressionnante envergure, en effet.
La bête s’exposait aux attaques d’Akusei, ainsi positionnée. Insensible aux siennes, ce dernier aurait pu la tuer rapidement.
Mais il n’avait pas vraiment envie de le faire… Le voyage s’annonçait long et la motivation n’était pas de mise… Alors autant profiter un peu de l’occasion pour perdre du temps et s’entraîner un peu plus.
Il rit au nez de la bête lorsqu’elle invoqua de multiples orbes d’eau sur toute l’amplitude de ses ailes. Un rire éraillé, cassé, crissant dans les tympans de l’Hydrovern. Celle-ci poussa un nouveau cri, plus strident et vibrant que le dernier.
Des sphères naquirent des pics… Et une vingtaine de lances aqueuses fusèrent sur Maelström ! Le mage noir, riant toujours aux éclats, absorba toutes celles qui passaient à sa portée tandis que les autres défonçaient le sol à la manière de petites météorites, créant un brouillard de débris autour de la cible de l’attaque. Lorsque l’assaut se calma, la Wyvern recula par réflexe. Là. Rainer la vit. L’étincelle de la peur animale, celle que commande l’instinct de survie. Le titan marin s’était rendu compte de sa position de faiblesse… Akusei releva une mèche de cheveux mouillés pour dégager son champ de vision. Déstabilisé, l’adversaire frémit et s’apprêtait à se jeter, serres et crocs en avant, pour déchiqueter le Dragon Slayer.


- Tch.

Une lame d’eau pressurisée creusa une entaille profonde dans la patte arrière droite du monstre qui s’affala au sol au lieu de bondir. Une légère frayeur pour Rainer. Au corps-à-corps, la masse d’écailles et de muscles l’aurait écrasé, aussi puissant était-il. Face à un coup de patte, un Umiryuu no Tekken aurait peut-être pu rivaliser… Mais face à une charge brutale, il aurait été complètement dérisoire.
Voilà pourquoi Akusei avait avorté l’attaque. Accroupi sur un genou, car s’étant éloigné d’un bond par la même occasion, il sentit soudain, alors que l’Hydrovern criait de douleur, un objet sphérique dans la poche de son pantalon…
Il se releva, ouvrit la fermeture éclair de ladite poche et fouilla à l’intérieur pour en sortir, l’instant d’après, un étrange trésor qu’il fit pendre devant ses yeux. Le petit objet étincelait à la lueur du soleil et un tintement presque inaudible retentissait à chaque mouvement de balancier qu’il subissait. Au bout de la fine chaîne métallique, un grelot. Un Grelot de Pureté. N’ayant que faire de l’argent et n’ayant aucune envie de se mettre le marché noir à dos, Rainer l’avait, à la base, acheté dans le but de remplir une mission dans laquelle il allait devoir se frotter à moult créatures. Cela dit, le commanditaire, arrogant, avait fini tranché en deux (signature de Maleström depuis Soulsilver). Le Sea Dragon Slayer avait ensuite pris l’argent et s’en était allé, Grelot inutilisé. Après tout, il n’y avait plus personne, à la guilde, pour l’en blâmer. Celsius était mort, tant pis. Les autres n’avaient aucun intérêt et s’il en existait un avec assez de principes pour le réprimander, c’était un ancien.
En somme, un paumé de la trempe d’Arashi. Quelqu’un qui n’avait pas eu les couilles de dire « non » à son maître se pisserait dessus s’il devait gronder le méchant petit Rainer… En bref, celui-ci avait gardé l’artefact sans trop s’en soucier en plus d’avoir eu sa récompense en avance.
Un Grelot de Pureté a le pouvoir d’apaiser les bêtes… Et, au vu de la qualité de celui-ci… Les grosses, très grosses, bêtes.

