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Chapitre VII - La Chimère [SOLO]

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MessageSujet: Chapitre VII - La Chimère [SOLO] Chapitre VII - La Chimère [SOLO] EmptyMar 23 Juin 2015 - 1:01



Chapitre VII - La Chimere
"Montrez sa vraie nature"
Précédemment - Chapitre VI - Les temps changent



Lorsqu’Alice ouvrit les yeux, elle était soignée. Enfin. Elle semblait toujours étourdie, mais la serviette humide qui avait recouvert son visage était tombée, posé par le jeune O’Byrn. Celui-ci était d'ailleurs assis non loin, bien en vue de la jeune fille qui paraissait désorientée. Qui pouvait dire combien de temps elle avait été trimballée par le jeune homme. De plus, sa convalescence ne semblait pas s’être bien passée, son inconscience avait ressortis en elle des souvenirs qu’elle aurait préférée enfouir. Qui pouvait dire quels sévices on lui avait infligé dans ce royaume tordu ? Elle avait l'air affamée, épuisée, mais pourtant bien vivante. Autour d’eux, la nuit était tombée, et il commençait à faire froid. Sans un mot, le jeune mage lança une couverture à l’ancienne princesse, l'invitant à s'emmitoufler dedans. Les journées étaient certes chaudes, mais les températures descendaient brutalement la nuit, sur ces plaines, et il valait mieux se montrer prudent pour éviter d'attraper un mal difficile à guérir.

- Approche, lança Nylam, en lui faisant un signe parfaitement compréhensible, un sourire léger sur les lèvres.

Il venait d'allumer un feu, qui prenait doucement, mais qui déjà dégageait une douce chaleur. Il lui faudrait encore quelques minutes pour atteindre une taille respectable, mais déjà ils pouvaient sentir les bienfaits des flammes qui réchauffaient leurs mains et leurs cœurs. De toute évidence, de nombreuses questions passaient dans la tête de la jeune fille fraîchement réveillée. Par exemple, "que s’était-il passé pendant tout ce temps où elle était inconsciente ?". Ou encore, "pourquoi les corps de trois hommes reposaient non loin d'eux ?". Le jeune mage utilisa une branche pour vérifier que les flammes continuaient de grandir sans être étouffées, avant de reprendre, d'une voix apaisante :

- Alors, tu te sens mieux ?

La jeune Alice acquiesça d’un hochement de tête avant de s’installer près de lui pour se réchauffer. Elle ne comprenait pas vraiment, mais elle trouvait son sauveur changé, comme plus déterminé, voire plus mature. Elle avait bien comprise qu’ils étaient tous les deux à Fiore. Elle ne savait pas par contre à combien de kilomètres ils étaient de Cliver à présent. Elle sentait bien que le jeune garçon l’avait déplacé. Elle avait certes été inconsciente, mais elle se souvenait de certains moments de lucidité, où elle se trouvait sur son dos et que le paysage autour d’elle n’était que de vastes plaines.
Elle voulait en savoir plus elle aussi. Sur ce nouveau monde, cette nouvelle aventure. Eclari vint à son tour les rejoindre, se glissant dans les bras de la jeune Alice.
 
- "On s’était inquiété !", fit admettre l’esprit avant de ronronner comme un félin.
 
La jeune princesse sourit. C’était étrange, même pour Nylam. Ils se devaient de se l’admettre. Bien qu’ils ne se connaissent que depuis peu, ils s’appréciaient énormément. Ils tenaient l’un à l’autre, comme s’ils avaient cela toute leur vie. C’était des mouvements naturels qu’ils faisaient l’un envers l’autre, comme une famille. Nylam n’oserait jamais l’admettre, lui qui n’était qu’un vagabond, fuyant toutes idées de famille, et Alice pensait la même chose, elle qui avait vécu dans un lieu où la famille n’était qu’un outil. Non, ils ne voulaient pas se l’admettre, mais ils étaient heureux ensemble ainsi, ça leur suffisait.
 
- Où allons-nous après ? Finit par demander Alice.
 
Le jeune O’Byrn fut surpris un instant avant de rapidement sourire. Ce changement brusque d’attitude, presque téméraire venant d’une ancienne noble était très impressionnant. Elle n’avait rien d’une petite fille, mais tout d’une aventurière. C’était tellement amusant, qu’il ne put s’empêcher de lâcher un petit rire, et elle le bouscula en signe de mécontentement avant de sourire à son tour. Finalement, il finit par répondre :
 
- Au nord… Loin des adorateurs d’Amphitrite. Loin de notre passé, droit vers notre futur.
 
Après avoir partagé un dîner frugal, les deux enfants ne tardèrent pas à s'allonger pour dormir. La fatigue gorgeait leurs muscles, et ils devaient prendre du repos pour le lendemain. Nylam savait qu’Alice devait avoir ses propres plans – enfin, probablement –, mais elle n'avait pas d'autre choix que de l’accompagner. Et pour cela, pas besoin de la forcer : il avait deviné au premier coup d'œil qu'elle suivrait immanquablement la destination de son nouvel ami, à laquelle elle paraissait attachée.  Comme lui, l’était d’elle.
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MessageSujet: Re: Chapitre VII - La Chimère [SOLO] Chapitre VII - La Chimère [SOLO] EmptyMar 23 Juin 2015 - 1:02

Leur voyage allait commencer et la jeune Alice était complètement perdue. Nylam l'avait compris immédiatement, quand il l'avait vue se réveiller, et qu’il avait perçu à quel point elle était désorientée. La situation n'était pas la seule en cause, même s'il fallait bien reconnaître qu'elle avait dû subir des choses affreuses avant d'arriver là, et que cela aurait traumatisé n'importe qui, au point de ressortir après une terrible noyade. Elle émergeait soudainement de plusieurs jours de captivité pour se retrouver libre de ses mouvements, dans un endroit qui lui était de toute évidence parfaitement inconnu, auprès d'un jeune homme qu'elle venait de rencontrer. Déboussolée, elle l'était, et c'était parfaitement compréhensible. Toutefois, il y avait quelque chose de plus. Sa façon de se comporter, sa méfiance constante vis-à-vis du monde qui l'entourait… Elle était par trop différente ce que le jeune mage connaissait pour qu'il n'y vît pas un signe troublant. En temps normal, une jeune fille aussi entrainée dans la vie qu’elle, dans une situation pareille se serait empressé de poser mille questions.
 
Il était toutefois intrigant de la voir essayer de se rassurer, se raccrocher au moindre petit détail pour tenter de retrouver une certaine forme de maîtrise de son environnement. Elle n'avait pas tardé à remarquer les corps étendus sur le sol, que Nylam avait rassemblés et éloignés un peu de la demeure où ils avaient séjourné, afin de ne pas laisser la puanteur de leur chair en décomposition les incommoder. Le jeune mage avait été particulièrement attentif à sa réaction, et avait parfaitement noté qu'elle n'était pas choquée outre mesure par la vue de ces trois individus étendus là. Etait-ce parce qu’elle connaissait un peu plus le jeune mage ? Etait-ce parce qu’elle avait confiance en lui ? Ou était-ce parce qu'elle avait déjà eu l'occasion d'être exposée à une scène de violence qui avait rendu son âme insensible à ce genre de visions ? Difficile à dire pour l'instant, mais elle était demeurée quelques secondes à les observer fixement sans broncher, avec une raideur rare pour quelqu'un d'aussi jeune.

Le silence qu'entretenait jeune fille fut rompu peu après le pain qu’il lui donna, et Nylam fut satisfait de voir qu'elle pouvait tout de même s'exprimer après toute cette petite frayeur et inquiétude injustifiée.

Nylam s'était perdu dans ses rêveries quelques secondes, comme cela lui arrivait parfois lorsqu'il songeait avec nostalgie au passé, ce "avant”, qui était à la fois meilleur et bien pire. Il y réfléchissait depuis quelques temps, en se demandant s’il ne préférait pas sa vie d'alors. Il se souvenait de son insouciance, de son ingénuité qui tirait des sourires à tout le monde autour de lui. Il était le petit  Nym, leur petit prince des rues. Désormais, cette vie continuait à vivre dans son souvenir, et c'était de cette façon que cette ancienne vie avait atteint l'immortalité. Les sourires, les voix et les chansons continuaient à exister dans sa mémoire, et ne s'éteindraient pas tant qu'il serait capable de respirer.