Maintenant qu’il l’avait sous les yeux, Rainer devait-il l’utiliser ?
Devant lui, l’Hydrovern commençait à paniquer. Littéralement. Elle bougeait dans tous les sens, balayant le terrain de sa queue, transperçant la terre de ses griffes. Ses rugissements explosaient dans l’air et ses crocs claquaient dans le vide.
Créature inférieure… Elle avait de grandes ambitions, malgré sa condition.
Autrefois, les Hommes réduisaient en esclavage leurs semblables pour diverses raisons : couleur, statut social ou politique, etc. Ils les mettaient en cage, les tenaient en laisse. Les rois et les empereurs avaient leurs serviteurs bien conditionnés. Bien… Dressés.
Rainer observait cette Wyvern. Ce simili-dragon à l’esprit plus étroit et au corps moins noble…
Alors, son esprit s’éclaira.
Oui ! Il était naturel que cette monstruosité le serve !
Car il était son seigneur Dragon !
La furie des abysses se retourna, déploya ses ailes.
Les yeux d’Akusei s’écarquillèrent, ténèbres dévorant le sang. Il fit une grimace d’excitation irritée et se propulsa d’un bond vers la créature qui gémissait en tentant de prendre son envol. Le vent siffla près de ses oreilles lorsqu’il retomba. Il atterrit durement sur le dos cuirassé du reptile qui se dressa en hurlant. Le corps svelte et agile s’agrippa à un pic osseux tandis que l’Hydrovern se contorsionnait pour l’en dégager. Sa haine montant comme la lave dans un cratère alors qu’il était cahoté, Rainer se mordit la langue en se cognant la mâchoire contre une plaque d’ivoire. Difficilement, il grimpa jusqu’à la nuque de la Wyvern qui manquait de se la briser tant ses mouvements de peur étaient violents. Enfin, il se trouvait près de l’oreille de la bête. Un bras en extension s’accrochait aux aspérités de ses écailles tandis que l’autre se tendait prudemment vers sa tête.


- Pu-pu-pu-pu-putain ! A-Arrête ça... T-Tout de… D-De… S-SUITE !


Un tintement doux près d’un orifice crânien. Les yeux de l’Hydrovern s’étrécirent, ses muscles se détendirent sous le corps de Rainer. Le cou du monstre s’abaissa et il se posa sur ses ailes comme précédemment. Maelström en descendit brusquement, faisant une nouvelle fois tinter son grelot.
Il contourna la tête de la créature, ponctué par le souffle rauque de cette dernière. Seuls les yeux céruléens de la Wyvern le suivirent avec un tantinet de méfiance, comme si le grelot avait statufié son corps.
Rainer se campa à quelques centimètres des nasaux du pseudo-dragon.


- Ok, tas de merde écailleux, commença le Dragon Slayer.

La patte arrière droite de la bête frémissait. Les griffes de l’Hydrovern prenaient une teinte rougeâtre. Celle de son propre sang. Au niveau d’un muscle, un trait profond barrait le membre reptilien. Cela arracha un rictus satisfait au mage noir.

- Comme tu le vois, tu peux pas faire grand-chose. Tes attaques me renforcent et je pourrais te changer en tartare en un rien de temps.

Il articulait distinctement chaque syllabe, comme s’il parlait à un enfant en apprentissage. Rainer espérait que cette chose le comprendrait. Il se rapprocha alors subrepticement de son oreille.

- Néanmoins, j’ai un marché à te proposer, susurra-t-il.

Maleström revint à sa position précédente.

- Tu es une conquérante et tu tiens à « ton » territoire. Seulement, je pense que tu l’as remarqué, ici, c’est moi le maître. Ceci est MON territoire. Pas le tien. Pourquoi ? Parce que je suis un Dragon… Et toi… Tu n’es qu’une imitation.

Silence.

- Mais une bonne imitation ! Alors, voilà ce que je te propose… (il écarta théâtralement les bras) Rejoins-moi !

Bras secs, torse nu, cheveux de fou, expression tordue et yeux rouges, Rainer devait même paraître douteux pour l’Hydrovern qui (il l’aurait juré) le dévisagea.
Soudainement bien moins amical, le fils d’Abyssia rabattit ses membres et pencha un crâne prédateur en avant. Peut-être que la Wyvern comprenait au moins le langage corporel…


- Rejoins-moi ou crève ici. Les vautours ont toujours faim.

Le rang S haussa ironiquement les épaules.

- Tu devrais réfléchir à mon offre. L’intégralité des mers et océans m’appartient… Si tu me sers, tu pourras considérer que je les partage, d’une certaine manière, avec toi… Nan ? Tu t’imagines ? Ne pas avoir d’égal. Supprimer toutes tes congénères si tu le désires… Et même les autres Wyverns. Tu régnerais sur la mer puis sur la terre actuellement parasitée par ces raclures de merde humaines. Un bon plan, tu penses pas ?

Sa voix retentit dans toute la plaine.
Un faux air attendrissant sur le visage, Rainer fit la moue et pencha la tête sur le côté.
Avec une telle bête, il filerait à haute vitesse dans les airs. Plus jamais il n’aurait de problème de distance.
Après tout, un souverain se doit d’intervenir vite sur toute l’étendue de son domaine. Cela lui confère une aura d’omnipotence, de panache et, surtout… Cela met en avant le fait qu’il n’y a pas une région, une zone, un lac, une forêt, un arbre, un buisson, une ombre où sa personne n’est pas.
Ses ennemis sont donc, pour ainsi dire, incapables d’échapper à son courroux.
Confiant, le grelot enfermé dans son poing, Akusei vint lentement près de l’Hydrovern, effleurant puis caressant du bout des doigts sa peau rugueuse. Lorsqu’il arriva au niveau de ses omoplates, il entreprit de grimer en prenant appui sur…


- RAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAGH !

Le corps serpentin de l’Hydrovern se remit à remuer. Les doigts de Rainer s’agitèrent nerveusement alors que sa bouche se tordait impossiblement. Il secoua à nouveau le grelot…
Rien.
Encore.
Toujours rien.


- Ce bordel est à putain d’usage unique ?! s'énerva le mage de Thunder Light.

Le fléau qu’était la queue de la créature manqua de briser le corps du Sea Dragon Slayer qui recula de quelques pas. De rage, il jeta le grelot sur la Wyvern. Ne l’ayant sûrement même pas remarqué, celle-ci continua d’enrager alors que l’objet censé l’apaiser rebondissait mollement sur sa tête.
Alors, Rainer eut l’idée du siècle.
D’un pas décidé, il se glissa juste devant la gueule de la bête, rouge de colère, et attendit que celle-ci passe à sa portée… Pour lui asséner un formidable crochet !


- TA GUEULE !

Le monstre marin s’arrêta net, sonné., ses petits yeux de lézard rivés sur ceux de Rainer.
Haletant, dévoilant des dents serrées, il vomissait par les yeux des torrents de flammes sur son opposante. Il lui décochait un regard si intense que, une minute d’immobilité plus tard, l’Hydrovern baissa les yeux comme la tête, s’avouant vaincue.
Umiryuu no Tekken. Plus efficace que n’importe quel dressage. La bête était matée. Sans cesser de fixer la créature, il monta sur son dos et se pencha vers sa tête.

- Va dans l’eau, tu t’y soigneras, lui ordonna-t-il d’une voix encore vibrante, mais qui dénotait une pointe de satisfaction…

• • •

Les jours passèrent et une relation commença à prendre forme entre Rainer et sa nouvelle amie qu’il avait baptisé Angmaria. Dans une langue oubliée, ce mot avait pour signification « désastre ». Désastre, car c’était l’utilisation qu’allait faire le Dragon Slayer de sa monture. Comme il lui avait promis, elle conquerrait avec lui le monde. Son corps de titan, long d’une vingtaine de mètres, jetterait une ombre mortifère sur la terre et tout ce qui se trouverait en son sein connaîtrait une terreur sans nom… Car l’Hydrovern comme son maître n’auraient aucune pitié. Brutale et bilieuse, Angmaria possédait un tempérament similaire à celui d’Akusei auquel elle se soumettait par respect quant à sa puissance. En effet, les rares fois où elle se rebellait, une masse d’eau rugissante s’abattait sur son museau, lui passant toute envie de broncher. Le mage noir savait redémontrer les rapports de force et ne s’en privait pas…
Il servait à la Wyvern des discours sur leur avenir commun, sur ses projets et sur ce à quoi elle allait servir… Le pseudo-dragon, semblait l’écouter attentivement, son oreille mesmérisée par la voix ô combien enchanteresse du rang S. Son dessein de manipulation, d’association puis de domination…