- Très bien… fit-il soudainement après ce silence étrange. Mangeons un peu et allons-y.

Il revint à ses affaires – qui consistaient pour l'heure à éplucher une orange –, et laissa la jeune princesse croquer dans le morceau pain qui n'était plus aussi tendre qu'au premier jour, mais qui était loin d'être sec. C'était consistant et revigorant à défaut d'être véritable goûteux. Il l'avait acheté deux jours auparavant, et avait été capable de l'économiser jusque-là, elle qui avait pour habitude de se contenter d'un minimum, et de vivre une vie presque ascétique. La vie des rues, sans nul doute. Il leva les yeux, en voyant que son amie ne s'éloignait pas immédiatement comme il l'avait supposé, et déposa les pelures sur les braises rougeoyantes qui s’éteignaient, là où les flammes étaient les moins voraces. Presque par magie, l'air s'embauma d'une douce odeur fruitée, qui tira au jeune garçon un demi-sourire. Il glissa un quartier entre ses lèvres, et observa silencieusement la jeune fille qui s'était mise à dessiner dans le sol à l'aise d'un bâton.

Elle avait dans son attitude un quelque chose qui n'était pas de l'ordre de l'enfant, et elle ressemblait bien plus à une adulte en mal de communication qu'à une jeune fille perdue. Elle ne dessinait pas une maison, un soleil, ou bien la représentation de ses parents. Ce qui apparaissait progressivement sous les yeux de Nylam, c'était une carte de Fiore. Quelque peu maladroite, quelque peu imprécise, mais tout de même assez bien réalisée pour qu'il fût possible de reconnaître le pays, les différentes chaînes de montagne qui découpaient le continent, et les principales forêts qui l'occupaient. Elle finit par mettre un point final à son croquis, avant d'indiquer la carte et de lancer un signe de tête à Nylam. Celui-ci mit une poignée de secondes à comprendre que cette façon d'incliner la tête était sa manière à elle de l'interroger frontalement. Il comprit en voyant son regard insistant, et finit par tendre la main pour qu'elle lui donne son instrument de dessin. En le récupérant, le jeune mage le garda en main un instant, et l'agitant légèrement devant lui, il dit :

- On part bientôt, ne t’inquiète pas. Mais continue à être aux aguets, on ne sait pas ce qui nous attend sur ce pays inconnu.
 
- Oui, Nylam ! Acquiesça-t-elle soudainement d’un sourire.

Il laissa la jeune fille assimiler ces quelques informations qui lui seraient indispensables à présent. Car si elle voulait s'en sortir sur ces terres peut-être inhospitalières, elle devrait fatalement apprendre à se préparer à toutes situations. Il n'envisageait pas de lui faire un guide complet, mais c'était précisément le genre de détails qui faisait la différence entre la vie et la mort. D’ailleurs, il comptait plus sur Eclari pour lui enseignement les fondamentaux de la vie. Quand il avait voyagé en pays étranger, au cours de ses nombreux périples, il avait toujours pris soin aux détails et à l’environnement pour pouvoir se débrouiller, afin de ne pas se retrouver complètement démunie. Il fallait savoir en plus de cela s'adapter. Répondant aux interrogations pressantes de la jeune fille, Nylam les désigna d'un geste large de la main, embrassant l'entièreté du paysage autour d'eux. Il désigna enfin un point de son bâton, qui représentait environ où ils devaient se trouver. Le Nord de Cliver, à peu près.

Etait-ce là qu'il pensait se trouver ? Etait-ce l'endroit où il souhaitait se rendre ? Etait-il proche de leur désir de liberté ? Nylam n'avait pour le moment aucun moyen de s'interroger plus avant, et il se résolut à faire preuve de patience. Si des gens étaient à la recherche de la jeune fille – des gens qui auraient pu être bien intentionnés à son égard –, il n'en avait pas entendu parler. Il savait seulement que dans certains milieux dans lesquels il laissait traîner ses oreilles, la rumeur d'une jeune princesse disparue en mer avait circulé. Impossible de savoir qui avait eu vent de la nouvelle, et encore moins de savoir si en ce moment même des individus étaient en train de les chercher. C'était la raison pour laquelle Nylam avait préféré ne pas tarder, et s'empresser de soigner la jeune princesse, afin de la mettre en sûreté. Depuis leur combat contre le Grand Prêtre Cester, des forces d’Amphitrite devaient être en mouvement partout, et il valait mieux prendre l'initiative plutôt que de se laisser avoir par des assaillants de plus en plus agressifs et de plus en plus dangereux. Pour l'heure, il pouvait se satisfaire d'avoir été suffisamment opérationnel pour la protéger. Les choses auraient pu tourner tout à fait différemment…

De toute évidence, cette réponse parut suffisante à Alice, qui n'était certainement pas dans l’esprit de vouloir en savoir plus. Elle, toutefois, paraissait vouloir encore des renseignements, et sa question muette porta assez logiquement sur le corps des individus qui étaient étendus par terre. Le jeune mage les avait disposés sans grâce, l'un à côté de l'autre, et n'avait pas pris la peine de les recouvrir. Il avait vu tellement d'horreurs dans sa si coute vie que ce n'étaient pas trois corps qui allaient le repousser. La plus jeune, néanmoins, paraissait soucieuse de comprendre quel avait été leur sort. Nylam prit la parole, même en sachant pertinemment que c'était peine perdue :

- Oui, j'ai tué ces hommes.

Sa voix était froide, et on sentait une profonde détermination derrière chacun de ses mots. La jeune princesse ne pouvait avoir aucun doute sur ce que cette voix glaciale révélait : ce n'était pas la première fois qu’il prenait une vie, elle l’avait vu. Assurément, et il ne regrettait pas son geste le moins du monde. Pourtant, au regard d'un individu normal, il s'agissait d'une véritable boucherie. Il reprit :

- Ils nous voulaient du mal. Ce n'étaient pas des gens bien. Je n’avais pas le choix.

Revenant à des considérations plus urgentes, le jeune mage s'empara d'une pomme dans son sac, et la jeta à Alice. Il en saisit une pour lui-même, et croqua dedans d'un air distrait, la gardant de temps en temps entre ses dents pour réchauffer ses mains auprès des flammes disparaissant. Il faisait tout à coup de moins en moins frais au dehors. Un vol de corbeau passant de la lune qui s’éteignait également attira leur attention, et le jeune mage resta un moment à les observer, comme si il cherchait à déchiffrer leur ballet complexe et magnifique. Manger leur fit du bien, et occupa quelque peu leurs pensées, les détournant du silence gênant qui s'installait entre eux, mais c'était paradoxalement un bon moyen de savourer le calme et la paix de l’aube environnante, qui les entourait de ses bras orangés. De nombreux dangers devaient rôder non loin, mais pour l'heure ils n'avaient rien vu et rien entendu. La fonte de la neige avait fait retourner les loups sur leurs territoires de chasse habituels, et les prédateurs naturels ne se déplaçaient d'ordinaire pas dans de telles étendues dépourvues d'arbres. Ils risquaient bien davantage de tomber sur des menaces bipèdes, que le jeune mage ne craignait pas particulièrement. Il avait l'habitude de voyager seul, et il savait se défendre. Les trois cadavres qui dormaient non loin en étaient la preuve.
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MessageSujet: Re: Chapitre VII - La Chimère [SOLO] Chapitre VII - La Chimère [SOLO] EmptyMar 23 Juin 2015 - 1:02