Dans de bonnes dispositions depuis qu’il avait maté la furie, Akusei lui laissa quelque temps pour se soigner dans le détroit entre l’Océan de Kyriellis et la Mer de Quan. Il essayait, néanmoins, de passer un maximum de temps sur son dos, de lui parler autant qu’il le pouvait, à la surface. Étrangement, il avait l’impression de dompter Abyssia elle-même. Parfois, la tête et le corps d’Angmaria devenaient plus élégants, plus élancés. Cela rendait Rainer fou. Il voyait sa mère et désirait la détruire. Mais, fort heureusement pour l’Hydrovern, il revenait à la raison avant de faire quoi que ce soit.
De son côté, la bête, après des débuts encore méfiants, s’habituait à la présence de son seigneur. Elle venait, petit à petit, d’elle-même à lui. Sa personnalité l’avait troublée au premier abord, mais, à force de le cotoyer, elle s’y était adaptée. De toute façon, le choix n’était pas sien. Angmaria savait pertinemment que la menace de son mage noir de maître tenait encore. Il était indépendant et il n’aurait aucun scrupule à la supprimer si elle venait à ne présenter plus d’intérêt pour lui.
Le Dragon Slayer avait commencé par lui donner des directives simples : « va là-bas », « viens », « attaque ceci », « détruis cela »… Lorsque le reptile se trompait ou n’assimilait pas ses ordres, il faisait mine de s’énerver et prenait une posture menaçante. N’ayant pas encore reçu de coup physique de la part de la Wyvern, il possédait encore cette sorte d’aura d’intimidation qui le gardait de tout danger. Les consignes devinrent ensuite plus complexes… Le fils d’Abyssia demandait à son Hydrovern d’utiliser sa magie de différentes manières… L’entraînement fut fastidieux et ponctué de pléthore d’enragements… Mais au bout d’un peu moins d’une semaine, Rainer obtint un résultat à peu près correct. Pour récompenser l’animal, il chassa pour lui une sorte de baleine qui fut dévorée pour le dîner.
Une relation basée sur la peur n’est jamais bonne, d’aucuns l’auraient avancé… Mais l’on parlait d’un monstre marin, pas d’un caniche. Ces choses-là, ces prédateurs, ne comprenaient que la force brute. Dans une société animale, le dirigeant du groupe se définit en combattant les autres. Ses semblables le craignent comme le respectent . Du reste, ils savent ainsi qu’il peut défendre avec ardeur leurs intérêts communs. Pour Rainer et Angmaria, le principe était le même.
Ce qui scella leur « amitié » ? Un Hôko lancé en plein sur un Cenphibien désireux de s’attaquer à la plaie à peine cicatrisée de l’Hydrovern endormie.
La gratitude et la déférence illuminèrent les yeux du simili-dragon, Rainer en fut satisfait.

Quelques jours plus tard, Angmaria bondissait hors de l’eau et prenait son envol, laissant une traînée d’écume et d’embruns derrière elle. Elle vrilla pour se débarrasser de cet élément alourdissant et, tout à coup, déploya ses ailes pour planer. Accroché au bas de son cou, Akusei jubila en voyant l’océan s’éloigner de lui. A un ou deux kilomètres, le rivage des Steppes d’Ambre. Il se pencha pour dire à sa Wyvern :


- Comme dans l’eau, suis les mouvements de mon corps.

Galop d’essai.
Maelström se pencha sur le côté. Aussitôt, Angmaria y vira. Hochant la tête, il lui fit exécuter la manœuvre inverse avec succès. Lorsqu’il s’inclina sur l’autre bord, l’Hydrovern fit de même, mais quelque chose ne se passa pas comme prévu. Un cri strident avertit Rainer du danger. Il se cramponna et le reptile, entraîné par son poids, accomplit une dizaine de tonneaux aériens, se rapprochant dangereusement de la surface de l’eau. Hurlant de rage car ayant fait une erreur, Akusei cracha un jet d’eau d’une puissance modérée pour provoquer le mouvement inverse.
La calamité des Mers frôla de ses griffes la mer puis donna un puissant coup d’ailes, regagnant son altitude précédente.


- Bien, bien…

Tout était bon.
Rainer éclata de rire dans le ciel sans nuage et vérifia que ses prises étaient bonnes.


- A Oak, Angmaria !

Un rugissement. La furie bleutée fila dans les airs vers son futur domaine : le royaume de Fiore.

Réalisée par Gaki. que vous pouvez retrouver sur Epicode
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[Capture] Angmaria

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