Nylam termina rapidement son repas, et lança une gourde d'eau à Alice qui l'attrapa au vol. Ils n'avaient pas pris soin de s'arrêter auprès d'une petite rivière ou d'une source, si bien que ce serait leur seule ration avant qu’ils ne regagnassent le village le plus proche, qui se trouvait environ à une journée de cheval, un peu moins. Ils y seraient dans la soirée en allant à un rythme tout à fait tranquille, si bien qu’ils n'étaient pas particulièrement pressés. Le mage s'approcha de sa monture fraichement réquisitionnée, qu'il gratifia de quelques caresses sur l'encolure, tout en lui donnant une carotte à grignoter. La bête était de belle taille, trapue et puissante. Ce n'était pas un cheval ordinaire, mais bien un destrier de noble qu'il avait récupéré. On ne lui avait pas donné l'autorisation formelle de le prendre, mais ces nobles étaient trop occupés pour se soucier de quoi que ce fût, si bien qu'il s'était permis de le récupérer sans difficulté. Désormais, il sera son compagnon de voyage, et il s'estimait tout à fait satisfait. Obéissant et docile, il n'en demeurait pas moins courageux et endurant. Il n'avait pas l'intelligence des chevaux dressés par les fermiers, mais il compensait par un physique avantageux qui faisait de lui un étalon splendide. Il porterait sans peine les deux voyageurs. Nylam le sella, et vérifia soigneusement les sangles et les sacs dans lesquels se trouvaient les menus effets. Rien de personnel, seulement de l'utilitaire. Une pierre à aiguiser, des ficelles, quelques onguents et plantes, un nécessaire pour allumer un feu. Rien de très original.

Cependant qu’il s'affairait, il jeta un regard en coin aux cadavres qui s'étaient départis de leurs couleurs pendant la nuit. Leur visage était d'un blanc pâle, macabre, alors que leurs yeux vides fixaient bêtement le ciel bleu et le soleil brillant. Pareils à deux orbites nacrées, ils demeureraient figés ainsi jusqu'à ce que quelqu'un les trouvât et vînt leur donner une sépulture décente qu'ils ne méritaient de toute façon aucunement. Nylam aurait pu les enterrer, mais il avait appris à économiser ses forces quand cela n'en valait pas la peine. Ces trois malandrins l'auraient tuée sans hésiter, et il avait déjà expédiés leurs esprits dans les Limbes. Ils demeureraient posés là, et dépériraient peu à peu. Il constata non sans une certaine surprise que leurs visages avaient été colorés de traits charbonneux qui formaient des symboles complexes.

Dans un bruissement de plumes d'un noir pénétrant, un vieux corbeau vint se poser sur le torse du plus petit des trois corps, et poussa un cri strident qui attira l'attention de Nylam, Alice et d’Eclari. Le premier se rapprocha de l'animal, qui curieusement ne cherchait pas à faire du défunt son repas. Il le regardait avec des yeux brillant d'intelligence, et ne paraissait pas le craindre. Bien sûr qu'il ne le craignait pas. Le jeune homme s'approcha de lui, s'agenouilla et lui tendit une main. Il bondit doucement dessus, apparemment parfaitement en confiance. De sa main libre, le jeune O’Byrn le caressa légèrement. La scène était des plus surprenantes, car comment un animal sauvage pouvait se montrer aussi proche d'un bipède ? Alice s'avança d'un pas, mais le corbeau prit peur, et s'envola rapidement rejoignant le ciel et ses congénères qui attendaient l'heure du festin. La petite blonde regardait le ciel. Effectivement, leur danse aérienne, les cercles concentriques qu'ils dessinaient sans même s'en rendre compte, étaient de toute beauté, même s'ils annonçaient bientôt le moment d'un festin funèbre.

Alice cessa son observation rapidement, et interrogea Nylam avec sa gestuelle particulièrement expressive. Elle lui demada des précisions sur où ils se dirigeaient. Répondant sans même hésiter un seul instant sur la direction à prendre, Nylam désigna de son bras le Nord, qu’il avait localisé en regardant les étoiles la nuit dernière. Ils iraient par ce chemin jusqu'à trouver un village. Ils devaient faire vite, et ne pas traînasser. Alice avait rassemblé ses affaires, et Nylam donna bientôt le signal du départ en effaçant soigneusement le plus gros de ses traces. Puis, se tournant vers la princesse, il lui désigna du doigt le quadrupède qui paissait placidement. Devant son incompréhension, il la poussa gentiment vers le cheval, qui – il était vrai – était assez impressionnant de par sa taille. De toute évidence, la jeune fille n'était jamais montée sur l'un d'entre eux, et elle devait se sentir bien ridicule devant un tel mastodonte qui, s'il paraissait calme pour l'instant, pouvait effectivement déployer une force stupéfiante et la piétiner sans difficulté. Toutefois, ce n'était pas un destrier agité, et elle n'avait rien à craindre.

- N’ai pas peur Alice, je suis derrière toi.

Avant de faire approcher Alice de la selle, elle entreprit de lui faire faire connaissance avec la créature à laquelle il n'avait pas donné de nom. Peut-être parce qu'il n'en avait jamais eu besoin, et qu'il se contentait de ce qu'il pouvait lui apporter avant de le jeter et d'en changer. Etait-il si insensible ? Le cheval cessa un moment de fouiller l'herbe à la recherche de brins particulièrement appétissants, et leva son immense tête devant la jeune fille, reniflant puissamment ses vêtements. Une main dans le dos de cette dernière, Nylam essayait tout à fois de l'empêcher d'avoir un mouvement de recul, mais aussi de la réconforter. Il ne lui ferait rien. Le cheval termina son inspection sommaire en exhalant avec ses naseaux un air chaud et odorant en plein dans le visage de la petite fille, dont les cheveux s'écartèrent de son visage sous la force de ce souffle. Nylam attrapa un autre morceau de carotte, et le déposa dans la main d’Alice. En lui montrant avec force gestes de garder ses doigts tendus, et de présenter sa paume tout à fait ouverte, il l'invita silencieusement à gratifier leur monture d'une friandise. C'était toujours un moment particulier que de nourrir un cheval pour la première fois, car se mêlaient une forme de peur et d'excitation. Quand elle comprendrait que l'animal était tout sauf menaçant, elle aurait certainement moins peur de grimper sur son dos.

Nylam laissa la jeune fille savourer ce premier contact aussi longtemps qu'il lui parût nécessaire, avant de lui indiquer qu'il était temps de partir en lui tapotant l'épaule. Profitant de ce qu'elle était obnubilée par le cheval, il avait instauré un contact physique léger entre eux, pour gagner peu à peu sa confiance. Cela semblait fonctionner assez bien, et même si Nylam était de toute évidence un jeune enfant des rues montrant parfois de la froideur, il faisait preuve d'une grande douceur dans ses gestes envers la petite princesse. Jamais de brusquerie, jamais de précipitation, il l'apprivoisait patiemment, consciente que ce serait un travail de longue haleine que de l'habituer au monde qu'elle paraissait découvrir un peu plus à chaque seconde. L'emmenant près de la selle, Nylam lui indiqua du doigt qu'elle allait devoir grimper là-haut. Sans prises, sur le dos d'un animal mouvant qui lui rendait au moins dix ou quinze centimètres, c'était une tâche ardue, et le sourire du jeune mage s'élargit en voyant la réaction de la jeune fille. Avec une force surprenante, et sans vraiment lui laisser le temps de protester, il s'empara d’Alice sous les aisselles, la souleva du sol sans paraître éprouver la moindre difficulté, et la déposa sur le dos du cheval qui ne broncha pas. Devant sa tête impayable, Nylam se mit soudainement à rire. Il ne se laissait pas souvent aller à ce genre de démonstrations, mais cette fois il ne put s'empêcher, tant la situation lui paraissait cocasse. Cette petite jeune fille mal à l'aise au possible, juchée sur le dos d'un destrier immense qui n'avait pratiquement pas senti qu'on lui ajoutait un cavalier. Il s'interrompit rapidement, presque honteux d'avoir dévoilé ainsi une partie de son intériorité, et profita des étriers pour s'installer derrière Alice. Cette dernière aurait une vue imprenable sur le paysage aux alentours, mais surtout elle serait protégée de tout risque de chute par les bras de Nylam qui l'enveloppaient. C'était la position la plus sûre.

Tirant légèrement sur les rênes pour indiquer à son étalon que l'heure du repas était terminée et lui faire relever la tête, il le dirigea doucement vers le Nord, l'emmenant à un petit trot qui allait lui dégourdir les jambes, et surtout leur faire gagner à l'arrivée de précieuses heures. Malheureusement pour Alice, mais aussi Nylam, le chemin était particulièrement monotone. Ils se retrouvaient dans un des endroits les moins habités de Fiore, au centre de landes désolées dépourvues d'habitants dans la jungle de Fahavere. L'hiver se terminait, et d'aucuns étaient repartis essayer de retrouver leurs maisons, mais on trouvait encore beaucoup de fermes abandonnées, les murs en ruines, les cultures ravagées par le gel. Pire encore, la fonte des neiges avait laissé fleurir des cadavres un peu partout, dont beaucoup n'avaient pas été ramassés. Certains portaient des marques de crocs ou de griffes, attestant de la violence des attaques d'animaux, descendus des montagnes de Josei ou des Flèches d’Argent en quête de proies. D'autres, pas beaucoup plus chanceux, portaient les stigmates de coups de poignard ou de pointes de flèches qui avaient traversé leur pourpoint. Les bandits et voleurs avaient sévi plus qu'à leur tour dans cette région, et si beaucoup avaient retrouvé une vie normale, après avoir été contraints de voler pour survivre, d'autres avaient pris goût à la chasse, à l'argent facile, et surtout au meurtre. La région ne semblait pas sûre. Elle semblait ne l’avoir jamais été, naturellement, mais actuellement elle lui paraissait particulièrement dangereuse, et ils devaient faire très attention.

Leur chemin était parfaitement rectiligne, coupant à travers la plaine sans effectuer le moindre détour, sinon pour éviter de petits obstacles que Nylam ne souhaitait pas forcer son cheval à sauter. Cela pouvait ressembler à une sinécure, mais en réalité la jeune mage était préoccupée. Ainsi exposée, le danger pouvait surgir de partout, et surtout de partout à la fois. Il n'y avait pas une seule direction d'où un groupe de cavaliers ne pouvait surgir, et cela lui faisait douloureusement prendre conscience de leur vulnérabilité. Toutefois, il ne vit personne aux alentours, et leur chemin se poursuivit sans la moindre anicroche jusqu'à leur destination…
 
Ils arrivèrent en vue du village qu’ils avaient choisi pour destination bien plus tôt que prévu. En fin d'après-midi, alors que le soleil était encore loin de se coucher, ils le repérèrent au loin, parfaitement identifiable au milieu de ces plaines vides d'hommes. Des champs où poussaient des céréales s'étendaient tout autour, et ils pouvaient voir de là où ils se trouvaient de petites silhouettes qui s'affairaient au milieu du blé et de l'orge. Quelques ânes transportaient le fruit de la récolte jusqu'aux maisons environnantes, et quelques enfants jouaient ici et là. Par mesure de sécurité, et avec un geste plein de tendresse, Nylam essaya de dissimuler tant bien que mal sa petite protégée derrière sa cascade de cheveux blonds. C'était presque mission impossible, et de toute façon les gens remarqueraient très rapidement la grâce naturelle d’Alice, qui si elle n'égalait pas celle de noble, demeurait toutefois magnifique à bien des égards. Il fallait seulement espérer que de cette façon, ils réduiraient le nombre de badauds à tourner la tête dans leur direction. Ils traversèrent donc les champs en empruntant le sillon habituel par lequel les hommes allaient et venaient sans piétiner leurs cultures, observant les dos courbés de ces derniers qui récoltaient les pouces avec force difficulté. Deux ou trois levèrent le nez en les voyants, mais ils ne marquèrent pas d'arrêt particulier, et se contentèrent de les laisser aller leur chemin.

Nylam, porté par les auras et sa magie,  se dirigea instinctivement vers le centre du village, où il savait pouvoir trouver une auberge, la seule du coin. C'était un taudis miteux, où on dormait mal de ce qu’il entendait lors de sa traversée, et où l'eau était sale, mais c'était mieux que rien pour les deux voyageurs. Au moins ils auraient un toit au-dessus de la tête, et le prix du repas était ridicule. Ridicule comme sa qualité, d'ailleurs. Le jeune ne pouvait pas voir les réactions d’Alice, qui se trouvait devant elle, mais il devinait que la jeune fille observait son environnement, et se posait des questions. Il y avait quelques femmes ici et là, qui battaient les blés pour en extraire les grains, et qui riaient ce faisant. Une bonne humeur agréable régnait ici. Le cheval fit halte devant un bâtiment qui ne payait pas de mine, et les deux voyageurs mirent pied à terre, un peu fourbu d'avoir chevauché si longtemps. Ils se dirigèrent vers les boxes qui jouxtaient l'auberge, en trouvèrent un qui était vide, et enfermèrent temporairement leur monture à l'intérieur. En passant, elles attirèrent immanquablement l'attention des autres chevaux qui se trouvaient là, et qui tendirent leurs naseaux pour les renifler, montrant les dents pacifiquement dans l'espoir de glaner une friandise de leur part. Nylam caressa une jument particulièrement joueuse, qui de toute évidence préférait les pommes aux cajoleries. Quand Alice passa à sa portée, elle essaya de happer ses cheveux avec ses lèvre, sans méchanceté aucune. Le jeune mage passa la main dans le dos de la petite princesse et l'invita à presser le pas, si bien qu’ils rejoignirent rapidement le dehors.

Le puits n'était pas très loin, et plusieurs enfants jouaient alentour en riant. Ils devaient avoir une douzaine d'années, environ, et ils avaient sans aucun doute terminé d'aider leurs parents, si bien qu'ils avaient la fin de journée pour eux, pour dépenser leur surplus d'énergie. Nylam désigna le puits à Alice, et lui obligea de boire. En effet, ils avaient chevauché sans s'arrêter, et leurs maigres rations d'eau s'étaient épuisées très rapidement, si bien qu'ils avaient la bouche sèche. Leur cheval pourrait profiter d'un baquet d'eau fraîche pour se désaltérer, mais à l'intérieur de l'auberge on servait plutôt une bière infâme qu'il faudrait en plus payer. Si il voulait boire quelque chose de sans alcool, il devait remonter le seau et se désaltérer eux-même. L’ordre pouvait difficilement être plus explicite, et Nylam se doutait que sa protégée ne s'éloignerait pas. Elle avait trop envie de rester auprès de lui. Pour la rassurer quelque peu, Nylam lui indiqua que lui-même allait rentrer dans l'auberge, et qu'il ne serait donc pas loin. Toujours à portée de voix.
A veiller sur elle.
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MessageSujet: Re: Chapitre VII - La Chimère [SOLO] Chapitre VII - La Chimère [SOLO] EmptyMar 23 Juin 2015 - 1:02

- Oh, bien le bonsoir ! Bienvenue à la Chèvre Begleuse !

L'aubergiste était un homme affable, et Nylam rangea son agacement derrière un visage qu'il voulut amène. Il aurait largement préféré qu'on ne le remarqua pas, et qu'il se contentât de le laisser prendre une chambre discrètement. Savoir qu'il avait déjà été repéré comme un étranger par les habitués n'était pas pour lui plaire, surtout qu'il avait conscience que la petitesse du village risquait de faire circuler l'information assez rapidement. Il ne devait pas y avoir cinquante jeunes hommes armés dans le coin, et il devrait faire avec. Parfois, cela lui pesait d'être étranger  à cet univers, et d'apparaître à présent comme une curiosité. Non pas qu'il en éprouvât un chagrin personnel, non, mais cela allait avoir tendance à entraver ses déplacements, à le déranger dans ses opérations. La discrétion était souvent de mise, et il ne pouvait décemment passer inaperçu quand il s'arrêtera quelque part, si bien qu’il devra toujours se remettre en route rapidement et incognito dans le mesure du possible. Les badauds laissaient toujours traîner leurs yeux et leurs oreilles là où ils n'avaient pas à le faire, ce qui était particulièrement désagréable. Réussissant à contrôler son visage à merveille, il répondit d'une voix neutre comme seuls les malfrats savent le faire :

- Merci bien aubergiste, je me rends actuellement vers le Nord et j’ai eu le plaisir de trouver votre village.

- Ah vraiment ? Racontez-moi ça !

Cependant qu'ils parlaient de tout et de rien, qu’il lui racontait l'impression dérangeante qu’il avait eu en arpentant les plaines d’Uta, le sentiment de toujours être épiée et que des hommes mal intentionnés pouvaient surgir à tout moment, il s'empressa de lui servir une chope de bière et de lui fournir les clés d'une chambre, qu'il paya d'avance. Il n'était pas du genre à boire de l'alcool en toute circonstance, mais c'était certainement la boisson la moins chère qu'ils avaient ici, et cela lui évitait d'avoir à sortir de l'argent de la bourse bien remplie qu'il gardait toujours sur lui. C'était une sécurité, et cela évitait d'attirer trop l'attention. Les petits malfrats étaient réputés pour transporter sur eux de grandes richesses, et il était vrai que les étalons valaient une fortune, que le moindre de leurs objets dérobés était d'une beauté stupéfiante, et que mettre la main sur une de leurs lames était comme trouver un trésor. Nylam voyageait sur une monture élevée de main de nobles, et faisait en sorte de ne pas afficher ostensiblement de biens qui auraient pu paraître précieux aux yeux avides de paysans qui pouvaient tenter leur chance. Il n'aurait pas apprécié d'être réveillé en pleine nuit par des malandrins qu'il aurait dû abattre prestement. S'éloignant avec son breuvage, laissant d'autres clients prendre commande, il essaya de faire abstraction de leurs regards pervers posés sur son corps svelte lorsqu'elle ne les regardait pas. Elle s'y était habituée depuis longtemps, et sa nature l'avait souvent protégée, mais il savait que les êtres autour de lui éprouvaient une certaine fascination à son égard qu’il détectait grâce à sa magie. L'aura qui se dégageait de lui était aussi impressionnante que séduisante : quand il les dévisageait, ils baissaient la tête pleine de honte et de révérence. Les dagues à son côté étaient là pour leur rappeler que la statue avait quelques foudres avec lesquelles il fallait compter.

Le jeune homme traversa donc la pièce, jetant au passage un morceau de papier dans l'âtre qui réchauffait la pièce. Il le regarda se consumer entièrement, puis s'installa à une table éloignée de l'entrée, et attendit sagement que Alice revint. La petite princesse apparut bientôt dans un éclair de cheveux blond, se frayant un passage à travers la foule, Eclari à son épaule. Quelques hommes lui jetèrent un regard étonné, mais ils comprirent rapidement avec qui elle voyageait, et nul ne vint l'importuner de crainte de déclencher l'ire de son protectreur. De toute évidence, la petite princesse paraissait découvrir avec beaucoup de surprise le monde qui l'entourait, et elle posait des questions sur des choses du commun pour Nylam. Les vêtements, les attitudes, les postures des gens devaient l'interloquer, mais elle se garda bien de tout commentaire pour prendre place à la table en essayant de ne pas commettre d'impair. De toute évidence, elle avait été bien élevée comme une princesse, cela se voyait à la manière dont elle se tenait, et davantage encore lorsque l'aubergiste finit par leur apporter le plat du jour : une soupe de légumes rehaussée de pain sec qu'il fallait tremper pour rendre comestible. Alice mangea patiemment, sans se presser, et surtout avec civilité. Cet indice était particulièrement intéressant, et le jeune mage le nota dans un coin de sa tête, l'ajoutant à la liste des questions qu'il faudrait explorer. Alors qu'il remerciait le propriétaire des lieux d'un signe de tête, celui-ci ne put s'empêcher de demander :

- C’est votre amoureuse ? Bien joué mon garçon !

Nylam interrompit son geste, laissant retomber lentement la cuillère dans le bol encore chaud. Son regard acéré plongea dans celui de l'homme, qui comprit immédiatement que ce n'étaient pas ses affaires, et qu'il ferait mieux de filer rapidement hors de sa vue, sans quoi il risquait de s'attirer des ennuis. Il le suivit du regard encore de longues secondes, ses sourcils fins légèrement froncés dans une expression qui n'était même pas au stade de la colère, mais qui avait tout de même réussi à faire décamper l'aubergiste en moins d'une seconde. Revenant à la normale, il reporta son attention sur Alice, qui était rouge de gêne, silencieuse avant de recommencer à manger. Cette gêne déclencha aussitôt chez lui également, et Eclari soupira d’ennui, le sommant de ne pas charmer cette princesse. Il pesta un regarda contre elle et reporta son attention sur la jeune blonde. Que penserait cette dernière de tout ceci ? C'était bien difficile à deviner pour l'heure, et Nylam se contenta de manger tranquillement pour reprendre des forces : la journée du lendemain s'annonçait longue et difficile, et il devait savourer le confort tout à fait relatif que lui offraient les lieux avant de devoir replonger dans l'inconnu et les chevauchées interminables. Essayant de formuler des mots aux sonorités apaisantes, il souffla tout de même à la jeune fille :

- Allez, mange.

Il mima le geste de porter la cuillère à sa bouche, une fois, puis une autre. Elle fit un petit rire cristallin qui fit sourire le jeune garçon. Elle avait dans les yeux une lueur d'intelligence poussée qui contrastait beaucoup avec la vive curiosité des nobles fiers à son âge, probablement du fait qu'elle avait dû apprendre à survivre dans ce milieu hostile de la royauté, probablement seule. Cela lui conférait à la fois une innocence pleine de charme, et une dureté dans son attitude qui n'était pas naturelle. Fatalement, le mélange donnait une petite créature sauvage et méfiante qui n'en demeurait pas moins tentée de connaître son environnement. Pour l'heure, toutefois, c'était surtout l’irritation qui l'emportait sur le reste. Elle avait l'air de ne pas apprécier d'être ainsi le centre de l'attention, et le regard glaçant de Nylam ne suffisait pas à détourner tous les yeux qui se posaient sur le duo bien étonnant qu'ils forment. Il fallait s'y attendre, naturellement, mais pour Alice tout cela devait être bien étrange. N'avait-elle donc jamais rencontré d’hommes auparavant, pour réagir de la sorte ? Il fallait croire que c'était le cas. Consciente que plus ils resteraient, plus ils attireraient d'interrogations, le jeune O’Byrn attendit patiemment qu’Alice terminât sa part plutôt copieuse, avant de la conduire dans la chambre qu'ils allaient devoir partager pour l'occasion. Il avait eu la chance de disposer d'une pièce avec deux lits, si bien qu’il s'épargnerait de devoir dormir par terre, ce qui ne serait pas du luxe. Il y était habitué, bien entendu, mais il savait que les jours à venir risquaient d'être un peu plus compliqués au niveau du confort, et il voulait profiter d'une bonne nuit reposante, une dernière fois.

Lasses tous les trois, ils s'installèrent sur leur couchage respectif avec un soupir de soulagement, Eclari se logeant dans les bras de la princesse. L’exacerbation de la jeune fille, toutefois, ne retombait pas, et elle paraissait crispée. Nylam, qui s'affairait autour d'elle, ne comprenait pas vraiment l'origine de cette réaction, et il préférait ne pas se lancer dans gênant qui n'aurait de toute façon mené à rien. Alice avait ses propres raisons de se trouver dans cet état, et elle devait y faire face seule pour l'instant, tout comme lui, elle devait affronter ce nouveau monde, et avait ses propres démons à faire face. Alors que le jeune mage déposait son sac, et observait par la fenêtre pour essayer de distinguer quelque chose à l'horizon, la jeune fille se mit à chanter. La surprise du jeune O’Byrn lui fit légèrement hausser les sourcils, et il se retourna à demi pour observer sa petite protégée qui paraissait chanter toute la tristesse de sa pauvre âme. Les mots n'avaient aucun sens pour lui, mais la mélodie et la voix n'avaient pas besoin de traduction. Il y avait de la mélancolie dans cet air qu'elle entonnait lentement, laissant le verbe rouler sur sa langue pour former des sonorités aussi étranges que bouleversantes. Déconcentrée de sa tâche, Nylam essaya en vain de saisir plus que des groupes de sons. Il regretta sincèrement, à cet instant, de ne pas pouvoir comprendre quelle était précisément l'histoire d’Alice. Il espérait qu'il saurait. Terrassé par la fatigue, la petite fille aux cheveux d’or trouva le sommeil bien rapidement, bercée par sa propre voix qui devint bientôt un murmure, avant de se muer en une respiration profonde et régulière. Les larmes qu'elle avait réussies à retenir tant qu'elle était consciente se mirent soudainement à couler le long de ses joues, alors qu'elle plongeait dans le monde des rêves. Se levant, le jeune garçon la borda doucement, sans la réveiller, avant de poursuivre sa préparation. Il avait davantage qu'un mauvais sentiment, il avait la conviction intime que quelque chose n'allait pas. Il n’avait eu aucune nouvelles des aspirants de Cester depuis leur voyage, et ils savaient qu’un tel culte serait plus que vindicatif ou seulement actif à apprendre la mort de leur message spirituel.

Profitant de ce que la jeune fille dormait à poings fermés, il ferma la porte à clé, et laissa la fenêtre entrouverte. Le froid rentrerait dans la pièce, mais au moins il pourrait entendre les bruits venant du dehors. Ce n'était qu'une maigre précaution, car il savait que si danger il y avait, sa meilleure option restait encore la fuite. Alors, s'installant sur son lit en tendant tous ses sens pendant qu’il relaxait son corps, il plongea dans un demi-sommeil qu’il connaissait désormais très bien, espérant de toutes ses forces qu’il pourrait poursuivre ce voyage avec Alice sans encombre… Un espoir déraisonnable…
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MessageSujet: Re: Chapitre VII - La Chimère [SOLO] Chapitre VII - La Chimère [SOLO] EmptyMar 23 Juin 2015 - 1:03

Le sommeil d’Alice était agité, mais Nylam ne pouvait rien faire pour l'aider à se départir des cauchemars qui venaient la hanter. A quoi pouvait-elle bien rêver, engoncée dans ces couvertures qui avaient au moins le mérite de la maintenir au chaud, mais qui semblaient ne pas la préserver des démons qui tendaient leurs doigts griffus sur son esprit ? Dormir à côté d'elle était impossible, et le jeune mage finit par se lever, emmitouflé dans son propre duvet. Il tira silencieusement une chaise à côté de la fenêtre, et observa. L'horizon était obscur, mais le soleil n'était pas couché depuis si longtemps, si bien qu'il pouvait encore voir convenablement. Fixer du rien n'était pas particulièrement amusant, mais il savait que sa tâche était importante. Très importante. La fatigue la gagna néanmoins, et il se mit à somnoler, oscillant entre la consciente aiguë de l'univers autour de lui, et des phases plus ou moins longue d'absence totale. Il sentait sa tête basculer en avant, et avait l'impression de revenir à lui dans la seconde, sans se douter qu'un intervalle bien plus long s'était écoulé. Ce petit manège dura de longues minutes, peut-être une grosse demi-heure, avant qu'il ne fût ramené à la réalité par des bruits caractéristiques d'un groupe de cavaliers arrivant en ville. A cette heure-ci, le doute n'était pas permis. Ils l'avaient retrouvé. Il tendit l'oreille un bref instant, sans percevoir autre chose que les chevaux qui renâclaient, et qui grattaient la terre de leurs sabots. Aucun ordre n'avait été donné, ce qui ne pouvait signifier qu'une seule chose pour un jeune mage aussi perspicace que lui : il avait affaire à des gens qui connaissaient ses talents de combat, et qui étaient donc bien plus dangereux.

La jeune garçon jeta un œil à Alice, qui dormait toujours, et quitta la pièce souplement en se saisissant de ses deux dagues. Eclari s’était réveillée et avait ressentis le danger également. Elle se posa sur ses quatre pattes, prête à le suivre, mais il l’obligea de rester avec l’ancienne princesse en posant son doigt sur sa bouche, et faisant des gestes manuels pour lui demander de protéger Alice pendant son absence. Elle acquiesça d’un signe de tête et Nylam sortit de la chambre

 
Il ne comptait pas affronter tous les cavaliers seul, mais il se savait pris au piège. Sortir n'était pas vraiment une option, et il n'avait d'autre choix que de réfléchir intensément à la bonne façon de leur échapper. Il se réprimanda, en se rappelant qu'il n'avait pas pris le temps de choisir avec soin le box de son cheval. Il aurait dû sélectionner le plus pratique pour filer prestement, au lieu de quoi il avait simplement pris le premier venu. Comme quoi, en dépit de son esprit futé, on pouvait encore commettre des erreurs. Courroucé, il descendit rapidement l'escalier pour se retrouver dans la salle commune, déserte. Le patron dormait sans doute, il était donc parfaitement seul. Circulant entre les tables, il vérifia le loquet de la porte d'entrée : il était en place. Ils devraient défoncer la porte pour entrer. Il n'y avait pas de lumière à l'intérieur, et il se déplaçait uniquement grâce aux rayons qui filtraient par les fenêtres, en essayant de ne pas alerter les hommes qui se trouvaient à l'extérieur. Alors qu'il vérifiait les volets, il entendit des bruits de pas devant l'entrée. Des bottes sur le bois. Une main essaya de tourner la poignée, mais la porte résista. Ils étaient déjà là. Reculant rapidement, Nylam se dépêcha de rejoindre la chambre, en se souvenant qu’il avait laissé la porte ouverte. Ils n'étaient qu'au premier étage, rien qui empêcherait un cavalier de se hisser là-haut à la force des bras. En arrivant à l'avant-dernière marche, il entendit un bruit sourd provenant de l'endroit où se trouvait Alice. Au moment où il ouvrait la porte, il entendit la voix de cette dernière appeler son nom, suivit de celle d’Eclari. Aussitôt, il fut totalement sensible à la jeune fille qui gisait par terre, et qui était surprise par la situation. Ce qui attira immédiatement son attention, ce furent les deux mains qui avaient agrippé le rebord de la fenêtre, qui soutenaient un corps en train d'escalader la paroi. Au moment où le visage fit son apparition, Nylam était déjà là. Rapide comme l'éclair, il détendit son talon qui alla percuter le nez du malheureux. Son gémissement de douleur fut emporté par le fracas de son corps retombant cruellement sur le sol, un étage plus bas. Dommage pour la discrétion !

Au dehors, il y eut des cris, et des bruits sourds commencèrent à se faire entendre alors qu'ils essayaient de défoncer la porte d'entrée. Nylam passa une dague dans son dos, attrapa la main de la jeune fille, et la tira vers l'extérieur sans ménagement. Il n'était plus temps pour la discussion désormais, ils devaient fuir, fuir pour leurs vies ! Au lieu de se diriger vers le rez-de-chaussée, comme il aurait pu sembler logique de le faire, le jeune mage s'enfonça dans l'étage supérieur, allant jusqu'à une porte qui se trouvait à l'opposé de leur chambre. D'un brutal coup de pied, il arracha le loquet fragile, et s'engouffra dans la chambre d'un voyageur qui hurla de terreur, particulièrement surpris de voir deux personnes débarquer comme des sauvages dans son sommeil. En bas, la porte venait de céder sous les coups, et on entendit distinctement les cris de l'aubergiste qui essayait de défendre son bien. Ses appels moururent bientôt, remplacés par un concert de protestation de la part des autres clients qui cherchaient à comprendre l'origine de tout ce vacarme. Nylam, qui tenait toujours fermement sa petite protégée, ouvrit la fenêtre de la chambre où ils se trouvaient. Il regarda en bas. Personne. Sans attendre l'avis d’Alice, il s'empara d'elle, et la força à tenter une désescalade qui risquait surtout de se transformer en chute. La hauteur pouvait paraître impressionnante, mais ils s'en sortiraient sans trop de mal s’ils devaient tomber. Il ne voulait pas user de sa magie, après avoir appris que beaucoup de personnes dans cette région étaient des mages et qu’ils étaient sensibles à la magie. Pressé par le temps, le jeune O’Byrn s'élança à la suite de la jeune fille, essayant de s'accrocher comme il le pouvait aux irrégularités du mur. Sa précipitation la fit glisser toutefois, et il termina en bas bien avant Alice, retomba lourdement sur le dos.

Il lui fallut un grand effort de volonté pour ne pas hurler, alors que la dague à son dos s'enfonçait cruellement dans son omoplate droite. Il serra les dents de toutes ses forces, essayant de se concentrer sur l'idée de fuite plutôt que sur la douleur qui étrillait son cerveau de messages d'alerte. Devant ses yeux, des points lumineux apparurent, et il dut secouer la tête pour les chasser temporairement. La petite princesse devait être paniquée d'avoir été tiré de son sommeil de la sorte, pour être immédiatement emporté dans un course poursuite. Elle ne présentait toutefois aucune blessure, ce qui pouvait signifier qu'elle avait terminé la descente sans problème, ou bien qu'elle avait chuté sans gravité. Qu'importe ! Nylam lui indiqua du geste de courir droit devant, dans les champs. Les pouces étaient encore hautes là-bas, et les arbres un peu plus nombreux. Il pourrait se cacher sans trop de mal. Le jeune mage refusa son aide, et lui lança un regard autoritaire pour la forcer à courir seule. Un regard qui signifiait "ta vie vaut plus que la mienne". Alice s'élança alors, non sans une dernière poussée de la main du jeune mage, qui la regarda disparaître dans les ténèbres. Il fallait qu’elle se cache, mais elle comprendrait certainement la nécessité d'échapper à ce danger qu'elle n'avait même pas eu l'occasion de voir de ses propres yeux. Elle n'irait pas loin cela dit, sans vivres et sans armes qu’ils avaient laissé dans l'auberge. Le tout serait de la retrouver avant les poursuivants. Nylam, grimaçant de souffrance, trouva la force de se relever avant que les hommes arrivassent. Ses dents serrées ne suffisaient à endiguer la douleur, mais elles lui permirent néanmoins de rejoindre un abri de fortune quelque peu humiliant pour lui. Il se fondit dans un tas de foin placé sous un auvent, en priant pour que personne ne songeât à mettre quelques coups de pique dedans pour vérifier sa présence. Sitôt qu'il fût caché, il s'attacha à demeurer parfaitement immobile, ce qui n'était pas une sinécure compte tenu de son état.

La dague lui avait sérieusement endommagé l'omoplate, pas au point de la fracturer heureusement, mais il avait sans doute un énorme hématome. Il était presque incapable de lever le bras, et le picotement qu'il sentait au bout de ses doigts n'était pas bon signe. Pas bon signe du tout, même. Autour de lui, il y eut des éclats de voix. Les habitants qui cherchaient à obtenir des explications à ce qu'il venait de se produire, tandis que les mercenaires essayaient d'apaiser la situation. Deux cavaliers partirent à la poursuite de la jeune fille, mais d'après ce qu'il put entendre, un seul prit une direction qui menaçait de l'emmener près de la petite Alice. Dans le noir, dans les champs, il avait toutes les chances de ne pas la voir… si elle acceptait de demeurer cachée.


Dernière édition par Nylam O'Byrn le Mar 23 Juin 2015 - 1:04, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Chapitre VII - La Chimère [SOLO] Chapitre VII - La Chimère [SOLO] EmptyMar 23 Juin 2015 - 1:03

Alice avait le cœur qui battait à tout rompre, plus que sa vie, elle craignait pour la vie de son nouvel ami. Eclari venait de la rejoindre et tenta vainement de la rassurer, lui parler doucement, lui disant que Nylam contrôlait la situation. Mais elle n’en fit rien, alors qu’un de leurs assaillants se rendaient à l’endroit où son ami s’était caché, elle bondit hors de sa cachette et poussa un cri strident, espérant attirer l’attention de ceux qui risquaient de s’en prendre à la vie du jeune O’Byrn. Malheureusement, elle n’avait pas prise attention à cet homme qui était à deux mètres d’elle, et qui réagit aussitôt à son cri, fonçant droit sur elle.
 
En un éclair, le jeune mage Nylam bondit de sa cachette à son tour, et perdit tout sens de discrétion également. Il plongea sa première dague dans la carotide de celui qui était à deux mètres de lui, utilisa sa magie Iompar pour faire traverser le second qui sortit d’un portail devant Alice qui se plongea droit dans la poitrine de son assaillant à elle. Le tumulte avait attiré l’attention des autres.
 
Nylam enjamba le cadavre, et se précipita vers Alice où il la découvrit aux prises avec son assaillant blessé, essayant de l'abattre à l'aide d'une dague. Alice hurlait de terreur pour appeler à l'aide, tout en essayant d'attraper son arc que ses doigts fébriles semblaient ne pas réussir à trouver dans l'obscurité. Un assaillant arriva dans le dos du jeune ‘OByrn, qui en un clin d'œil, se débarrassa de lui. Il bloqua son bras, tordit son poignet avec une violence inouïe, puis le jeta au sol et lui enfonça profondément sa lame dans le cœur. La petite ancienne princesse cria, mais la botte de l'assassin vint rapidement lui écraser la gorge pour étouffer toute plainte. Tout était allé trop vite pour le jeune mage, qui de toute façon n'aurait rien pu faire pour sauver la jeune fille, mais il bénéficiait désormais d'un avantage certain : son adversaire était de dos, et il pouvait le prendre par surprise.

Se jetant comme un sauvage, il tenta de le frapper avec la dague qu'il gardait toujours sur lui, et dont l'extrémité était à présent brisée, restant coincée dans le corps de son dernier ennemi. Il était persuadé de réussir son coup, mais l’ennemi se retourna à une vitesse prodigieuse, para son attaque, et profita de son élan pour le projeter au sol par-dessus son épaule. Il se retrouva sur le dos, et tendit son bras valide pour bloquer la lame de son adversaire qui filait droit vers sa gorge. Avant-bras contre avant-bras, il réussit à arrêter l'assaut, et il se dégagea d'un coup de pied à l'aveugle qui lui donna le temps de se relever. Mais l’assaillant était redoutable, déterminé, et incroyablement rapide. Il fonça derechef sur le jeune mage, et lui asséna successivement trois coups de poing au visage qui lui éclatèrent l'arcade sourcilière, avant de le lancer violemment contre la porte.

Avait-il perçu l'arrivée d’Eclari? Etait-ce un coup de chance ? Quoi qu'il en fût, le jeune homme percuta la porte de l’auberge au moment où son compagnon tentait de se faufiler près d’eux, lui envoyant un bout de bois en plein visage alors qu'il s'attendait à entrer discrètement. Alice était derrière, cachée sous les ordres d’Eclari, et voulait tambouriner la porte pour sauver son ami.
 
Nylam en eut le souffle coupé, et, aveuglé par le sang qui lui coulait sur le visage, il chercha à retrouver son équilibre pour continuer à livrer bataille. Son assaillant tenta de le poignarder à l'abdomen, mais le jeune mage bloqua par pur réflexe son bras, et focalisa toute son énergie sur cette menace à l'exclusion de toute autre. L’ennemi se saisit impitoyablement de ses cheveux, tira sa tête en arrière, puis l'envoya de toutes ses forces contre la porte d’entrée de l’auberge, une fois, deux fois, trois fois, jusqu'à ce qu’il lâchât enfin prise. Sa pommette droite venait d'éclater, de même que sa lèvre, et il avait le visage tuméfié. L’ennemi frappa de sa lame, mais manqua la gorge et toucha le bras qu’il venait de tendre pour se protéger, creusant un profond sillon dans la chair et le tissu, qui se mit à saigner abondamment. Toujours dos à la porte d’entrée de l’auberge, Nylam était malheureusement le dernier obstacle qui empêchait Eclari de venir le secourir, et il était incapable de se déplacer de côté pour dégager l'accès. A demi conscient, il tenta tout de même de charger de front, désespéré. Soulevé du sol, il y retourna avec une rare violence quand l’ennemi le projeta de nouveau, et son épaule émit un craquement sinistre en rencontrant le plancher. Mais au moins, cette fois, la porte était libre, et Eclari pouvait entrer. Au moment où celle-ci enfonça enfin le battant, Nylam avait réussi à se remettre debout, et l’assaillant lui asséna un magistral coup de pied en plein torse qui l'envoya se briser contre la fenêtre derrière lui. Le jeune O’Byrn hurla de douleur en sentant les éclats de verre et de bois se planter dans son dos mais, pire que tout, il aperçut le regard de la jeune Alice, terrorisée, les larmes aux yeux, murmurant son nom, tant elle était terrifiée.

Ce court instant lui donna le temps de réfléchir sur une chose : il refusait d’abuser de sa magie. Pour une raison qu’il ignorait, il n’acceptait pas cette nouvelle partie de lui. Il en avait presque honte, comme si ce n’était pas honnête de se battre ainsi. Néanmoins, il n’avait plus le choix, il n’était plus dans un monde d’honneur. Intérieurement, il s’était juré de protéger Alice, de suivre ses objectifs. Il y avait des réponses dans ce pays, et ce n’était pas de vulgaires assaillants qui allait l’en empêcher. De nouveau, comme face au géant, des symboles lui apparurent dans son esprit. C’était toutefois, plus une recherche à l’intérieur de lui pour trouver cette magie.
 
- Iompar, murmura-t-il.
 
En une fraction de seconde, il disparut et réapparut face à son assaillant, des yeux brillants comme des éclairs fondirent droit dans ceux de son ennemi, effrayé. Son bras droit tendu, il hurla :
 
- Cumhacht !
 
Sans vraiment comprendre, il chargea premièrement sa magie du sort Airm, et sentit comme recouvert d’un doux et froid pouvoir tout autour de son bras. Enfin, soudainement, il sentit le vent se concentré dans son bras, cette magie puissante réchauffait son bras tendu qui s’abattit son bras dans un portail qu’il ne fit que traverser pour se retrouver dans le cœur de son ennemi. La puissance de son coup était décuplé et mit fin aussitôt aux jours de ce puissant adversaire.
 
Le bruit du combat s’était fait entendre et trois autres ennemis en armure apparurent, mais le jeune O’Byrn ne patienta plus un instant. Il saisit trois pierres qu’il emplit de sa magie Siombail et les jeta droit vers leurs assaillants.  Aussitôt il ouvrit trois portails devant lui dans lesquels il jeta trois petits couteaux qui apparurent devant les cailloux lancés, chacun se plantant dans ses ennemis qui furent gravement blessé. Nylam usa de sa magie de téléportation, et un à un, il profita de leur blessure pour les achever de sa dague.
 
La bataille était finie, mais ils ne pouvaient rester ici. Il retourna dans l’auberge et saisit la jeune princesse avant de retourner dans l’écurie. Il enfourcha leur cheval et se prépara à partir avant que l’aubergiste de la Chèvre Begleuse vint les arrêter.
 
- Qui êtes-vous bon sang ? Demanda-t-il en s’adressant au jeune garçon.
 
Le jeune garçon resta un instant à l’observer. Il regarda autour de lui, et vit les personnes sortir de chez eux au fur et à mesure. Il leva les mains en l’air usa de sa magie Iompar pour faire disparaitre chacun de leurs ennemis éliminés et les envoyés aussi loin qu’il pouvait éparpillés au loin du village. Puis sans savoir, comme si cette réponse lui paraissait normale, il répondit :
 
- Je n’ai jamais existé, vous ne m’avez jamais vu, je ne suis qu’une illusion, je suis… La Chimère.
 
A ces mots, il créa un gigantesque portail qu’il traversa sur son cheval, Alice et Eclari devant lui, avant de disparaître à jamais de ce village… où La Chimère prit naissance.

Ah...Cliver...Enfin ils y étaient.

Il leur avait fallu traverser quelques turbulences, mais globalement ils avaient réussi à éviter le plus gros du danger. Bien qu’ils avaient navigué avec seulement deux personnes. Enfin...Il avait fallu faire usage d'un peu d’autorité avec la princesse qui était un peu étourdie. Enfin... Ils s'étaient réveillés avant leur arrivé. Lorsqu'il avait émergé, il n'avait proprement rien remarqué, sinon l'absence de son amie Eclari, également de son amie Alice. Il se réveilla difficilement et vint sur le pont supérieur où il vit Eclari et Alice discuter avec attention. Depuis leur départ, ils s’étaient tout dis avec la princesse. Il connaissait à présent sa vie compliquée, et ardue en tant que princesse qui n’était en fait qu’un titre pour désigner une esclave royale, soumise à l’autorité totale et suprême de la Reine qui vivait dans la corruption et les ténèbres. Elle ne pouvait plus y vivre, mais maintenant que le culte d’Amphitrite fut touché au cœur par la mort de Cester, son peuple à Kirlhé se sentira beaucoup mieux. Lui, Nylam avait tout dit sur sa vie de petit malfrat, à mage Morrigan.


Elle était soucieuse à son sujet, pourtant elle s’était vite attachée à lui, mais surtout à Eclari, qui la rendait joyeuse. Même pour la renarde spirituelle. Le fait qu’elle soit toute les deux des filles devaient certainement aider.
 
- Bonjour Princesse, dit-il en se frottant les yeux, comment allez-vous ?
 
- Cesse-donc de me vouvoyer Nylam ! S’écria-t-elle mi-amusée, mi-fâchée,  Je ne suis plus une princesse à présent. Je ne suis plus qu’Alice. Alice Wunder. Tu te rappelles ?
 
Elle avait dit ça joyeusement, en effet, devenir une simple personne, sans la charge de son statut l’avait rassurée et amusée. Elle prenait cela comme un jeu, qu’elle ne voulait jamais arrêter. Il sourit en se souvenant qu’il avait lui-même donné ce nom.
 
- Ok excuse-moi Alice, je ferais attention, répondit-il finalement, Bon,  vous vous souvenez ? On se déplacera avec ma magie pour la côte de Cliver, on ne peut arriver avec un vaisseau pirate. On risque de se faire aborder, et il est possible qu’il reste des fidèles d’Amphitrite qui nous attende à port.
 
Ils acquiescèrent d’un signe de tête, et se levèrent pour leur préparation avant de partir. Ils allaient lancer une flèche portant la magie de Siombail pour se déplacer à travers des portails de téléportations. Ils allaient s’exécuter ainsi pendant une heure  jusqu’à atteindre une plage de Cliver.
La préparation terminée, ils mirent le tout dans un sac, et attendirent que Nylam soit prêt. Il arriva vers l’ancienne princesse et l’esprit animal. Il sourit fièrement, comme si il arrivait à la fin de son périple, alors que son voyage ne faisait que commencer. Il se tourna vers Eclari et dit alors :
 
- Alors ? Prête pour débarquer à Fiore p’tit fantôme ?
 
Alice poussa un hoquet de surprise. Eclari fit un petit sourire et finalement  grimaça. Une fois. Deux fois. Elle reprit un air impassible. Puis de nouveau grimaça, tenta de se calmer, mais… finalement hurla avant de plonger sur la main droite de Nylam pour la mordre à nouveau. Le jeune O’Byrn hurla dedouleur. Il gesticula son bras dans tous les sens essayant de se défaire de cette douleur.
 
- "Je ne suis pas un fantôme", hurla Eclari.
 
- Oui, t’es un monstre ! Répliqua Nylam.
 
- "Non !"
 
- SI !
 
- "NOON !"
 
- JE TE DETESTEEEEE !!
 
Leur petit rituel resta un instant ainsi, jusqu’à ce qu’il fut rompu par le rire cristallin d’Alice, qui s’éclata davantage. Son rire fut tellement fort, que les deux compagnons s’arrêtèrent un instant, l’observant, perturbé, avant de rire à leur tour.
 
C’était le début d’une très belle amitié, et d’une périlleuse… aventure.

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